Chapter Text
Entre deux saisons de compétition, les circuits se taisaient enfin. Les moteurs refroidissaient, les stands se vidaient peu à peu, et pour la première fois depuis longtemps, Kim pouvait respirer sans l’écho d’une foule ni la pression d’un chronomètre.
Après tous les événements avec Tony, il avait finalement décidé de rester en Thaïlande et de rejoindre X-Hunter, une structure plus discrète que Red Racing, mais reconnue pour son exigence et son professionnalisme. Les débuts avaient été intenses : nouveaux coéquipiers, nouvelles méthodes, nouveaux défis. Mais, peu à peu, Kim retrouvait son équilibre et sa place, entouré de partenaires devenus des amis.
C’est à ce moment-là que Kenta était revenu dans le décor.
Après avoir purgé une peine d'environ un an en prison, il essayait de se reconstruire, pas à pas. Alan et Pete, qui n’avaient jamais complètement coupé les ponts avec lui, avaient réussi à le convaincre de venir donner un coup de main ponctuel au garage : quelques jours par-ci, quelques soirs par-là, toujours sur des points précis.
Kenta n’était pas officiellement mécanicien chez X-Hunter, mais il se rendait utile dès qu’il le pouvait. Il aidait à organiser le matériel, à planifier les courses, à coordonner les relations avec les sponsors ou les fournisseurs. Avec Jeff, il apprenait aussi la mécanique, observant, posant des questions, testant ses gestes. Ce n’était pas si différent de ce qu’il faisait autrefois. Avant la prison, il avait déjà mis ces compétences au service d’organisations beaucoup moins légales, mais les mêmes talents pouvaient maintenant servir à quelque chose de constructif. Chaque document préparé, chaque appel passé pour un sponsor, chaque ajustement technique sur une voiture de course représentait une petite victoire sur son passé, un moyen concret de transformer ce qu’il savait faire pour autre chose que des combines.
Pour Kenta, travailler avec X-Hunter n’était pas seulement une opportunité professionnelle : c’était une façon de se prouver à lui-même qu’il pouvait changer, qu’il pouvait canaliser ses anciennes aptitudes dans un cadre honnête et fiable. Et même si certains jours il se sentait maladroit, ou pas encore tout à fait à sa place, il savait qu’il progressait.
Même s’il venait occasionnellement, sa présence était devenue familière, presque naturelle. Mais pour Kim, chaque visite réveillait quelque chose de particulier, un passé qu’il n’avait jamais su complètement effacer.
La gêne était cependant palpable entre les deux hommes qui faisaient tout pour s’éviter et ne pas avoir à se croiser ou à se parler.
Ce soir-là, Alan s’appuya contre un des poteaux du garage, les bras croisés.
— Kim, j’ai un changement de programme pour la course au Japon. Babe s’est blessé, et Charlie a déjà un circuit de prévu.
Il marqua une pause, comme pour peser ses mots.
— Tu vas le remplacer.
Kim sentit un pic d’excitation lui traverser la poitrine. Une course au Japon… le Japon ! Ses mains tremblèrent presque lorsqu’il remonta une mèche de cheveux derrière son oreille.
— Je… je vais y aller ?
— Oui, confirma Alan en hochant la tête, avant de lancer un regard vers quelqu’un derrière lui. Et tu vas partir avec… Kenta.
Le silence tomba aussitôt. Kim cligna des yeux, incrédule.
— Quoi ?! Kenta ?!
Kenta s’était avancé jusqu’à entrer dans son champ de vision. Alan haussa un sourcil, mi-amusé, mi-sérieux.
— Oui. Il parle japonais, connaît les sponsors, et a déjà géré des relations internationales. Il va coordonner tout ce qu’il faut. Et puis… disons que tu auras besoin de quelqu’un pour t’éviter de te perdre dans le paddock.
Kim sentit son enthousiasme se mêler à une vague d’angoisse et de malaise. Il laissa passer un instant, le temps d’assimiler l’information.
Le Japonais, qui se tenait un peu en retrait, hocha simplement la tête. Pas de sourire, pas de commentaire, juste une présence calme et attentive. Il se sentait à la fois honoré et nerveux : honoré par la confiance qu’Alan lui accordait, déterminé à faire de son mieux et à guider Kim dans un environnement qu’il connaissait… mais surtout, à ne pas tout gâcher.
Les deux hommes allaient devoir composer et s’entendre durant ce court voyage, malgré leurs différends. Ils avaient passé des semaines à s’éviter, et voilà que la vie les plaçait finalement face à face.
Alan soupira doucement, conscient de la tension.
— Je sais que ce n’est pas l’idéal… mais c’est la meilleure solution. Vous êtes tous les deux compétents, et ensemble, vous allez gérer ça.
Kim pinça les lèvres. Kenta détourna le regard, préférant ne rien laisser paraître.
Alan les observa un instant dans ce mélange d’anticipation, de nervosité et d’inconfort, avant de conclure :
— Préparez-vous. Vous partez dans deux jours.
* * *
La course devait se tenir à Hokkaido, dans le nord du Japon, sur le Tokachi International Speedway. Leur avion décollait en fin d’après-midi.
Kenta arriva en retard à la porte d’embarquement, essoufflé, encore nerveux à l’idée de voyager avec Kim. Il avait manifestement fumé une cigarette de trop avant l’enregistrement.
Alan leur avait réservé des places en Business Class pour éviter qu’ils n’arrivent épuisés. Le vol serait long, pas loin de sept heures, et, malgré la distance entre leurs sièges, la proximité imposée les forçait à affronter une réalité qu’ils avaient soigneusement évitée jusque-là.
Kim dissimulait sa nervosité derrière ses lunettes de soleil et un café à moitié froid.
Kenta, lui, s’excusa maladroitement en montant à bord. Après s’être trompé de siège, il tenta de ranger son sac dans le compartiment au-dessus. Kim se leva sans un mot pour l’aider. Même s’il était un peu plus petit, son geste fut le bienvenu. Leurs bras se frôlèrent, effleurant la manche de l’autre, et Kenta marmonna un merci presque inaudible.
Une fois le décollage passé, la cabine s’assombrit. Le vol se déroulait de nuit, dans une lumière douce et feutrée. L’un avait son casque vissé sur les oreilles, l’autre s’était emmitouflé dans sa capuche, prêts à s’endormir dans leurs fauteuils inclinés.
Kim laissa son regard se perdre à travers le hublot. Il aimait observer les lumières des villes en contrebas, puis les nuages qui s’étiraient comme des flocons de coton. Le calme du vol finit par l’apaiser, et il ferma tranquillement les yeux.
Kenta, le croyant endormi, l’observa en silence. À travers le reflet du hublot, il suivait les traits détendus du Coréen. Ses paupières closes, la courbe tranquille de ses lèvres, ce visage qu’il avait si souvent vu fermé, tendu, désormais apaisé. Son expression à lui se fit plus douce, presque tendre… jusqu’à ce que Kim rouvre soudain les yeux.
Leurs regards se croisèrent dans le reflet du hublot. Le malaise fut immédiat : chacun détourna brusquement la tête, comme si rien ne s’était passé.
* * *
Les organisateurs de la course étaient venus les chercher à l’aéroport dans un van sombre, le logo du circuit collé sur la portière.
La route traversait des paysages presque déserts, des forêts de pins et des villages silencieux où la fumée s’élevait au-dessus des toits.
Kenta, observait la campagne d’Hokkaido défiler derrière la vitre givrée. Le froid mordait, même à travers le chauffage du véhicule. Il souffla dans ses mains pour les réchauffer, sans parvenir à chasser cette sensation d’air sec qui piquait sa gorge.
Kim, installé à côté, paraissait imperturbable. Le col de sa veste relevé, les yeux fixés sur la route, il supportait ce climat avec une aisance naturelle.
— T’as jamais connu ça, hein ? fit-il doucement, un léger sourire en coin.
Kenta leva les yeux vers lui, un peu grognon.
— Pas vraiment… Chez moi, l’hiver, c’était autre chose.
— Tu vas vite t’y faire, répondit Kim en reportant son attention sur le paysage.
Le silence retomba, seulement troublé par le ronron du moteur et parfois le tic tac des clignotants.
Après un moment, le van s’engagea sur une petite route bordée d’arbres nus. Le chauffeur annonça qu’ils arrivaient bientôt. Le ryokan apparut au détour d’un virage : une bâtisse en bois sombre, posée entre la forêt et la montagne.
Une fine vapeur s’élevait depuis les bains extérieurs, tranchant avec l’air glacé.
Kenta suivit le groupe à l’intérieur, encore un peu engourdi du voyage. L’odeur du tatami et du bois chaud lui rappela vaguement un souvenir qu’il n’arrivait pas à replacer.
L’équipe principale devait les rejoindre le lendemain. En attendant, les organisateurs leur expliquèrent rapidement le programme : repas, quelques heures de repos, puis repérage du circuit dès l’après-midi.
Kim hochait la tête en silence, attentif, alors que Kenta traduisait les directives et le planning.
Après un rapide déjeuner au ryokan, ils n’eurent pas vraiment le temps de se reposer. Dès le début d’après-midi, un van les attendait déjà pour les conduire jusqu’au circuit.
Le Tokachi International Speedway s’étendait au milieu d’une plaine glacée, cerclée de collines où l’on voyait encore des traces de neige. L’air y était vif, et les drapeaux claquaient dans le vent sec.
À l’arrivée sur le circuit, Kenta descendit du van en silence. Il avait eu le temps de se changer et son pull en col roulé noir épousait ses larges épaules, laissant deviner sa carrure relativement imposante. Par-dessus, il portait une longue doudoune matelassée, bordée de fausse fourrure sur le col, qui lui donnait une allure à la fois élégante et pratique face au vent glacial d’Hokkaido.
Il avançait d’un pas mesuré, les mains parfois glissées dans les poches de sa veste, observant le paddock avec attention. Malgré la fatigue du voyage, il dégageait cette impression de contrôle et de calme, exactement ce qu’on attendait d’un coordinateur.
À ses côtés, Kim sortit du van avec l’aisance d’un habitué des hivers rigoureux. Son manteau blanc cassé, long et léger, le protégeait aisément du vent. Le col relevé et les manches bien ajustées laissaient deviner son pull fin en dessous. Il inspirait profondément, presque détendu, contrastant avec la posture plus prudente de Kenta. Même dans cette tenue claire qui le faisait ressortir dans le paddock gris, il dégageait une concentration tranquille et professionnelle.
Les organisateurs japonais les accueillirent avec un mélange de professionnalisme et de chaleur polie.
Kim s’inclina brièvement, un peu maladroitement, tandis que Kenta prit naturellement le relais, échangeant quelques phrases rapides dans sa langue natale. Sa voix, plus assurée que d’habitude, surprit Kim.
Il traduisit ensuite calmement :
— Ils veulent qu’on fasse le tour du paddock et qu’on vérifie les installations avant l’arrivée du reste de l’équipe.
Kim hocha la tête, reconnaissant. Il n’avait pas l’habitude de le voir dans ce rôle-là : posé, précis, presque à l’aise.
Pendant qu’ils suivaient le groupe, Kenta continuait d’interpréter les consignes techniques, parfois en ponctuant de gestes clairs pour s’assurer que tout soit compris.
Ils passèrent entre les stands, encore à moitié vides, où résonnaient quelques bruits de perceuse et de métal.
Le brun se penchait parfois pour noter un détail sur une tablette ou demander une précision à un technicien.
Le pilote, à ses côtés, observait sans trop parler, attentif à la rigueur du lieu et à la façon dont Kenta semblait, ici, trouver un cadre où son énergie se canalisait naturellement.
Le froid leur rosissait les joues, mais ils continuaient la visite jusqu’à la tombée du jour.
Quand ils remontèrent dans le van pour rentrer au ryokan, le silence s’installa entre eux, mais cette fois un silence plus calme, presque complice, nourri d’une fatigue partagée.
Kim finit par dire, en fixant la route :
— T’assures, pour les traductions.
Kenta haussa les épaules, un sourire en coin discret :
— J’ai fait pire.
— C’était sincère.
Le van reprit sa route dans le crépuscule à travers la campagne glacée.
Dehors, les premières étoiles apparaissaient dans le ciel d’Hokkaido, pâles et nettes comme des éclats de verre.
Le reste du trajet fut silencieux, chacun perdu dans ses pensées, mais la tension du matin avait déjà un peu disparu.
Une fois à l’intérieur de leur hôtel, la chaleur du bâtiment et l’odeur du bois les enveloppèrent instantanément. Le froid de l’extérieur semblait déjà loin. Ils s’installèrent pour dîner dans une petite salle traditionnelle, le tatami sous leurs pieds et les lampes tamisées projetant une lumière douce sur les visages.
Ils ne parlaient pas beaucoup, se contentant de commenter parfois le circuit ou les instructions à retenir pour le lendemain. Et pourtant, dans ces échanges courts mais précis, chacun prit conscience que tout se passait mieux que prévu. Leur énergie, si différente à première vue, semblait finalement s’accorder : Kenta précis et organisé, Kim concentré et instinctif, chacun complétant l’autre naturellement.
Le repas terminé, ils restèrent un instant silencieux, savourant le calme et la chaleur du ryokan. Pour la première fois depuis leur départ, ils se sentirent vraiment détendus, confiants pour la journée qui les attendait sur le circuit.
Chapter 2
Notes:
Voila la suite des aventures de nos 2 “ennemis” dans le froid d’Hokkaido. Est ce qu'ils auraient pas un petit crush secret l’un pour l'autre ? Hehe.
En tous cas j’ai décidé de faire encore plus de chapitres que prévus, même s'ils sont courts. De toute façon, ça ne sera pas non plus une histoire trop longue et j’avance vite.
Chapter Text
Le matin, le reste de l’équipe déléguée par X Hunter arriva sur le circuit : le team manager, les mécaniciens, le technicien de données et l’assistant logistique. Autour d’eux, les autres pilotes et leurs équipes s’installaient dans les paddocks, chacun s’affairant à préparer la journée d’entraînement. L’agitation qui régnait sur le circuit contrastait avec le calme de la veille.
Kim, déjà en combinaison, ajustait ses gants avec précision. Son regard glissait sur chaque détail du garage : les outils bien alignés, la voiture sous la lumière froide, rien ne semblait lui échapper.
Quand il enfila son casque et s’installa dans la voiture, le monde se réduisit à un seul son : celui du moteur.
Kenta, debout derrière la barrière de sécurité, suivait la télémétrie depuis la tablette. À chaque passage, il notait les temps, les trajectoires, les réactions de la voiture. Il faisait des allers-retours nerveux entre le moniteur et le circuit, traduisant rapidement pour l’ingénieur japonais présent sur place.
Kim gagnait en vitesse à chaque tour, régulier, précis, presque mécanique.
Premier run : impeccable.
Deuxième run : un virage un peu large, corrigé sans effort.
Troisième run : rapide, fluide. Trop fluide, peut-être.
Kenta fronça les sourcils.
— Il pousse trop, murmura-t-il pour lui-même.
Le manager le regarda sans réagir, habitué à ses excès.
Mais Kim, lui, ne voyait plus rien d’autre que la ligne blanche. Il était seul avec la machine, et chaque seconde gagnée sur le chrono lui donnait l’impression de respirer plus fort.
Puis vint le quatrième tour.
La température de la piste avait encore chuté ; une fine pellicule de glace s’était formée à l’ombre du virage nord.
Kim entra trop vite.
Une fraction de seconde, les pneus perdirent toute adhérence.
Le bolide glissa, dériva sur plusieurs mètres. Le moteur s’emballa, les pneus crissèrent sur le bitume.
— KIM ! hurla Kenta dans la radio.
Le temps sembla se figer.
La voiture fit une embardée, heurta la bordure, pivota sur elle-même dans un nuage de neige et de poussière, avant de s’immobiliser à quelques mètres des barrières de sécurité.
Silence.
Kenta crispa ses doigts sur la rambarde.
— Kim !! Minsu !!
Un long grésillement statique sur la radio, puis une voix étouffée :
— …J’suis là. Ça va.
Son ton était calme, mais un peu tremblant.
Kenta se figea. Il sentit la tension se dissoudre brusquement dans son ventre, mais sa gorge restait serrée.
L’équipe de piste aida à ramener la voiture au paddock, les pneus encore couverts de gravier. Quelques minutes plus tard, Kim sortit de l’habitacle, visière levée. Son visage était pâle, marqué par le choc, mais il n’avait rien. Il retira son casque lentement, laissant échapper une bouffée de vapeur dans l’air froid.
Kenta accourut, le regard sombre.
— Tu aurais pu te tuer, idiot.
— J’sais.
Kim s’appuya contre la portière, les doigts encore tremblants.
— J’ai senti la voiture partir d’un coup. Je pensais la rattraper.
Le silence retomba. Le moteur coupé, on entendait plus que le vent glacé sur la piste.
Kenta s’accroupit à côté de lui, inspecta les pneus, le pare-choc fendu. Puis son regard remonta vers Kim.
Il voulut dire quelque chose, mais les mots restèrent coincés.
— C’est fini pour aujourd’hui, déclara-t-il enfin d’une voix basse.
Kim hocha la tête, docile pour une fois. Malgré tout, dans son regard, il y avait encore ce mélange étrange de fierté et de peur, cette tension propre à ceux qui viennent d’effleurer leurs limites.
L’entraînement fut écourté. Après l’incident, les ingénieurs se rassemblèrent autour de la voiture, évaluant les dégâts : le pare-chocs avant fendu, un amortisseur faussé, plusieurs éléments à redresser avant le lendemain. Rien d’irréparable, mais assez pour exiger le reste de la journée en atelier.
Le manager sur place ainsi qu’Alan au téléphone insistèrent pour que Kim rentre se reposer.
Kenta, l’attendait près du van, une cigarette à moitié consumée entre les doigts. Le ciel s’était couvert, et une fine brume montait au-dessus des montagnes d’Hokkaido. Le froid s’infiltrait partout.
Pendant un long moment, ils roulèrent sans parler. Kenta jetait de temps à autre un coup d’œil discret à Kim, cherchant à deviner ce qu’il pensait, ou simplement s’il allait bien.
Le Coréen, lui, fixait la route sans vraiment la voir, les traits tendus. Le silence finit par devenir trop lourd, presque pesant.
Finalement, c’est Kim qui parla en premier, sentant le regard du Japonais sur lui. Mais il ne mentionna pas l’incident :
— Dis-moi… comment ça se fait que tu parles japonais ? Je ne savais pas vraiment… enfin, que tu connaissais la langue.
Kenta répondit calmement :
— C’est ma langue maternelle. Même si Tony m’a adopté très tôt, j’ai continué à apprendre en grandissant. Tout ce qui pouvait l’aider et servir ses intérêts était autorisé, le reste… non.
Sentant un réel intérêt de la part de Kim, il ajouta :
— Après, j’ai fini par gérer pas mal d’affaires à l’international, beaucoup avec le Japon.
Kim détourna légèrement le regard. Il n’avait pas imaginé à quel point l’enfance et l’adolescence de Kenta avaient dû être difficiles. Une partie de lui ressentit de l’admiration pour tout ce qu’il avait dû traverser.
L’envie de poser mille questions sur son passé montait en lui, mais il se retint, conscient que certaines choses ne se livraient pas si facilement.
Kenta, comme lisant ses pensées, continua :
— J’ai vite compris que ce qui comptait vraiment, c’était ce qui servait à Tony. Pas ce que je voulais. Même parler japonais, c’était pour ses affaires. Ici… c’est différent. J’essaye maintenant de faire les choses pour moi.
Kim eu un léger sourire au coin des lèvres :
— Eh bien… tu t’en sors plutôt bien.
Le Japonais haussa légèrement les épaules, un peu surpris par ce compliment, mais l’accepta silencieusement.
C'était la première fois qu'ils parlaient autant tous les deux et c'était finalement, assez plaisant.
Ils franchirent l’entrée du ryokan, déposèrent leurs affaires dans leurs chambres juste le temps de se réchauffer et de se détendre un peu après la route.
Un petit repas léger les attendait déjà dans la salle commune, tranquille et presque vide. Ce n’était que quelques heures avant que les autres équipes et pilotes ne reviennent de la journée d’entraînement, mais pour l’instant, ils étaient seuls dans cette bulle de calme.
Les plats fumants, simples mais réconfortants, furent avalés en silence, ponctués de quelques échanges polis avec le personnel. Kim se força à sourire, mais son esprit restait encore hanté par l’incident de l’après-midi.
— Je vais me détendre un peu dans le Onsen, annonça-t-il finalement, déposant ses baguettes.
Kenta hocha la tête sans un mot, sachant qu’il valait mieux le laisser partir en premier. Kim se leva et fila vers les bains, laissant derrière lui le Japonais et les restes du repas.
Chapter 3
Notes:
J'avais dit que la suite arriverait rapidement hehe... Mais hésitez pas à laisser des commentaires.
(See the end of the chapter for more notes.)
Chapter Text
Le Onsen était encore vide à cette heure-là, l’eau fumante ondulant légèrement sous la lumière tamisée. Kim s’installa au bord, laissant ses épaules se détendre dans l’eau chaude, les muscles encore crispés par l’adrénaline de la piste. Il ferma les yeux, inspirant profondément, savourant ce moment de calme.
Après quelques minutes, des pas légers sur les pierres l’avertirent de la présence de Kenta. Sans un mot, celui-ci se glissa dans l’eau à quelques mètres, respectant l’espace du Coréen.
Kenta POV :
Kim, plongé dans l’eau laiteuse chargée de soufre, la tête légèrement penchée en arrière, semblait paisible et serein. Sa peau claire se fondait délicatement à la surface de l'eau, et la lumière douce du Onsen soulignait la finesse de ses traits. En se glissant dans l’eau à quelques mètres, Kenta sentit son rythme cardiaque s’accélérer, sans comprendre pourquoi la seule présence de Kim parvenait à troubler ainsi son calme habituel.
Kim POV :
Kim leva les yeux en entendant Kenta arriver silencieusement. Sa carrure imposante se détachait dans la vapeur du bain, et cela se voyait encore plus dans la petite serviette blanche qui lui entourait pudiquement la taille. Lorsqu’il s’installa à quelques mètres, Kim sentit un frisson le parcourir, regrettant presque la distance entre eux. Un instant, il se demanda comment il allait réussir à se concentrer sur autre chose que la présence de Kenta.
La chaleur du onsen montait doucement, se mêlant au froid mordant de l’extérieur tandis que la nuit tombait lentement sur le ryokan. Les deux hommes restèrent silencieux un moment, chacun perdu dans ses pensées. La proximité dans le bain, la chaleur et la nudité relative les rendaient étrangement conscients l’un de l’autre, un contraste saisissant avec l’image couverte et distante qu’ils avaient affichée toute la journée sous leurs multiples couches de vêtements.
Les yeux de Kim finirent par tomber sur le dos de Kenta, partiellement découvert dans l’eau. Des lignes fines, des cicatrices multiples, anciennes, certaines plus profondes, d’autres presque effacées marquaient sa peau. Il resta un instant figé, la bouche entrouverte.
— Bordel…, murmura-t-il, la colère montant malgré lui. Ce type… Tony… quel connard, finit-il par lâcher entre ses dents serrées.
Kenta sentit son souffle se couper légèrement. L’instinct aurait voulu qu’il se cache, mais il resta là, exposé, laissant ses cicatrices et sa vulnérabilité à nu, offrant à Kim la vérité entière de ce qu’il avait traversé.
Puis, il parla, la voix basse, hésitante :
— Kim… je… je sais que tu pourrais encore m’en vouloir. Je n’avais pas le choix, à l’époque. Tout ce que je pouvais faire, c’était… te garder en vie.
Kim tourna légèrement la tête, le regard fixé sur l’eau qui frémissait entre eux. Il se souvenait de chaque instant, de chaque peur, et pourtant, il savait au fond de lui que Kenta n’avait fait que suivre les ordres, et qu'il avait malgré tout veiller à son bien être alors qu'il était emprisonné par Tony.
— Je sais… murmura-t-il doucement. Je sais que tu as fait ce que tu pouvais. Que tu m’as aidé. Que tu m’as protégé autant que possible. Et que c'est toi qui a prévenu Jeff pour qu'il vienne me libérer…
Un silence lourd tomba. Kenta regardait ses mains, immergées dans l’eau chaude, comme s’il cherchait à disparaître.
— Je… je n’ai jamais voulu que ça se passe comme ça, dit-il finalement. J’ai… j’ai des regrets. Beaucoup de regrets.
Kim s’avança légèrement dans l’eau, réduisant instinctivement la distance entre eux.
— Je comprends… Mais tu as été courageux et tu as fait ce que personne d’autre n’aurait pu faire. Et c’est grâce à toi que je suis encore là, que nous sommes tous encore là.
Le cœur de Kenta se serra, un mélange de soulagement et de malaise. Ils restèrent ainsi, silencieux mais reliés par la reconnaissance et les souvenirs lourds, laissant l’eau chaude du Onsen laver le passé.
C'est à cet instant précis qu'il se mit à neiger.
Des flocons éparses, délicats, qui fondaient instantanément au contact de l'eau et de la chaleur.
Kim leva lentement le visage vers le ciel. Un flocon vint se poser sur sa joue. Il ferma les yeux, comme pour le sentir disparaître et mettre ainsi un point final à leur passé commun et douloureux.
Le Coréen restait immobile dans l’eau, les yeux mi-clos, repensant à chaque souvenir, à chaque mot échangé avec Kenta. La chaleur du bain, pourtant agréable au départ, devenait presque écrasante. Son corps était fatigué, son esprit encore plus, saturé par la tension de la journée, la piste glissante, et les émotions qu’il avait laissées remonter à la surface.
Petit à petit, il sentit une vertige le saisir, un étourdissement qui le prit au dépourvu. Son souffle se fit court, ses mains s’accrochèrent à la bordure du bain, mais il était trop tard. Ses jambes fléchirent et ses yeux se fermèrent. Il sombra dans l’inconscience, glissant doucement dans l’eau brûlante.
Sans attendre, Kenta réagit. D’un mouvement rapide et précis, il attrapa Kim par les épaules et le tira vers le bord. Le cœur battant, il l’aida à sortir du bain, enveloppant son corps dans une serviette pour le protéger de la chaleur et du froid qui l’attendait à l’air libre.
— Kim… murmura Kenta, la voix tendue mais contrôlée. Tiens bon.
Il l’entraina jusqu’à sa chambre éclairée d’une minuscule lumière tamisée, le posant délicatement sur le futon. Avec soin, il prit un linge humide et le posa sur le front du Coréen, vérifiant sa respiration. Kim était pâle, encore tremblant légèrement, mais sous les gestes précis de Kenta, il sembla peu à peu retrouver un rythme stable et un peu de couleur.
Kim cligna des yeux plusieurs fois, encore un peu sonné. La pièce sombre tournait légèrement, et son regard se posa sur Kenta, assis à côté de lui. Il sentit une minuscule serviette humide sur son front.
— Qu’est-ce… je… balbutia-t-il, la voix faible.
Kenta haussa les épaules, d’un ton calme et détaché, presque scientifique :
— Tu t’es évanoui. L’eau du Onsen était beaucoup trop chaude pour rester aussi longtemps, surtout après une journée de stress intense. C’est courant pour ceux qui ne sont pas habitués à ce type de bain naturel. Ton corps a simplement réagi.
Tout en parlant, il réajusta le linge sur le front de Kim, le contact de ses mains se faisant doux, presque comme une caresse. Il lui fit boire également un peu d’eau fraîche. Chaque geste était précis, mesuré, mais il y avait une délicatesse indéniable dans la manière dont il manipulait la serviette humide, comme s’il cherchait à apaiser non seulement la température du corps mais aussi le reste.
— Tu te sens mieux ? Finit par lui demander le Japonais.
Kim, encore étourdi, acquiesça puis porta enfin la main à ses vêtements et réalisa qu’il était en yukata. Il fronça les sourcils.
— Attends…
Kenta se contenta de répondre calmement, presque comme une évidence :
— Je te l’ai mis.
Pas de sourire, pas d’explication détaillée, juste cette phrase simple. Kim resta silencieux un instant, observant la façon dont Kenta s’assurait que tout était en place, et ressentit, sans vraiment comprendre pourquoi, un sentiment d’apaisement.
Le brun remonta finalement la couette parfumée décorée de hérons blancs, s'assurant que Kim était bien au chaud, dans la pénombre.
— Repose-toi, dit-il d’un ton pragmatique. Il faut que tu sois en pleine forme pour la course de demain.
Kim inspira profondément, sentant la fatigue s’évacuer peu à peu sous la chaleur du futon et la présence rassurante de Kenta à ses côtés. Un petit sourire se dessina sur ses lèvres.
— Oui… murmura-t-il. Je serai le meilleur demain.
Kenta hocha la tête, silencieux, observant le souffle régulier du pilote automobile.
Il allait se lever pour le laisser se reposer, mais la main de Kim se referma, presque sans réfléchir, autour de son poignet.
— Reste un peu, murmura-t-il, déjà aux portes du sommeil.
Notes:
Est ce que j'ai repensé au meilleur couple de tous les temps, j'ai nommé Lan Wangji Wei Wuxian en écrivant la partie sur les cicatrices de Kenta dans le Onsen ? Bien sûr que oui !
Perdre connaissance dans les Onsen c'est tellement un cliché des anime ou manga mais ça arrive aussi en vrai donc aucun scrupule pour utiliser ce plot ici.
Chapter 4
Notes:
Je n’ai pas encore fini cette fanfic mais j’ai déjà une nouvelle idée qui n’a rien à voir, alors attendez vous à une nouvelle histoire rapidement après celle-ci haha.
L'inspiration est avec moi...Hokkaido Drift finira dans 2 ou 3 chapitres, pas plus.
Chapter Text
Le lendemain matin, un ciel gris couvrait la campagne d’Hokkaido. Le vent balayait la fine couche de neige tombée la veille, soulevant parfois des tourbillons blancs au-dessus des champs givrés. Pas forcément un temps idéal pour une course mais il allait bien falloir faire avec.
Dans le van qui les emmenait au circuit, l’atmosphère semblait plus légère que la veille. La discussion de la nuit avait apaisé bien des tensions entre eux.
Cependant, quand Kenta monta dans le van, Kim leva aussitôt les yeux, avant de froncer les sourcils.
— Euh…C’est quoi, ce masque ? demanda-t-il aussitôt, intrigué par le tissu noir qui lui couvrait la moitié du visage.
— Rien d’important, répondit Kenta d’un ton calme. Tout va bien.
— T’es malade ?
— Non.
— Alors pourquoi…
— Juste une précaution. Pour éviter de respirer l’air glacé, expliqua-t-il vaguement. Ça me dessèche la gorge.
Kim le dévisagea, pas totalement convaincu.
— Tant que tu ne fais pas une réaction au soufre d’hier, ça va.
Kenta eut un léger rire derrière le masque.
— C’est plutôt toi qui devrais te méfier des bains brûlants.
Kim haussa les épaules, faussement détaché.
— Ça va, j’ai juste eu un petit moment de fatigue, c’est rien.
— “Un petit moment de fatigue” ? ironisa Kenta. Parce que tomber dans les pommes dans un Onsen et frôler un accident sur la piste, c’est ton concept d’une journée tranquille ?
— Tu exagères, protesta Kim avec un sourire, les joues un peu rouges.
Dehors, la neige fondue dessinait des traces sombres sur la route.
— T’inquiète pas, reprit Kim, plus sérieusement. Je vais tout faire bien aujourd’hui. Pas d’imprudence, pas de casse.
Kenta acquiesça d’un léger signe de tête, le regard tourné vers la fenêtre.
Kim l’observa un instant, puis, sans trop réfléchir, posa sa main sur celle de Kenta, posée entre eux sur le siège.
— Tu es inquiet pour moi ? demanda-t-il doucement.
Kenta eut un léger sursaut, surpris par le contact.
— Moi ? Non, je… c’est juste que…
Sa voix se perdit un peu, mais il ne retira pas sa main, profitant de la chaleur qui émanait de la paume du coureur automobile.
— Alors ne t’en fais pas, murmura-t-il, un mince sourire au coin des lèvres. Je vais assurer.
Kenta baissa les yeux, avant de répondre d’une voix plus basse :
— Je sais.
Ils restèrent ainsi quelques secondes encore, sans chercher à rompre ce fragile équilibre. Puis, le vent et la route secouèrent légèrement le van, leur faisant lâcher prise et les ramenant à réalité du jour de course.
Ils quittèrent enfin la route bordée de pins pour s’engager sur le terrain du circuit, où l’air vibrait déjà d’une odeur d’essence et de caoutchouc chauffé. Le ciel plombé d’Hokkaido semblait suspendu au-dessus du circuit.
Des techniciens s’approchaient, les saluant d’un signe de tête avant de reprendre leur course entre les stands. Certains moteurs rugissaient déjà au loin.
Kim inspecta le ciel et la piste avec attention. Kenta, le suivit, les mains dans ses poches. Il sentit cette concentration revenir, cette manière qu’il avait de tout oublier, même lui, dès qu’il passait en mode course. Il connaissait cette expression : calme, précise, presque froide.
L’atmosphère changeait autour d’eux : les mécaniciens s’activaient, les outils tintaient contre le métal. Voir Kim dans cet univers le fascinait autant que ça l’inquiétait. Il savait que, dès qu’il bouclerait sa ceinture, il n’y aurait plus rien d’autre que la piste et la compétition.
Kim s’installa dans le cockpit, les gestes précis, concentrés. Le grondement du moteur emplissait déjà l’air tandis que l'équipe autour de lui s’affairait dans un ballet millimétré, chaque geste mesuré. Il ajusta son casque, vérifia une dernière fois les voyants. Tout était prêt.
Kenta s’était approché du véhicule. Kim releva les yeux vers lui. Un mince sourire étira ses lèvres, presque imperceptible derrière le casque, mais Kenta le devina sans mal. Il hocha simplement la tête en signe d’encouragement avant de reculer d’un pas, laissant le mécanicien refermer la portière.
Quelques minutes plus tard, le feu passa au vert. La voiture s’élança.
Dès les premiers virages, Kim retrouva ses repères : les mains fermes sur le volant. Le vent faisait trembler les bannières et quelques flocons fondus s’écrasaient contre le pare-brise. La visibilité n’était pas parfaite, mais la concentration de Kim ne faiblit pas. Chaque virage était pris avec justesse, chaque accélération calculée.
Tour après tour, il reprit confiance. La veille semblait loin, balayée par le grondement du moteur et la précision de ses gestes. Il géra la course sans excès, sans prise de risque inutile, mais avec une maîtrise impressionnante.
Quand la ligne d’arrivée apparut enfin, Kim franchit le drapeau à damier à la troisième place. Pas de victoire éclatante, mais une course propre, precise, respectée.
Il coupa le contact, leva la tête et laissa échapper un souffle long de soulagement. À peine eut-il ouvert la portière que les membres de son équipe l’entourèrent, frappant sur son épaule, riant, soulagés.
— Troisième place, c’est du solide, mec ! cria l’un d’eux en lui tendant une bouteille d’eau.
— Propre et maîtrisé, ajouta un autre. Tu t’es bien rattrapé depuis hier.
Kim esquissa un sourire, encore essoufflé, puis chercha instinctivement Kenta du regard. Il le trouva un peu en retrait, les bras croisés, observant la scène avec un calme presque froid. Leurs yeux se croisèrent une seconde. Le Japonais lui sourit, un sourire perceptible même sous le masque.
Le podium fut bref mais plein de vigueur. Les applaudissements, les flashs, le bruit du champagne qui giclait sur les marches, Kim souriait.
Chapter 5
Notes:
On arrive bientôt à la conclusion de cette belle histoire, je pense finir ce week-end (et vous proposer une nouvelle fanfic juste après car je suis très généreuse haha)
Chapter Text
Après la course, ils regagnèrent le ryokan. La neige tombait de nouveau doucement, recouvrant les lanternes du jardin d’une fine couche blanche.
À l’intérieur, l’atmosphère était déjà festive. Tous les pilotes et les équipes étaient rassemblés pour un banquet de célébration. Les tables croulaient sous les plats traditionnels, les bouteilles de saké et de champagne, ainsi que diverses boissons locales. Les conversations bruyantes, les rires et les éclats de voix emplissaient la grande salle.
Kim se laissa emporter par l’enthousiasme ambiant. Les félicitations pleuvaient, des mains se posaient sur son épaule, des tapes amicales sur son dos. Il remerciait chacun avec un sourire, ressentant à la fois fierté et soulagement après la course. Pourtant, malgré le plaisir de ces instants, le vacarme et l’exubérance commençaient à le submerger.
Il chercha du regard Kenta, mais le Japonais avait disparu, probablement parti se retirer quelques instants. Un petit pincement de curiosité et d’inquiétude traversa Kim, mais il décida de profiter encore un peu de la fête, se mêlant aux autres et savourant le moment.
Plus tard, Kim avançait lentement dans le couloir, encore un peu étourdi par le banquet et le saké. Il arriva devant leur chambre et aperçut Kenta, appuyé contre le mur, immobile.
— Bravo pour la course, murmura Kenta. Tu t’es bien débrouillé.
Kim sourit, touché par le compliment, et secoua légèrement la tête.
— Merci… Maintenant, j’aimerais profiter une dernière fois du onsen avant de dormir.
Kenta fronça légèrement les sourcils et posa une main ferme sur son bras.
— Non. En plus, tu as un peu bu. Je ne peux pas te laisser y aller seul, dit-il calmement, son ton ne laissant pas place à la discussion.
— Allez… c’était juste quelques verres. Viens avec moi, juste un petit bain pour décompresser, souffla Kim en tendant la main.
Kenta hésita, croisant les bras.
— Non.
Kim insista doucement, tirant légèrement sur sa manche.
— Juste dix minutes… C’est mon rêve, un bain sous la neige. Promis, je fais attention. On ne reste pas longtemps, cette fois.
Kenta soupira presque imperceptiblement, puis finit par céder.
— Ok. Dix minutes, pas plus.
Ils se dirigèrent vers le onsen, Kenta suivant Kim de près. Il continuait de neiger doucement, déposant une fine couche blanche sur les pierres et la végétation alentour.
Une fois immergé dans l’eau chaude, Kim osa poser la question qui le taraudait :
— Au fait… ton masque, pourquoi aujourd’hui ? Tu comptes le garder même pour te baigner ?
Kenta entra dans l’eau à son tour, juste à côté du pilote, tout en évitant son regard :
— Rien de spécial… laisse tomber.
Kim, légèrement ivre et plus audacieux, se déplaça rapidement dans l’eau vers lui et, d’un geste rapide, fit glisser le masque. Le visage de Kenta se révéla, et le Coréen remarqua aussitôt la blessure sur sa lèvre inférieure. Un frisson parcourut son dos.
— Qu’est-ce que… ? murmura Kim, surpris.
Kenta baissa les yeux, évitant l’inquiétude de Kim :
— Rien de grave… juste un accident. Ça ira.
Malgré son étonnement, Kim sentit son cœur se serrer. Cette petite vulnérabilité, visible seulement maintenant, le touchait profondément.
— Que s’est-il passé ?
Kenta finit par avouer, conscient qu’il ne pouvait plus esquiver.
— Hier… quand tu as perdu connaissance dans le bain, je t’ai porté jusqu’à la chambre. Mais en revenant à toi, tu as bougé tout d’un coup, et… sans faire exprès, tu m’as donné un coup de tête. Je voulais te le cacher pour ne pas t’inquiéter, que tu restes concentré sur la course.
Kim sentit un pincement dans la poitrine. Dans l’obscurité de la chambre, la veille, il n’avait rien remarqué.
Il se pencha légèrement et effleura la lèvre de Kenta du bout des doigts.
— Je… je suis désolé, murmura-t-il, la voix presque étouffée.
Son cœur battait plus vite en observant le Japonais : la plaie sur sa lèvre, la tension dans sa mâchoire, son corps tendu mais immobile.
Leurs yeux se croisèrent, et dans ce silence seulement troublé par l’eau qui s’écoulait d’un bambou coupé, leurs regards glissèrent inévitablement vers leurs lèvres. Quelque chose changea dans l’air, une attirance… irrésistible. Le souffle court, et d’un commun accord silencieux, ils s’embrassèrent.
Leurs lèvres se frôlèrent, d’abord à peine, comme une hésitation, un test. Le contact fut hésitant, maladroit, puis devint brutalement sûr. L’eau chaude autour d’eux, leurs corps presque nus qui se frôlaient à chaque mouvement, tout cela était dangereux… très dangereux. Le baiser s’intensifia, leurs gestes se firent plus pressants, et la retenue menaçait de céder. Ils savaient qu’ils devraient s’arrêter, mais aucun des deux ne pouvait s’éloigner.
Soudain, des voix et des pas se firent entendre au loin, annonçant l’arrivée des autres occupants du ryokan vers le onsen. Le bruit brisa immédiatement l’instant. Ils s’écartèrent brusquement, le souffle court, le cœur battant à toute vitesse.
Kenta, reprenant contenance, s’immergea un peu plus dans l’eau pour se calmer. Puis, d’une voix basse mais ferme, il murmura :
— Viens… dans ma chambre.
Kim le regarda, surpris, hésitant. Mais dans le regard de Kenta, il y avait cette impossibilité de le laisser partir maintenant, ce mélange de timidité et de besoin. Sans un mot de plus, Kim acquiesça, et ensemble ils sortirent de l’eau, enveloppés dans leurs serviettes.
Ils quittèrent le onsen, après avoir enfilé rapidement leurs yukata, encore humides par endroits, marchant maintenant rapidement mais en silence vers la chambre de Kenta.

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