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Dans la Brume

Summary:

Les Haruno trouvent asile à Kiri suite à l’attaque de Kyûbi. Enrôlée à l’Académie pour devenir ninja, Sakura fait face à un monde sans pitié qui lui rappelle sans cesse qu'elle lui est étrangère et qu’elle n’y trouvera jamais tout à fait sa place.

A-t-elle ce qu’il faut pour devenir une kunoichi du village caché par la brume ?

Notes:

Je suis ouverte à la critique constructive et j’adore théoriser sur Naruto et mes propres écrits. Je préfère préciser que cette histoire date de 2018 et vient d’être entièrement révisée (c'est-à-dire que je l’ai retapée ligne par ligne en faisant des modifications sur le fond). Au vu de ce contexte, je ne vais pas éditer le texte à moins qu’on me fasse remarquer des fautes de frappe, cependant je peux parler de mon intrigue pendant des heures et discuter du pourquoi et du comment avec grand plaisir, ton avis m’intéresse et j’aimerais continuer à explorer ce genre de fic pour le fandom !

La bonne nouvelle c’est que la fic est donc complète et que je posterai 2 fois par semaine quelle que soit sa réception ;)
Bonne lecture !

(See the end of the work for more notes.)

Chapter 1: Classe de solidarité

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

ARC I

Les flammes ravagent le village caché par les feuilles. Konoha, à feu et à sang, tombe sous les assauts du renard à neuf queues. Le pays qui arbore si fièrement le nom de cet élément dévastateur mettra des années à se relever. Bien des shinobi périrent en tâchant de contenir le démon dont l’apparition reste, aujourd’hui encore, mystérieuse. Le quatrième Hokage tomba lui aussi, protégeant le village au prix de sa vie. Mais des cendres s'élève une nouvelle génération, née d’un massacre qui signe le début d’une ère paisible pour Konoha.

« De nos jours, le monde est en paix, conclut Chôjûrô. »

Les élèves applaudissent poliment son exposé tandis qu’il récupère l’estampe qu’il a apportée pour illustrer ses propos et Sakura soupire en observant le garçon. Il baisse la tête, incapable de soutenir le regard de ses camarades derrière ses lunettes et pique un fard, ce qui lui va à ravir songe Sakura. Le menton appuyé dans la main, elle lui envie ses cheveux bleus qui ne sortent pas de l’ordinaire dans le village caché par la brume.

Elle et son carré de cheveux roses sont loin de passer inaperçu !

« J’avais l’impression d’y être en écoutant Chôjûrô-kun, murmure-t-elle à l’intention de sa voisine. »

Honami étouffe un rire derrière sa main, ses yeux bleu-gris pétillant de malice, mais Sakura n’en voit pas grand-chose car elle reçoit une claque derrière la tête dont l’impact la propulse en avant. Elle bascule au-dessus de son pupitre, le souffle coupé. Furieuse, elle se retourne avec un raclement des pieds de sa chaise sur le parquet tandis que Chôjûrô revient à sa place.

« Ça va pas ?! s’exclame-t-elle.

— Arrête de faire la bécasse, tu y étais, Haruno ! réplique l’élève assise derrière elle.

— Je venais de naître, je m’en souviens à peine…

— Ça ne change rien au fait que tu n’es pas d’ici, étrangère. »

L’autre fille crache les mots comme des insultes et Chôjûro, qui vient de s’asseoir à côté d’elle, en reste bouche-bée. Sakura se retourne avant que les larmes qui menacent de lui échapper ne voient le jour, sans parvenir à les retenir. Honami lui agrippe si fort la main qu’elle a aussi envie de pleurer à cause de la douleur, mais le soutien sans faille de son amie réconforte Sakura. Gikan, leur enseignant ne manque pas de les remarquer et réprimande sèchement son tortionnaire.

« Oki, ce genre de comportement n’est pas toléré à l’Académie. Tu feras le prochain exposé, sur la fondation de Kirigakure. »

Honami murmure que c’est bien fait et un sourire pincé vient étirer les lèvres de Sakura.

Elle baisse furieusement les yeux sur son cahier afin de sécher ses larmes. Ses parents sont originaires de Konoha. Marchands artisans, ils ont quitté le village à la suite de l’attaque de Kyûbi. Ils se sont d’abord rendus à la lisière du Pays du Vent, n’osant pas s’aventurer dans le désert avec Sakura, encore un nourrisson à l’époque. Mais le Pays du Vent est pauvre en ressources et la famille Haruno s’est vue contrainte de tenter sa chance ailleurs.

Trois bouches à nourrir dans le Pays des Rizières mais aucun savoir-faire prospère dans les cultures du riz, ils n’y ont jamais planté racine non plus. Ils le laissèrent derrière eux dès que Sakura fut en âge de marcher et prirent la direction de l’archipel. D’abord dans le Pays des Vagues, pour y découvrir le corail, mais la population ne fait que s'appauvrir depuis des années tandis que les bijoux confectionnés par les Haruno reviennent toujours plus cher pour permettre aux Haruno d’éduquer leur fille unique.

A l’époque, la dictature exercée à Kiri — qu’Oki va explorer sous tous les angles sous peu — décourageait les migrations dans le Pays de l’Eau, mais la rébellion changera la vie du pays et de ses habitants. Les Haruno tentèrent donc leur chance dans le village en pleine reconstruction après la guerre civile, et y prospèrent depuis.

Mais Sakura n’y est pas née et Oki, originaire du village et membre de l’un des clans les plus influents par le passé, le lui rappelle souvent. Plus grande que ses camarades de classe, d’une carrure plus imposante aussi, elle a choisi Sakura comme souffre-douleur. Il est d’autant plus facile, après tout, de malmener l’étrangère qui tente désespérément de se fondre dans la masse, celle qui voudrait plaire à ses camarades autant qu’aux enseignants. Plus facile en effet, que de se mettre à dos l’un des autres clans du village, dont le nombre de membres surpasse le sien depuis la guerre civile.

D’autant plus que là où la jeune Haruno fait tout comme les autres filles, Oki se détache par ses cheveux courts coiffés en une brosse bleue foncée au sommet de son crâne, un aileron menaçant dont on s’écarte dans les couloirs. Le teint verdâtre de sa peau et ses cernes en forme de branchies signalent son appartenance au clan Hoshigaki, celui-là même ayant participé à la fondation du village caché par la brume. Oki n’aura donc aucune difficulté à relater cette dernière dans son exposé.

Sakura soupire profondément et lance un regard en coin à Chôjûro. Elle a à peine tourné la tête mais il le remarque et l’ombre d’un sourire fait trembler ses lèvres. Discret et très bon élève, le garçon lui a toujours paru particulièrement gentil mais, contrairement à Sakura, il ne se laisse pas marcher dessus. Excellent dans toutes les matières, c’est pourtant dans la pratique qu’il s’affirme le plus.

Face à ses adversaires, il oublie sa timidité ; c’est ainsi qu’il se fait respecter.

Elle l’admire.

Honami donne un coup de coude à Sakura pour la tirer de ses pensées et la fillette fait de nouveau face au tableau à craie, les joues d’une teinte à peu près similaire à celle de ses cheveux. Cela jure atrocement et Sakura plaque ses mains sur son visage, qu’elle trouve brûlant tandis qu’à côté d’elle, son amie cache un nouveau rire derrière ses mains.

« Mais non, te cache pas ! proteste Honami. Ça te va bien. »

Les longs cheveux bruns d’Honami, un peu ternes, sont électriques autour de son visage, au point de partir en zig-zag au niveau de ses tempes, comme des éclairs. Elle dit à qui veut l’entendre que c’est un signe distinctif de son clan, les Kurosuki, mais Sakura n’a jamais rencontré que la mère d’Honami et ce, que brièvement, elle ne peut donc croire son amie que sur parole.

Non loin d’elles, les cheveux de Daiki semblent se dresser sur sa tête en réponse.

Issu d’un clan rival, les Ringo, le garçon a les cheveux aubrun et les porte fièrement longs. Sa famille est, paraît-il, majoritairement composée de femmes, qu’il respecte au point de leur rendre hommage avec une coupe de cheveux semblable à la leur. Les pointes fourchent en forme d’éclair, à l’instar d’Honami, mais tous deux mettent un point d’honneur à se détester.

Sakura a mis beaucoup de temps à comprendre qu’il ne s’agit pas d’une illustration particulièrement virulente de l’adage « qui aime bien châtie bien ». Il ne s’entendent vraiment pas, n’ont jamais essayé de baisser les armes le temps de vérifier que c’est bien le cas, et ils n’en ont pas l’intention. Ils s’ignorent royalement la plupart du temps et notamment en classe, aussi la tension électrique entre eux ne s’épaissit-elle pas tandis que l’horloge murale sonne la fin des cours et un flot d’élèves se déverse hors de l’Académie.

Chaque soir, Sakura emprunte la rue principale, une pente douce de pavés et de maisons aux murs enduits à la chaux et salue les commerçants du coin. Elle aide Takumi, le propriétaire bedonnant du stand de takoyaki à sortir les chaises hautes en bas de la rue et repart avec une assiette à grignoter en chemin.

« Attendez, je vais vous aider ! s’exclame-t-elle en finissant le reste de son plat un peu plus loin. »

Comme souvent, Sakura s’arrête et redresse les fleurs de la devanture du salon de thé de Natsumi qui fait l’angle au croisement et la dame au yukata aussi grisonnant que ses cheveux l’invite à repasser à l’occasion d’une cérémonie du thé. Sakura en fait la promesse et range les porte-cintres du magasin de prêt à porter de Sayaka avant de pousser, tardivement, la porte de l’Atelier Haruno.

Elle vient se jucher sur l’un des tabourets au bord du plan de travail avec la clochette qui carillonne dans la pièce et attend patiemment que sa mère rende la monnaie à un client avant de saluer ses parents. Son père fait une dernière vérification sur la broche qu’il travaille et met son binocle de côté pour venir embrasser Sakura. Les favoris rose pâle de Kizashi chatouillent le front de la fillette, qui tient sa chevelure de son père.

« Qu’en penses-tu ? demande-t-il en montrant la broche à Sakura.

— Elle est tellement jolie ! »

Sakura l’examine sous toutes ses coutures. Le bijou est finement ciselé, taillé dans le corail rosé qu’on ne trouve qu’au large du Pays de l’Eau. Mebuki s’approche de son époux et sa fille pour admirer les finitions avant de hocher la tête d’un air décisif.

« Elle va faire fureur avec mes clientes. »

Kizashi croise le regard de son épouse au-dessus de la tête de Sakura et lui décoche un sourire rayonnant. S’installer à Kiri leur a réussi. Le village, en reconstruction, avait bien besoin d’une lueur d’espoir et le commerce florissant de bijoux et d’autres objets d’ornements faits de corail local a participé à la relance économique de Kiri. Les Haruno ont trouvé leur place dans le quartier, quoi qu’en dise Oki. Sakura bénéficie d’une éducation privilégiée à l’Académie et le climat paisible instauré dans le village ne leur donne pas l’occasion de regretter l’exode loin de Konoha.

Mais il n’est pas l’heure de telles considérations. Sakura fait le récit de sa journée tandis que sa mère s’affaire à la cuisine. Elle ne dit rien du comportement d’Oki, et évoque plutôt son exposé sur les différents Mizukage, car elle souhaite inviter Honami afin de le préparer ensemble.

« Je n’aime vraiment pas les entraînements ! dit-elle d’un air boudeur. Mais au moins avec Honami, on s’amuse bien. Est-ce qu’elle peut venir goûter après l’Académie demain ?

— Bon d’accord, cède finalement sa mère.

— C’est peut-être bien, qu’elle ait de bonnes relations avec l’un des clans les plus représentés à Kiri, ajoute son père à mi-voix. Si elle a des alliés haut placés, il y a moins de risque qu’elle finisse en chair à canon... »

Sakura ne comprend pas tout de leur conversation, mais ils ont accepté qu’elle invite Honami et c’est le principal pour la fillette. Toute guillerette, elle tarde un peu à aller se coucher malgré l’insistance de ses parents.

Le lendemain voit donc les deux amies rentrer ensemble après une séance pratique particulièrement difficile pour Sakura, embarrassée par ses cheveux ébouriffés et les auréoles de sueur sous ses bras. Très apte sur le papier, elle peine à suivre le rythme des entraînements physiques et ne bénéficie pas de l’entourage d’un clan de ninja pour travailler ses aptitudes au combat en dehors des cours.

Cela lui passe par-dessus la tête aussi, quand bien même elle admire le talent de Chôjûrô.

Honami n’en mène pas toujours large non plus. Malgré son appartenance au clan Kurosuki, elle ne fait pas partie de la caste fondatrice de Kiri. Le premier Mizukage, à l’origine du village caché par la brume, appartenait au clan Hoshigaki et avait fondé à l’époque une alliance avec les Hôzuki et les Biwa pour lutter contre le clan Kaguya.

Sakura l’explique donc en classe le jour de l’exposé.

Gengetsu Hôzuki, le second Mizukage, dont la rivalité légendaire avec son homologue le Tsuchikage lui valu de mourir lors de l’un de leur célèbres combats, laissa la place vacante et le village fut contraint de trouver un remplaçant rapidement.

« C’est mon grand-père ! s’exclame l’un des élèves que Sakura ignore résolument. »

Le choix ne fut pas difficile puisque Kiri et ses habitants devaient beaucoup au fondateur de la guilde des Épéistes : Kenshin Munashi. La guilde a pour objectif de défendre le village en cas d’attaque et de le représenter lors de missions particulièrement dangereuses, mais Sakura ne s’attarde pas sur ces détails et revient plutôt sur la disparition mystérieuse de Kenshin ainsi que son terrible successeur : Yagura Karatachi.

Si, lors de son ascension au pouvoir, les habitants s’étaient réjouis de voir un shinobi issu de la caste asservie par l’alliance des clans fondateurs s’élever dans les rangs, les jours de liesse ont rapidement cédé place à un régime de terreur. Couvre-feu, réforme de l’Académie et expéditions punitives ont vu plus de sang versé qu’à l’époque de la fondation de Kiri lors de la lutte contre le clan Kaguya. Les clans Hoshigaki et Hôzuki, tout particulièrement, ont failli être décimés et peine encore à se reconstruire aujourd’hui.

Un autre shinobi s’est fait une terrible réputation sous le régime de terreur : Zabuza Momochi.

Le massacre de sa promotion entière, selon la réforme des combats à mort entre les élèves, donna à Kira le surnom de la brume sanglante.

Zabuza fut par la suite à l’origine du premier coup d’état avorté — pendant que Kyûbi dévastait Konoha, fit remarquer Sakura lors de son exposé, sans oser croiser le regard de Chôjûrô. Yagura toujours en place, les Sept Épéistes désertèrent le village et organisèrent la rébellion avec leurs alliés, dont Meï, actuelle Mizukage. Après trois ans de lutte, la guerre civile éclata dans le village et le second coup d'État parvint à détrôner Yagura.

Meï, alors instaurée en tant que cinquième Mizukage, permit à Kiri de connaître enfin la paix.

« Peut-être que le sixième Mizukage se trouve parmi nous ! conclut Sakura. »

Elle résiste à la tentation de lisser la jupe de sa robe rose et s’efforce de sourire. Il devient difficile de garder un ton jovial alors que les regards impassibles de ses camarades ne font que s’assombrir. L’histoire de Kiri est récente et douloureuse pour beaucoup d’entre eux. Leur enseignant ne laisse pas l’ambiance pesante s’installer et remercie Sakura pour son exposé avant de faire une annonce.

« Demain sera une journée classe de solidarité. »

Une vague de grognement se répand dans la classe. La guerre civile a eu des conséquences sur le village, et tous contribuent aux rénovations encore aujourd’hui, même les apprentis de l’Académie. Ils participent régulièrement à l’occasion des classes de solidarité, des journées consacrées aux travaux publics. Les futurs shinobi se rendent utiles par groupes de cinq sous l’autorité des chûnin du village afin de renforcer les liens entre les civils et les ninjas.

Sakura se présente ainsi le lendemain dans la cour de l’école, vêtue de vêtements de travail et ses cheveux roses devant les yeux. Pour couronner le tout, Sakura se voit assignée au même groupe qu’Oki et trois autres élèves qu’elle ne connaît que de nom.

Gakuun, un grand garçon à la peau basanée et aux yeux aussi foncés que ses cheveux, ainsi qu’Akira, qui est en comparaison beaucoup plus fin et élancé bien qu’il ait lui aussi le teint hâlé. A l’instar de Sakura, ses yeux clairs et ses cheveux acajou se détachent du physique typique des habitants de l’archipel. Les deux garçons sont originaires d’ailleurs, respectivement le Pays de la Terre et celui de Vent.

Quant au dernier membre de leur groupe, Suigetsu, il ne manque jamais l’occasion de leur rappeler qu’il descend directement du deuxième Mizukage, son grand-père.

« Ça veut dire qu’aujourd’hui, c’est moi qui commande, déclare-t-il.

— Dans tes rêves ! réplique Oki. »

Les cinq élèves gardent leurs distances en attendant qu’un chûnin vienne les chercher, et Sakura ignore ostensiblement Oki en particulier. Une jeune femme se présente finalement dans la cour de l’Académie, vêtue de l’uniforme habituel et portant les cheveux courts comme Suigetsu, une mèche tombant devant ses yeux violets.

« Tetsu ! ce dernier s’exclame en la voyant. Notre chûnin attitré n’est pas là, on est dispensés ? Il est temps pour moi de vous dire au revoir, je rentre chez moi.

— Pas si vite mon grand, Tetsu le rattrape par le col. Votre chûnin a été assigné à une autre mission alors je prends le relai pour cette fois. »

Sans doute habituée aux frasques de son cousin, elle ne le lâche pas d’une semelle en prenant le chemin du pont qu’ils vont aider à repeindre. Cela met fin aux jérémiades de Suigetsu tandis qu’ils traversent le quartier en silence. Tetsu ne le rompt qu’une fois arrivée au bord du Pont Victoire, qui relie le Quartier Acculé au reste du village. Trois genin s’affairent de part et d’autre du pont à la peinture écaillée, remarquables par l’absence d’uniforme.

« Murazaki, vous avez fini de consolider le pont ? demande Tetsu.

— Oui, sensei. Genki et Yūki viennent de terminer de l’autre côté. »

Le jeune genin porte son bandeau frontal avec fierté et n’accorde pas un regard aux élèves qui le lorgnent avec envie. Avec une chevelure d’un roux flamboyant, il contraste grandement avec les cheveux gris de sa coéquipière. Sakura ne l’a même pas vue apparaître et échange un sourire timide avec la kunoichi lorsque ses yeux violets sans pupille croisent ceux de jade de la plus jeune.

Le second garçon traverse le pont avec les mains dans les poches et s’arrête à côté de Yūki. Un tatouage rouge barre sa mâchoire, comme une grille de barres parallèles, et une croix jaune sur sa joue droite signale son appartenance au clan Biwa, si les deux katanas qui dépassent de ses épaules ne suffisaient pas pour le reconnaître. Sakura ne doute pas une seconde qu’il saurait les dégainer en un rien de temps, malgré son air endormi.

« Parfait, vous pouvez commencer à escalader la Montagne Calcaire. Si vous arrivez au sommet avant moi, vous aurez quartier libre demain. »

Les trois genin n’attendent pas leur reste pour s’élancer jusqu’au pied de la montagne mais le sourire moqueur de Tetsu ne laisse aucun doute : ils ne seront jamais assez rapides. Elle se tourne vers les cinq élèves qui l’accompagnent et pointe du doigt les pots de peinture restés sur le pont.

« Vous savez ce que vous avez à faire. Je passerai régulièrement voir si vous avancez. Essayez de ne pas tomber du pont et évitez de peindre les passants sinon c’est moi qui vous jetterai dans le vide. Allez, au boulot !”

Ils s'exécutent immédiatement et même Suigetsu ne se permet pas de faire une remarque. Tous ont fait la déduction que la kunoichi n’hésitera en effet pas à sévir si elle le juge nécessaire.

Sakura s’empare d’un pinceau et d’un pot de peinture rouge avant de s’éloigner d’Oki pour se mettre au travail, du côté du Quartier Acculé.

Kiri est fondé sur les tributs de guerre. L’alliance des clans Hoshigaki, Hôzuki et Biwa a attiré les clans Suikazan, Kurosuki et Ringo afin de de ne pas être asservis et les malheureux clans conquis par l’alliance des fondateurs habitent dorénavant dans la zone la plus rustique du village. Les maisons y sont entassés, se grimpent les unes sur les autres jusque sur les flancs de la montagne car le village est divisé en trois quartiers principaux, plus exactement trois strates, qui abritent les trois castes historiques.

En contrebas du petit ravin enjambé par le pont, une rivière se faufile entre les rochers pour aller se jeter aux abords du port.

L’expansion de Kiri coûte encore aux clans conquis, envoyés dans les missions les plus dangereuses afin de préserver les forces alliées et fondatrices, d’autant plus après la purge qui a laissé les clans Hôzuki et Hoshigaki fragiles. Meï est issue de l’un des clans asservis et travaille depuis son instauration à une réforme pour changer les mœurs du village mais les actes de son prédécesseur ne jouent pas en sa faveur.

Yagura aussi était issu d’un clan soumis, les Karatachi.

De l’autre côté du pont s’étend le Quartier des Alliés. La majorité de la population, civile comme armée, y réside. On y trouve l’Académie et étrangement, les forges du clan Biwa ont leur place entre les boutiques et les stands de restauration rapide. Au loin, le palais du Mizukage se dresse au-dessus des remparts comme une grande arche, presque invisible dans le brouillard qui flotte constamment sur Kiri. La Grande Arche est à l’origine de la muraille qui sépare le Quartier de la Fondation des autres, lieu de passage officiel pour les visiteurs car il regroupe l’administration du village, les logements de fonction des hauts-gradés et des dignitaires étrangers ainsi que les commerces plus touristiques.

Les parents de Sakura, tout comme les marchands et les touristes, sont entrés à Kiri par le port. Ouverture du village sur la mer, il commence seulement à être exploité par le village et hésite entre une apparence industrielle et plus touristique, vestiges d’un village dont l’économie n’a pu que récemment commencer à se développer.

Sakura se déplace de quelques pas pour continuer à peindre le Pont Victoire, perdue dans ses pensées, et sursaute lorsqu’une substance humide atterrit soudain sur sa joue. Elle tourne lentement la tête dans la direction d’où elle venait et aperçut, sans réelle surprise, le sourire pointu d’Oki.

« T’es mignonne comme ça ! fait mystérieusement remarquer l’Hoshigaki. »

Cette dernière donne un coup sec de son pinceau pour éclabousser Sakura d’un peu plus de peinture rouge, le regard mauvais. Sakura serre les dents et essuie son visage du dos de sa main libre avant de revenir à son occupation sans prendre en compte le rire tonitruant de Suigetsu.

« Bataille générale ! s’exclame-t-il avant de renverser son pot de peinture sur Oki. »

Bouche-bée, Sakura fait volte-face et assiste, impuissante, à ce qui débouche sur une punition elle aussi générale lorsque Tetsu apparait à côté d’elle, aussi furibonde que son neveu et Oki. Tous deux fulminent de s’être fait prendre — et peut-être aussi parce qu’Oki avait seulement l’intention de se moquer de Sakura, pas qu’on lui rende la monnaie de sa pièce.

D’un mudra, Tetsu lève l’eau de la rivière et les rince d’une vague glacée.

« Je vous ai demandé de repeindre le pont bon sang ! Et estimez vous heureux que votre enseignant soit le seul habilité à vous punir car vous n’avez pas envie que je m’en charge moi-même !

— Mais… Tetsu-sensei… pourquoi je suis punie aussi ? demande Sakura, en larmes.

— Parce que tu n’as même pas essayé de les en empêcher, répond sèchement la jeune femme. »

Notes:

Promis, l’exposition dans ce chapitre est pertinente pour l’intrigue et ne t’inquiète pas, je me répète plus tard pour ceux qui ont la mémoire courte ! Que penses-tu de Sakura ?

Chapter 2: Nouvelles techniques

Summary:

Les priorités de Sakura se résument à réussir son exposé et admirer Chôjûrô de loin. Cependant, une punition pourrait bien changer les choses à l’Académie…

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Sakura préférerait écrire des lignes et des lignes de « je ne me battrai pas avec mes camarades de classes » que l’exercice physique intensif qui constitue leur punition à tous les cinq. Chaque soir et sous la surveillance de Gikan, leur enseignant, Oki, Gakuun, Akira, Suigetsu et Sakura enchaînent séries d’abdominaux, exercices de renforcement musculaire, course à pied avec un tronçon d’obstacles, qu’il vente ou qu’il pleuve.

Elle n’en peut plus.

La punition a pour but de les dissuader de recommencer tout en participant à leur entraînement, mais Sakura, qui déteste s’entraîner en dehors de l’Académie, est la première à tomber de fatigue. Loin devant, Suigetsu et Oki se disputent la première place tandis que Gakuun et Akira perdent peu à peu du terrain.

La fillette se redresse tant bien que mal sur ses genoux, ses mains s’enfonçant dans la boue de la clairière où elle se trouve. Il faudra terminer le parcours à quatre pattes si elle ne parvient pas à se relever, alors elle s’efforce de se remettre sur pieds et s’élance désespérément derrière ses camarades de classe. Ils doivent rallier l’Académie avant le coucher du soleil.

Sakura bondit par-dessus un tronc de cèdre et rampe sous une série d’autres abattus, s’arrachant à la flaque de boue qu’ils recouvraient pour effectuer deux pompes sous les ordres de Gikan.

Il abandonne la série en voyant qu’elle ne parvient pas à se relever.

Sakura n’est pas dupe, elle sait qu’elle fait partie du groupe le plus faible lors des entraînements physiques et seules ses bonnes notes lui permettent encore de ne pas redoubler. L’année précédente, Gikan a confié à Sakura et ses parents que l’un des membres du conseil a appuyé son passage en classe supérieure car son niveau physique était trop fragile.

Masamune Terumî ne parviendra peut-être pas à défendre son cas cette fois, songe Sakura.

Elle puise dans le nom de son protecteur le courage de se relever pour rattraper les autres qui l’attendent dans la cour de l’Académie, sous le regard dédaigneux d’Oki. Suigetsu penche la tête sur le côté en la voyant arriver, l’air surpris, et Gikan leur fait signe de rentrer à l’intérieur.

Au loin, le soleil disparaît derrière l’horizon, abandonnant un océan rougissant pour une nuit de solitude.

« On va terminer avec un peu de kenjutsu et vous pourrez rentrer chez vous, annonce Gikan. »

Il porte une barbe fine qui remonte en croissant de lune de chaque côté de son visage et orne son menton d’un petit triangle sombre. Le visage de leur enseignant, encadré par deux longues mèches brunes, est barré d’une cicatrice sur la joue gauche, passant sous la paupière et parfois, Sakura se demande comment son œil a pu être épargné, probablement miraculeusement.

Gikan leur remet à chacun un katana et fait signe à Oki et Suigetsu de commencer les combats. Les deux élèves s’en donnent à coeur joie et Suigetsu, bien que plus à l’aise avec son arme, se voit bientôt plaqué au sol par Oki, qui le désarme d’un coup sec au poignet.

« Aïe ! s'exclame Suigetsu, outré.

— Ça t’apprendra à me renverser de la peinture dessus, réplique son adversaire en se relevant. »

Gikan ignore les chamailleries et se tourne vers Akira et Gakuun, qu’il observe attentivement tandis qu’ils répètent les katas de base plus qu’ils ne se battent. Parfois, il intervient pour corriger une position ou une posture et ajuster la prise de l’un des garçons sur son arme.

Finalement, il leur fait signe d’arrêter et Sakura avale trop peu de salive, la gorge sèche. Il ne reste plus qu’elle et Sakura craint que Gikan lui demande d’affronter Oki. Elle sait pertinemment qu’elle ne fait pas le poids contre la fille requin et réfléchit déjà à sa tenue pour le lendemain afin de cacher ses hématomes après une défaite humiliante.

« Tu vas m’affronter, Sakura-chan, son enseignant lui dit alors avec le sourire. »

Si l’idée de combattre un ninja expérimenté est intimidante, elle devient surtout un soulagement pour la fillette, qui se met en position avec entrain. Elle se permet même de lancer les hostilités, une façon pratique de montrer sa gratitude à Gikan qui part ses assauts avec aisance.

« C’est bien, niveau positionnement, commente-t-il. »

Il fait mine de l’attaquer quand elle baisse sa garde, mais la lame du shinobi ne fait qu’effleurer la fillette sans jamais la blesser, et ils gagnent peu à peu en vitesse jusqu’à ce que Sakura trébuche, incapable de suivre le rythme plus longtemps. Gikan l’attrape par le coude avant qu’elle ne tombe et la redresse doucement, hochant une fois la tête pour signifier qu’ils ont terminé.

« Il faut que tu y mettes plus du tien Sakura, conseille Gikan. Tu as pris beaucoup de retard et bientôt, tu n’auras plus le niveau pour la préparation physique. »

Les autres élèves ont continué de s’entraîner pendant qu’elle s'exerçait. Sakura les observe un instant, les envie même et se promet de faire plus d’efforts tandis que Gikan leur donne quelques conseils avant de lever la punition. Chacun s’incline devant son adversaire, Sakura devant son enseignant pour le remercier de sa clémence — elle grimace intérieurement en ce faisant, le corps déjà endolori par le combat et les membres courbaturés.

Lorsqu’elle sort du dojo, la nuit est déjà tombée. Sakura rentre d’un bon pas chez elle et avec le sourire, sa punition oubliée au profit d’un arrêt au stand de takoyaki de Takumi pour déguster une bonne assiette sur le chemin du retour.

« Continue de travailler dur à l’Académie, Sakura-chan ! s’exclame-t-il derrière elle. »

Le lendemain, ce n’est pas Gikan qui se tient sur l’estrade. Le silence règne dans la salle de classe tandis que les élèves observent la femme qui le remplace. Grande, elle a le corps élancé comme celui d’un arc. Son bandeau frontal retient ses longs cheveux bruns derrière ses oreilles et une croix jaune barre sa joue droite. Comme le genin que Sakura a vu avant de repeindre le Pont Victoire, des traits rouges parallèles recouvrent son menton pointu et lorsqu’elle leur sourire, ses dents taillées en pointes retirent toute chaleur de l’expression pourtant avenante.

« Gikan est en mission pour quelques semaines. Suzu Biwa, à la tête du clan et enchantée de tous vous rencontrer. »

La classe murmure une salutation polie en retour et Suzu leur demande à tous de se présenter en mentionnant leur domaine favori dans l’art d’être ninja. Si le clan de cette dernière était et demeure adepte du kenjutsu, l’art de manier les épées, il n’a jamais eu accès au pouvoir et n’a pu qu’influencer les techniques de combat traditionnelles du village. Les Biwa tiennent toujours les forges et forment de nombreux apprentis à l’art du combat à l’épée, surtout maintenant que leur nombre surpasse celui des autres clans fondateurs.

« Je m’appelle Haku. je veux protéger les gens que j’aime et maîtriser mon ninjutsu héréditaire me le permettra, commence quelqu’un au premier rang à la demande de Suzu. »

L’autre élève est de dos et Sakura ne saurait dire s’il s’agit d’un garçon ou d’une fille, avec ses longs cheveux noirs et un kimono bleu sans manches. Elle l’observe avec curiosité et sursaute lorsqu’Honami prend à son tour la parole à côté d’elle.

« Je veux retrouver les épées Kiba afin qu’elles reviennent à mon clan, là où est leur place, déclare-t-elle fermement.

— Les épées Kiba n’ont pas leur place chez les Kurosuki, vous les avez perdues ! Les Ringo en sont bien plus dignes, s’exclame immédiatement Daiki. »

Il s’est presque levé en se retournant vers Honami et ses cheveux se dressent sur sa tête. Suzu lui adresse un regard sévère et il se rassoit tandis qu’elle fait signe à l’élève suivant de se présenter.

« Je m’appelle Sakura et… je ne sais pas vraiment dans quel domaine je veux me spécialiser pour le moment.

— Il va falloir y penser, jeune fille. Il ne te reste plus beaucoup de temps avant de passer l’examen final… enfin, si tu obtiens ton diplôme. »

Le ton sévère de Suzu laisse Sakura pantoise et elle baisse la tête, honteuse pour cacher ses joues rouges de honte derrière ses cheveux. Elle tâche de ne pas se retourner pour écouter Chôjûrô parler à son tour. Il remet ses lunettes correctement avant de parler, mais ses yeux noirs s’aventurent à peine à la hauteur de ses verres, incapable de soutenir le regard de Suzu.

« Je… je veux devenir l’un des Sept Épéistes légendaires, articule-t-il difficilement.

— Moi aussi, déclare soudain un garçon au fond de la classe. Suigetsu, je veux prendre la tête de mon clan et en maîtriser la technique secrète afin de venger la mort de mon frère et assurer la pérennité de notre style de combat.

— Quelqu’un d’autre aimerait rejoindre la guilde ? demande Suzu après un moment de battement, les yeux rivés sur Suigetsu. »

Quelques mains se lèvent et elle hoche la tête avant de se tourner vers l’élève suivant.

« Oki, je veux inventer de nouveaux jutsus pour mon clan et tuer Kisame Hoshigaki, qui a déserté au lieu de combattre avec les siens pendant la purge.

— Moi aussi je veux inventer des jutsus, ma famille est en train de développer un don héréditaire ! ajoute Gakuun.

— Moi non plus je ne sais pas vraiment ce que je veux faire exactement alors je veux juste faire de mon mieux, dit Akira un peu plus tard. »

Une fois toute la classe présentée, Suzu annonce le programme de la journée, théorie le matin et pratique l’après-midi. Sakura et Honami rejoignent donc les autres élèves dans la cour après la pause repas et ils se mettent en rang en attendant Suzu. La nouvelle enseignante ne perd pas de temps pour mettre en pratique les formations au sein des escouades, révisées le matin même.

Ils vont et viennent au rythme des formations d’assaut et de déplacement demandés par Suzu, et Sakura se voit bientôt essoufflée, pliée en deux pour s’appuyer sur ses genoux et essayer de récupérer. Soudain, l’avertissement de Gikan la veille la frappe plus clairement que jamais.

Sakura n’a vraiment plus le niveau et s’il savait qu’il allait partir en mission aujourd’hui, cela signifie qu’il l’a prévenue car le retard de la fillette ne sera bientôt plus toléré. Masamune ne la protégera pas indéfiniment, surtout si elle ne fait pas honneur à sa réputation, songe-t-elle, soudain inquiète.

Il faut qu’elle se montre à la hauteur.

Suzu s’estime finalement satisfaite de leurs efforts, mais elle n’en a pas fini avec eux et ordonne une série d’exercices physiques pour terminer la journée. Sakura n’en peu plus avant même de finir la première vague et fait de son mieux malgré ses difficultés, plus que prête à s’effondrer dans son futon ce soir-là, exténuée.

Sa bonne résolution tient, cependant. Elle va demander à Honami de s’entraîner avec elle le weekend et compte bien faire de l’exercice elle-même… certains soirs. Mais pas celui-là, soupire-t-elle en se traînant hors de sa chambre pour aller manger avec ses parents.

« Je vais m’entraîner plus dur à présent, les informe-t-elle pendant le dîner.

— Mais tu fais déjà de ton mieux, proteste Mebuki.

— Ça ne suffit plus, s’obstine Sakura. »

Ni eux, ni elle n’ont vraiment voulu que Sakura devienne une kunoichi. Mais leur installation dans le village s’est faite avec la condition que Sakura intègre l’Académie à l’âge de sept ans et serve Kiri à moins de s’avérer inapte au service militaire. Bien que plus faible physiquement que ses camarades de classe, la fillette est capable de suivre l’enseignement militaire prodigué par le village et depuis plus de deux ans, elle s'entraîne chaque jour pour obtenir son bandeau frontal, insigne officiel de l’appartenance d’un individu aux forces armées.

Si elle obtient son diplôme en fin d’année, ses trois ans de formation déboucheront sur une affectation dans une escouade de trois jeunes recrues sous l’autorité d’un jônin, grade le plus élevé parmi les ninja.

Sakura ne regrette pas son enrôlement forcé; elle n’a en effet pas de meilleure idée pour son avenir, chose naturelle à son âge. L'enseignement lui plaît et elle a bien l’intention d’atteindre au moins le rang chûnin.

C’est ce qu’on attend d’elle.

Sakura rejoint ainsi Honami à l’Académie un dimanche matin. Toutes deux sont en tenue d'entraînement et le haut vert de Sakura baille par-dessus son pantalon beige, mais il fait frais à Kiri et elle a déjà bien sali sa tenue habituelle. Les deux fillettes ne tardent pas à se réchauffer en se mettant à courir et Honami dépasse Sakura de quelques foulées, non sans l’encourager à ne pas ralentir.

« Allez ! s’exclame-t-elle en prenant la main de Sakura pour l’entraîner avec elle. Rappelle-toi, on a passé un pacte ! Si l’une de nous rechigne, l’autre doit l’attaquer et le duel ne connaîtra de fin qu’une fois l’autre incapable de se relever. Pas de trêve, pas de pitié ! Même en rendant les armes, la flemmarde n’échappe pas à son sort ! »

Honami éclate de rire en finissant sa tirade, les paupières plissées sur ses yeux bleus. Elle est jolie, mais derrière sa bouille d’ange se cache un tyran. Sakura espère ne pas avoir à subir cette punition, aussi s’applique-t-elle sans se plaindre. Elles font un dernier tour dans la cour avant de finalement s’arrêter, essoufflée, mais Honami ne laisse pas à Sakura le temps de respirer.

Déjà, elle se met à faire des exercices de renforcement musculaire. Sakura soupire lourdement et repousse ses cheveux de son front humide de sueur avant de s’exécuter.

Sakura s’effondre au sol lorsqu’Honami s’estime satisfaite après quelques répétitions. La fillette fouille dans sa sacoche et en sort l’un des kunais qu’elle a empruntés dans l’armurerie de son clan. Sakura n’a pas accès à de telles ressources aussi facilement, ni personne avec qui s’entraîner, c’est pour ça qu’elle s’est tournée vers Honami.

« On travaille notre lancer et après, on s’en va ! »

La fillette aux cheveux roses hoche vigoureusement la tête et s’empare de l’arme, qu’elle jette de toutes ses forces en direction d’un cyprès. Le kunai rebondit contre le tronc et vient tomber entre les racines noueuses de l’arbre dans un bruit sourd, effrayant un oiseau qui s’envole pour échapper au vacarme. Les épaules de Sakura tombent elles aussi et la fillette pousse un énième soupir, désemparée.

« Au moins, tu vises bien, tente de la rassurer Honami. »

Un sourire fait trembler les lèvres de Sakura en réponse. Elle va récupérer le kunai et recule de quelques mètres, les yeux rivés sur le cyprès qui lui fait offense. Elle le vise à nouveau, et lance le kunai de toutes ses forces — et plus encore. Cette fois, la lame s’enfonce quelque peu dans le tronc, au grand soulagement de Sakura. Mais cela n’est pas encore suffisant et elle va passer bien des fins de semaines à perfectionner son lancer aussi, elle le sait.

Le reste du temps, Sakura fait de son mieux pour concilier ses entraînements et les cours à l’Académie. En vue de leur examen final approchant à grands pas, Suzu les emmène en contrebas du Pont Victoire pour un exercice pratique. Ils s’alignent face à elle sur la berge tandis qu’elle lance un regard en amont de la rivière avant de s’avancer sur l’eau.

La mâchoire de Sakura s’en décroche et elle cligne des yeux, croyant rêver. Leur enseignante marche bel et bien sur l’eau pourtant, et mis à part Sakura et d’autres enfants issus de famille civiles, le reste des élèves issus des clans ninjas attendent déjà les explications pour faire de même.

« Vous avez appris les techniques de base. Cette aptitude là déterminera votre niveau de contrôle sur votre chakra, la plupart d’entre vous n’y arriveront pas tout de suite. Ne le prenez pas comme un échec, car avec cet exercice vous allez vous améliorer dans bien des domaines. Suzu s’est tournée vers eux et tous boivent ses paroles. Concentrez votre chakra sous la plante de votre pied, et posez le à la surface de l’eau. »

Oki s’élance en premier, mais avec trop de chakra concentré dans son pied, elle ne fait qu’éclabousser les alentours. Suigetsu, lui, demeure sur la berge, méfiant, tandis que Sakura, le pied oscillant à la surface de l’eau, commence à s’inquiéter lorsque rien ne se passe pour elle.

« Maintenez le flot de chakra, il faut qu’il soit continu afin que vous restiez à la surface sans un bruit, sans un remous. Et avancez. »

Suzu leur offre un sourire pointu, presque malicieux bien que dans ses yeux danse un encouragement sincère. Sakura, les sourcils froncés par la concentration, accentue le flot de chakra qu’elle concentre sous son pied jusqu’à faire tressauter l’eau. Satisfaite maintenant qu’elle peut juger la quantité de chakra nécessaire, elle régule de nouveau le flot de chakra et exerce une légère pression à la surface de l’eau. Son pied s’enfonce un peu dans la rivière, et elle module un peu plus de chakra dans sa plante de pied, jusqu’à avoir la sensation de le poser sur une surface dure.

Et ainsi, elle marche.

Quelques exclamations de surprise échappent à ses voisins tandis que Suzu rejoint Suigetsu sur la berge et échange avec lui dans un chuchotement. Il fait une moue et s’éloigne vivement d’elle sans écouter ses conseils. Pendant qu’il hésite toujours au bord de l’eau, une seconde personne commence aussi à marcher sur l’eau.

Une brise salée vient soulever les longs cheveux noirs de Haku, dévoilant son visage pâle et le collier assorti qu’il porte au ras du cou. Sakura, dans un élan de gaieté, l’arrose avec un rire et s’éloigne en courant sur l’eau de peur de représailles. Cela fait naître un sourire féroce sur les lèvres de Suigetsu, qui essaye à son tour de marcher sur l’eau, bien décidé à se joindre à la bataille d’eau.

« Hey Sakura ! Ne l’embête pas, si tu auras à faire à moi, s’exclame-t-il.

— Et toi à moi ! Oki donne la réplique à Suigetsu. »

L’Hoshigako les arrose encore par mégarde en concentrant trop de chakra sous ses pieds et Honami perd l’équilibre avec les vagues provoquées par la fillette aux airs de requin. Tous les élèves finissent bientôt trempés, d’être tombés dans l’eau ou parce que les autres les ont arrosés.

« Vous pouvez aussi utiliser cette technique afin de marcher aux murs et aux plafonds, Suzu fait remarquer. »

Elle n’en dit pas plus, mais Sakura sait pertinemment que les plus intrépides pourront s’exercer pendant leur temps libre. Elle compte bien en faire partie. Déjà, elle envisage de revenir régulièrement sur la berge pour perfectionner sa technique et gagner en endurance.

Sakura met aussi cette nouvelle aptitude à contribution lors d’une classe de solidarité. Honami, Daiki, Chôjûrô et Oki l’observent avec méfiance tandis qu’elle saute du rebord de pierre du port et regarde autour d’elle, les pieds sur l’eau. Deux hommes se trouvent déjà au pied du quai, quasiment identiques et pendant un instant, elle se demande s’il s’agit d’un clone du chûnin responsable de leur groupe d’élèves pour cette tâche.

« Excusez moi, je suis une élève de l’Académie. Mes camarades et moi devons aider à nettoyer le quai.

— Tant mieux, on aura une bonne excuse pour ne pas être en train de le faire quand il n’y aura pas de bateau à amarrer, lui répond l’un des deux, le ton bourru. »

Il a les cheveux ébouriffés et son bandeau frontal est orné de deux cornes. Il porte un masque à gaz muni d’une seule voix respiratoire et Sakura recule d’un pas tremblant, bien qu’elle essaye de ne pas leur montrer qu’elle est intimidée.

« T’as peur ? T’as raison. On a été sanctionnés parce qu’on a un peu abîmé notre client avant de le déposer à sa destination. Tu sais ce qu’on fait aux gamines fragiles comme toi ? On leur arrache la tête comme à l’une de tes foutues poupées, retourne jouer-

— Meizu, l’interrompt son acolyte. Tiens, vous grattez la mousse et vous recouvrez les trous avec ça. »

L’autre chûnin lui tend un sac en tissu. Avec les cheveux plus lisses que Meizu, une seule corne sur son bandeau frontal et deux voies respiratoires contrairement à Meizu, il a tout l’air d’être le frère aîné.

« Gôzu, frère, avoue que c’est barbant ces missions de solidarité ! »

Gôzu ne répond pas à Meizu et fait plutôt signe aux autres élèves de les rejoindre sur l’eau. Le sac dont Sakura a hérité la responsabilité contient une matière visqueuse qui la fait grimacer tandis qu’elle se met au travail. Honami lui rend sa grimace et Daiki fait mine d’attraper un peu de la texture brune pour lui en mettre dans les cheveux, ce qui lui vaut une claque. Honami se détourne, le menton redressé dans une expression de dédain, et Oki dédie un sourire mauvais à Sakura qui ne laisse rien présager de bon si Daiki l’a inspirée.

Les cinq élèves grattent la mousse qui s’infiltre entre les pierres du quai, armés de spatules rouillées et un peu tordues. Gôzu et Meizu, juchés sur le rebord, les observent travailler au rythme des bruits métalliques des spatules cognées contre les rebords du quai, l’air placide et apparemment satisfaits d’astiquer leurs gantelets. Sakura ne l’avait pas remarqué avant, mais ils sont munis de griffes et elle frissonne d’horreur dès qu’elle croise le regard de l’un des jumeaux.

Elle s’applique donc à étaler le ciment qu’ils leur ont procuré dès qu’elle découvre un trou sous la mousse, afin de ne pas avoir à regarder les deux chûnin. A côté d’elle, Chôjûrô travaille en silence, concentré.

Parfois, les vagues arrivent jusqu’à eux avec un peu trop d’élan et Sakura s’empresse de s’agripper au rebord du quai pour garder l’équilibre tandis que l’eau vient soulever ses pieds sans prévenir. Une vague en particulier échappe à sa vigilance et sa main effleure le rebord sans parvenir à l’agripper. Elle mouline dans le vide, paniquée tandis que la houle fait tanguer et elle manque de finir dans l’eau avec un cri de détresse.

Chôjûrô tend le bras pour la rattraper et elle agrippe son épaule, le souffle court, sans que l’un d’eux n’ose croiser le regard de l’autre.

« Ça va ? murmure-t-il.

— Oui, grâce à toi Chôjûrô-kun, Sakura le remercie dans un souffle. »

Elle secoue la tête, les cheveux rendus humides par les embruns et offre un sourire à Chôjûrô même avec ses joues rougissantes.

Quelque chose heurte son front et elle tourne la tête vers Oki, persuadé qu’il s’agit d’un mauvais tour de la fillette, mais bien que pliée de rire, Oki a les mains plongées dans le sac pour étaler du ciment sur sa portion du quai. Sakura lève les yeux vers Meizu, dont le rire gras résonne au-dessus de sa tête, et le trouve avec un caillou dans la main, qu’il fait rebondir une fois, prêt à répéter son méfait.

« Ton front est tellement grand que je ne pouvais pas résister à l’envie de taper en plein dans le mille ! »

La cruauté menace de la faire verser une larme et Sakura serre les dents pour ne pas répondre. Elle évite le second caillou, passe ses doigts dans ses cheveux roses coupés au carré pour recouvrir son front de deux mèches épaisses et se remet au travail. Les jumeaux n’ont pas l’air beaucoup plus vieux qu’elle, quatre ou cinq ans tout au plus, mais ils ne sont clairement pas plus matures que des élèves de l’Académie, songe-t-elle.

Elle oublie cette mésaventure dès le lendemain, lorsque la classe découvre que Gikan est revenu de sa mission. Il n’a aucune blessure, pas même une égratignure et Sakura espère bien un jour avoir la même prestance après une mission. Les réjouissances vis à vis du retour de leur enseignant sont cependant de courte durée : il les assomme avec un examen écrit pour vérifier leur progrès pendant son absence et les informe en distribuant les copies qu’il y aura un test d’endurance après manger.

La course d’obstacles en question se conclura avec une vérification de leur exécution des techniques enseignées par l’Académie ainsi que l’évolution de leurs capacités en lancer et combat armé. Un soupir fait trembler les murs de la classe à cette perspective, mais tous se mettent au travail.

Sakura planche sur sa copie avec confiance. Les exercices ne sont pas trop difficiles pour elle malgré leur complexité. Avec Honami, elles ont pris l’habitude de réciter leurs leçons pendant qu’elles courent, afin d’augmenter leur souffle et de mettre doublement à profit le temps passé à s’entraîner.

Non, ce qu’elle craint, c’est surtout le test d’endurance.

Sakura part en bonne dernière lorsque Gikan donne le signal de commencer à la course. Il ne sert à rien de s’épuiser en essayant de suivre le rythme d’Oki, alors Sakura reste à une distance raisonnable d’Akira, qui ferme la marche de leurs camarades.

Gikan les fait contourner l’orphelinat — c’est là qu’habite Chôjûrô, songe Sakura — et rejoindre le Pont Victoire pour dévaler les pentes du ravin et continuer leur course sur l’eau. Déjà, la fatigue commence à alourdir les muscles de Sakura et ses réserves de chakra se creusent inexorablement. Elle tient bon cependant et s’applique à conserver une bonne distance avec Akira, bien que plus large qu’au départ. Ils gravissent bientôt les flancs de la Montagne Calcaire et elle s'écorche les mains en tombant, mais se relève aussitôt et profite que d’autres élèves trébuchent aussi pour les dépasser.

Une silhouette menue barre le passage un peu plus haut. Gakuun tente de passer devant, mais il glisse et tous deux tombent avec fracas. Quelques cailloux dévalent la pente et Sakura se retrouve à quelques pas des deux autres élèves sans avoir tout à fait grimpé plus haut. Gakuun se relève sans attendre pour poursuivre sa course mais Sakura reconnaît Haku avec ses longs cheveux noirs.

« Moi aussi j’ai toujours les cheveux dans les yeux, dit-elle en lui tendant la main pour l’aider à se relever.

— Merci, souffle l’autre élève. »

Un sourire étire les traits fins de Haku et Sakura hoche la tête avant de reprendre son ascension. Elle rattrape même Honami qui longe le flanc de la montagne derrière Daiki, incapable de le dépasser quand bien-même elle en a sans doute très envie. Les deux fillettes se serrent les coudes en tâchant de tenir la distance qui les sépare de la prochaine descente. Avec un peu de chance, elle les ramènera à l’Académie, songe Sakura, dégoulinante de sueur. Elle repousse tant bien que mal ses cheveux en arrière, gênée.

« Tu ferais mieux de remettre ton serre-tête, Honami marmonne entre deux foulées.

— Mon front est trop gros.

— C’est même pas vrai !

— Tu veux qu’on demande à Oki pour voir !

— Elle est bête et méchante, comme Meizu. Il ne faut pas les écouter. »

Honami ravale sa salive sans argumenter plus longtemps, essoufflée, et Sakura serre les dents pour forcer sur ses jambes et dépasser son amie. Elles ont déjà eu cette conversation des dizaines de fois, mais les paroles de Meizu hantent toujours Sakura, qui ne peut s’empêcher de cacher son front depuis.

Son air boudeur fait rire Honami, qui la rattrape en quelques foulées. Déjà, la descente se profile et en bas, Gikan les attend. Oki est la première à faire face à la volée de kunai qu’il lance dans leur direction et elle les esquive avec un juron qui fait rougir Sakura. Suigetsu, sur les talons de Oki, se jette au sol en faisant écho au langage fleuri de la fillette aux airs de requin, et Haku, sorti de nul part, se matérialise à la ligne d’arrivée quelques secondes plus tard.

Chôjûrô arrive à la suite et dévie simplement sa course pour se mettre hors de portée.

Honami et Sakura échangent un regard entendu avant de se séparer. Honami trouve couvert derrière Daiki et Sakura se cale au rythme de Gakuun afin d’arriver en bas sans encombres, le visage de nouveau illuminé d’un sourire plein de fierté. Akira arrive en bon dernier peu après et Gikan hoche la tête, satisfait.

« Vous ne savez pas tous utiliser une technique de permutation ? demande-t-il cependant en faisant tournoyer des shuriken entre ses doigts. »

Les élèves échangent des regards coupables — certains même un peu envieux vis-à -vis de Haku et ne voient pas venir la salve de shuriken. Les élèves s'empressent de former les mudra nécessaires à la technique mais ceux qui ne parviennent pas à la réaliser se voient griffer les joues par les shuriken.

Sakura, bien qu’assez rapide, remarque avec un frisson d’horreur que Gikan a délibérément visé pour les toucher. Leur enseignant hoche de nouveau la tête et s’éloigne sans rien dire. La classe fait un geste pour le suivre mais à peine Sakura a-t-elle fait un pas que Gikan a disparu. Sakura fronce les sourcils et regarde autour d’elle, la langue coincée entre les dents. Quelque chose cloche… Elle étudie de nouveau son environnement, et se retrouve soudain seule, sans ses camarades.

Une illusion ?

Se mordant la lèvre pour faire bonne mesure, elle joint ses mains devant elle et exécute une technique de déflexion pour se défaire du genjutsu. Gikan et les autres élèves réapparaissent une seconde plus tard et Sakura regarde autour d’elle pour voir ses camarades errer sans but dans la clairière et d’autres, figés sur place sans parvenir à se libérer.

« Bon travail, Sakura, Gikan la félicite. »

Ses efforts paient, songe Sakura, on ne peut plus fière de ses progrès.

Notes:

Je dédie ce chapitre à une amie de fac, grande fan de Sakura, qui a lu le brouillon de ce chapitre en 2018. Ses commentaires m’ont aidé 6 ans plus tard, comme quoi ça vaut la peine de me dire ce que tu en as pensé, ça me donne souvent des idées ;) Que penses-tu de l’Académie ?

Chapter 3: L'examen final

Summary:

Sakura s’est rendu compte qu’elle n’a pas le niveau pour l’Académie et, inquiète de redoubler son année, a décidé de prendre les choses en main.

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Sakura va être en retard en cours. Elle se débat avec ses liens, la tempe encore douloureuse d’avoir été assommée à la pause déjeuner, et s’efforce de former le mudra nécessaire à la technique de libération tandis que la corde enroulée autour d’elle lui brûle les bras. Les examens de fin d’année approchent et Gikan leur en demande toujours plus afin de les préparer. Il n’est pas rare qu’un élève disparaisse pendant la pause, mais c’est la première fois que Sakura se retrouve dans cette situation et elle pousse un soupir explosif tandis que ses cheveux lui tombent devant les yeux, frustrée.

D’habitude, Gikan lui demande plutôt de changer d’apparence avec une technique de transformation.

Elle parvient enfin à accomplir la technique et ses liens tombent au sol avec un bruit sourd. Sakura ne perd pas une seconde pour se précipiter hors du placard dans lequel elle s’est réveillée et se rue vers la salle de classe, qu’elle trouve cependant vide. Depuis quelques jours, Gikan les emmène aussi régulièrement sous le Pont Victoire afin d’apprendre la dernière technique de base proposée par le programme de l’Académie : l’apnée prolongée.

Sakura se précipite donc pour ne pas rater la séance et s’agenouille parmi les autres élèves lorsque Gikan lui fait signe qu’elle est acceptée en cours malgré son retard. Elle n’a pas mis trop de temps à se libérer, ou du moins Sakura l’espère tandis que des cailloux pointus s’enfoncent dans ses genoux. Elle prend une grande inspiration comme le lui indique son enseignant et tâche de faire ce qu’il demande.

« Faîtes circuler votre chakra dans vos poumons, lentement et expirez doucement sans cesser de faire circuler votre chakra afin de renouveler l’air sans avoir à reprendre une inspiration. »

C’est difficile. Sakura visualise plutôt bien le corps humain, qu’ils ont étudié en détail en classe et Gikan les a préalablement fait colorier le trajet de l’air dans leur poitrine afin de les aider à mettre en pratique la circulation du chakra qu’ils utilisent pour remplacer l'oxygène. La pratique est cependant beaucoup moins évidente et vite, une sensation de brûlure s’éveille dans sa poitrine. Sakura recrache le peu d’air qu’il lui reste et tâche de reprendre sa respiration à grands coups d’inspirations bruyantes, les larmes aux yeux.

A côté d’elle, d’autres élèves finissent dans le même état.

Oki tient bon, les joues gonflées par un trop plein d’air, mais il est clair qu’elle a saisi le fonctionnement de la technique. Gikan agite la main pour l’inviter à tester sa maîtrise de l’apnée prolongée dans des conditions réelles, puis son regard revient aux autres élèves. Sakura inspire profondément pour retenter sa chance, bien décidée à faire mieux que Oki. Elle visualise son système respiratoire, mais la sensation de brûlure revient immédiatement dans sa poitrine, tout aussi désagréable que la première fois tandis que Oki, la tête toujours plongée dans l’eau, fait des bulles à un rythme régulier.

Sans réfléchir, Sakura retient son souffle et plonge avant même de faire commencer à circuler son chakra. Elle ne peut pas être la dernière sur la berge ! L’eau fraîche lui éclaircit les idées et elle en oublie de se concentrer, mais comme si sa gorge se dégageait d’un coup, elle continue de respirer avec aisance.

Elle réfléchit trop, Sakura réalise, et rejoint les autres élèves à la nage.

Suigetsu lui fait une grimace sous l’eau et Honami, ses yeux bleu-gris grand ouverts, lève les pouces lorsqu’elles se croisent. Quant à Sakura, elle sourit à Haku, toujours un peu réservé. Il ne se fait jamais remarquer et il a peut-être raison, songe-t-elle. Cela lui évite de se faire malmener comme Sakura. Ses longs cheveux noirs flottent autour de lui et son visage déjà pâle d’ordinaire, apparaît livide dans l’eau, mais ses yeux bruns ne manquent pas de chaleur tandis qu’il rend son sourire à Sakura.

Suigetsu les bouscule en fonçant vers Oki pour la faire couler et Sakura remonte à la surface avec une grimace. Elle fatigue déjà, ses réserves de chakra épuisées par l’apnée prolongée. Il ne reste plus qu’à ajouter des entraînements de plongée à sa routine habituelle. Qu’à cela ne tienne. Sakura a bien progressé et ne s’arrêtera pas en si bon chemin.

Elle remonte la rue commerçante en retenant son souffle ce soir-là. Si l’apnée fonctionne aussi à la surface, est-ce que cela signifie qu’elle peut se sortir d’un nuage de gaz toxique de cette façon ? Il faudrait tenter l’expérience avec la poussière des carrières de calcaire de la montagne pour vérifier, plutôt que du poison ou de la fumée. Sakura ne s’y connaît pas en antidotes et l’Académie enseigne seulement les premiers secours.

Sakura s’arrête au salon de thé de Natsumi pour aider la vielle femme à débarrasser les tables tandis que le soleil de couche. Elle a l’impression de ne jamais sortir de l’Académie, à force d’y passer ses journées, de s’entraîner dans la cour le soir et d’y revenir en fin de semaine pour pratiquer avec Honami.

Elles s’y retrouvent d’ailleurs une fois plus ce dimanche là afin de combattre ensemble et jauger leurs progrès. Honami remporte souvent leurs combats d'entraînement mais Sakura ne perd pas espoir et repousse les mèches roses lorsqu’elles collent à son visage après une énième défaite.

« Quand est-ce que tu vas te décider à remettre ton serre-tête ? demande Honami. Personne ne t’a fait de remarque sur ton front depuis longtemps.

— C’est parce qu’on le voit moins, Sakura se défend immédiatement.

— Non, on remarque que tu le caches et ça ressort encore plus !

— Tu vois bien qu’il est trop grand, Sakura fait remarquer en croisant les bras sur sa poitrine, certaine de remporter la joute verbale à défaut du combat.

— Bien sûr qu’il est grand, tu es la plus intelligente de la classe ! »

Sakura bondit sur son amie pour lui tirer les cheveux et elles roulent dans la poussière tandis qu’Honami refuse de se laisser faire. Bientôt, elles échangent des coups encore maladroits. Sakura n’est pas très douée pour s’infiltrer dans la garde d’Honami — ou de n’importe qui — et ses coups, en plus de manquer de puissance, sont rarement assez rapides pour faire de réels dégâts. Gikan ne cesse de lui dire d’attaquer avec la même férocité que les rapides qui déferlent le lit de la rivière sous le Pont Victoire.

Au moins, Sakura a appris à esquiver pour ne pas être envoyée au tapis, elle évite donc un coup de la part de son amie et se faufile derrière Honami pour la pousser au sol. Honami bascule dans un cri de surprise et se met à rire en heurtant le sol, ou peut-être pleurer, Sakura n’est pas sûre. Elle se précipite vers Honami avec inquiétude et l’autre fillette attrape ses mains tendues… pour la faire basculer d’un coup de pied dans le ventre.

Sakura s’effondre dans un bruit sourd et ne se relève pas, boudeuse.

Honami rit d’autant plus et laisse Sakura à sa moue vexée pour s’asseoir en lotus non loin d’elle. Gikan a invité tous ses élèves à commencer la méditation pour augmenter leurs réserves de chakra. Cela permet aussi de se vider l’esprit et de se reposer, mais Sakura est trop contrariée pour s’y mettre. Elle se contente de se redresser lorsqu’elle a digéré sa défaite et attend encore un peu avant d’interrompre Honami.

« On ne sera pas dans la même équipe, murmure-t-elle finalement.

— Non.

— Je me demande à quoi nos équipes ressembleront.

— Ça dépend du nombre de personnes qui réussissent l’examen, Honami répond dans un soupir penseur. Je me demande plutôt qui sera mon sensei.

— On ne connaît pas vraiment les jônin à part ceux qui ont déjà une équipe, comme Tetsu.

— Peut-être qu’elles ont déjà été promues ? Tetsu me fait un peu peur, j’espère qu’elle a encore la sienne… Et puis, est-ce qu’ils nous mettent avec un membre de notre clan ?

— Je ne pense pas, Mizukage-sama veut promouvoir la mixité et la solidarité. »

Sakura fait une moue en répondant. Elle n’a pas le loisir de se reposer sur un clan, et elle participe aux réparations et à l’entretien du village sous bien des aspects, pas seulement les classes de solidarité. Dès l’Académie, Meï Terumi anticipe ce qui a rongé le règle du précédent Kage et s’assure qu’aucune tension ne vienne menacer le village en rapprochant ninja et civils grâce aux missions de solidarité. Pour le moment, le Pays de l’Eau est en paix, tout comme le reste des cinq nations. Sakura espère bien que cela va durer.

Elle ne veut pas faire son service en temps de guerre.

Cette crainte, ce sont ses parents et en particulier sa mère qui l’ont instaurée en elle. Mebuki et Kizashi savent très bien que Sakura n’est pas vraiment faite pour être ninja, malgré tous ses efforts. Ils craignent qu’elle tombe au combat sans même ravir la gloire qui revient à certains ninja du village.

Pour le moment cependant, sa préoccupation principale est le combat de l’examen final. Sakura s’en sort bien sur la théorie et même la pratique, mais tout va de mal en pis lorsqu’elle se retrouve face à Oki. Sakura esquive difficilement un coup de l’autre fillette qui aurait pu l’assommer et exécute une technique de permutation afin de mettre un peu de distance entre elle et son éternelle rivale.

Le bout de bois qui l’a remplacée au centre de la cour réapparaît couvert de shuriken.

Ce n’est pas suffisant. L’endurance de Sakura ne tient pas la distance, encore moins face à un membre du clan Hoshigaki — ce n’est pas pour rien qu’ils ont survécu à la purge. Oki lui assène un coup de poing qui l’envoie dans le décor et Sakura peine à se rétablir avec une roulade, une main malhabile refermée autour d’un kunai. Elle sent le goût métallique du sang sur ses lèvres après un mauvais coup sur le nez et l’hémoglobine vient tâcher sa langue. Même ses vêtements sont déchirés par endroit et ses cheveux couverts de poussière à force de tomber et se relever.

« T’es mignonne, mais c’est pas comme ça que tu vas y arriver, Oki la nargue. »

Quand bien même les combats ne sont plus à mort, il faut mettre son adversaire hors d’état de nuire pour obtenir son diplôme et Oki prend tout son temps pour venir à bout de Sakura. Ce n’est pas comme si l’inverse risquait d’arriver.

Sakura n’obtiendra pas son diplôme cette année.

La fillette charge, le kunai tendu devant elle, et parvient à éviter le coup d’Oki de justesse de par sa plus petite taille. Sakura plante son arme dans le flanc de son adversaire avec un cri de rage, mais la pointe s’enfonce à peine plus loin que les vêtements d’Oki, une simple égratignure qui fait rire l’Hoshigaki. Sakura a vaguement le temps de se demander si Oki a la peau dure avant de reculer brusquement la tête pour ne pas se faire casser le menton.

Elle se faufile une nouvelle fois sous la garde de l’autre élève et lâche son kunai pour tacler Oki. L’autre fillette cherche immédiatement à l’attraper et broyer ses fragiles épaules, mais Sakura profite du poids d’Oki pour la faire basculer. Elle appuie son avantage pendant qu’elle le peut et prend de l’élan pour asséner un coup de boule à son adversaire.

Sakura s’évanouit sous la force de l’impact, qui laisse Oki de marbre.

Elle se réveille à l’infirmerie. Sa tête est prise d’un étau de douleur et tout son corps courbaturé quand Sakura tente de se redresser dans un grognement. Une jeune fille s’approche d’elle avec un doux sourire, les cheveux bruns encadrant son menton dans un carré désordonné et son visage pointu est surmonté de deux grands yeux tout aussi bruns.

« Ne va pas trop vite, tu n’as pas raté ton coup. J’ai bien cru que tu avais une concussion ! dit-elle à voix basse malgré son ton enjoué.

— J’ai raté mon coup, Sakura bougonne. Oki a gagné parce que je me suis assommée toute seule. »

L’infirmière rit doucement. L’insigne nominatif qu’elle porte sur sa blouse indique le prénom Ruka. Elle offre un verre d’eau à Sakura avant de sortir de la pièce, la laissant seule pour se reposer. Le regard de la fillette dérive vers la fenêtre et elle observe les flancs de la Montagne Calcaire dehors, les traits tirés.

Elle a échoué. Masamune ne pourra rien faire pour elle cette fois et Sakura n’est pas certaine de mériter son aide de toute façon. Elle a beau exceller à l’écrit, cela ne suffit pas, il faut remporter le combat pour obtenir le bandeau frontal. Elle va redoubler.

Sakura renifle bruyamment et retient tant bien que mal un sanglot. L’année suivante, elle perdra aussi, n’est-ce pas ? Les autres sont issus de familles de ninjas, ils ont une longueur d’avance sur elle, quoi que Sakura fasse. Honami a vaincu son adversaire pendant son combat, Chôjûrô s’en est probablement sorti haut la main et Haku a mis son adversaire hors jeu quelques secondes après que l’arbitre ait annoncé le début de la confrontation, mais Sakura a perdu.

Il faut survivre en mission pour rentrer au village.

Un profond soupir lui échappe au moment où une explosion sourde résonne dans le Quartier des Alliés. Sakura bondit sur pieds et se précipite vers la fenêtre, apercevant de la fumée dans la direction du Pont Victoire. Sans réfléchir, elle ouvre le battant, se hisse sur le rebord de la fenêtre et se faufile dehors pour porter son assistance à ceux qui pourraient en avoir besoin. Les rues sont encore calmes tandis qu’elle court difficilement vers le pont, malgré une affreuse migraine qui lui vrille le crâne.

Lorsqu’elle atteint enfin le Pont Victoire, quelques civils regardent d’un air médusé le nuage de fumée obscurcissant la brume. Le brouillard opaque qui enveloppe habituellement le village a pris une teinte à l’apparence nocive et Sakura commence à faire circuler son chakra dans ses poumons afin d’être certaine de respirer de l’air pur.

Elle déchire ensuite un bout de sa tunique déjà laminée pour couvrir la bouche et le nez d’une famille avec deux enfants, qu’elle dirige vers la Montagne Calcaire. Les marches taillées dans la roche, bien que escarpées, sont larges et d’autres civils accompagnés par des ninja les gravissent précipitamment pour se mettre à l’abri.

Quelques chûnin dirigent les familles dans les galeries humides qui serpentent jusqu’au cœur de la montagne. Sakura manque de percuter Tetsu Hôzuki et son équipe. Murazaki, le garçon aux cheveux roux flamboyant l’évite de justesse et lui lance une œillade amusée.

« C’est bien, tu as compris le principe, dit-il d’un air goguenard.»

On dirait qu’il ne prend pas la situation au sérieux, mais elle n’a pas l’occasion de lui faire la remarque.

Le temps presse.

Sakura les laisse prendre le relai et dévale de nouveau les marches pour aller aider d’autres personnes vulnérables. Les morceaux déchirés de sa tunique froissés dans ses poings serrés, elle trouve à l’aveugle le chemin du stand de takoyaki et arrache Takumi à ses boulettes de pâte aux morceaux de poulpe pour le guider vers la montagne. Natsumi a besoin d’aide pour monter les marches avec ses vieux os aussi et bientôt, Sakura doit arracher les vêtements des portants du magasin de Sayaka pour assurer la sécurité des autres habitants du quartier tandis que le nuage de fumée s’étend.

« Sois prudente, Sakucha-chan, Natsumi lui intime faiblement. »

Sakura enchaîne un aller retour de plus et trébuche en ratant la dernière marche, exténuée par son combat et l’usage prolongé de la technique d’apnée. Quelqu’un la rattrape avant qu’elle ne touche le sol cependant et elle découvre le visage souriant de Gikan à travers ses yeux embués de larmes. Il l’aide à se redresser et elle essuie ses yeux irrités par la fumée, beaucoup moins dense maintenant. Elle disparaît peu à peu et tout autour, les habitants descendent les marches, l’air un peu penaud.

« Fausse alerte ? Sakura marmonne, les yeux encore écarquillés.

— Session de rattrapage. Félicitations, Sakura. »

Elle en reste bouche-bée et ne parvient pas à remercier son enseignant tandis que la farce est dévoilée. Les chûnin aident enfants et personnes âgées à sortir de la Montagne Calcaire tandis que d’autres élèves dont elle ne connaît pas le nom, tombés dans le même piège que Sakura, échangent des regards ébahis car ils n’ont pas eu le réflexe d’aider la population. Elle-même ne réalise pas tout à fait l’ampleur de la nouvelle.

Est-ce que cela signifie qu’elle est diplômée ?

Même lors de la cérémonie de remise des bandeaux frontaux, elle n’y croit pas tout à fait. Honami doit la pousser lorsque c’est son tour de récupérer le sien et Sakura le prend du bout des doigts, comme s’il allait disparaître à tout moment.

« Ce n’est pas une bombe ! Il ne risque pas d’exploser, Honami la charrie. »

Sakura ne l’écoute pas. Elle n’ose même pas le nouer sur son front et laisse ses parents la serrer dans leurs bras sans un mot, encore sous le choc. Suigetsu, Haku, Honami, Daiki, Chôjûrô et Oki ont eux aussi obtenu leurs bandeaux frontaux, parce qu’ils ont remporté leurs combats contrairement à Sakura.

Seuls Akira et Gakuun ont bénéficié, comme elle, d’une seconde chance. Quelque chose tient ses entrailles nouées, une déception frustrée parce que la session de rattrapage ressemble à une énième intervention de Masamune pour lui permettre de gravir les échelons qu’elle n’aurait pas dû être capable de franchir.

Une réaction exemplaire lors d’une fausse alerte, est-ce vraiment un motif suffisant pour devenir un ninja ?

La joie, encore tamisée, d’obtenir son diplôme l’empêche cependant de trop y penser. Sakura en est fière, quelles que soient les circonstances. Honami rejoint Sakura après avoir échangé quelques mots avec ses parents, le bandeau fièrement porté autour de la tête. Honami lui prend le sien des mains et le pose délicatement sur le front de Sakura afin de le nouer fermement.

« Voilà, on ne le voit plus ton front ! »

Ce soir-là, elle trouve une nouvelle tenue pliée sur son lit, et une broche sur la pile de vêtements. Elle les enfile soigneusement le lendemain matin, un pantalon noir, avec une tunique bleue marine pour aller de paire avec son nouveau bandeau frontal. Trois losanges blancs ornent les manches longues de sa tenue et le cercle blanc, discret, de sa broche de corail permet d’ajuster le col selon ses besoins. Elle fait une pirouette dans l’Atelier Haruno pour laisser ses parents admirer le rendu, tout sourire.

« Merci ! s’exclame-t-elle avant de partir.

— Sayaka-san nous a aidés à choisir quelque chose d’adapté, confie Mebuki. »

Leur voisine est une belle femme dans la fleur de l’âge, dont les conseils précieux ont toujours plu à Sakura. La fillette s’en veut encore d’avoir utilisé les vêtements de Sayaka-chan pendant la session de rattrapage, mais la vendeuse ne lui en tient pas rigueur.

Kizashi enlace son épouse avec un sourire fier, et Sakura peut presque oublier à quel point ils sont inquiets pour elle tandis qu’elle prend la direction de la Grande Arche pour rencontrer le Mizukage et officialiser son statut de genin.

Les pavés, lisses et immaculés, du Quartier de la Fondation reflètent le soleil de bon matin et les prix dans les boutiques environnantes lui font tourner la tête. Les librairies renferment sûrement des rouleaux de techniques secrètes qu’elle ne peut que rêver d’un jour consulter et Sakura tâche de garder la tête haute en traversant les pâtés de maisons entiers dédiés aux résidences des clans fondateurs.

Beaucoup de bâtiments sont vides depuis la purge et il faudra plusieurs générations pour les repeupler.

La grande arche formée par le Palais du Mizukage surplombe l’Esplanade, fourmillante d'activités en ce jour de marché. Tout est beaucoup plus plane dans cette partie du village et Sakura est presque rassurée de monter dans les étages de l’arche pour aller attendre dans le vestibule à côté du bureau du Mizukage.

Elle a déjà aperçu Meï Terumî lors de son instauration en grande pompe au Jardin Japonais. Sakuka et ses parents venaient à peine de s’installer dans le village, tout juste sorti d’une guerre civile sauvage. Sakura s’en souvient comme si c’était hier cependant, une jeune kunoichi se tenant droite face au conseil, sa longue chevelure une coulée de lave dans son dos tandis qu’on la coiffe du chapeau traditionnel. Cinquième Mizukage, première femme à la tête du village caché par la brume et l’une des actrices principales de la rébellion et du coup d’état qui a détrôné Yagura et mis fin à la purge qui a failli décimer les clans Hoshigaki, Hôzuki et Terumî.

Une envolée de papillons a enfin levé le brouillard sanglant qui caractérisait le village pendant si longtemps et Meï a réformé l’Académie en premier lieu.

La promotion de Sakura est le fruit de ces réformes. Après des années de persécution des détenteurs de dons héréditaires et de la caste asservie, l’Académie a soudain mis un point d’honneur à leur dispenser le même enseignement que les autres, peut-être même plus encourageant. Les civils dorénavant privilégiés aussi, par des protecteurs qui les prennent sous leur aile pour compenser leurs origines.

Le système n’est pas encore parfait et Sakura n’a jamais rencontré le sien en personne. Masamune l’a soutenue quand elle en avait besoin mais il n’a pas réellement apporté sa pierre à l’édifice fragile de l’éducation militaire d’un enfant élevé par des civils.

Sakura sursaute lorsque la porte s’ouvre et qu’un chûnin lui fait signe d’entrer dans le bureau. Elle ajuste ses vêtements en lissant quelques plis et peigne ses cheveux avec ses doigts avant de passer la porte, soucieuse de bien présenter.

Meï toise Sakura derrière un large bureau, son bras-droit debout à ses côtés. Il porte un cache-oeil et la fillette s’empresse de détourner les yeux. Son regard tombe sur le kimono de la couleur de la suie d’un homme leur tourne le dos. Ses cheveux couleur bronze ont sûrement eu le même éclat que ceux du Mizukage à une certaine époque mais son âge commence à se faire sentir, ce qu’il confirme en se retournant pour dévoiler un début de rides sur son visage, que Sakura reconnaît immédiatement.

« Terumî Masamune, Mizukage-sama, c’est un honneur de vous rencontrer, Sakura les salue en s’inclinant profondément.

— Sakura, félicitations pour l’obtention de ton diplôme. »

Meï a une voix grave à laquelle son père fait écho.

« Tout l’honneur est pour moi, Sakura-chan. Tes résultats sont impressionnants.

— J’ai perdu mon combat…

— Ce n’est qu’une formalité. »

Masamune n'éclaire pas son propos et Sakura ne peut qu’imaginer que son sensei se chargera de la faire gagner en puissance. Elle remplit les documents nécessaires pour rejoindre les forces armées avec deux paires d’yeux verts rivés sur elle. Le bras-droit de Mepi ne dit rien, presque invisible dans le bureau, si elle ne le voyait pas du coin de l’oeil, Sakura aurait déjà oublié sa présence.

Lorsqu’elle leur retourne le dossier, Meï lui sourit mais l’angle de ses lèvres laisse entendre que l’entretien est terminé. Sakura s’incline une dernière fois en partant, curieuse de découvrir la composition de son équipe.

Qui sera son sensei ? Sera-t-il compréhensif ? Encourageant ? Elle l’espère.

Quant à ses coéquipiers, Sakura tâche de ne pas laisser l’angoisse la gagner. Elle entretient de bonnes relations avec les autres diplômés et ne risque pas d’être dans la même équipe que Oki, elle n’a donc pas de soucis à se faire.

Peut-être sera-t-elle dans la même équipe que Chôjûrô… qui sait !

Notes:

Et toi quels sont tes prognostiques pour l’équipe de Sakura ? Qui seront ses coéquipiers et son sensei ?

Chapter 4: Qu’est-ce qu’être ninja ?

Summary:

Sakura a obtenu son bandeau frontal par elle ne sait quel miracle et appréhende de découvrir sa nouvelle équipe.

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Sakura s’aventure au pied de la Montagne Calcaire et gravit les marches escarpées qui mènent à l’entrée des anciennes carrières avec un air de déjà vu. Il n’y a encore personne et pendant un instant, elle se demande si elle s’est trompée de lieu de rendez-vous pour sa convocation.

Elle tire fébrilement le rouleau de sa poche et vérifie l’heure et la date, mais tout est en ordre. Elle est au bon endroit, au bon moment… Tout semble bon, mais un sombre doute pèse soudain sur son esprit et Sakura joint ses mains devant elle pour brièvement interrompre le flot de son chakra.

Un homme se matérialise devant elle.

Assis sur la marche la plus haute, il étend ses longues jambes devant lui tandis que Sakura le dévisage. La partie inférieure de son visage est couverte de bandages, mais Sakura ne pense pas qu’il est blessé. Sa tenue noire, standard, ne porte aucune trace d’une confrontation récente. Il pose une énorme épée en équilibre sur ses genoux, un fusil à aiguiser dans la main pour en affûter le tranchant, et Sakura tremble de peur.

Un trou de la taille de son cou perce le corps de la lame, délibérément fendue à cette extrémité, idéal pour trancher la tête d’un ennemi.

L’homme relève lentement la tête, ses cheveux bruns hérissés sur son crâne, et dévisage à son tour Sakura. Elle ose à peine respirer, la poitrine comme prise dans un étau et Sakura réalise avec horreur que tous ses réflexes ont disparu, elle s’est figée comme une statue, incapable de se libérer de sa peur pour prendre la fuite.

« Tu es la première arrivée. Je n’en attendais pas tant. Tu peux t’asseoir pendant que les autres arrivent. Être toujours en avance, ne perd pas cette habitude. »

Il retourne à sa tâche et Sakura déglutit difficilement quand sa poitrine se relâche enfin, car elle l’a reconnu. Zabuza Momochi, aussi légendaire d’infâme, va lui enseigner l’art d’être ninja. Cet homme a tenté de renverser Yagura lorsqu’il avait à peine quinze ans, encore un chûnin à l’époque, et il a déserté le village lorsqu’il a échoué. Son départ a déclenché la révolte ultimement menée par Meï lors de la guerre civile, alliée aux autres Épéistes et aux clans victimes de la purge.

Ao, le bras-droit de Meï et un autre shinobi renommé du village pour avoir participé au coup d'État qui mit un terme au règne de Yagura, a appuyé la réinsertion de Zabuza et encouragé sa promotion au rang de jônin peu après l’instauration de Meï. Pourquoi donner un grade aussi important à un homme qui, encore enfant, a massacré l’intégralité de sa promotion pour obtenir son diplôme ? Pire, on lui confie maintenant des apprentis.

Sakura n’ose pas s’asseoir à côté de lui, les yeux rivés sur son épée. A-t-il décapité ses camarades de classe aussi ?

Zabuza ne lui prête aucune attention et lorsque Suigetsu gravit à son tour les marches un peu plus tard, vêtu d’une tenue standard avec un col roulé noir et un pantalon gris. Sakura réalise avec horreur que leur sensei l’a aussi enveloppé dans son illusion. Suigetsu ne la remarque pas, et elle ne parvient pas à déterminer ce que Zabuza fera si son camarade ne parvient pas à rompre le genjustu. Suigetsu sera-il en danger s’il s’avère incapable de remarquer la supercherie ?

Sakura craint déjà pour sa vie en l’ayant déjouée…

Elle n’a pas l’occasion de le découvrir. Suigetsu hausse les épaules en ne voyant personne et exécute lui aussi la technique de déflexion. Il offre un sourire pointu à Sakura, qui se demande s’il a vraiment taillé ses dents en pointe depuis la remise de diplômes, avant de sursauter en entendant leur sensei prendre la parole.

« Bien, maintenant que tout le monde est là… Haku, tu peux venir. »

Sakura plisse les yeux en apercevant le troisième membre de leur équipe sortir de la galerie derrière Zabuza, médusée. Haku a le sourire aux lèvres, aussi doux que l’expression de Zabuza est dure tandis qu’il les rejoint sur les marches pour se tenir aux côtés de ses coéquipiers.

« Je discutais avec ce vieil artisan, il est très gentil, dit-il pour seule explication. »

Elle secoue discrètement la tête et lance un regard à Suigetsu qui se tient à l’opposée d’Haku. Lui aussi, avait l’air surpris.

« Bon, il faut éclaircir ce mystère avant toute chose, t’es un garçon ou une fille ? demande-t-il soudain. Parce que tu es bien plus joli que Sakura ! »

Sakura tousse et croit bien s’étouffer à l’insolence de la question, assénant une claque derrière la tête de Suigetsu pour lui apprendre les bonnes manières. Si les tenues d’Haku pouvaient peut-être porter à confusion par le passé, il porte un kimono bleu par-dessus un ensemble marron qui ne devrait plus poser question selon Sakura.

« Je suis jolie aussi, idiot ! Ne fais pas attention à lui, Haku.

— C’est normal qu’il se pose la question, répond simplement le concerné. »

L’épée de Zabuza frappe lourdement le sol et tous se tournent brutalement vers lui, alarmés.

« A partir d’aujourd’hui, vous faites partie de l’équipe Zabuza, éponyme puisque je suis votre supérieur. Des questions ?

— N-non… Sakura balbutie.

— Vous cherchez un apprenti pour manier Kubikiribôchô ? s'enquiert Suigetsu. »

Ses yeux brillent d’un éclat avide que Sakura ne lui a jamais vu.

« Montre toi en digne et on en reparlera, réplique l’épéiste, implacable.

— Qu’attendez vous de nous, Zabuza-sensei ? demande paisiblement Haku. »

Leur chef d’équipe ne répond pas tout de suite. Il les considère longuement, un à un, et Sakura doit lutter de toutes ses forces pour ne pas reculer. Le regard de Zabuza pèse sur elle comme un nuage d’orage et la crainte de tomber dans les marches lui permet tout juste de ne pas céder sous l’insistance de ces yeux sombres. Elle puise dans l’impassibilité de Haku à sa gauche et l’insolence de Suigetsu à sa droite, mais ne peut pas former un sourire poli pour son sensei.

« Je peux vous tuer une moins d’une seconde, de cinquante et une manières différentes. Mon objectif, c’est de faire en sorte qu’à la fin de votre formation, vous soyez capable de faire de même, Zabuza déclare finalement.

— Mais les chûnin ne sont jamais envoyés en mission d’assassinat !

— Chûnin ? Tu veux être une chûnin toute ta vie, gamine ?

— Euh… je… je ne sais pas.

— Si c’est ce que tu veux, je ne veux pas de toi dans mon équipe. Va-t-en. »

Sakura hésite, les lèvres tremblantes et les yeux lourds de larmes. Haku n’a pas bougé même quand elle a sursauté comme un lapin sur le point de détaler, mais Suigetsu a fait un pas en avant comme pour la défendre avant de se raviser. À demi tourné vers Sakura, il cherche son regard. La fillette l’évite pour venir soutenir celui de leur sensei.

« Non.

— Non ?

— Je veux terminer ma formation, où qu’elle me mène et quel que soit le rang que j’atteindrai. »

Zabuza hoche la tête et soulève son épée pour l’appuyer sur son épaule. Le tranchant effleure sa peau sans qu’il ne semble le remarquer tandis qu’il leur fait signe de le suivre dans les carrières de calcaire. Leur nouveau terrain d’entraînement, nul doute et l’estomac de Sakura se serre à l’idée de tester ses capacités contre leur sensei. Il ne sera pas aussi bienveillant que Gikan, c’est évident.

Sakura ne sait pas comment elle va s’en sortir.

Haku la dépasse pour suivre Zabuza mais Suigetsu attend qu’elle s’avance pour fermer la marche. Il a perdu son sourire mais son expression déterminée ne laisse aucun doute, il est prêt à recevoir l’enseignement du Démon du Brouillard. Sakura espère simplement que leur défaite prochaine dans les anciennes carrières ne sera pas la dernière.

C’est un cauchemar, songe-t-elle tandis qu’elle court dans les galeries suintantes d’humidité. Elle ne les a jamais parcourues seules et à vrai dire, pas même en dehors de l’exercice d’évacuation à l’Académie. Tout comme pendant la session de rattrapage, Sakura n’a fait qu’accompagner les habitants à destination.

Zabuza les a menés jusqu’à la plus grande carrière ensevelie et leur a donné quelques secondes pour s’enfuir. Déjà égarée, Sakura a tourné les talons et court encore à présent dans une direction choisie au hasard, n’osant même pas espérer avoir choisi le chemin de la sortie. Elle se doute que ce que Zabuza lui fera subir sera bien pire s’il la pense réellement en train de s’enfuir.

Cette confrontation a pour but d’évaluer leur niveau, elle en a bien conscience, mais Sakura a aussi la conviction qu’elle n’est pas prête, malgré ses bonnes résolutions. Alors la fillette court de toutes ses forces, à l’aveugle, car il fait de plus en plus sombre dans les galeries. Elle trébuche sur un caillou, seule raison pour laquelle elle évite de justesse un shuriken, qui siffle près de son oreille et tranche quelques mèches de ses cheveux tandis que la voix de Zabuza résonne dans le tunnel.

« Tu es terrifiée. »

Sakura aurait bien répliqué qu’il n’y a pas plus évident comme remarque à faire, mais préfère s’abstenir pour ne pas antagoniser son sensei plus que nécessaire. Elle cherche frénétiquement autour d’elle sans y voir grand chose ni distinguer la présence de l’épéiste et pousse un cri de surprise quand la lame d’un kunai vient glacer sa gorge gracile.

« Tu ne peux pas céder à la peur, si tu ne veux pas mourir. Il faut la contrôler, la brider pour qu’elle alimente ta volonté de te battre. Face à un ennemi, c’est vivre ou mourir, Sakura. La peur peut te permettre de survivre, mais si elle te tétanise... »

Le kunai appuie un peu plus fermement contre sa gorge.

« Si tu as peur de moi, je ne veux pas de toi comme disciple, Sakura. Défends toi. »

Zabuza la relâche et la pousse en avant. Sakura s’effondre au sol et ses doigts tremblants de referment sur une poignée de terre poreuse tandis qu’une goutte d’eau lui tombe sur la tête. Elle serre les dents avant de se retourner, dans la précipitation, pour jeter la poussière dans les yeux de l’épéiste. S’emparant d’un kunai, Sakura va pour le poignarder dans la cuisse afin de le ralentir lorsque son combat avec Oki lui revient en mémoire.

Elle n’est même pas parvenue à enfoncer la lame entre les côtes de l’autre fillette.

Sakura a tenté de poignarder une camarade de classe, réalise-t-elle soudain. Son visage perd toute couleur et elle lâche convulsivement son arme, qui tombe au sol d’un bruit sourd. Les lèvres tremblantes, Sakura sent venir les larmes et papillonne des cils pour les retenir, les yeux rivés au-dessus d’elle en s’attendant presque à voir l’épée de Zabuza s’abattre sur sa tête, sur le point de la décapiter.

Le jônin a l’air consterné.

« Aucun jutsu en dehors des techniques de base, physiquement médiocre, terrifiée… peut-être que tu avais raison. Tu n’es pas faite pour être ninja, ou simplement un chûnin dans l’administration. Mais je ne veux pas de toi dans mon équipe si c’est le cas.

— Pourquoi… pourquoi vous les avez tous tués ? Sakura demande dans un murmure.

— C’était une autre époque, gamine. Tuer ou être tué, et j’ai décidé que j’allais y mettre fin. C’est terminé ici mais le reste du monde ne te laissera pas en paix. Je ne peux pas t’envoyer là-bas si tu n’es pas prête.

— Prête pour quoi ?

— Prête à défendre ton village et tes camarades au péril de ta vie. Prête à poignarder un homme parce qu’on te l’a ordonné, sans savoir ce qu’il a fait pour le mériter. Prête à achever ton adversaire pour être certaine qu’il ne se vengera pas. Prête à mettre fin aux souffrances d’une amie parce que sa peur l’a empêchée de se défendre. La peur peut te coûter la vie. Tu ne peux pas hésiter, Sakura.

— Je…

— Qu’est-ce qu’un ninja pour toi ? lui demande soudain Zabuza.

— Quelqu’un qui protège les innocents, ceux qui ne peuvent pas se défendre.

— Dans ce cas là, il va falloir apprendre à te défendre, gamine. »

Zabuza agrippe l’épaule de Sakura pour la ramener vers ses coéquipiers. Suigetsu donne un coup de pied dans un caillou lorsqu’ils arrivent, l’air bougon et une entaille fraîche barrant sa joue. En comparaison, Haku a l’air impeccable, son kimono parfaitement ajusté et ses cheveux toujours en place. Il sourit à Sakura en l’apercevant et donne un coup de coude à l’Hôzuki, qui relève la tête et écarquille les yeux en la voyant, l’air soulagé.

« Sakura, commence-t-il, mais un regard de Zabuza le fait taire.

— Tous les trois, vous pensez qu’être ninja c’est protéger. Protéger le village, ceux qui vous sont chers, la réputation de votre clan ou ses secrets… mais être ninja c’est avant tout être capable de se défendre soi-même, par définition attaquer votre adversaire. Le tuer pour que vous n’ayez pas à protéger tout ce qui vous tient à cœur. Êtes vous prêts à le faire ?

— Oui, s’exclame immédiatement Suigetsu qui n’avait pas fermé la bouche.

— En dernier recours, oui, acquiesce Haku après une pause.

— En dernier recours, Sakura répète. »

Les épaules de Zabuza tombent comme s’il pousse un profond soupir. Il se redresse cependant avant qu’ils puissent s’y attarder.

« Suigetsu, tu attaques bien trop tôt, il faut jauger ton adversaire avant de foncer dans le tas et dévoiler toutes tes techniques. Sakura, il faudrait attaquer à un moment donné. Haku, cesse de retenir tes coups. »

Les trois disciples baissent la tête. Sakura joue distraitement avec le caillou malmené par Suigetsu plus tôt, le faisant rouler du bout de sa chaussure. L’Hôzuki détourne la tête, toujours boudeur et ses cheveux clairs se soulèvent dans son geste. Sakura se demande soudain si elle devrait se sentir mal à l’aise parce que ses cheveux roses sont aussi courts que ceux de Suigetsu, qui les porte pourtant au-dessus des épaules.

Étant la seule fille de l’équipe, ne devrait-elle pas les porter aussi longs si ce n’est plus que Haku, avec qui la différence de longueur est flagrante. Sakura retient un soupir. Elle se doute que de telles considérations ne seraient pas vues d’un bon œil par son sensei. Après leur confrontation cependant, elle peut presque s’imaginer apprécier Zabuza.

« Nous allons commencer l’entraînement demain. Nous ne ferons pas semblant, vous devez apprendre à frapper votre adversaire correctement et étendre votre répertoire de techniques, pour le moment ce n’est pas suffisant. Haku, Suigetsu, je vous aiderai à développer vos dons héréditaires dans la mesure du possible. Sakura, il va falloir travailler dur mais il n’y a pas de raison que tu ne t’améliores pas. Vous avez quartier libre pour aujourd’hui. Retrouvez-moi ici à l’aube. »

Zabuza disparaît dans un filament de brume et les trois apprentis échangent des regards malaisés avant de prendre la direction approximative de la sortie.

« Qu’est-ce qu’il vous a fait, à vous ? Moi il m’a fait courir après Kubikiribôcho et me l’a mise sous le nez quand je lui ai sauté dessus !

— Il m’a poursuivie dans les galeries humides et m’a mis un kunai sous la gorge… murmure Sakura.

— J’ai essayé de le rendre inapte au combat mais aucun de mes senbons ne l’a atteint, confie Haku. »

Il n’a pas l’air contrarié par son échec, mais Suigetsu pousse un grognement dépité.

« Je me demande qui sont les sensei des autres ! Si ça se trouve l’une des équipes a eu Meï Terumî.

— Bien sûr que non, Mizukage-sama ne peut pas prendre d’équipe, seulement un disciple.

— Peut-être que d’autres Épéistes ont pris en charge des équipes, suggère Haku. »

Sakura aussi, se questionne sur la composition des équipes. Elle ne s’attendait pas à être placée avec Haku et Suigetsu mais après tout, quels critères sont pris en compte lors de la répartition des nouveaux diplômés ? Une fille par équipe, c’est bien la seule chose qu’elle sait.

Sakura hésite encore entre espérer qu’Honami soit dans la même équipe que Chôjûrô plutôt qu’Oki. Quelle option est la plus frustrante ? Que son amie fréquente le garçon qu’elle admire au quotidien, ou que sa rivale le voit tous les jours ?

Au moins, Sakura n’est pas dans la même équipe qu’Oki. Même si cela ne risquait pas d’arriver, Sakura ne peut s’empêcher d’être soulagée. Elle s’entend bien avec Haku, bien qu’elle le connaisse peu, et Suigetsu n’a jamais été foncièrement mauvais avec elle. Tous trois sortent de la Montagne Calcaire et s’arrêtent en haut des marches pour contempler le soleil encore accroché haut dans le ciel. Malgré toute sa brillance, il peine à percer le brouillard qui enveloppe le village.

« Au fait Haku ? Comment ça se fait que tu étais là en premier ? demande soudain Sakura.

— J’habite dans le Quartier Acculé et Zabuza-sensei m’a donné ma convocation en personne ce matin.

— Tu le connais ? s’étonne Suigetsu.

— Il m’a recueilli lorsque j’étais enfant et m’a emmené à Kiri. Il m’a confié à Azami-san mais depuis il prend régulièrement de mes nouvelles. »

Derrière la tête du garçon aux longs cheveux, Sakura et Suigetsu échangent des regards incrédules. Les deux coéquipiers ne savent quoi dire de plus aussi ne font-ils pas de commentaire. D’une certaine manière, cela rappelle à Sakura sa propre situation avec Masamune. Peut-être que Zabuza est le protecteur d’Haku. Ils sont nombreux, civils ou orphelins à Kiri, Chôjûrô aussi en fait partie, songe-t-elle.

« On va te raccompagner, propose finalement Sakura. »

Elle ne laisse pas le temps à l’un ou l’autre des garçons de protester et glisse une main à chacun de leurs bras avant d’entamer la lente descente des marches. Ils déposent Haku devant une petite maison adossée au flanc de la montagne, écrasée par d’autres en équilibre précaire sur des corniches. Un plan de magnolias embaume la rue étroite et des mauvaises herbes se fraient un chemin entre les pavés. Au coin d’un mur, des bambous en rangs serrés tremblent quand des enfants vêtus de haillons les frôlent en passant.

Sakura baisse les yeux tandis qu’elle et Suigetsu rejoignent le Pont Victoire et le traversent en silence. Un regard volé à son coéquipier fait sourire la fillette, qui pouffe dans sa main, amusée par ses pensées.

« Quoi ? Suigetsu s’agace immédiatement.

— Tu t’es taillé les dents en pointe, souffle-t-elle dans un autre rire.

— Et alors ? Je veux devenir un Épéiste et toute ma famille le fait !

— Et rien, je t’imagine juste limer tes canines devant le miroir… »

Suigetsu croise les bras sans répondre et Sakura s’écarte prestement de lui, incapable de contenir ses gloussements. Son acolyte détourne la tête, vexé, et ne lui adresse pas la parole avant d’être arrivé devant l’Atelier Haruno. Elle lui sourit et il daigne lui offrir un rictus avant de s’éloigner avec un signe de main lancé par-dessus son épaule.

« Voilà, à demain Sakura. »

Mebuki l’accueille avec le sourire à l’intérieur et contourne le comptoir de l’Atelier pour s’approcher de sa fille. Elle époussette les vêtements que Sakura a sali dans sa chute, un peu de poussière calcaire, grisonnante dans les plis de la tunique de la fillette.

« C’est qui ce garçon ?

— Mon coéquipier.

— Et il t’a raccompagnée, ton coéquipier ?

— Oh non, maman, ce n’est pas comme ça ! On a raccompagné Haku qui n’habitait pas loin et Suigetsu va jusqu’au Quartier de la Fondation donc il passait par là dans tous les cas. »

La mère de Sakura affiche un sourire entendu qui ne la rassure pas et elle prétexte être fatiguée pour se réfugier dans sa chambre. Ce n’est pas tout à fait faux. La matinée, forte en émotions, et la confrontation avec son sensei l’ont exténuée.

A-t-elle vraiment ce qu’il faut pour devenir ninja ?

Sakura n’en est pas certaine. C’est une chose de jouer à la bagarre avec Honami et de s’entraîner à dépasser les limites de son corps, mais tuer des gens ?

Ce n’est pas ce que Sakura aspire à faire de sa vie. Ce n’est pas facile de poignarder quelqu’un, elle l’a déjà constaté. Il faut le vouloir, pour enfoncer la lame suffisamment profond, à travers la chair et les muscles. Sakura le veut-elle ?

Non. Pas si ce n’est pas nécessaire.

Elle a machinalement répété les mots d’Haku, mais le garçon a raison et Sakura espère sincèrement qu’elle pourra s’en tenir à cette philosophie.

Notes:

Justice pour Haku et Zabuza ! Et toi, quel personnage as-tu vu partir trop tôt dans Naruto ? Je dois avouer que j’ai versé une larme en lisant la mort de Jiraya…

Chapter 5: Première mission !

Summary:

Sakura a fait la rencontre de son équipe, composée d’Haku et Suigetsu. Quant à son sensei, il s’agit du terrifiant Zabuza.

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Il fait nuit noire. La nouvelle lune tarde à éclairer les rues du village tandis que Sakura le traverse en courant. Elle n’a pas quitté Kiri depuis l’obtention de son diplôme mais le village ne lui a jamais paru aussi peu familier. Elle tourne précipitamment et s’élance dans le port, qui grouille encore d'activité malgré l’heure tardive. La fillette se jette derrière une pile de tonneaux pour ne pas se faire remarquer et tout son corps est secoué par les battements erratiques de son corps tandis qu’elle se recroqueville contre un tonneau.

Zabuza n’a pas toujours le temps de les former, souvent envoyé en mission, mais lorsqu’il se trouve dans le village, il ne compte pas ses heures. Le reste du temps, Sakura et ses coéquipiers participent aux chantiers de reconstruction avec les autres genin et s’entraînent de leur côté.

Visiblement, Sakura ne l’a pas assez fait et un point de côté lui ronge le flanc depuis qu’elle s’est arrêtée. Zabuza leur a donné le défi de s’emparer d’un rouleau qu’il a laissé bien en évidence sur la table avant de sortir et de faire mine de monter la garde. Haku s’est infiltré dans sa propre hutte pour récupérer le rouleau entre deux tours de garde tandis que Sakura et Suigetsu faisaient le guet.

Ils se sont enfuis aussitôt et depuis, Zabuza les traque un à un — ils ont eu la bonne idée de se séparer.

Sakura se relève tant bien que mal malgré la douleur en entendant des pas se rapprocher, et contourne la pile de tonneaux pour fuir son sensei. Elle longe la mer et saute en contrebas d’un ponton lorsqu’elle se voit acculée au bord du quai : après quelques pas sur l’eau, Zabuza lui barre le passage.

« Mauvaise idée, tu ne peux pas traverser la mer avec tes réserves de chakra ni à la nage. »

Les épaules de Sakura s’affaissent et elle s’avoue vaincue. Peut-être que la confrontation lui sera épargnée ? Haku et Suigetsu se sont déjà fait capturer, lui semble-t-il… Zabuza fait un pas vers elle pour poser une main sur son épaule, et la fillette commence à se liquéfier, disparaissant peu à peu. Le shinobi ramène sa main sur le pommeau de son épée en regardant autour de lui avec méfiance tandis que le clone aqueux finit de disparaître et Sakura réapparaît sur le quai, exténuée par la technique de permutation qui lui a permis d’échapper à son sensei.

« Pas une si mauvaise idée, finalement... »

La voix traînante de Zabuza détient une qualité appréciative qui fait rougir Sakura lorsqu’il la rejoint sur le quai. L’exercice terminé, il la guide jusqu’à la hutte de Haku en commentant ses choix durant la poursuite et ouvre la porte pour dévoiler les deux garçons ligotés. La fillette blanchit et se tourne vers leur sensei, craintive, mais Zabuza lui fait seulement signe d’aller les libérer.

« Nous ne pratiquons pas la torture pour vous entraîner. Il est cependant bon de connaître les menottes qui empêchent les prisonniers d’utiliser leurs chakra. »

Il s’approche des deux garçons avec elle en expliquant la technique pour les libérer en prenant Haku comme exemple. Sakura fait de même avec Suigetsu après un premier essai infructueux, et à peine a-t-elle terminé que Zabuza lui passe les menottes pour que ses coéquipiers s’exercent à leur tour. La fillette pousse un profond soupir, qui vient soulever quelques mèches de cheveux roses de part et d'autre de son visage tandis que les deux garçons la libèrent tour à tour.

Sakura sent pertinemment le regard désabusé de Zabuza sur elle parfois encore. Il l’a endurcie et continuera à le faire mais elle perd difficilement ses mauvaises habitudes. Même si Zabuza peut lui accorder que son rôle de petite chose fragile pourrait un jour servir, la plupart du temps son sensei reste dans l’idée qu’elle est trop faible et qu’il faut que cela change.

Elle masse ses poignets endoloris par les menottes une fois libérée pour de bon quand Azami sort des profondeurs de la hutte. La vieille femme qui a pris Haku sous son aile descend les marches qui séparent l’entrée de la chambre à coucher et sourit à Haku et ses coéquipiers, les yeux plissés par de lourdes rides, dont les sillons marquent son visage en profondeur. Sakura ne sait pas exactement quelle est la relation entre le jônin et la femme qui héberge Haku mais il est certain qu’Azami le fait pour rendre service à Zabuza.

« Zabuza-kun, tu restes manger ? demande-t-elle, la voix éraillée par l’âge.

— Non, Azami-san, pas cette fois.

— Oh bon… la prochaine fois, je ne te vois presque plus ces temps-ci ! »

Azami lui tapote le bras en passant près de lui et Zabuza baisse la tête, un geste subtile mais non moins surprenant vis-à-vis de la grand-mère. Civile, elle est pauvre et Zabuza leur a confié, lors de l’une de ses leçons de vie, que les salaires des shinobi sont gelés jusqu’à ce que le village soit un peu plus riche, il ne peut donc pas aider Azami et son protégé. En tant que jeunes diplômés, les genin ne perçoivent qu’une petite compensation, de l’argent de poche afin qu’ils ne soient pas un poids pour leurs parents.

Sakura sait que les siens s’en sortent bien car ils exportent leurs bijoux en plus de les vendre aux touristes qui reviennent peu à peu dans le village. Les clans fondateurs et leurs alliés n’éprouvent aucune difficulté financière mais les civils les plus démunis, les shinobi issus de ces familles et les clans asservis n’ont pas cette chance, songe-t-elle en regardant Azami remuer le potage qui mijote au coin de la hutte. Des bouquets d'herbes sèchent le long des murs et Sakura réalise soudain qu’il s’agit non pas d’épices mais de plantes médicinales.

« Et vous, les enfants ? la vieille femme leur propose aussi de rester dîner — Non merci, Azami-san, on m’attend à la maison. »

Sakura refuse poliment et même Suigetsu décline l’invitation, mal à l’aise avec le peu qu’elle a à leur offrir. Ce soir-là, la fillette contemple son assiette bien garnie en repensant au maigre liquide qu’Haku doit boire. Comment peut-il être si en forme avec ses conditions de vie ? Accepterait-il même de l’aide ? Sakura n’en est pas certaine alors elle se redresse avec un plan en tête, déterminée.

« j’aimerais vous présenter mes coéquipiers. On pourrait les inviter à dîner.

— Bien sûr ma chérie, invite les donc à venir manger demain soir, Mebuki acquiesce immédiatement. »

Le Mizukage n’envoie pas Zabuza en mission pendant quelques jours, ainsi il assiste à l’entraînement de ses disciples le lendemain. Malgré son enseignement difficile, les trois genin s’en réjouissent.

Le clone aqueux, que Sakura a utilisé pour lui échapper la veille, était le premier jutsu qu’il a partagé avec eux. Ils ont dû augmenter leurs réserves de chakra dans un premier temps afin de pouvoir l'exécuter mais c’est à présent chose possible et ils travaillent maintenant à former leurs clones depuis le brouillard ambiant afin de ne pas dépendre des points d’eau, parfois rares sur l’archipel.

Suigetsu affronte aussi leur sensei dans des combats à l’épée et malgré la différence frappante de force entre eux, le garçon lutte vaillamment. Plutôt que de frapper de front, il s’applique à esquiver les assauts du jônin afin de se glisser dans sa garde et le toucher aux endroits appropriés pour le rendre inapte au combat. Il n’y parvient malheureusement pas ce jour-là encore, les défenses de Zabuza étant trop bien huilées par des années de combat.

L’épéiste félicite cependant son disciple pour ses progrès, après lui avoir passé Kubikiribôchô sous la gorge.

Sakura affronte Haku pendant qu’ils reviennent sur quelques faux pas de Suigetsu pendant leur confrontation. Face à face dans la carrière de calcaire que l’équipe Zabuza fréquente presque tous les jours pour s’entraîner, la fillette s’incline respectueusement devant son adversaire. Haku fait de même et Sakura n’attend pas qu’il l’attaque pour combler la distance entre eux et tenter de le poignarder, un kunai en main. Le garçon évite avec aisance la lame qu’elle manie bien plus habilement que les semaines passées et ses longs cheveux noirs, rassemblés dans un chignon avec un carré de tissu blanc, ne passent jamais assez près du kunai pour que Sakura risque de lui faire les pointes.

Soudain, Haku creuse la distance entre eux et lui barre le passage d’une salve de senbon qui forcent Sakura à se jeter au sol.

Elle roule sur le côté avant qu’il ne puisse l’immobiliser et se relève précipitamment pour lancer son kunai et tenir Haku à distance tandis qu’elle exécute quelques mudra pour invoquer un clone. Une silhouette jumelle à la sienne se dessine lentement derrière Haku mais l’énergie nécessaire demeure encore trop importante pour la fillette, contrainte d’abandonner sa stratégie. Son adversaire lui, n’a pas perdu de temps et presse quelques senbons contre le creux de sa gorge avant qu’elle ne puisse s’enfuir.

« Je me rends ! Sakura s’exclame compulsivement. »

Derrière elle, Haku pouffe de rire en la relâchant.

« C’était une bonne idée de faire apparaître ton clone derrière moi, la complimente-t-il.

— Utiliser une technique qu’on ne maîtrise pas encore est cependant particulièrement dangereux. »

L’intervention de Zabuza fait sursauter Sakura, qui perd son sourire et se tourne vers lui, tête baissée. Il ne la réprimande cependant pas plus, c’est à cela aussi que les entraînements servent : à prendre des risques maîtrisés.

Suigetsu, les mains croisées derrière la tête en les écoutant, se met à râler tandis que Zabuza donne ses instructions pour conclure la séance. L’épéiste disparaît dans un volute de brouillard, laissant ses disciples à travailler leur forme physique et leur endurance jusqu’au coucher du soleiL

C’est donc en sueur que les trois genin se présentent devant Mebuki. Cette dernière les accueille dans la convivialité habituelle de la maison et Kizashi fait la conversation aux garçons sans hésitation lorsqu’ils passent à table. Déjà, un début d’adoration se fait sentir dans les yeux de Mebuki, et même le père de Sakura hoche la tête d’un air approbateur en discutant avec Haku et Suigetsu.

Sakura cherche en elle le courage d’affronter les évènements à venir. Sa mère va jouer les entremetteuses et cela ne réjouit pas la fillette. Elle ne peut cependant rien y faire, si ce n’est se réjouir que les invitations à dîner deviennent peu à peu une habitude. Les Haruno s’attachent tout particulièrement à Haku, et le garçon aussi semble sincèrement les apprécier, bien qu’un peu gêné par leur affection et les invitations régulières.

Au moins, il peut manger à sa faim, c’est le principal, songe Sakura.

Elle pensait que leur présenter à la fois Haku et Suigetsu, en plus d’écarter toute suspicion de charité pour le premier, pourrait déjouer les plans de sa mère vis-à-vis du second. Si Mebuki réalise que ni Suigetsu, ni Haku n’a d’attrait particulier pour Sakura, peut-être qu’elle se montrera pas trop insistante… Sakura soupire tandis que leur repas hebdomadaire en équipe touche à sa fin quelques semaines plus tard, le menton calé dans sa main en attendant que Suigetsu et Haku finissent leurs secondes assiettes de ramen maison.

« Il faudrait inviter votre sensei aussi, une fois, suggère soudain Mebuki.

— Oh non ! s’exclament immédiatement Sakura et Suigetsu. »

Haku cache un sourire derrière une mèche de cheveux tandis que ses coéquipiers deviennent soudain très pâles à l’idée de partager un repas avec Zabuza. Les parents de Sakura les observent avec inquiétude et elle se reprend pour expliquer sa réaction avant que sa mère ne panique.

« On voit assez Zabuza-sensei la journée, pas besoin de l’avoir à table aussi… »

Sans surprise, sa tentative n’a pas l’air de convaincre Mebuki, mais elle n’insiste pas plus. Cela n’empêche pas Sakura d’ajouter précipitamment.

« De toute façon il n’aurait pas le temps, il est très occupé ! »

Mebuki secoue la tête et les envoie dans le salon d’un signe de main, abandonnant le sujet pour le moment. Elle retourne en cuisine et Kizashi, à l’Atelier pendant que les genin s’installent autour de la table basse.

« Il est un peu trop occupé, fait remarquer Suigetsu. »

Ses deux coéquipiers hochent la tête, entièrement d’accord et Haku, qui s’exprime pourtant rarement au sujet de leur sensei, se permet pour une fois de le faire.

« J’aimerais bien faire ma première mission. Vous savez si les autres en ont déjà fait ? »

Sakura pense à Honami, avec qui elle n’a plus le temps de s’entraîner et qui lui manque par moments. Elles ont réussi à se retrouver pour une virée shopping afin de renouveler leur équipement usé par l’entraînement et elle a appris, avec une pointe de jalousie, que son amie est dans la même équipe que Chôjûrô. En contrepartie, son autre coéquipier est Daiki et Sakura plaint leur sensei. Leurs entraînements doivent être… électriques.

Ao, leur chef d’équipe est un homme dur et peu loquace qui, aux dires d’Honami, est aussi terrifiant que Zabuza. Lui aussi a participé au coup d'État aux côtés de Meï. A l’époque membre de l’ANBU, il a orchestré la rébellion et soutenu les Épéistes ainsi que la figure encore montante de leur Mizukage dans sa lutte contre le régime sanglant de Yagura.

Sakura veut bien croire Honami quand elle dit que l’homme est terrifiant et qu’elle ne veut même pas savoir ce qui se trouve derrière son cache-oeil. Sakura a suggéré qu’il y a probablement une cavité qui abritait autrefois son œil mais son amie l’a fait taire en frissonnant d’horreur.

« L’équipe d’Oki n’en a pas fait, répond Suigetsu. Elle est avec Akira et Gakuun mais je ne connais pas leur sensei, une Suikazan je crois, ajoute-t-il face à leurs regards interrogatifs. »

Sakura confirme que l’équipe Ao non plus n’a pas été envoyée en mission et demande, un éclat de malice dans les yeux.

« Vous croyez qu’il cache quoi sous ses bandages, Zabuza-sensei ? »

Elle le soupçonne d’avoir été défiguré pendant la rébellion.

« Rien, souffle Haku dans un rire. »

Ses coéquipiers le fixent sans comprendre.

« Il m’a recueilli pendant la guerre civile mais il ne pouvait pas s’occuper de moi, c’est pour ça qu’il m’a confié à Azami. Quand on était encore à l’Académie il est rentré d’une mission difficile et il était couvert de sang, Azami-san a vérifié qu’il n’était pas blessé et j’ai vu son visage. Il n’a rien de spécial, juste les dents en pointe. Je pense qu’il fait ça pour avoir l’air plus vieux et faire peur à ses ennemis. »

Tous trois éclatent de rire et le bruit attire Mebuki, qui s’appuie contre l’encadrement de la porte pour les observer. Ils ne la remarquent pas tout de suite, plongés dans leur conversation.

« Tu le connais bien ? demande Sakura.

— Pas vraiment, il ne s’est jamais arrêté pour discuter avec moi mais il prenait souvent de mes nouvelles quand j’étais à l’Académie et m’a annoncé en personne que je serai dans son équipe.

— Je propose que la prochaine fois, on réclame une mission ! déclare soudain Suigetsu. »

Il prend un air sérieux et ses coéquipiers sourient, bien décidés à aller sur le terrain avant les autres équipes. Derrière eux, Mebuki tousse, la main sur le cœur et Sakura se mord la lèvre en la remarquant. Elle comprend bien que sa mère s’inquiète, sa profession est dangereuse mais Sakura s’entend bien avec ses coéquipiers, irait même jusqu’à dire qu’ils sont amis.

Ils la protégeront, ou du moins Sakura l’espère.

Cela fait bien rire Zabuza lorsqu’ils réclament leur première mission. Il pose sur eux un regard sombre et ils n’ont pas besoin de le voir pour deviner son rictus moqueur. Aucun des genin ne cède sous ses yeux cependant, et Zabuza finit par hausser les épaules.

« Je n’allais pas tarder à en demander une au Mizukage de toute façon. Venez. »

Les trois disciples le suivent en tâchant de contenir leur joie. Échangeant quelques regards excités pendant le trajet jusqu’à la Grande Arche, ils s’arrêtent devant un large tableau où sont affichés des dizaines de feuillets. Tetsu et son équipe s’y arrêtent aussi brièvement pour prendre connaissance de leur mission et Sakura les observe attentivement.

« Vous la voyez ? demande Murazaki en consultant le tableau.

— Celle-là, déclare Yūki. »

La kunoichi de l’équipe Tetsu hoche la tête à l’intention de ses coéquipiers et Murazaki retire l’un des feuillets du tableau avant de disparaître plus loin dans le couloir avec Tetsu et les deux autres genin.

« Le tableau des missions, c’est ici que les chûnin et les jônin avec des équipes de genin viennent chercher leurs missions, les moins dangereuses. Elles sont déjà assignées, il suffit de regarder si votre nom se trouve dans la liste, Zabuza désigne un rouleau sur une petite table à côté du tableau. Pour les missions de rang A ou B et quelques exceptions, vous serez convoqués, il y a souvent des détails qui ne peuvent pas être partagés publiquement, comme l’identité du client, de la cible ou les complications envisagées. Vous devrez venir ici tous les jours à l’aube si vous atteignez le rang chûnin, sauf quand le Mizukage vous a donné un jour de repos. »

Il se tourne vers eux pour s’assurer qu’ils ont bien compris avant de se rendre dans le bureau de Meï. Les trois genin le suivent toujours sans un mot, soudain anxieux. Quelle sera leur première mission ? Sakura se le demande, bien contente d’être entourée par Haku et Suigetsu de par et d’autre. Ils entrent dans le bureau et les pensées de Sakura déraillent tandis qu’elle réalise que Meï et Murazaki ont, étrangement, exactement la même couleur de cheveux. Elle n’a cependant pas l’occasion de s’y attarder.

« Ah, l’équipe Zabuza. Déjà ? s’étonne le Mizukage. »

Zabuza hausse les épaules.

« Bon, si tu estimes qu’ils sont prêts, il faut bien commencer un jour. Voyons voir… ah, parfait. »

La jeune femme tend un rouleau à Zabuza qui le prend sans un mot pour le dérouler, laissant ses apprentis jeter un coup d’oeil au formulaire. Le rang de la mission, D, est tamponné en rouge sur le parchemin, au-dessus de l’identité du client ainsi que les détails très succincts concernant son besoin. Il s’agit d’un poissonnier qui doit se rendre dans les terres avec un convoi de marchandise, qu’il échange contre du bois pour la reconstruction.

Quelqu’un frappe à la porte avant que Meî ne les congédie, et les chûnin entrent sans attendre d’être invités à pousser la porte. Gôzu et Meizu portent un nombre impressionnant de rouleaux, qu’ils déposent en bazar sur le bureau du Mizukage.

« Il était temps ! Ce n’est pas si difficile d’aller chercher les dossiers aux archives pourtant !

— Quelle plaie, marmonne Gôzu en passant près de Sakura. Ça pèse plus lourd qu’un Suikazan !

— C’est pas grand front ça ? T’y crois toi qu’elle a eu son diplôme, frère ? »

Meizu donne un coup de coude à Gôzu lorsqu’il ne répond pas et son frère lui marche sur le pied pour le faire taire, les yeux rivés sur Zabuza. Son jumeau se fige, quand bien même Zabuza leur adresse à peine un regard. Le jônin pousse ses apprentis vers la sortie.

Les Suikazan sont des individus bien en chair qui cultivent les pastèques pour la branche civile du clan, et dont les shinobi sont très impliqués dans la gestion de la prison du village. Sakura se raccroche à sa connaissance encyclopédique de Kiri pour ignorer les remarques désobligeantes de Gôzu, visiblement il est désagréable avec tout le monde. Elle trouve même un peu de réconfort dans le fait que Zabuza ne semble pas les voir d’un bon œil et en oublie totalement l’interaction en apercevant Honami qui se dirige elle aussi vers le port, accompagnée de son équipe.

Sakura lui tombe dans les bras lorsqu’elles se rejoignent au bord de l’Esplanade, heureuse de la voir.

Elle en profite aussi pour jeter un coup d'œil au sensei d’Honami. Le bras droit de Meï a en effet l’air patibulaire, avec ce qui ressemble à tes notes explosives en guise de boucles d’oreilles, ce qui ne rassure pas Sakura, et il remarque tout de suite qu’elle l’observe. Son œil unique tombe sur la fillette et sa bouche se tord en une moue désapprobatrice qui met Sakura mal à l’aise. Elle ne soutient pas son regard, persuadée qu’il veut sa peau, et se tourne plutôt vers Chôjûrô, bien plus avenant.

Le garçon n’ose pas la regarder, mais Sakura le salue tout de même.

Chôjûrô, un katana dans le dos, jette un regard furtif vers son sensei avant d’esquisser un sourire envers Sakura, mais son expression s’assombrit presque immédiatement. Ao fronce les sourcils à côté d’eux et Sakura se demande quel est son problème sans avoir le temps de s’y attarder, son équipe s’éloigne déjà. Elle les rattrape avant de les perdre dans la foule mouvante des jours de marché.

La place principale du village grouille de monde et de couleurs, des effluves tous plus alléchants les unes que les autres se dégagent des restaurants qui la bordent. Les terrasses plantées sur pilotis donnent sur la mer et accueillent de nombreux touristes, tous sourires.

Zabuza marche d’un bon pas vers le port pour trouver leur client et convenir d’une heure de rendez-vous avec lui. Tomoo, le poissonnier, s’avère être un homme au crâne dégarni et l’air plutôt sympathique, qui décoche une claque dans l’épaule de Zabuza pour le saluer, sans crainte, et ne se montre pas difficile sur les horaires.

Ils se mettent d’accord pour que le convoi parte le lendemain à l’aube.

Sakura se laisse de nouveau distancer par son équipe au moment de repartir car elle croise Takumi sur un étalage de pêche tandis que le propriétaire du stand de takoyaki s’approvisionne pour assaisonner ses boulettes de pâte avec des morceaux de poulpe. Il agite la main en la reconnaissant et entame la conversation, ravi de la voir.

« Sakura-chan ! On ne te voit plus beaucoup depuis que tu as obtenu ton diplôme ! Tu dois avoir plein de missions.

— A vrai dire je fais surtout des missions de solidarité. Je vais sortir du village pour la première fois demain, lui confie-t-elle.

— Tu vas voir, le paysage est splendide !

— Je veux bien vous croire, Takumi-san. Je ne me souviens pas du tout des voyages de mes parents lorsque j’étais plus jeune. »

Takumi lui sourit et elle l’aide à ramener ses achats dans le Quartier des Alliés, non sans se voir offrir une assiette à déguster en guise de remerciements. Sakura s’arrête évidemment pour redresser les fleurs devant le salon de thé de Natsumi, et la vieille femme lui fait signe d’entrer. Il n’y a pas grand monde à l’intérieur et Sakura n’est pas pressée, alors elle prend le temps de s’asseoir à table avec Natsumi.

« Cela me fait plaisir de te voir, Sakura-chan. Reste donc pour une cérémonie du thé, cela fait longtemps que tu ne m’as pas raconté tes aventures. »

La vielle femme s’agenouille avec une dextérité surprenante pour son âge et s’affaire à les servir un thé au riz soufflé que Sakura affectionne particulièrement. Elles papotent de tout et de rien pendant l’heure de creux, et Sakura rentre finalement chez elle après avoir partagé une théière presque entière avec Natsumi.

La mission de Sakura va probablement durer plusieurs jours, peut-être même une semaine si le convoi rencontre des difficultés sur la route, elle prépare donc son sac en conséquence. La fillette n’est pas vraiment inquiète, il n’y a pas de raison de l’être après tout. Le chemin est fréquenté et le village qu’ils rallient, un peu plus au cœur des terres. Il abrite des habitants travailleurs, les scieries tournent à plein régime depuis la rébellion pour aider à la reconstruction du village caché par la brume qui assure la sécurité de l’île.

« Tu seras prudente ? demande Mebuki ce soir-là.

— Tes coéquipiers seront tout le temps avec toi… Quand même, j’aurais bien aimé rencontrer ton sensei pour être sûr qu’il veillera bien sur toi, marmonne Kizashi. »

Ses parents ne sont pas aussi sereins lorsqu’elle les informe. Cette fois, Sakura va voyager sans eux. Les années passées à chercher l’asile après l’attaque de Kyûbi n’ont pas été faciles avec un enfant en bas-âge. Les parents de Sakura se sont installés à Kiri, si loin de leur pays natal, car les conditions de vie ailleurs ne permettaient pas d’élever un enfant. Il n’avaient pas l’intention d’encourager leur enfant à s’engager dans l’armée, mais il s’agissait là d’un aspect non négociable de leur accueil au sein du village.

Si le corail fait leur fortune à présent, Sakura n’a pas la certitude qu’ils ne regrettent pas leur décision.

Elle part le lendemain avec quelques regards en arrière, son père et sa mère aux portes de l’Atelier Haruno, le sourire forcé. Sakura rejoint le convoi à la Grande Arche, où il se prépare diligemment en murmurant dans le petit matin pour ne pas troubler le sommeil des habitants. Zabuza aide à bâcher les chariots de poissons évidés et salés pour être mieux conservés et Sakura remarque qu’il inspecte au passage le contenu exact du convoi ainsi que sa disposition.

« Je vais vous aider, Zabuza-sensei, déclare Sakura. »

Elle s’approche de lui pour bénéficier de ses conseils et des stratégies de défense qu’il a sans nul doute élaborées. Haku suit déjà leur sensei comme son ombre et ils arrivent finalement en tête de convoi, là où les ouvriers du poissonnier ont déjeuné et laissé quelques restes, apparemment.

Zabuza arrache une grillade des mains de Suigetsu et la jette à un chien errant sous son regard outré. Le jônin ignore Suigetsu et fait signe à ses apprentis de s’approcher afin de leur donner quelques consignes.

« Sakura, Haku, flanc gauche du convoi. Suigetsu, avec moi de l’autre côté. »

Ils s’exécutent immédiatement, parés pour leur première mission.

Notes:

J’adore décrire le Quartier Acculé dans cette fic. Que penses-tu de ma version de Kiri ?

Chapter 6: 500 ryo chacun ?!

Summary:

Sakura s’est rapprochée de ses coéquipiers et tâche de se montrer à la hauteur de son sensei tandis qu’elle part pour sa première mission hors du village.

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Cela fait quelques jours que l’équipe Zabuza est sur la route. Le convoi avance bien, quoi que lentement mais Sakura ne s’en plaint pas. Elle doute de pouvoir tenir la distance au rythme auquel elle a vu son sensei se déplacer lorsqu’il sécurise le campement pour la nuit ou quand il part en éclaireur.

Sakura l’a suivi la première nuit pour qu’il lui enseigne les rudiments de l’installation et a depuis pris un tour de garde chaque soir, jamais le même quart afin qu’ils puissent expérimenter chaque moment de la garde et trouver ceux qui leur conviennent le mieux, ou le moins bien.

Il n’y a pas eu de complications jusqu’à présent et Zabuza n’en anticipe pas, mais depuis qu’ils ont quitté la steppe et ses prairies pour les forêts de conifères, le jônin est particulièrement méfiant. A découvert, les bandits ne sont pas plus à leur avantage que des ninja, mais parmi les pins de plus en plus nombreux à force de s’enfoncer dans les terres, les risques d’embuscade sont toujours plus grands.

Un autre risque que Sakura découvert lors de la mission, c’est celui d’être surprise dans son intimité. Suigetsu est entré dans la tente lorsqu’elle se changeait et elle même s’aventure au bord d’un cours d’eau tôt le matin pour tomber sur la silhouette accroupie de Zabuza, un rouleau de bandages à ses pieds et un kunai à la main. Leurs regards se croisent dans son reflet et Sakura en reste bouche-bée, car c’est la première fois qu’elle voit son visage.

« Je suis désolée ! Je ne voulais pas vous déranger… »

Zabuza termine de se raser le menton et rince son kunai dans l’eau sans répondre tout de suite. Il a l’air jeune, bien plus que Sakura ne l’aurait cru et avec ses cheveux ébouriffés, elle se surprend à le trouver beau garçon. Un sourire tranchant la fait cependant sursauter et elle s’empresse de détourner les yeux.

« Il n’y a pas de mal, gamine. Tu ne serais pas là si je n’avais pas voulu que tu arrives jusqu’au bord de l’eau. »

Pour une fois, ses paroles font sourire Sakura au lieu de l’effrayer. Elle baisse la tête pour masquer son expression, mais un rire nerveux vient tout de même secouer ses épaules tandis qu’elle fait sa toilette matinale avant de rejoindre son équipe. Elle s’empresse de raconter sa mésaventure à ses coéquipiers, on ne peut plus fière d’avoir découvert le visage de Zabuza.

« J’ai interrompu Zabuza pendant qu’il se rasait — il n’a même pas sursauté, heureusement ! explique-t-elle.

— Oui, c’est bon, Haku aussi l’a déjà vu son visage… Suigetsu grommèle mais il croise les bras, boudeur.

— J’ai aussi surpris Suigetsu en train de se tailler les dents en pointe, ajoute le concerné, et Sakura en rigole encore en fin de journée. »

Un papillon de nuit se pose sur son nez, l’empêchant de s’assoupir à force de sombrer dans ses pensées et Sakura ne le chasse pas, reconnaissante. Zabuza ne dort que d’un œil et se réveille dès que l’un de ses disciples s’endort. Le premier soir, il lui a renversé une gourde d’eau fraîche dessus lorsqu’elle s’est assoupie. Suigetsu, qu’une secousse n’a pas réveillé, s’est vu jeter dans l’un des chariots de poisson. Haku a eu la chance de ne pas être assez profondément endormi pour ne pas sentir la main qui cherchait à le réveiller et a échappé à ce terrible châtiment.

Sakura soupçonne Zabuza d’être moins dur avec Haku parce que l’orphelin n’a pas eu la vie facile, ni ses lacunes à elle ou la forte tête de Suigetsu. Secouant la sienne en se sentant partir, Sakura fait s’envoler le papillon de nuit et l’observe voleter près des flammes du feu de camp avant de tourner la tête vers l’ombre de son sensei. Le jônin lui fait signe qu’elle peut aller se reposer et prend sa place devant le feu.

La fatigue ne semble pas avoir de prise sur lui, songe Sakura en se glissant dans la tente qu’elle partage avec ses coéquipiers. Elle s’allonge à leurs côtés et leur souffle de se rendormir lorsque ses mouvements troublent leur sommeil. Haku se tourne sur le côté pour ce faire, et Suigetsu renverse la tête en arrière. La position, propice aux ronflements, fait serrer les dents à Sakura tandis qu’elle aussi, tâche de trouver le sommeil.

Les ronflements de Suigetsu la réveillent en effet le lendemain matin, et le convoi reprend sa route à la lumière du jour. Quelques exclamations de joie se répandent le long du convoi comme un feu de paille à l’annonce qu’ils arriveront le lendemain et c’est peut-être le brouhaha des ouvriers qui attire les bandits, ou du moins les encourage à passer à l’attaque à ce moment-là.

Soudain, des ombres se jettent des arbres et encerclent le convoi avec un rire maniaque qui fait froid dans le dos de Sakura.

Elle dégaine l’un de ses kunais et resserre sa prise autour du manche de son arme pour se donner du courage. A côté d’elle, Haku a encore les bras de par et d’autre de son corps mais elle sait d’expérience qu’il cache des senbon dans ses manches et elle n’envie pas leurs adversaires. Sakura n’a pas besoin de regarder de l’autre côté pour savoir que Suigetsu a dégainé son katana et Zabuza, Kubikiribôchô.

« Rendez vous, donnez-nous la bouffe et peut-être qu’on vous donnera les restes ! s’exclama le chef de la bande avant d’éclater d’un rire gras. »

Zabuza lui tranche la tête pour cet affront et déclenche dans le même temps un chaos sans pareil. L’un des ouvriers pousse un hurlement aigu tandis que les bandits se ruent sur les ninjas.

Sakura lève son arme et poignarde vivement le plus proche, surprise par l’aisance de ses mouvements tandis qu’elle évite son poids mort et le met hors d’état de nuire. Elle a à peine senti une résistance en frappant son adversaire et tâche de ne pas y penser en se tournant sans attendre vers le suivant.

Il la domine de plusieurs têtes et elle esquive son geste pour l’attraper, bondissant sur le chariot le plus proche, et se propulse vers le bandit. Sakura profite de son élan pour enfoncer profondément le kunai couvert de sang dans la jugulaire de son adversaire et retombe souplement sur ses jambes, prête à en découdre avec le prochain.

Sa confrontation a laissé des traces, cependant et lorsqu’elle aperçoit ses mains couvertes de sang, elle se fige. Un regard, trop lent, derrière elle lui permet de constater qu’elle a bien tué non pas un mais deux hommes de deux fois sa taille. Incapable de détacher son regard du carnage, elle ne voit pas un autre bandit arriver, n’entend pas son cri de rage à la vue des cadavre.

« Saleté ! »

Il se jette sur elle et la renverse à terre. Sakura croise le regard vide de l’un des hommes qu’elle vient de tuer et pousse un hurlement en réalisant qu’elle va finir à leurs côtés, étranglée pour les venger. Son agresseur referme des mains énormes autour de son cou et ouvre la bouche comme pour la maudir encore… mais ne la referme jamais.

La tête du bandit tombe à côté de Sakura et le reste du corps suit pour révéler Zabuza au-dessus d’elle. Sakura fixe son sensei sans tout à fait réaliser ce qu’il vient de se passer tandis que les mains du bandit relâchent la pression sur son cou.

Zabuza vient de décapiter un homme pour la sauver.

Ses bandages immaculés ne donnent pas l’impression qu’il vient de massacrer les bandits et son épée a déjà bu le sang de sa dernière victime.

« Kubikiribôchô s’abreuve avidement à chaque combat et cela lui permet de ne jamais s’émousser, Zabuza explique calmement. »

Sakura se met à trembler et le jônin semble retenir un soupir avant de se pencher pour l’attraper par le bras et la relever. Il l’éloigne de force du convoi, non sans faire signe aux ouvriers de se préparer à repartir et derrière eux, Haku, impassible, retient Suigetsu lorsqu’il veut suivre la fillette.

Le garçon, bien que surpris par les évènements, n’est pas en état de choc comme Sakura. Il n’a pas non plus les mains couvertes de sang, lui. Sakura évite le regard de son sensei, mais Zabuza lui agrippe le menton pour la forcer à le regarder et soutenir son regard. Penché vers elle pour se mettre à sa hauteur, il la retient lorsqu’elle veut reculer, inquiète.

« Tu as été très courageuse Sakura, je suis fier de toi. »

Elle secoue vainement la tête de gauche à droite, les larmes aux yeux.

« La vie d’un ninja n’est pas facile, c’est ce que j’essaye de t’enseigner depuis que tu as été placée dans mon équipe. Défendre quelqu’un, cela signifie prendre la vie de quelqu’un d’autre, parfois. Il n’y a pas de quoi s’en vanter, c’est vrai. Il faut respecter les morts. »

Zabuza prend les mains de Sakura et la force à regarder ses doigts si fragiles entre les siens et pourtant, ensanglantés. Il verse un peu d’eau sur les poignets de la fillette et l’aide à se rincer les mains avec une délicatesse qu’elle ne lui connaît pas, les paumes couvertes de callosités.

« Tu sais te défendre à présent, il va falloir apprendre à vivre avec ce que cela implique maintenant, il baisse la voix. Je n’ai jamais oublié leurs visages et tu n’oublieras jamais les tiens non plus. Souviens toi toujours que tu défends ton client, ton village, ta famille et tes amis Sakura. »

Il relâche doucement ses mains et hoche la tête lorsqu’elle croise enfin son regard, encore tremblante. Lorsqu’ils rejoignent le convoi, les cadavres ont été écartés et les chariots reprennent la route sans perdre de temps. Suigetsu ne cesse de lancer des regards inquiets à Sakura par-dessus le convoi, sans oser lui parler et Zabuza lui colle une claque derrière la tête pour qu’il cesse de se préoccuper de la fillette.

Cela arrache un rire nerveux à Sakura et elle reprend quelques couleurs.

Lorsqu’ils arrivent à leur destination, seules les tâches de sang sur sa tunique bleue laissent encore deviner qu’elle a causé la mort pour la première fois de sa vie.

Tomoo annonce qu’ils repartiront tôt le lendemain et Zabuza hoche la tête avant de disparaître dans un volute de brume qui ne semble pas avoir sa place au cœur des terres. Il n’y a pas de brouillard dans ce village dont l’architecture ressemble pourtant à celle de Kiri. Les maisons s’entassent les unes autour des autres et seule la grande demeure de la famille la plus riche se détache quelque peu en hauteur.

Sakura suit les ouvriers jusqu’à l’auberge où le convoi va passer la nuit et tâche d’ignorer les regards en coin qu’ils lui jettent régulièrement. Suigetsu s’est éclipsé dans le premier restaurant qu’il a aperçu et Haku a annoncé qu'il allait prendre l’air peu après le départ de leur sensei. Elle se demande soudain pourquoi Zabuza ne l’a pas pris à part lui aussi. Sakura a remarqué les senbon transperçant de part en part la gorge de l’un des bandits.

N’est-il pas affecté par la mort de ces bandits ?

Elle frissonne et s’efforce de ne plus y penser tandis qu’elle s’installe dans la chambre qu’on lui a attribuée. Le poissonnier s’est arrangé pour qu’elle soit seule là où les ouvriers et les autres accompagnateurs du convoi partagent leur chambre et elle lui en est soudain très reconnaissante.

Sakura fait face à son visage blême dans un miroir un peu sale, la gorge marquée de longs hématomes indigo. Elle laisse la trace de ses doigts sur son reflet en effleurant la surface crasseuse là où ses yeux semblent plus ternes et soudain, ses prunelles s’embuent de larmes. Sakura détourne la tête dans un sanglot, incapable d’oublier le sang que Zabuza a pourtant rincé de ses mains pâles.

Elle le voit encore, brûlant et visqueux contre sa peau lisse et dépourvue de cicatrices.

Le futon couine lorsqu’elle s’y effondre et Sakura enfonce son visage dans le matelas pour étouffer ses pleurs. Elle a tué quelqu’un ! Elle, la bonne dernière de l’Académie lors des cours d’éducation physique, celle qui n’a pas d’endurance ni assez de force pour faire ne serait-ce qu’une entaille à Oki lors de leur confrontation. Sakura, parrainée par le père du Mizukage car elle était à peine capable de passer dans la classe supérieure et ce, depuis la première année.

Ils ont probablement organisé les rattrapages pour qu’elle obtienne son diplôme !

Le village essaye de se racheter après des années de dictature en truquant les examens. Il faut faire des ninja des enfants de familles de civils et soutenir les clans décimés par la purge afin d’oublier le régime de terreur de Yagura et effacer des mémoires le souvenir d’une rébellion qui a brièvement tourné au cauchemar. Les réformes du Mizukage tendent vers l’égalité des chances, mais est-ce vraiment une chance d'être une petite fille capable d’ôter la vie ?

Sakura regrette soudain de ne pas avoir écouté Zabuza. Il a tenté de l’épargner, l’a prévenue qu’elle n’est pas faite pour être un ninja. Dorénavant, elle ne peut plus reculer, non pas qu’on lui ait un jour laissé le choix. Elle n’a pas encore complété les années de service militaire promises par ses parents lorsqu’ils sont arrivés.

Lorsque Sakura relève enfin la tête, la nuit est tombée et les étoiles brillent dans le ciel. Elle s’essuie les yeux, où quelques larmes demeurent encore et renifle en allant ouvrir la fenêtre. L’air nocturne vient chasser les dernières larmes qui menacent de lui échapper tandis qu’elle s’accoude au rebord de la fenêtre et contemple le ciel parsemé d’étoiles.

La nuit recouvre la vallée d’une cape de velours sombre et jette des ombres sur les rues à peine illuminées du village, quelques maisons d’où filtre un peu de lumière. On ne voit pas beaucoup les étoiles à Kiri, où le brouillard se mue en nuages épais sous couvert de la nuit. Parfois, lors des soirées d’été, les étoiles dansent entre le ciel et la mer, au rythme de la nuit sans fin du port et de l’Esplanade.

Quelqu’un toque à la porte et Sakura referme la fenêtre pour découvrir Suigetsu ainsi que Haku, un peu en retrait dans le couloir. Ses coéquipiers apportent avec eux un repas à l’odeur particulièrement alléchante qui fait naître un sourire sur les lèvres de Sakura — des nouilles udon.

« Zabuza-sensei a dit que tu n’avais sûrement pas mangé alors... »

Suigetsu hausse les épaules et se fraye un chemin jusque dans la chambre pour s’installer à son aise et déballer le repas. Apparemment, il s’agit là d’une bonne excuse pour le second dîner de la soirée et Sakura rit doucement en le rejoignant. Haku oscille dans l’encadrement de la porte et elle lui lance un regard curieux.

« Tu ne manges rien ? lui demande Sakura.

— Je n’ai pas faim, merci. »

Haku leur sourit en s’asseyant à leurs côtés et même si Sakura sait que personne ne l’a forcé à venir, elle s’étonne de voir le garçon repousser ses cheveux derrière ses oreilles d’une main fébrile, comme s’il ne sait pas quoi dire ou faire. Finalement, il tend un petit sachet à Sakura, les yeux rivés au sol.

« Pour tes hématomes, ça les fera disparaître plus vite. »

Sakura accepte la mixture d’herbes médicinales, les lèvres tremblantes. La gorge nouée, elle ne parvient pas à remercier son coéquipier pour cette délicate attention, et Haku n’ajoute rien non plus, simplement content de rester en la compagnie de son équipe. Sakura porte son bol à ses lèvres pour faire honneur au repas offert par Suigetsu et rit des pitreries de ce dernier. Peut-être qu’Haku aussi, a besoin de ne pas rester seul et surtout, de penser à autre chose.

Il est bon de se rappeler qu’elle n’est pas seule. Les trois genin sont dans la même équipe et resteront quelques années ensemble. Ils traversent les mêmes épreuves et en sortent plus fort, il n’y a pas d’autre alternative que celle-là. Zabuza n’a pas cessé de les endurcir en prévision des coups durs auxquels ils n’échapperont pas.

Haku accepte tout de même un soda tandis que Suigetsu leur fait un résumé détaillé de son excursion de dans le village. Il rote à la fin de son repas et Sakura lui jette sa canette vide sur la tête dans un rire outré auquel Haku fait écho.

« Bon, du coup ça fera 500 ryo chacun ! s’exclame finalement Suigetsu.

— Quoi ?! »

Bouche-bée, Sakura se lève pour aller fouiller dans son porte-monnaie. Elle rembourse son coéquipier à contrecoeur, déçue, et le met dehors sans ménagement puisqu’il a décidé d’être un goujat.

« Et descend les ordures, ça te connaît ! »

Haku cache un rire derrière ses longs cheveux noirs en sortant derrière Suigetsu, amusé par la remarque de Sakura.

« Tu devrais parler à Zabuza, Haku suggère dans un murmure. Il y a des choses en place, au village…

— Comment ça ?

— J’ai perdu ma famille sous la dictature de Yagura, ça m’a beaucoup aidé d’en parler. »

Sakura ne sait que répondre, et Haku n’insiste pas. Elle le remercie d’avoir pensé à ses blessures dans un murmure et ils se souhaitent bonne nuit avant que Sakura ne referme la porte et se dirige vers la salle de bain. Elle applique l’onguent qu’Haku lui a offert sur les hématomes qui recouvrent sa gorge en évitant de croiser son reflet dans le miroir. Quand bien même ses coéquipiers lui ont changé les idées, elle pressent que la nuit ne la laissera pas en paix.

Elle espère que le convoi ne rencontrera pas de difficultés sur le trajet du retour, songe-t-elle en plongeant dans un sommeil qui se révèle sans surprise agité.

Sakura est déjà levée lorsque l’aube pointe ses premiers rayons de soleil dans le ciel et rejoint les ouvriers à l’entrée du village. Zabuza la salue d’un signe de tête en la voyant arriver d’un bon pas et la laisse inspecter les chariots seuls afin de s’assurer qu’elle a bien saisi ce qu’il a expliqué lorsqu’ils sont partis.

Suigetsu lui, arrive pile à l’heure du départ sans se douter de rien et Zabuza pose une main lourde sur son épaule pour l’emmener faire le tour du convoi. Leur sensei répète les instructions qu’il a déjà donné à ses deux autres apprentis et ni Tomoo, ni ses ouvriers n’osent faire remarquer qu’ils prennent du retard. Finalement, Zabuza relâche Suigetsu, prêt à partir.

« Et tu leur rendras leur argent, truand. »

Sakura fronce les sourcils, si cela signifie bien ce qu’elle croit comprendre…

« Suigetsu ! »

Le voleur part déjà en courant pour rejoindre la tête du convoi et échapper à sa rage.

Au retour de leur mission, Zabuza augmente le régime d’entraînement de ses apprentis.

Ce jour-là, il couvre les yeux de Sakura avec son bandeau frontal et lui dit de se débrouiller avec ça. Elle n’y voit rien et parfois, elle se demande si son sensei est particulièrement dur ou s’il s’agit plutôt d’elle et de ses lacunes. Une chose est sûre, le jônin n’explique le déroulement des entraînements qu’après les avoir terminés et pour le moment, elle ne sait que faire de sa situation.

Evidemment, Sakura n’a pas le droit d’enlever son bandeau frontal pour savoir où elle est.

Elle se concentre et tâche de sentir une présence dans les alentours lorsqu’elle en remarque trois. Soudain plus tendue, la fillette attrape un kunai et le tient devant elle sans tout à fait être certaine de ce qu’elle est censée faire. Ce n’est pas comme si elle pouvait voir son ennemi arriver !

Un sifflement et la vague sensation qu’un ennemi approche sur sa droite la pousse cependant à esquiver, tranchant vaguement vaguement l’air entre elle et l’adversaire qu’elle ne voit pas. Il passe derrière elle et Sakura entend le bruit de ses pas tandis qu’il revient à la charge.

Elle improvise et doit repousser un deuxième assaut, cette fois venu de sa gauche, qui la pousse tout droit dans les bras du troisième individu présent. Il l’agrippe par les épaules et la tient assez à distance pour qu’elle ne puisse pas le poignarder tandis qu’elle tente de trancher de l’air puis, sans réfléchir, les mains de son adversaire pour se défaire de sa prise. Le kunai de Sakura ne rencontre cependant toujours que de l’air et un bruit d’éclaboussure résonne à ses pieds.

Elle arrache rageusement le bandeau frontal qui recouvre ses yeux.

Sakura ouvre la bouche pour exprimer son mécontentement mais ne parvient pas à la formuler. D’une part, Suigetsu est adossé à l’un des murs de leur carrière d’entraînement, un sourire goguenard aux lèvres et d’autre part, Haku apparaît devant elle sans un froissement de tissu. Zabuza quant à lui, croise les bras et son regard.

« Très bonne initiative, on va pouvoir commencer à repérer les autres avec la présence de leur chakra. Haku, à toi. »

Le garçon se bande obligeamment les yeux et se met en position de combat, prêt à en découdre. Zabuza fait signe à Sakura de l’attaquer et elle s’exécute en tandem avec Suigetsu. Il n’y a visiblement qu’à elle que Zabuza n’explique pas tout afin de la prendre au dépourvu. Elle peut comprendre l’intérêt de son sensei à la mettre dans des situations difficiles pour voir comment elle improvise et la forcer à se dépasser mais elle jalouse parfois le traitement privilégié de Haku et dans une moindre mesure, celui de Suigetsu.

Ils terminent leur entraînement quelques heures plus tard et sortent des carrières d’un pas lourd. Depuis leur première mission, ils les enchaînent avec Zabuza et rédigent les rapports à sa place, puisqu’il estime que ses disciples ont compris le principe lorsqu’ils ont relu celui qu’il a rédigé la première fois.

La fatigue s’accumule et si leur sensei est encore parfois envoyé en mission sans eux, il a pris l’habitude de leur enseigner une nouvelle technique ou aptitude avant de partir. Ainsi, ils peuvent la travailler en son absence. Celle de sentir la présence des autres individus grâce à leur chakra n’en est qu’une de plus et Sakura sait déjà qu’elle va s’y exercer dans les prochains jours.

Elle descend les marches en pierres de la montagne, mais s’arrête en remarquant que Haku n’est pas avec eux. Le jeune garçon s’est arrêté près d’un vieillard bossu qui taille une pierre à l’entrée des carrières. Haku discute brièvement avec l’artisan et lui donne quelques pièces de son maigre salaire en échange d’un petit bloc sur lequel le vieillard a taillé un katana.

Haku rejoint ses coéquipiers avec le sourire aux lèvres. La générosité de l’orphelin ne cesse d’étonner Sakura. Elle l’observe aider Azami en arrivant dans sa hutte, non sans se demander comment quelqu'un d’aussi gentil peut aussi être un ninja.

Le doux parfum des magnolias en fleur la tire de ses pensées pour s’approcher du plant qui grimpe sur les habitations agglutinées au flanc de la Montagne Calcaire. Elle en cueille une fleur avant de rejoindre Suigetsu pour traverser le Pont Victoire. En contrebas, Gikan enseigne à une nouvelle génération de l’Académie comment marcher sur l’eau. Leur ancien enseignant lève la tête, ayant sans nul doute senti leurs regards sur lui et sourit avant d’aller aider l’un des élèves en difficulté tandis que les deux genin poursuivent leur chemin.

« Sakura-chan ! Natsumi l’appelle sur le pas de la porte de son salon de thé. Invite donc ce garçon à prendre le thé un de ces jours.

— Lui ? Sûrement pas !

— Clairement, plutôt boire un thé avec Haku ! »

Suigetsu la bouscule sans méchanceté à l’entente de ce refus catégorique et Sakura le repousse jusqu’au stand de takoyaki. Takumi a gagné un bon client depuis que Sakura a rejoint l’équipe Zabuza et Suigetsu s’installe pour manger sans plus de cérémonie, laissant Sakura vaquer à ses occupations.

Sakura a convenu de retrouver Honami au centre-ville ce soir-là et se presse dans la salle de bain pour se préparer, la fleur de magnolia bientôt épinglée dans ses cheveux roses. Elle embrasse ses parents à l’Atelier avant de partir, non sans s’arrêter devant le magasin de prêt à porter de Sayaka pour regarder quelques tenues.

« Je reçois la nouvelle collection demain si tu as le temps de passer ! annonce la vendeuse.

— Super, je reviendrai avec Honami si elle peut se libérer aussi ! »

Sayaka penche la tête à travers la porte pour sourire à Sakura. Grande et élancée, elle donne l’impression de flotter avec son yukata lorsqu’elle se déplace et son teint de porcelaine fait ressortir ses cheveux presque châtain. Sakura lui envie ses traits fins et la remercie du bon conseil avant de traverser le Quartier des Alliés pour rejoindre Honami.

L’équipe Ao aussi a commencé les missions et les deux amies ont d’autant plus de mal à trouver du temps pour prendre des nouvelles l’une de l’autre depuis. Elles profitent donc de devoir refaire leur inventaire pour se voir et se raconter leurs dernières aventures entre un rayon de parchemin explosif et une étagère de rouleaux d’invocation.

« Comment ça se passe, avec Chôjûrô-kun ? Sakura ne peut s’empêcher de demander.

— Je ne sais pas, Honami répond, l’air pensive. Ao favorise beaucoup Daiki parce que Chôjûrô est si réservé, et moi… »

Honami ne termine pas sa phrase. Elle a déjà, maintes fois, raconté ses déboires avec Daiki à Sakura. Tous deux se chamaillent constamment et se disputent pour l’attention d’Ao qui, selon les dires d’Honami, n’est pas un meilleur pédagogue que Zabuza. Le jônin est dur et conservateur, Honami — issue d’un clan allié — n’est pas destinée à une longue carrière sur le terrain selon lui. Daiki n’a cependant pas beaucoup plus de compliments que les autres, pour ne pas dire aucun.

« Daiki et moi, on doit se débrouiller tous seuls pour comprendre les mécanismes de nos techniques familiales, Honami ajoute en choisissant des shuriken. »

Malgré ses immenses connaissances, le vétéran de guerre ne sait pas leur expliquer ces subtilités. Sakura envie toujours un peu Honami de fréquenter Chôjûrô tous les jours mais elle a trouvé dans sa propre équipe deux amis sur lesquels elle peut compter et qu’elle apprécie tout particulièrement à présent.

« Zabuza-sensei n’est pas si terrible, finalement, confie-t-elle d’ailleurs à Honami. »

Les deux jeunes filles règlent leurs achats tandis que Sakura partage à son tour ses difficultés avec son amie. Elle conte sa première mission en omettant le pire — elles sont après tout en public, et Honami ne semble pas avoir déjà tué quelqu’un à coups de kunai… Peut-être ne saurait-elle pas comprendre les émotions disparates de Sakura.

Elles rejoignent le Jardin Japonais qui s’étend le long de la muraille, non loin de la Grande Arche et déambulent dans les allées finement aménagées en contrebas du bureau du Mizukage. Le bruit de la fontaine et les plages de gravillons font oublier à Sakura la dure réalité des missions tandis qu’elles longent la rivière sèche et traversent un pont arrondi pour emprunter les pas japonais qui mènent jusqu’au sanctuaire. La bâtisse, aussi écarlate que le petit pont, règne sur les profondeurs du jardin et quelques prêtres s’affairent auprès des visiteurs.

Sakura et Honami reviennent sur leurs pas par un autre chemin et s’arrêtent près d’un bassin sillonné de carpes koï. Peu de visiteurs s’aventurent dans le Jardin Japonais dans la soirée alors elles en profitent pour s’asseoir au bord du bassin où elles ne seront pas dérangées.

« Tu sais comment ça se passe dans l’équipe d’Oki ? Sakura demande. »

Honami hausse les épaules, elle non plus n’a pas beaucoup de nouvelles. Leurs propres équipes ne communiquent pas, en soi, et les jeunes filles sont les seules à avoir gardé contact depuis l’obtention de leur diplôme. Le silence s’étire entre elles jusqu’à ce que Sakura ose poser la question fatidique.

« Est-ce que tu as… lors de tes missions ? voyant qu’Honami hésite aussi, elle ajoute. Eu des complications ?

— Pas vraiment, on apprend surtout les techniques de traque. »

Ce n’est qu’un murmure. Honami baisse la tête et ses yeux bleu-gris, comme honteuse de ne pas avoir de combat à raconter et les deux filles se blottissent l’une contre l’autre sans rien dire de plus.

Sakura parle surtout de ce qu’elle a vécu avec son protecteur, dans le cadre de la cellule de soutien.

L’aile psychiatrique de l'hôpital n’a rien de ce que Sakura imaginait pour un lieu pareil. Les patients internés ne s’y trouvent pas car l’asile se trouve au rez-de-chaussée. Sakura doit monter quelques étages de couloirs bien entretenus qui donnent dans les vestibules attachés aux différents cabinets de ninja médecin. Régulièrement, elle a rendez-vous avec l’un des vétérans bénévoles pour participer à ces échanges de soutien et sourit à Ruka, de garde ce jour-là.

« Bonjour Sakura, avec qui as-tu rendez-vous ? »

L’infirmière ne lui demande pas si elle va bien, pas dans cette aile. Sakura donne simplement le nom de son protecteur et attend d’être conduite dans la salle d’attente jusqu’à ce que Masamune Terumî ait terminé son entretien. Les patients ne se croisent jamais et lorsque le tour de Sakura vient finalement, elle prend place dans le cabinet, toujours quelque peu intimidée par son protecteur.

Elle l’a vu à plusieurs reprises depuis sa première mission. Meï a mis en place les cellules de soutien afin de mieux accompagner les apprentis ninja lorsqu’ils sont confrontés à la dure réalité du métier, mais aussi à gérer les traumatismes dont tous les shinobi en poste peuvent être victimes.

Lorsque Zabuza lui a proposé d’y participer, ce n’était pas par bonté de cœur. Il n’allait pas la forcer, mais elle en avait bien besoin. Haku aussi, a suivi de longues séances pendant son enfance suite à l’éradication de son clan et c’est lui qui l’a convaincue d’accepter le soutien psychologique.

« Comment se passe ton entraînement, Sakura ? lui demande Masamune, les mains croisées sur son kimono couleur suie.

— Nous travaillons dur. Zabuza-sensei s’efforce de nous faire bénéficier de son expérience.

— Il a joué un rôle très important pour le village dès son plus jeune âge. »

La jeune fille ne sait pas quoi répondre et se contente d’acquiescer sous le regard vert perçant de son interlocuteur. Il y a bien plus aux paroles de son protecteur qu’elle vient de l’entendre mais elle ne sait qu’en penser. Masamune n’est pas là pour conter à Sakura le coup d’Etat qui a mis sa fille au pouvoir. Non, il écoute ce qu’elle a sur le cœur, aussi lui confie-t-elle les cauchemars qui la réveillent souvent la nuit.

Parfois, ses mains lui paraissent encore couvertes de sang au petit matin.

Notes:

Tant de choses à dire sur ce chapitre… Il s’agit de l’un de mes préférés, il touche à beaucoup de thèmes qui me tiennent à cœur dans cette fic. Et quoi, qu’est-ce qui t’a marqué ?

Chapter 7: Une faction du passé

Summary:

La mission de Sakura a tourné au drame et elle doit apprendre à vivre avec les conséquences de ses actes… Heureusement, son équipe est là pour elle.

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

« Tu veux rester dormir à la maison ce soir Haku-chan ? »

Sakura roule des yeux derrière le dos de Mebuki mais ne dit rien. Haku est le bienvenu, bien sûr et les parents de Sakura apprécient particulièrement le garçon bien élevé qu’ils invitent chaque semaine à dîner. Suigetsu se voit toujours proposer l’invitation aussi mais les manières moins distinguées du descendant du second Mizukage ne jouent pas en sa faveur. Au moins, Mebuki a cessé de jouer les entremetteuses le concernant.

Suigetsu a aussi, contrairement à Haku, un clan auquel retourner le soir.

Mebuki et parfois même Kizashi font un effort particulier pour que Haku se sente à l’aise à l’Atelier. Les parents de Sakura semblent prêts à adopter Haku comme leur beau-fils. S’il y a bien une chose que Sakura sait de son coéquipier, c’est qu’il n’est pas attiré par elle, ni par quiconque semble-t-il. Elle-même se pâme toujours pour Chôjûrô, qu’elle aperçoit le plus souvent avec un katana dans le dos lors des missions de solidarité et parfois à la Grande Arche lorsque leurs équipes vont prendre connaissance des missions qui leur sont attribuées.

« Je ne veux pas vous déranger, Haruno-san…

— Voyons Haku-chan, appelle-moi Mebuki-san ! Et je suis sûre que Sakura sera ravie de passer la soirée avec toi »

La concernée retient un haussement d’épaules pour ne vexer personne et aide plutôt Haku à dérouler un futon dans sa chambre. Le matelas est parsemé des longs cheveux du garçon et il a même sa couverture attribuée par Mebuki depuis son premier séjour chez les Haruno. Depuis, il a ramené l’une des pierres taillées par l’artisan des carrières de calcaire : une fleur de cerisier, pour agrémenter la chambre de Sakura.

Haku ajuste son couchage à sa guise et s'installe finalement en tailleur sur le futon pour fouiller dans le petit baluchon qu’il a avec lui. Il en sort une brosse pour se démêler les cheveux sous les yeux envieux de Sakura. Zabuza lui a bien fait comprendre qu’il valait mieux les garder courts tant qu’elle n’est pas certaine qu’on ne parviendra pas à l’empoigner par les cheveux pendant un combat.

« Est-ce que je peux te les brosser ? demande-t-elle soudain. »

Sakura a souvent démêlé les cheveux d’Honami lorsqu’elles étaient encore à l’Académie, à défaut de devoir brosser les siens — il y a au moins un avantage à son manque de longueur. Haku lui lance un regard étonné avant de lui tendre la brosse sans une once d’hésitation. La jeune fille s’applique à le coiffer sans tirer sur les nœuds, et brise de nouveau le silence entre eux.

« Haku… que s’est-il passé avec tes parents ? le garçon se crispe et met quelques minutes avant de lui répondre.

— Ma mère faisait partie du clan Yuki, elle a fui le village à cause de la purge des détenteurs d’un don héréditaire et a rencontré un civil. Elle a voulu commencer une nouvelle vie avec lui, surtout après que notre clan ait été décimé. Lorsque j’étais plus jeune j’ai commencé à développer mon don à mon tour et ma mère a voulu le cacher à mon père mais… il l’a découvert. C’était l’hiver, notre maison était couverte de neige et tout était gris dehors, on voyait à peine le ciel et les environs à travers les flocons. Il a voulu nous… ma mère et moi. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé mais je me suis réveillé et la maison était dévastée par des pics de glace qui se sont sûrement manifestés pour nous protéger, maman et moi…

— Oh, Haku, je suis désolée ! s’exclame Sakura qui ne veut pas le forcer à continuer.

— Ma mère n’a pas survécu non plus, il l’avait déjà… et Zabuza-sensei m’a trouvé quand je errais dans les rues du village. Il m’a recueilli malgré la rébellion qu’il préparait et m’a permis de m’installer à Kiri après l’instauration de Meï.

— C’est pour ça qu’il est si gentil avec toi…

— Pas vraiment, c’est juste que tu es très sensible Sakura. Zabuza-sensei est quelqu’un de juste, bien que dur, je te l’accorde. On ne peut pas le lui reprocher vu ce qu’il a vécu.

— Ce… ce n’est pas trop dur de venir à la maison ? chuchote-t-elle, presque honteuse.

— Non, ça me fait plaisir de voir que toutes les familles ne sont pas comme la mienne et tes parents sont vraiment formidables.

— Ils t’aiment beaucoup.

— Je leur en suis très reconnaissant. »

Sakura pose la brosse sans un bruit et essuie les larmes qui perlent au coin de ses yeux. Elle imagine trop facilement Haku, enfant, errer dans un village enneigé. Il a eu beaucoup de chance de rencontrer Zabuza. Son coéquipier remarque son émotion et Sakura lit sa peine dans ses grands yeux bruns lorsqu’il lui fait face. Malgré sa réserve habituelle, Haku s’est toujours montré un tant soit peu chaleureux et elle l’admire d’autant plus pour cela maintenant qu’elle connaît son histoire.

Elle le serre dans ses bras et il tapote maladroitement son dos, mal à l’aise avec l’affection qu’elle lui démontre. Sakura resserre son étreinte et Haku reste immobile quelques secondes de plus avant de faire mine de se dégager, les épaules affaissées comme si un poids venait de tomber de ses épaules.

« Tu seras toujours le bienvenu ici, Haku ! »

Leur quotidien reprend normalement le lendemain et ils se présentent devant Tomoo, le poissonnier, la semaine suivante. L’équipe Zabuza est mobilisée pour une mission de solidarité pendant que leur sensei remplit une mission classée secrète et les trois genin doivent nettoyer le pont du bateau de pêche de Tomoo pendant que des élèves de l’Académie aident à vider les poissons.

« Deux équipes rien que pour moi, c’est du luxe ! Tomoo s’exclame avec un sourire rayonnant pour Sakura et ses coéquipiers. »

Le reste des ouvriers reste à bonne distance d’elle, cependant. L’autre équipe en question s’avère être celle d’Oki, qui lance un regard sombre à Sakura en prenant un bac de poissons pour aider les ouvriers à transporter la marchandise de Tomoo jusque sur l’Esplanade pour le marché.

« Fais gaffe princesse, tu risquerais de te salir, l’interpelle Oki. »

Sakura l’ignore et se tourne plutôt vers Akira et Gakuun qu’elle n’a pas vus depuis l’obtention de leur diplôme.

« Qui est votre sensei ? leur demande-t-elle, curieuse.

— Akimi Suikazan.

— L’épouse du chef de clan ? la question pertinente de Suigetsu ne suffit pas à masquer ses tendances de commère. »

Sakura ne peut rien dire, c’est elle qui a lancé la conversation après tout. L’équipe Akimi se détache cependant des autres, à la surprise de la jeune fille. Si l’équipe Ao relève plutôt de la traque et des captures qui viendront alimenter la prison, l’équipe Zabuza elle, est dédiée aux missions sur les lignes de front. Cela signifie que Oki, Gakuun et Akira se consacrent à la torture et l’interrogation et cela ne ressemble pas du tout à Oki. Sakura se demande dans quoi l’équipe Tetsu est spécialisée, mais elle ne connaît pas assez Murazaki, Genki et Yūki pour le deviner.

Les genin n’ont pas l’occasion de s’interroger sur la répartition des équipes cependant. Sakura et ses coéquipiers s’activent sur le pont à force d’huile de coude et suent à grosses gouttes pour finir avant le retour de Tomoo. Suigetsu est le premier à jeter l’éponge, dépité, quelques heures plus tard et Sakura s’appuie au bastingage en soupirant, le dos endolori.

« Je croyais que les classes et missions de solidarité devaient aider à la reconstruction du village mais ça n’a rien à voir ! s’exclame l’Hôzuki.

— Mizukage-sama veut probablement souder le village pour éviter qu’une autre guerre civile ne se déclenche. répond calmement Haku en rinçant ses mains dans un seau d’eau claire. »

Sakura hoche distraitement la tête et propose d’aller déjeuner dans l’un des restaurants de l’Esplanade. Suigetsu approuve immédiatement l’idée d’une pause gourmande bien méritée et Haku se joint à eux à défaut d’avoir mieux à faire. Ils traversent le marché bruyant et ses odeurs alléchantes et Sakura évite de justesse de percuter une famille au bord d’un stand. Le marchand offre une pomme au bambin que la mère tient calé contre sa hanche et les parents se répartissent leurs achats à bout de bras avant de disparaître dans la foule.

Les Haruno ont commencé à vendre leurs confections sur le marché lorsqu’ils se sont installés, mais les broches et autres ornements de corail ont vite eu assez de succès pour installer la boutique dans l’Atelier. Les amateurs ont retrouvé Mebuki à la caisse pendant que Kizashi confectionne de nouveaux bijoux dans l’arrière-boutique. Le père de Sakura a récemment eu une illumination sur laquelle il travaille depuis des mois, mais il refuse de leur en parler tant qu’il n’a pas peaufiné son projet.

Sakura est bien curieuse d’en savoir plus et même l’associé de Kizashi, qui lui fournit le corail, n’a aucune idée de ce qu’il fabrique, au grand dam de Mebuki. La mère de Sakura n’a toujours pas réussi à percer le mystère entretenu par son époux.

L’équipe Zabuza jette son dévolu sur un kaiten-zushi et Sakura contemple les sushis en libre service sur le tapis roulant pour déterminer ce qu’elle va manger, le menton appuyé dans sa main. Suigetsu dévore tout ce qui se trouve à sa portée et Haku fait mine de lui planter un senbon dans la main avant qu’il n’y ait plus rien sur le tapis roulant. Cela n’empêche pas Suigetsu de jeter son dévolu sur le sushi que Sakura attend et elle lui attrape le poignet pour y imprimer une torsion menaçante pendant qu’elle se sert de l’autre main.

« Je vais finir par croire qu’ils te mettent au régime chez toi, commente-t-elle.

— Pas vraiment, mais ma mère ne me laisse pas me resservir plus d’une fois. La tienne est bien plus sympa ! »

Suigetsu a encore de la nourriture plein la bouche et la jeune fille secoue la tête sans répondre. Il est vrai que Mebuki laisse les garçons se resservir à volonté et Suigetsu montre souvent une appréciation particulière pour sa cuisine. Sakura se demande bien où il met tout ça. Elle-même ne lésine pas sur les repas pour tenir le coup lors de leurs entraînements et missions et se sert allégrement sur le tapis roulant.

Ils se séparent avec le ventre plein et la ferme intention d’impressionner Zabuza.

Maintenant que ses trois disciples peuvent repérer les individus qui les entourent grâce à la signature de leur chakra, Zabuza s’applique à leur apprendre comment masquer la leur. S’ils sont compris comment faire, ils ne parviennent cependant pas à masquer leur présence lorsqu’ils se déplacent. Zabuza signe un temps mort lors de l’un de ces entraînements afin de changer d’exercice et appelle Sakura près de lui.

« Avec moi, déclare-t-il mystérieusement. »

Un peu méfiante, la jeune fille s’approche à pas lents et grimace en réalisant qu’elle va affronter ses deux coéquipiers aux côtés du jônin. C’est l’occasion de bénéficier de l’entraînement spécifique à leurs dons héréditaires, et une séance d’esquive et de feines pour Sakura pendant qu’ils luttent pour maîtriser les techniques secrètes de leurs clans.

Elle se jette à couvert lorsque Zabuza fait signe de commencer et esquive de justesse le déploiement aqueux d’Haku. Un senbon effleure sa joue sans y faire d’entaille et Sakura réplique avec une salve de kunai. Suigetsu les dévie de leur trajectoire avec quelques shuriken et se lance à l’assaut de Zabuza dans un cri d’excitation. Il ne maîtrise pas encore la technique de liquéfaction de son clan malgré tous ses efforts en dehors des entraînements de son équipe, mais il compense en tâchant de se montrer digne de Kubikiribôchô — ou du moins il essaye.

Zabuza le n’a même pas dégainée pour l’affronter.

Il pare les coups du garçon sans difficulté et agrippe la main de Suigetsu pour le bloquer lorsque l’Hôzuki forme un pistolet avec ses doigts. Il détonne la technique aqueuse à bout portant et le jônin sursaute avant de disparaître dans un volute de brume. Il laisse derrière lui un genin pantois mais Sakura n’a pas l’occasion d’observer le reste de la confrontation.

« Trop classe, Haku ! s’exclame cependant Suigetsu, qui a le temps de regarder autour de lui. »

Haku ne se laisse pas distraire par le compliment et vise de nouveau Sakura pendant ce temps-là. Elle se réfugie derrière un stalagmite pour échapper à un second déploiement aqueux lorsqu’elle réalise qu’il n’y a jamais eu de stalagmite dans cette carrière de calcaire. L’anomalie a déjà commencé à fondre et un autre jaillit du sol pour la coincer contre le premier.

« Mais c’est génial ce truc ! rajoute Suigetsu. Allez Haku ! »

Sakura n’hésite pas à se hisser par-dessus les deux piques de glace et bondit sur Haku sans attendre pour l’engager au corps à corps, là où il est moins à l’aise. Malheureusement, cela ne suffit pas et un projectile aqueux heurte la tempe de Sakura lorsqu’Haku prend le dessus et parvient à l’immobiliser en lui tenant les deux bras dans le dos.

Elle tire la langue à Suigetsu, qui fait mine de souffler un peu de fumée au bout de ses doigts pour se moquer d’elle.

Sakura rit d’autant plus quelques secondes plus tard lorsque Zabuza réapparaît derrière l’Hôzuki et lui passe un kunai sous la gorge.

« Tu es trop confiant Suigetsu. Il ne faut pas douter de soi-même, c’est vrai, mais ton impertinence te perdra. »

Le concerné fait la grimace mais ne réplique pas et Zabuza le relâche. Haku fait de même et Sakura râle en essorant ses cheveux détrempés par l’attaque de Suigetsu. Leur coéquipier n’a même pas reçu une goutte d’eau, ses longs cheveux noirs toujours en place et Sakura tire aussi la langue à Haku, qui cache un rire derrière sa main en réponse.

« Suigetsu fait toujours attention à ne pas t’arroser, marmonne-t-elle. »

Zabuza jette une serviette à Sakura et lui donne quelques exercices à pratiquer afin d’améliorer les illusions qu’elle apprend à créer depuis quelques temps, avant de signaler la fin de l’entraînement pour ce jour-là. Il ne s’attarde pas plus longtemps avec eux, mais Suigetsu et Sakura déposent comme souvent Haku devant la hutte d’Azami avant de traverser le Pont Victoire et se séparer à l’Atelier Haruno avec la promesse d’une revanche lors du prochain entraînement.

Meizu et Gôzu sont de service au tableau des missions le lendemain et pour une rare fois, ils ne font pas de remarque à Sakura, peut-être parce que Zabuza garde une main posée sur l’épaule de la jeune fille. Les jumeaux prennent note du départ de l’équipe Zabuza pour la mission qui leur a été attribuée et échangent un regard malaisé face au jônin.

« Encore en sanction disciplinaire à ce que je vois. Bande d’incapables, crache Zabuza avant de s'éloigner. »

Ses trois disciples le suivent sans attendre leur reste, incrédules même en écoutant les indications de leur sensei concernant la mission. Ils doivent se rendre dans une ville côtière et surveiller le déchargement d’un bateau à la demande d’un marin anxieux. Les environs ne sont pas bien fréquentés ces temps-ci et il craint pour la sécurité de son chargement. Zabuza leur donne quelques conseils sur l’équipement à emporter avec eux et la durée estimée de la mission avant de s’éloigner sans un regard de plus.

« Je me demande bien ce qu’il a pu se passer entre eux et Zabuza-sensei pour que les choses soient si tendues… Sakura murmure.

— Je ne sais pas, répond Suigetsu.

— Ils ont participé au coup d'État non ?

— Ce n’est pas parce que tu fais partie des vainqueurs que tu n’as rien à te reprocher. »

Le ton de Suigetsu est soudain plus agressif et la jeune fille ne lui répond pas immédiatement. Il parle évidemment d'expérience et elle le surveille du coin de l'œil pour déceler ce à quoi il fait référence, sans succès. Suigetsu les salue tout de même avant de s’éloigner pour aller préparer ses affaires tandis qu’Haku et Sakura prennent la direction du Quartier des Alliés. Ils passent devant le salon de thé de Natsumi, qui les invite pour une cérémonie du thé en apercevant Sakura.

« Qu’il est beau garçon, Sakura-chan, la vieille dame commente bien trop fort. »

Haku baisse la tête, gêné, et Sakura se mord la lèvre pour ne pas rire tandis que Natsumi sort arroser les fleurs de la devanture pour leur laisser un peu d’intimité.

« Son frère aîné est décédé lors du coup d'État. Mangetsu, il faisait partie des Épéistes comme Zabuza et était très prometteur, lui confie soudain Haku.

— Oh.

— Je ne sais pas exactement comment il conçoit la chose mais il admirait beaucoup son frère et peut-être qu’il en veut à Suzu Biwa d’avoir impliqué un garçon aussi jeune dans leur révolte.

— C’est pour ça qu’il était toujours aussi tendu avec elle, réalise Sakura. »

Elle songe à la guerre civile qui a ravagé le village pendant près d’un an après la chute de Yagura. La purge avait déjà décimé les clans Hoshigaki et Hôzuki, sans parler du clan Yuki… Elle peut comprendre que Suigetsu en veuille au groupe de rebelles adultes et expérimentés qui ont entraîné avec eux des jeunes genin pour reprendre le pouvoir, coûte que coûte. Des genin qui, à l’époque, devaient encore tuer leur adversaire à l’Académie pour obtenir leur diplôme, réalise-t-elle dans un frisson d’horreur.

Le goût de son thé est d’autant plus amer qu’ils ont finalement perdu la vie pendant la révolte.

Sakura rejoint ses parents à l’Atelier en fin de journée et retrouve le sourire lorsque Kizashi lui promet avec un clin d'œil que son projet secret sera prêt lorsqu’elle reviendra de sa mission. Le regard de Mebuki se voile tout de même lorsqu’elle s’en va le lendemain, et Sakura se retient de promettre à sa mère que tout va bien se passer.

Zabuza lui a bien fait comprendre que cela ne changerait rien.

Elle trouve son sensei adossé au rempart lorsqu’elle rejoint son équipe. Haku se trouve près du jônin, perdu dans ses pensées et elle l’y laisse. Ils vont passer des jours et des jours ensemble, mieux vaut profiter des derniers instants de relative tranquillité avant le départ.

Sakura observe plutôt Zabuza à la dérobée.

Il a fondé Uzu — la faction rebelle, en désertant le village à l’âge de quinze ans. Avec les Épéistes qui l’ont suivi, il s’est installé sur les flancs de la Montagne Calcaire et même à l’heure d’aujourd’hui, personne ne sait où exactement. Il leur a fallu près de trois ans avant que la rébellion ne prenne assez d’ampleur pour menacer le règne de Yagura. Suzu Biwa et son clan ont rejoint le mouvement, tout comme les Terumî ainsi qu’Ao, à l’époque membre de l’ANBU, et la guerre civile a éclaté jusqu’à inéluctablement détrôner Yagura.

Le maelstrom ayant eu l’effet escompté, le camp de rebelles s’est peu à peu dispersé jusqu’à l’instauration de Meï. Uzu n’est plus qu’une faction du passé, mais maintenant que Sakura le regarde sans peur, Sakura réalise que Zabuza est profondément meurtri par ses jeunes années. Il a probablement gardé des séquelles du massacre de sa promotion à l’Académie et tout fait pour mettre fin au régime sanglant de Yagura depuis.

Quand bien-même il est terrifiant de lui faire face face, Sakura sait que le jônin fait tout pour qu’elle n’ait pas à vivre les mêmes horreurs de lui.

Sakura se promet de faire honneur au combat de Zabuza, qui dure finalement encore aujourd’hui. La violence ne s’arrête pas aux remparts du village.

Lorsque Suigetsu les rejoint, l’air bougon, elle lui sourit pour qu’il ne se sente pas mis à l’écart par leur conversation de la veille. Sakura s’élance derrière Zabuza pour rejoindre la ville côtière où a lieu leur mission et son coéquipier s’empresse de la dépasser en lui faisant une grimace.

Sakura éclate de rire et même Haku, resté à sa hauteur, se permet un léger sourire.

Suigetsu tente bien de dépasser Zabuza aussi, mais leur sensei hausse un sourcil avant de prendre un peu plus d’avance, et l’Hôzuki ne parvient plus à combler la distance entre eux. Cela le fatigue vite et bientôt, les trois genin courent côte à côte sur les traces de celui que, par le passé, on appelait le démon du brouillard.

Notes:

Fun fact, lorsque j’ai révisé ce chapitre et que j’ai vu dans le dialogue “il admirait beaucoup son frère et peut-être qu’il en veut à Uzu d’avoir impliqué un garçon aussi jeune dans leur révolte” j’avais complètement oublié la faction rebelle Uzu.

Je me suis dit que j’avais dû faire une faute de frappe (surtout que cette partie de la fic a été rédigée pendant mon premier Nanowrimo et je ne me relisais pas, j’écrivais juste le plus possible). Du coup j’ai regardé ma liste de personnages pour savoir de qui je pouvais bien parler à l’époque, j’ai édité pour mettre Suzu et je suis revenue en arrière pour ajouter quelques détails dans les premiers chapitres afin que tout soit cohérent… et puis j’ai lu la suite du chapitre et je me suis rendu compte qu’en fait, c’était bien Uzu (la faction) que je voulais écrire à l’origine.

Mais bon, Suzu avait quand même des choses à se reprocher alors j’ai laissé comme tel ! Que penses-tu du passé sanglant de Kiri ?

Chapter 8: Mauvais pressentiments

Summary:

Sakura en a appris plus sur ses coéquipiers et l’histoire de Kiri.

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Sakura a du mal à résister à l’envie de faire les magasins dans la ville côtière, très touristique, où la mission prend place. Elle marche aux côtés de Zabuza dans les rues bruyantes, Haku et Suigetsu sur leurs talons. Les yeux rivés sur les vitrines, elle repère une belle robe qipao, rouge, mais n’a pas l’occasion de l’observer de plus près, son sensei a déjà agrippé son épaule pour la diriger vers le port.

Beaucoup plus industriel que celui de Kiri, il est peuplé de marins aguerris et bourrus qui ne s’écartent pas tout de suite devant Zabuza. L’épée qu’il porte sur son dos les intimide cependant assez pour qu’ils le laissent passer et le jônin fait signe à ses apprentis de ne pas se faire remarquer quand bien même ils doivent jouer des coudes pour le suivre.

Leur client les attend sur un quai tout aussi fréquenté que les autres, un jeune homme basané par la vie en mer et en pleine force de l’âge. Les marins ne cessent de bousculer Sakura sans faire attention et elle craint un instant de tomber dans l’eau lorsqu’ils s’arrêtent près du client, Kei. Elle se souvient finalement qu’elle est une kunoichi et carre les épaules pour garder l'équilibre et dans le pire des cas, se servir de son chakra pour ne pas prendre un bain impromptu dans l’eau sale du bord de mer.

Leur crient gesticule vivement en désignant l’horizon pendant qu’il discute avec Zabuza. Quelques bateaux approchent avec les derniers rayons de soleil couchant mais le cargo de Kei doit accoster le lendemain matin. Les quatre ninja devront assurer la surveillance du déchargement dès l’aube.

Sakura parvient à rester campée sur ses jambes jusqu’à la maison de Kei, où l’équipe Zabuza sera logée le temps de la mission. Elle se laisse tomber sur le futon qu’on lui a attribué dans la chambre d’amis tandis que Zabuza fait méthodiquement le tour de la pièce pour plaquer quelques feuilles couvertes de sceaux près des portes et des fenêtres et les active d’un simple mudra avant de se tourner vers ses apprentis.

« Cette ville, bien que très touristique, est surtout mal fréquentée. La mission est de rang C, il ne devrait pas y avoir de complications mais vous devez être prudents et ne surtout pas provoquer d’altercation. La réputation de Kiri est en jeu. Maintenant, je vais vous montrer comment vous assurer qu’une pièce n’est pas sous surveillance ainsi que comment faire et activer des sceaux de contre-espionnage... »

Les trois genin s’appliquent à recopier les sceaux qu’il a utilisés et répètent leur activation et désactivation jusqu’à ce que leur sensei se montre satisfait.

Le lendemain s’avère être une dure journée malgré les dires de Zabuza. Quand bien-même ils n’ont pas grand chose à faire, les trois genin passent leur temps à patrouiller les alentours pour surveiller le déchargement et assister au déroulement, parfois houleux, de ce dernier quand les ouvriers peinent à transporter le contenu des cales.

Zabuza invoque un alligator à l’arrière du bateau lors de l’une des rondes de Sakura et elle écarquille les yeux en le voyant exécuter la technique. Elle sait que certains ninja peuvent signer un pacte avec des animaux extraordinaires, doués de parole, afin de solliciter leur aide mais le voir mordre son pouce jusqu’au sang et plaquer sa main au sol pour faire apparaître l’un d’eux la surprend tout de même — elle connaît enfin l’utilité de se tailler les dents en pointe, songe-t-elle distraitement.

« Ichibei va monter la garde avec toi, Zabuza fait signe à Sakura de rejoindre l’invocation en contrebas. »

Ichibei, un alligator aussi brillant que la mer miroitant sous le soleil d’été, fend l’eau avec aisance à chaque passage près de Sakura, non sans lui faire des clins d'œil. Sakura éclate de rire sans honte, ravie de la distraction qu’il lui apporte. Il n’y a pas de touristes dans cette partie du port et les marins ne s’effraient pas de l’animal qui disparaît parfois sous l’eau sans tout à fait parvenir à s’y fondre sans faire scintiller la surface par endroits.

« Par là, petite ! Ichibei pointe la direction qu’il a choisie du bout de la queue. »

Sakura le suit sur l’eau tandis qu’il ondule sous la surface et contourne le bateau pour inspecter l’horizon au cas où une menace s’y dessinait. Il n’y a que le reflet du soleil mouvant sur les vagues et loin du regard inquisiteur de Zabuza, Sakura ose offrir sa main tendue à Ichibei pour faire connaissance. L’alligator se laisse flatter, ravi de l’attention.

Malgré la pénombre qui tombe sur le port, Kei n’estime pas la journée terminée. Il jette régulièrement des regards inquiets au loin, au point d’agacer Zabuza, qui croise le regard de Suigetsu et lui fait signe de se rapprocher. Des trois genin, c’est lui le plus intimidant, entre ses dents en pointe et ses yeux violets et ils encerclent leur client pour l’acculer contre l’un des container. Suigetsu n’a pas besoin de se forcer pour avoir l’air menaçant tandis que Zabuza effleure la garde de Kubikiribôchô, le regard sombre au-dessus des bandages qui recouvrent son nez et sa bouche.

Sakura n’a pas besoin d’entendre ce qu’il dit — et qu’il articule clairement malgré le masque — pour se douter que Zabuza soutire des informations à Kei afin de savoir ce qu’il craint réellement. Leur client perd toutes ses couleurs et secoue frénétiquement la tête tandis que Suigetsu lance à ses coéquipiers un regard entendu et un haussement de sourcils qui ne présage rien de bon.

« Ça sent mauvais, confirme Ichibei à ses côtés. »

La jeune fille hoche la tête et se hisse sur le quai pour rejoindre Haku. L’alligator a raison, cela pue les complications. Zabuza s’éloigne de Kei sans rien laisser paraître et renvoie Suigetsu à son poste avant de se rapprocher de ses deux autres apprentis.

« Notre client craint qu’un magnat du transport maritime s’en prenne à sa cargaison. Comme vous le savez, le bateau vient du Pays des Vagues et Kei a eu la bonne idée de ne pas payer les taxes imposées par Gatô. Il s’attend donc à une récidive, d’où notre mission. Apparemment des mercenaires ont été repérés dans la ville. »

Aucun des deux genin ne répond, mais Sakura se doute qu’Haku pense à la même chose qu’elle. Zabuza a après tout mentionné que la ville est mal fréquentée. Elle a vaguement entendu parler de l’homme d’affaires que craint leur client. Il a fait tomber des économies entières pour les remplacer par ce qui est dorénavant son empire et tient plusieurs pays de l’archipel dans le creux de sa main.

Le Pays des Vagues en fait à présent partie, et Sakura se demande si Gatô s’en prendra au Pays de l’Eau lorsqu’il aura soumis suffisamment de marchands à ses taxes. Si l’import de marchandises tombe sous son influence, il ne sera plus qu'une question de temps avant que l’export ne subisse le même sort et le pays, encore fragile, sera à la merci de Gatô comme bien des autres.

Le ronflement d’un moteur la tire de ses pensées et elle se tourne vers les trois bateaux qui contournent le port pour foncer droit sur le cargo que Sakura et son équipe doivent protéger. Ichibei part à leur rencontre, les joues gonflées par ce qui se révèle bientôt être de la vase, qu’il crache dans la direction des bateaux pour les ralentir. Zabuza dégaine Kubikiribôchô et dépasse Sakura pour rejoindre son invocation tandis que les trois genin reprennent leurs postes autour de Kei et son cargo afin de les défendre.

Zabuza ne perd pas de temps pour intercepter le chef de la bande, sur le point d’accoster le cargo, et coupe littéralement le moteur en deux d’un mouvement de poignet. Sa mécanique tranchée, le bateau commence aussitôt à couler mais déjà, l’épéiste bondit sur le deuxième tandis qu’Ichibei revient vers les genin.

Le troisième bateau rugit en s’élançant dans son sillage et Zabuza tourne la tête trop tard pour voir l’avant du bateau se soulever dans un effort pour passer sur l’alligator.

Haku lui, a exécuté quelques mudra en assistant à la scène et un pique de glace surgit des flots pour empaler le moteur tandis que Suigetsu parcourt la distance qui le sépare le bateau du quai pour passer son katana sous la gorge du conducteur. Sakura sur ses talons, elle assomme les passagers de quelques coups à la nuque qui font honneur à l’enseignement de son sensei.

Près du client, Haku veille à la sécurité de Kei et de son bateau, le regard sombre.

Zabuza valide l’initiative de ses disciples d’un hochement de tête et ligote les mercenaires qu’il a arrêtés, les traînant derrière lui pour revenir sur le quai. N’étant pas ninja, ils ne peuvent pas marcher sur l’eau et prennent la tasse, encore en train de tousser quand Zabuza les fait rouler aux pieds de Kei. Effrayé, leur client lance un regard craintif au jônin.

« Vous direz à votre employeur qu’il ferait mieux de se payer les services de vrais shinobi s’il veut s’en prendre à des ninja. Au moins ils seront à armes égales, Zabuza commente en donnant un coup de pied aux mercenaires. »

Il fait signe à Haku de l’accompagner au poste de police pour remettre les bandits aux autorités qualifiées tandis qu’Ichibei se hisse sur le ponton avec Suigetsu et Sakura. L’invocation pousse un profond soupir et donne un coup de tête affectueux aux mollets des deux genin.

« Il s’en est fallu de peu et toute cette splendeur disparaissait ! Vous pouvez vous féliciter d’avoir sauvé la peau du plus bel alligator du royaume !

— Cela aurait été dommage, Ichibei-san, Sakura répond dans un sourire. »

L’alligator reste avec eux pour veiller au bon déchargement du reste du cargo jusqu’au retour de Zabuza. Kei n’a pas l’air rassuré de les voir s’en aller une fois la mission terminée, mais quelques mots échangés avec le jônin lui redonnent le sourire et il les salue d’un grand signe de main au moment de partir.

« Qu’est-ce que vous lui avez dit ? demande Sakura, curieuse.

— Que j’allais faire remonter les évènements au Daimyô et au Mizukage, il espère que les choses vont s’arranger. »

Suigetsu n’a pas l’air convaincu et le visage impassible d’Haku rend Sakura suspicieuse. Quand il ne dit rien, c’est souvent parce qu’il en sait plus qu’il ne veut le faire croire. Mais la réponse de Zabuza ne laisse pas place à des questions et Sakura en déduit que cela ne la regarde pas.

Le jônin confirme les soupçons de la jeune fille lorsqu’il se charge du rapport de mission, mais elle se contente de rentrer chez elle pour retrouver ses parents, curieuse d’enfin découvrir le projet secret de son père. Elle ne s'attarde même pas devant l’orphelinat dans l’espoir d’apercevoir Chôjûrô, trop pressée. Kizashi a diversifié sa collection d'ornements et de bijoux de corail avec de la vaisselle ces dernières années, un coup de génie aux yeux de son épouse qui a du mal à suivre le rythme des commandes chaque mois depuis.

Sakura ne doute pas que son père va encore se surpasser. Mebuki n’est pas parvenue à percer le secret du projet entre temps et elles s’installent à l’Atelier pour que l’artisan leur présente sa dernière invention. Kizashi y met les formes, heureux d’être venu à bout de son idée, et gratte l’un des favoris rose qui ornent ses joues avant de disparaître dans l’arrière boutique.

« Roulement de tambour ! réclame-t-il. »

Sakura s’empresse d’en improviser un en riant tandis que son père entre dans la boutique à pas de loup et dépose un petit paquet enveloppé dans du tissu devant Sakura et Mebuki. Elles se penchent, curieuses, et sursautent lorsqu’il en dévoile enfin le contenu.

Des kunai de corail.

Mebuki se mord la lèvre, mitigée, mais Sakura s’empresse d’en prendre un pour l’examiner sous toutes les coutures. L’arme est percée à certains endroits et Kizashi fait signe à sa fille de la tester, ce qu’elle s’empresse de faire.

Le kunai siffle en allant s’enfoncer dans le panneau de liège derrière le comptoir de l’Atelier, un jet de couleur vermeil qui enchante Sakura. Quand bien-même elle ne le montre pas, elle souffre de ne rien avoir à elle. Haku et Suigetsu ont hérité des techniques de leur clan. Zabuza est un Épéiste mais Sakura… elle n’a rien de particulier et son seul trait distinctif lui porte préjudice car elle détonne dans la foule.

Avec des kunai particuliers, elle pourra développer un style de combat qui lui est propre et surtout, qui lui convient. Elle se voit déjà jouer avec le sifflement de ses armes, les orienter pour tromper l’ennemi sur sa position et la provenance des kunai… Elle se jette dans les bras de son père, les larmes aux yeux.

« Merci ! Merci mille fois ! s’exclame-t-elle. »

Malgré son regard éternellement inquiet, Mebuki aussi serre Sakura dans ses bras. Kizashi donne à leur fille les moyens de se défendre, c’est le moins qu’ils puissent faire afin de s’assurer qu’elle ait toutes ses chances de rentrer à la maison. Sakura se détache finalement de ses parents pour partager un bon repas avec eux tout en discutant avec Kizashi des améliorations qu’il pourrait apporter à cette collection de kunai.

Sakura profite d’un jour de repos pour accompagner sa mère jusqu’au marché, heureuse de passer du temps avec sa famille. Elle aide Mebuki à porter ses achats à travers l’Esplanade et salue Takumi venu s’approvisionner tandis que Mebuki et Tomoo, le poissonnier, discutent de la première mission que Sakura a effectuée.

« J’ai tout de suite sû que j’étais face à une équipe de professionnels, déclare le commerçant. »

Le crâne dégarni de Tomoo reflète le soleil et attire l’attention de la jeune fille sur la conversation du poissonnier et de sa mère. Elle fait les gros yeux à son ancien client pour qu’il ne relate pas l’attaque des bandits et soupire de soulagement lorsqu’il comprend enfin le message et change de sujet.

Sakura n’a pas raconté le pire à ses parents. Elle ne voulait pas les choquer. Zabuza s’est chargé de lui donner accès à la cellule de soutien afin de gérer le contrecoup du traumatisme et même si les séances ne sont plus aussi fréquentes qu’après les évènements. Sakura sait qu’elle peut toujours y assister. Aujourd’hui, elle se sent capable de continuer sans. Ses nuits sont plus paisibles et elle souhaite s’émanciper de la cellule de soutien. Sakura ne peut pas se permettre d’en être dépendante alors que ce n’est probablement pas la dernière fois qu’elle sera confrontée à la violence de la vie de ninja.

Elle sera, tôt ou tard, contrainte d’ôter la vie d’un ennemi.

L’équipe Ao sort soudain de la Grande Arche et Sakura tire sur la manche de sa mère pour aller rejoindre Honami. Son amie lui annonce fièrement qu’ils font enfin faire leur première mission de rang C et la jeune fille lui sourit avant de se tourner vers Chôjûrô sous le regard attentif de sa mère.

« Il faudrait que tu viennes manger avec nous un jour Chôjûrô-kun, je suis sûre que tu auras plein de questions à poser à Zabuza-sensei, il fait partie de la guilde des Épéistes ! »

Chôjûrô esquisse un sourire avant de se raviser et de lancer un regard hésitant à Ao, craignant peut-être que le jônin s’offusque des propos de Sakura. Elle ne recommande pas particulièrement les conseils d’un autre sensei au garçon, mais… Le vétéran se contente de hocher la tête et de commenter d’une voix glaciale.

« Il est en effet bon de recueillir le témoignage de ceux qui se sont déjà mariés à la pratique de l’épée avant de le faire soi-même. Daiki, Honami, cela pourrait aussi vous intéresser si jamais vous retrouvez les épées Kiba. »

La boutade, bien que prononcée d’un air dédaigneux, suffit à relancer le conflit entre les deux, qui commencent immédiatement à se chamailler au sujet des épées perdues. Sakura étouffe un rire et cogne brièvement son épaule contre celle de Chôjûrô en lui lançant un regard entendu. Elle salue l’équipe Ao avant de tirer sa mère en direction du Quartier des Alliés.

Ao la suit d’un œil sombre et elle frissonne longtemps après avoir quitté l’Esplanade. Sakura et Mebuki remontent la pente douce qui mène jusqu’à l’Atelier et s’arrêtent au salon de thé pour une pause bien méritée, accueillies chaleureusement par Natsumi. Sakura s’empresse de débarrasser la vieille dame d’un plateau pour servir leur thé au riz soufflé elle-même.

« Un garçon que tu aimes bien ? demande soudain Mebuki.

— Quoi ? Euh… je… Sakura, le visage écarlate, se met à bégayer.

— Chôjûrô c’est ça ? Moi qui croyais qu’avec Haku-chan… tu me diras ils sont tous les deux très réservés, ça ne m’étonne pas que tu t’entendes bien avec eux. Tout va bien avec Haku-chan ? Ça fait longtemps qu’il n’est pas venu.

— Oui tout va bien avec Haku on a juste moins de temps libre qu’avant et il ne se passe rien avec Chôjûrô-kun.

— Pas encore, même si tu aimerais bien, souligne très justement sa mère. En tout cas, son sensei a un sacré sens de l’humour, porter des boucles d’oreilles avec le kanji entendre, c’est plutôt drôle ! »

Sakura ne l’écoute plus cependant et détourne les yeux, les joues brûlantes, mais Mebuki n’a pas besoin de confirmation pour tirer ses conclusions — ou rire d’Ao. Elles savourent leur thé en silence avant d’aller ranger leurs achats et Sakura s’affaire dans l’Atelier pour aider sa mère, organisant les rayonnages pendant que Mebuki accueille les clients. L’action simple et répétitive la laisse vaquer à ses pensées, jusqu’à s’interroger sur sa dernière mission.

« Maman, tu crois que Gatô pourrait faire du chantage au Pays de l’Eau maintenant que Kiri a regagné de l’influence et de la crédibilité ? »

Mebuki considère longuement la question avant de répondre. Une éventuelle tentative de mettre leur pays d’accueil sous la coupe d’un magnat du transport maritime n’a rien d’anodin. Sakura peut imaginer les hypothèses d’un esprit marchand comme celui de ses parents, surtout vis à vis des taxes abusives de Gatô.

Un homme d’affaires peut-il soumettre le pouvoir militaire de tout un pays ? Considérant les rénovations toujours en cours dans le village caché par la brume, il n’est pas difficile d’envisager le pire. Le Mizukage est jeune, sa politique encore fragile.

« Je ne sais pas ma chérie, peut-être. Cela dépend des décisions que prendra Meï-sama si la situation se présente. »

Sakura n’en demande pas plus, contrariée. Quelle décision prendra le Mizukage, si la situation se présente bel et bien ? Kiri sort d’une guerre civile et d’un règne de terreur, le village ne peut pas se permettre de tomber dans la pauvreté.

Il n’y a pas de raison de s’inquiéter, s’efforce de croire Sakura.

Elle s’attache plutôt à profiter de ses derniers instants avec sa famille, dont elle s’éloigne irrémédiablement depuis que son diplôme lui a accordé son autonomie. Le bandeau frontal qu’elle porte, bien qu’il pèse parfois lourd sur la tête de la jeune fille, est un symbole d’indépendance dont elle use chaque jour un peu plus.

Sakura fait partie des forces militaires du village, une adulte aux yeux de la loi.

Elle possède des armes, qu’elle polit et affûte chaque soir et son entraînement continue sous la tutelle de Zabuza. A présent qu’elle est plus à l’aise pour créer des illusions, elle tâche de les rendre plus puissantes et surtout, plus réalistes afin qu’un shinobi expérimenté s’y trompe et ne puisse pas s’en défaire si facilement.

Ce jour-là, Zabuza se laisse leurrer par celle qu’elle a créée. Sakura dissimule la position de ses coéquipiers en atténuant les cinq sens de leur sensei, à couvert derrière l’un des piques de glace d’Haku, et Suigetsu prend leur sensei à revers, armé de son katana. Zabuza repère la fluctuation de son chakra cependant et brise l’illusion pour envoyer Suigetsu au tapis.

Sakura laisse l’illusion se dissiper pour plutôt faire diversion avec une salve de kunai dans un sifflement aigu auquel la carrière de calcaire fait écho, mais Zabuza ne leur prête pas attention. Il repère Haku à l’ombre d’un stalactite, que Kubikiribôchô vient décrocher avec fracas et Zabuza apparaît parmi les fragments de glace pour maîtriser Haku en deux temps, trois mouvements.

« C’est mieux, Sakura. Il faut que tu déstabilises ton adversaire et lui fasse perdre ses moyens. »

Elle sait très bien à quoi il fait référence, une atmosphère oppressante qui entoure parfois le jônin et a plus d’une fois tétanisé Sakura dans ces mêmes carrières de calcaire. Elle a l’impression que tout ça a eu lieu dans une autre vie, et ne peut qu’espérer un jour faire le même effet à ses adversaires.

« Suigetsu, tu aurais pu amortir la chute avec une technique de permutation et un clone bien placé. »

Comme souvent, Zabuza apporte un point de vue extérieur à ses apprentis, et s’appuie sur les clones aqueux pour aider Suigetsu à approfondir sa compréhension de la technique de liquéfaction de son clan. Il tente d’aiguiller Haku pour découvrir les dons du sien, ce qui n’est pas chose facile. Il continue bien sûr à les former sur des techniques plus générales et approfondir celles qu’ils maîtrisent déjà tout en construisant leur endurance, agilité, vitesse et réflexes au jour le jour.

 

Zabuza dispense aussi des conseils en kenjutsu, une question d’honneur pour un Épéiste légendaire. Il refuse que ses apprentis ne soient pas capables de manier un katana, quoi que les genin pensent de son arme de prédilection.

« Tes kunai de corail m’intriguent, déclare-t-il finalement. On va travailler ensemble pour déployer tout leur potentiel. »

L’équipe Zabuza a développé une routine. Le matin, Haku passe chercher Sakura à l’Atelier et ils récupèrent Suigetsu en chemin pour aller consulter le tableau des missions. Sauf exception, ils retrouvent leur sensei à la Grande Arche et ce jour-là ne sort pas de l’ordinaire. Sakura prend les devants pour gravir les marches jusqu’au tableau des missions.

Ruka lui sourit en prenant note du départ de l’équipe Tetsu en mission. Sakura salue la chûnin qu’elle a plutôt l’habitude de voir dans le domaine médical et sourit à Murazaki lorsque leurs regards se croisent. Le garçon hoche la tête en réponse, aussi décontracté qu’à l’accoutumée.

« Bonne mission ! s’exclame Sakura, un peu gênée.

— A toi aussi Sakura-chan, réplique Murazaki avec un sourire en coin avant de disparaître. »

Sakura s’étonne de ne pas voir Gôzu et Meizu de service pour une fois, mais le calme qui découle de leur absence n’est pas pour déplaire à la jeune fille tandis que Zabuza est convoqué dans le bureau de Meï. Lorsqu’il ressort, son équipe prend connaissance de leur mission.

« Nous nous rendons au Pays des Vagues, annonce Zabuza. Nous allons protéger Gatô. »

Apparemment, les propos de Zabuza lors de leur dernière mission l’ont inspiré. Sakura lance un regard inquiet au jônin, dont l’expression est trop sombre au-dessus de ses bandages pour y lire quoi que ce soit. Un mauvais pressentiment s’empare de Sakura, et quelles que soient les instructions que Zabuza a reçues, elle ne sait qu’en penser.

Notes:

J’adore le pacte d’invocation avec des alligators pour Zabuza. Et toi, quels sont les animaux que tu associes à certains personnages ?

Chapter 9: Le Pays des Vagues

Summary:

Une ombre plane sur l’archipel. Gatô, le magnat du transport maritime, fait la loi jusque dans le Pays des Vagues. Sakura, armée de nouveaux kunai et shuriken de corail, est embauchée pour assurer sa sécurité aux côtés de son équipe.

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Le Pays des Vagues est différent de celui de l’Eau. Sakura produit un son visqueux en marchant dans une flaque de boue et Suigetsu éclate de rire derrière elle. Elle perd sa grimace de dégoût au profit d’une expression machiavélique tandis qu’elle pousse son coéquipier dans le marais qu’ils longent pour se venger. Haku cligne des yeux, l’ombre d’un rire aux lèvres pendant que l’Hôzuki mouline des bras pour se sortir de l’eau.

« Je me suis pris le pied dans une racine ! s’exclame-t-il en appelant à l’aide.

— Il y a des plantes rares ici, Haku commente en se rapprochant pour en cueillir certaines, sans faire un geste pour porter assistance à son coéquipier.

— Haku ! Aide moi ! »

Zabuza soupire et fait quelques pas sur l’eau pour attraper l’Hôzuki par le col et le sortir de toute la vase qu’il a remuée en se débattant, le pied coincé sous les racines des végétaux. Le jônin ne le montre pas mais Sakura a le sentiment qu’il cède peu à peu à leurs pitreries et y trouve peut-être même un peu de divertissement. Un regard vers Haku confirme cette impression et elle s’éloigne dans un rire tandis que Suigetsu secoue comme un chien pour l’arroser.

L’équipe est en chemin pour le repère de Gatô. Leurs chamailleries disparaissent lorsqu’ils arrivent en vue de la cabane, nichée entre les arbres. Un homme de main tente de leur barrer le passage mais Zabuza l’écarte d’un rude coup d’épaule pour entrer sans attendre.

Un petit homme les accueille à l’intérieur, juché sur un siège deux fois plus large que lui. Ses cheveux châtain virent lentement mais sûrement au poivre et sel et il porte une fine moustache qui ne parvient pas à se rejoindre sous son nez. Des lunettes rondes, bien noires, rendent son visage d’autant plus grotesque quand bien même son costume et sa cravate ne laissent pas de doute sur son identité : il s’agit là de Gatô, le magnat du transport maritime.

« Ah, Zabuza Momochi, ponctuel, c’est très bien. Vous n’étiez pas obligé d’emmener avec vous vos… stagiaires, Gatô adresse un regard dédaigneux aux trois genin.

— Vous avez payé pour l’équipe Zabuza, la voilà, répond le jônin sans rien laisser paraître. »

Gatô tousse dans le creux de son poignet sans répondre. Il est facile de deviner qu’il va les coller aux corvées les plus désagréables qu’il pourra trouver afin qu’ils ne soient pas dans les jambes de Zabuza et Sakura bouillonne intérieurement bien qu’elle ne le montre pas. Il faut imiter son sensei, éternellement impassible, si elle veut mener la mission à bien.

« L’esprit de révolte gronde dans un village. Un pont est en cours de construction pour rallier le Pays du Feu, cela me déplaît. Il s’agit de mon empire économique, c’est moi qui décide ! Gatô postillonne en parlant. »

L’épéiste prend place aux côtés de l’homme d’affaires pour assurer sa sécurité et les trois genin sont envoyés, sans surprise, dans l’armurerie pour y affûter les armes et les ranger. Gatô a imposé ses taxes au Pays des Vagues en engageant des mercenaires et bien qu’il leur fournisse les armes, ces derniers n’en prennent pas grand soin en dehors de interventions auprès des marchands.

Ils passent plus de temps à noyer leur salaire dans du sake.

Sakura ramasse une hache abandonnée dans un coin et l’examine un instant, surprise de la voir émoussée par endroit et le manche couvert de tâches de graisse plutôt que de sang. Elle trouve une seule trace de rouille à l’extrémité de la garde, car l’arme n’a pas été entretenue. La jeune fille fait la moue et s'attelle à rattraper les dégâts.

C’est bien là la différence entre mercenaires et ninja : le professionnalisme.

 

Les trois genin doivent aussi partager le dortoir des mercenaires et Zabuza, censé rester près de Gatô pour la nuit, fait un signe à Suigetsu et Haku que Sakura ne comprend pas. Ses coéquipiers déroulent leurs futon dans un coin de la pièce bruyante et odorante où les hommes de main tardent à rentrer après une soirée de beuverie. Haku tend un carré de tissu à Sakura et elle l’observe sans comprendre.

« Pour tes cheveux, souffle-t-il.

— Je ne comprends pas…

— Cache tes cheveux Sakura, il ne fait pas bon d’être une fille dans le coin… Ou même d’y ressembler, Suigetsu réplique de but en blanc. »

La mâchoire de Sakura s’en décroche. Elle n’a jamais considéré cette possibilité. Jusqu’à présent, leurs missions ont toujours eu lieu presque à huis-clos, et elle ne s’est jamais posé la question de ce que c’est qu’être une femme dans un monde composé en majorité d’hommes. Elle rassemble sans un mot sa chevelure rose sous le tissu blanc que Haku lui a offert et Suigetsu les laisse se blottir tous les deux contre le mur avant de s’allonger face à la porte.

Les trois genin s’endorment avec un kunai sous leur oreiller.

La nuit se passe sans encombre. A vrai dire, ce sont les mercenaires qui les réveillent aux premières lueurs du jour quand ils rentrent d’une soirée bien arrosée mais personne ne remarque les trois apprentis à l’autre bout du dortoir. L’équipe Zabuza n’attend pas son reste et rejoint le jônin dans la salle principale.

Il ne donne pas l’impression d’avoir passé une nuit blanche.

Sakura apprend encore à ne somnoler que d’un œil comme Zabuza le fait parfois, afin de se reposer lorsque rien ne vient perturber la nuit. Il scelle les affaires des genin dans un rouleau sous leur regard attentif afin qu’ils ne se les fassent pas voler — et puissent faire de même sans son assistance le lendemain — et le glisse dans sa veste d’uniforme avant d’aller déjeuner à leurs côtés.

« Qu’avez vous pu observer des mercenaires et de leur armement ? s'enquiert-t-il à voix basse. »

Satisfait de leur rapport, Zabuza leur fait signe de rester dans la pièce quand Gatô revient trôner sur son fauteuil et ignore les regards appuyés de ce dernier dans l’espoir de faire sortir les apprentis. L’homme d’affaires abandonne finalement pour se consacrer à l’arrivée d’un villageois fatigué, venu plaider sa cause dans l’espoir d’être exonéré de taxes.

Les hommes de main de Gatô le jettent aux pieds du magnat du transport maritime. Ils lui ont passé un sac en toile sur la tête pour qu’il ne connaisse pas la localisation du repère et le villageois le retire en haletant. Il se prosterne devant Gatô, désespéré.

« Par pitié, nous ne pouvons plus supporter vos taxes… Nous avons besoin d’argent pour nourrir nos familles !

— Vous avez besoin d’argent pour construire ce fichu pont, surtout ! Gatô crache sur la silhouette prostrée du villageois. Heureusement, j’ai embauché les personnes idéales pour se débarrasser de votre architecte. »

L’homme d’affaires rie au nez du villageois et le met dehors à coups de pied. L’un des hommes de main se glisse dans la pièce d’un air embarrassé et fait signe à ses collègues de faire entrer deux autres personnes lorsque Gatô lui accorde son attention.

« Boss, on a trouvé ces deux-là dans les bois en rentrant cette nuit… »

Les deux hommes qui titubent au milieu de la pièce s’avèrent être Meizu et Gôzu, les yeux brûlants de haine et la chaîne reliant leurs gantelets de métal enroulée autour de leurs deux corps ensanglantés. Gôzu jette un regard mauvais à l’équipe Zabuza tandis que son frère s’explique.

« L’architecte, il a recruté des ninjas de Konoha. Ils nous ont repéré et nous ont fait la peau ! Mais on les aura boss, j’vous jure !

— Ouais frère, on va leur faire payer cet affront ! renchérit le cadet. »

Gatô les ignore pour se tourner vers Zabuza et le jônin soutient son regard, impassible.

« Je double votre paye si vous me débarrassez de cet architecte et de ses gardes du corps. Vous pouvez-même emmener vos stagiaires avec vous. »

Le jônin hoche la tête et tourne brièvement les yeux vers les Frères Démons.

« Je ne sais pas à quoi vous vous attendiez en embauchant ces deux-là. Ils ont déjà du mal à garder leurs coéquipiers en vie, on ne peut pas compter sur eux. »

Les jumeaux lui adressent un regard haineux et tentent de se lever pour lui faire face, sans succès.

« Un haut gradé de Kiri me les a recommandés. »

C’est la seule réponse de Gatô. Il fait évacuer les deux chûnin et comme il l’a indiqué à Zabuza, il ne dit rien lorsque Sakura, Haku et Suigetsu emboîtent le pas à leur sensei pour quitter le repère et intercepter l’équipe qui protège l’architecte. Zabuza ouvre la marche et leur donne ses consignes avant qu’ils ne s’élancent entre les arbres.

« L’équipe sera sûrement composée d’un gradé et de trois subalternes, vous connaissez la stratégie dans ce genre de confrontations. »

Les genin hochent la tête, secrètement réjouis d’avoir un peu d’action et l’occasion de gagner en crédibilité. Ils n’ont jamais affronté d’autres ninja que leurs camarades de classe à l’Académie, pas encore diplômés.

Zabuza leur fait signe de ralentir leur course lorsqu’ils arrivent à portée de l’architecte et de son escorte. Le petit convoi se déplace sur la route principale et leur client, un vieil homme encore vif pour son âge malgré son dos bossu, est entouré par trois genin de l’âge de Sakura.

Elle remarque aussitôt celui qui a le plus d’assurance dans l’équipe, plutôt beau garçon.

Brun, il a les cheveux noirs ébouriffés à l’arrière de son crâne qui tombent en deux longues mèches de par et d’autres de son visage aux traits délicat. L’autre garçon, blond aux yeux bleus et vêtu d’une combinaison orange, est bruyant — déjà qu’on ne pouvait pas le rater avant — et paranoïaque. Il lance des kunai à tout va et déloge un lapin des fourrés au bord du sentier.

Sakura et ses coéquipiers profitent du vacarme pour se mettre en position sans se faire remarquer.

La seule fille de l’équipe, enfin, a les cheveux violets et courts bien qu’une mèche plus longue tombe un peu en-dessous de son épaule du côté gauche. Elle porte une longue jupe rouge qui doit entraver ses mouvements et un châle rose à rayures noué autour de son cou et ses hanches, par-dessus un haut violet. Deux bracelets dorés tintent à son poignet.

Les ninja de Konoha portent tous des sacs de voyage encombrants sur leurs dos et le jônin qui les accompagne semble avoir l’âge de Zabuza malgré ses cheveux gris. Sa démarche nonchalante aurait pu être trompeuse, si Sakura n’était pas habitée à l’attitude placide de son sensei sanguinaire.

A ce moment, Kubikiribôchô traverse la route pour aller s’enfoncer dans un cèdre de l’autre côté. Zabuza apparaît en équilibre sur la garde un battement de cœur plus tard, comme si penser à lui avait suffit à l’invoquer.

Le jônin de Konoha, qu’un instinct expérimenté a fait réagir à temps pour ordonner à ses apprentis de se jeter au sol, semble le reconnaître immédiatement. Il s’approche sans peur du démon du brouillard qui les regarde par-dessus son épaule. Sakura n’entend pas ce qu’ils disent, mais le garçon blond n’en a visiblement pas grand chose à faire puisqu’il charge immédiatement Zabuza, seulement stoppé par son jônin qui lui ordonne de ne pas s’en mêler.

« C’est un adversaire hors de votre portée. »

Le jônin de Konoha porte une main à son visage pour soulever le bandeau frontal qui recouvre son œil gauche et révéler une prunelle rouge sang.

« Kakashi Hatake, c’est un honneur de faire face au ninja copieur de Konoha, répond Zabuza. »

Si Sakura a une bonne excuse pour ne pas savoir ce qu’est un Sharingan, ce n’est pas le cas des trois genin originaires de village caché par les feuilles et son angoisse d’affronter une autre équipe — qu’elle n’avait pas remarquée jusqu’à présent, disparaît au profit d’un peu anticipation.

Ces adversaires sont à sa portée.

Le garçon aux cheveux noirs explique à son coéquipier, Naruto, ce qu’est un Sharingan et elle se demande brièvement si Konoha enseigne la discipline à l’Académie tant l’équipe face à eux se montre récalcitrante à l’idée d’obéir à leur sensei. Déjà, la brume dans laquelle Zabuza va se camoufler envahit la petite clairière et l’équipe de Kakashi se regroupe autour de l’architecte dans une vaine tentative de protéger leur client.

Encore dissimulée dans les fourrés, l’équipe Zabuza assiste à la confrontation entre les deux jônin tandis que leur sensei disparaît dans la brume. Le silence qu’il laisse derrière lui ne dure qu’un temps et Sakura peine à retenir un sourire en entendant la description que Kakashi fait de son adversaire. Il est intéressant d’entendre ce qu’on dit de Zabuza hors de village et Sakura, qui a déjà parcouru quelques pages du Bingo Book, a bien l’intention de le relire avec plus d’attention maintenant qu’elle est confrontée à des shinobi d’autres nations.

Les informations que Kakashi donne à ses apprentis semblent les terrifier plus que les mettre en garde et pour la première fois, Sakura réalise que Zabuza n’a pas été trop dur avec elle lorsqu’il l’a prévenue que sa peur finirait par lui coûter la vie. Elle le constate à présent en voyant ces trois genin faire face à un adversaire contre lequel ils ne sont pas de taille. Quelque chose en elle se tord sournoisement, un peu de honte à l’idée de les voir mourir, mais elle fait impitoyablement taire les remords qui menacent de s’emparer d’elle.

« C’est eux ou moi, murmure-t-elle pour se donner du courage. »

Le choix est facile, constate Sakura en se concentrant sur la signature de chakra de Zabuza. Son intention meurtrière ne l’affecte plus, parce qu’il leur a enseigné bien des fois comment lutter contre elle et si celle de Kakashi, encore méconnue, lui fait froid dans le dos, elle ne paralyse pas la jeune fille car elle sait très bien qu’elle ne devra pas l’affronter.

Les genin de Konoha n’ont pas cette chance et Zabuza réapparaît soudain entre eux et le client qu’ils protègent.

Kakashi se jette immédiatement entre l’autre jônin et ses apprentis et poignarde Zabuza dans le même élan. Seul un peu d’eau s’écoule de l’abdomen du démon du brouillard et il apparaît à nouveau derrière le ninja copieur de Konoha, qu’il scinde en deux d’un revers barbare de Kubikiribôchô.

Fidèle à son surnom, Kakashi a imité le clone aqueux de Zabuza dès qu’il a constaté la feinte de ce dernier cependant, et une nouvelle technique de permutation vient renverser la donne. Il passe le kunai sous la gorge de Zabuza. Tout comme son sensei, Sakura est impressionnée par les prouesses du Sharingan qui a su déjouer la brume du démon du brouillard.

Zabuza se réjouit de faire face à un ennemi à sa taille, si elle en croit le rire grave qui vient secouer ses épaules. Le kunai effleure les bandages qui recouvrent son menton et sa gorge sans qu’il ne s’en inquiète et lorsque Kakashi le poignarde à nouveau, le clone disparaît dans une gerbe d’eau.

Les deux jônin échangent enfin quelques coups et Sakura admire son sensei, qu’elle voit combattre sans restreinte pour la première fois. Elle doit bien admettre que cela l’inspire d’autant plus à continuer son apprentissage, elle veut se montrer digne de Zabuza.

Le jônin projette son adversaire dans l’eau et atterrit à ses côtés un instant plus tard en effectuant quelques mudra pour emprisonner Kakashi dans une bulle d’eau. Surprise qu’un ninja de Konoha ait pu envisager de rester dans l’élément de prédilection d’un ninja de Kiri, Sakura n’a cependant pas le temps de considérer la chose.

La prison aqueuse de Zabuza signale que c’est au tour de ses genin d’intervenir.

Sakura jaillit des fourrés avec ses coéquipiers. Avec leur sensei rendu vulnérable par cette technique car il ne peut pas s’éloigner de la prison aqueuse sans relâcher son adversaire, il est temps pour l’équipe Zabuza de prendre le relai.

En quelques secondes, Sakura a agrippé les cheveux violets de l’autre kunoichi et lui a passé un kunai sous la gorge. Pendant ce temps-là, Suigetsu plaque deux doigts contre la tempe de Naruto pour former un pistolet menaçant. Haku tient le troisième genin en joue avec une poignée de senbon et un clone de Zabuza rejoint son équipe pour s’assurer que l’architecte ne s’enfuira pas. Le vieil homme est tétanisé, le visage déformé par une expression d’horreur.

« Bon travail, le jônin les félicite et un léger sourire se dessine sur ses lèvres à travers ses bandages. Malheureusement, nous ne sommes pas ici pour assassiner l’architecte. Notre mission consiste à infiltrer l’entourage de Gatô en tant que gardes du corps.

— Meizu et Gôzu… Sakura réfléchit tout haut. Le but réel de leur mission est de le faire disparaître ?

— Ils sont réputés pour leurs sanctions disciplinaires et ce ne serait pas la première fois qu’ils amochent un client, renchérit Haku. »

Suigetsu hoche la tête comme s’il a tiré les mêmes conclusions et cette fois, le sourire de Zabuza est franc, même sous ses bandages. Il libère Kakashi, non sans un regard méfiant, et rejoint la terre ferme sous les yeux ébahis des genin de Konoha. L’équipe Zabuza les relâche, non sans remarquer que le garçon aux cheveux noirs tient un shuriken géant qu’il ne semble pas tout à fait décidé à ne pas lancer. La kunoichi que Sakura a maîtrisée si facilement tremble comme une feuille et Naruto semble encore hésiter entre faire de même et se battre avec Suigetsu, dont il surveille les mains avec méfiance.

« Comment allez vous justifier que vous n’avez pas tué Tazuna ? demande finalement Kakashi.

— On ne vous a jamais attrapés et pendant qu’on était occupés Gatô était sans défense, réplique Zabuza. »

Sakura n’a pas développé le fond de sa pensée mais elle ne peut pas ignorer que selon Gatô, un haut gradé les a recommandés. C'est-à-dire que quelqu’un, à Kiri, les a envoyés — des chûnin ! — en mission d’assassinat sans l’autorisation du Mizukage. De quoi peut-il bien s’agir ? Qui a l’autorité pour cela ? Elle n’a pas l’occasion de formuler des hypothèses.

« G-g-Génial ! s’exclame soudain Tazuna. »

Le vieil homme fait un bond, les bras levés vers le ciel et avec lui, c’est tout un pays qui reprend espoir. Si Gatô vient à disparaître, les habitants pourront terminer le pont et les taxes n’auront plus lieu d’être. Le Pays des Vagues pourra enfin développer une économie florissante.

« Venez avec nous, je n’habite pas loin et vous méritez bien un bon sake pour le service que vous nous rendez ! continue le vieillard. »

Les genin de Kiri échangent un regard avant de rejoindre leur sensei pour emboîter le pas à Tazuna. Quelques instants plus tard, l’équipe Kakashi se met aussi en marche.

« Je m’appelle Naruto Uzumaki et je suis le prochain Hokage de Konoha ! se présente le blond, les mains croisées derrière la tête.

— C’est mal barré… murmure Suigetsu tandis qu’à côté de lui, quelqu’un ravale un rire.

— Sasuke Uchiwa, lâche celui qui était à l’origine du rire.

— Moi c’est Ami Mitarashi, continue la troisième membre de l’équipe Kakashi. »

Sakura contemple les tenues de Naruto et Ami en se demandant comment ils peuvent espérer être discrets dans ces accoutrements. La jupe de l’autre fille n’a pas l’air pratique pour faire des mouvements amples mais maintenant que Sakura y pense, Ami n’a pas fait beaucoup de mouvements depuis leur embuscade.

Quant à Naruto… il ne cherche pas à passer inaperçu.

Ami lance des battements de cils réguliers en direction de Haku, qui ne lui a toujours pas adressé un regard. Il a gardé ses longs cheveux noirs dans un chignon recouvert par un carré de tissu couleur crème semblable à celui qu’il a prêté à Sakura la veille.

Sakura les observe à la dérobée car il apparaît de plus en plus évident qu’Ami adopte habituellement ce comportement vis-à-vis de Sasuke, mais ce dernier n’a pas l’air de s’offusquer de l’intérêt naissant pour Haku, au contraire. Ses épaules se sont presque relâchées depuis qu’ils ont commencé à marcher. Suigetsu, cependant, ne voit pas la chose d’un si bon œil.

« Arrête de faire les beaux yeux à mon coéquipier ! proteste Suigetsu.

— Quoi ? Mais non, je ne fais rien… de toute façon je préfère Sasuke-kun ! s’exclame Ami. »

L’équipe Zabuza se présente à son tour tandis que leur sensei et Kakashi ouvrent la marche. Ils se lancent des regards méfiants à tout bout de champ jusqu’à ce que le jônin de Konoha se permette une remarque faussement nonchalante.

« Je n’imaginais pas que le démon du brouillard prendrait des apprentis.

— On ne m’a pas vraiment laissé le choix après le coup d’Etat, répond Zabuza, sans inflexion.

— Ils ont l’air en avance pour leur âge.

— Ils ont obtenu leurs diplômes il y a un an. »

Le ninja copieur de Konoha ne fait pas plus de commentaires mais le coup d'œil peiné qu’il adresse à Sakura et ses coéquipiers ne passe pas inaperçu, ni les exclamations de surprise de son équipe, à peine sortie de l’Académie.

Notes:

Et voilà qu’on a rattrapé les événements de Naruto… Que penses-tu de la nouvelle équipe 7 ?

Chapter 10: Tuer ou être tué

Summary:

Sakura a fait la rencontre de l’équipe Kakashi et soupçonne des jeux de pouvoir à Kiri. Quelqu’un a envoyé les Frères Démons au Pays des Vagues pour assassiner Tazuna à l’insu de Meï.

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Le bruit de la vaisselle ne parvient pas à recouvrir celui des conversations dans la maison de Tazuna tandis que les shinobi attablés débarrassent leurs plats d'accompagnement pour accommoder les garnitures et théières sur la table. Sakura délaisse les fruits de mer au profit de légumes et échange de bol avec Suigetsu pour agrémenter leurs bols de riz à leur convenance avant de faire passer les légumes à Haku par habitude.

Suigetsu a déjà servi des fruits de mer à leur coéquipier, remarque-t-elle avec un sourire.

La fille de l'architecte, Tsunami, a accueilli les huit shinobi à bras ouverts et écoute Suigetsu relater leurs péripéties avec Kei afin de comprendre comment ils sont arrivés jusqu’au Pays des Vagues. Le récit du combat sur le bateau la fait bien rire et elle essuie quelques larmes de joie aux coins de ses yeux.

« Kei-kun est un ami d’enfance, explique Tsunami. Un jour, on est partis d’un restaurant sans payer la note car ils nous avaient oubliés sur la terrasse. Le cuistot nous a vu faire, ils nous a poursuivi avec une poêle encore fumante, je n’ai jamais couru aussi vite de ma vie ! »

Elle repousse une mèche de cheveux bruns derrière son oreille en contant l’anecdote de jeunesse et son fils, Inari, l’air soucieux, croise les bras sur son petit torse. Il est réservé et un peu bourru mais il s’est vite intéressé aux six genin attablés, curieux de leurs missions. Il jette des regards inquiets vers Zabuza tandis que Sakura lui raconte les années passées à l’Académie et l’apprentissage sous l’autorité du jônin.

Zabuza dépasse largement d’une tête l’assemblée réunie autour de la table à manger. Kubikiribôchô pèse sur son dos et celui des civils présents, mais l’épée n’a jamais semblé trop lourde pour le sensei de Sakura.

Appuyé contre le mur de l’autre côté de la pièce, Kakashi affecte un air faussement relaxé, mais son œil visible s’est écarquillé en entendant le récit de la première mission des genin de Kiri. Sakura n’a rien dit sur le coup, mais tandis que ceux de Konoha partagent leurs étranges expériences — sauver des chats perchés dans des arbres ou repeindre une barrière, s’agit-il vraiment de missions ? — elle comprend mieux l’étonnement du jônin.

Les missions de solidarité ont parfois pu paraître barbantes pour Sakura, mais tous à Kiri savent qu’elles n’ont de mission que le nom. Il s’agit de travaux d’intérêt général et c’est pour cette raison qu’ils sont principalement assignés aux élèves de l’Académie, sous la surveillance des ninja gradés.

Elle échange un retard gêné avec Suigetsu et Haku.

Sasuke ne parle pas beaucoup mais Naruto compense amplement pour lui et Ami, pendue au bras du brun, n’a pas cessé d’essayer de lui faire la conversation. Il est pourtant évident qu’il n’a pas envie d’y être intégré, songe Sakura.

« Je ne savais pas qu’il y avait deux filles par équipe à Kiri ! En fait, je ne savais même pas qu’il y avait d’autres villages ninjas avant ce matin ! commente soudain Naruto. »

Cela jette un froid sur la pièce tandis que Kakashi laisse sa tête choir, désemparé. Sakura sent ses veines gonfler sur ses tempes dans un effort pour contrôler son tempérament. Elle se résout finalement à détromper Naruto lorsque personne d’autre n’ose le faire.

« Je suis la seule fille de l’équipe, Haku est un garçon, articule-t-elle lentement.

— Comment c’est possible pour un garçon d’être aussi joli ?! s’exclame le blond.

— On peut être joli et un garçon ! réplique instantanément Suigetsu.

— Merci Naruto-kun, j’accepte le compliment. »

Le sourire candide de Haku permet d’alléger un peu la tension et Sakura aperçoit sa main apaisante sur le poignet de Suigetsu sous la table. Les bandages de Zabuza s’étirent comme s’il s’est permis un rire à la réaction exacerbée de l’Hôzuki. Tsunami en profite pour se lever tandis que derrière elle, Sasuke se dégage de l’étreinte d’Ami.

« Au lit, Inari ! »

Le petit garçon fait une moue, pas décidé à aller se coucher et Tazuna se lève pour l’accompagner à l’étage pendant que Tsunami débarrasse avec un soupir. Les genin l’aident à ranger avant d’aller organiser leurs couchages dans la chambre d’ami et Sakura se partage quelques sceaux avec Haku et Suigetsu pour sécuriser la pièce sous le regard approbateur de leur sensei.

« Qu’est-ce que vous faites ? demande Naruto. »

Kakashi détourne les yeux des genin de Kiri pour fournir quelques explications à ses propres apprentis et bientôt, tous les futon sont déroulés. Sakura s’installe sur le sien et inspecte son équipement par habitude tandis qu’à côté d’elle, Ami coiffe soigneusement ses cheveux violet, les sourcils froncés.

« Tu m’as fait mal lorsque tu les as attrapés tout à l’heure, dit-elle finalement.

— C’était le but et c’est pour ça que je porte les miens aussi courts, je ne veux pas qu’un ennemi ait raison de moi en me tirant les cheveux. »

Ami bat des cils, hébétée et baisse les yeux sur le kunai entre les mains de Sakura. La jeune fille affûte son arme machinalement, la tête penchée pour écouter le raffut de l’autre côté de la pièce. Un paravent les sépare des autres et l’ombre de deux garçons s’y dessine, engagés dans un bras de fer, jusqu’à ce que l’un des deux prenne le dessus.

« Naruto-kun a gagné, souffle Sakura. »

Suigetsu, son adversaire, réclame une troisième manche pour les départager et Sakura se lève souplement pour se glisser derrière son coéquipier, qu’elle vient chatouiller sans merci. Déconcentré, l’Hôzuki se tord dans tous les sens pour lui échapper tandis que Naruto s’empare de la victoire.

« C’est pas juste ! Suigetsu pousse un cri de rage et se jette sur Sakura pour se venger.

— C’était trop facile ! s’exclame-t-elle en riant. »

Sakura tâche de lui échapper, sans succès et finit roulée en boule, secouée de gloussements. Haku finit par avoir pitié d’elle et retient Suigetsu suffisamment longtemps pour qu’elle reprenne son souffle tandis que Sasuke prend la place de l’Hôzuki pour affronter Naruto dans un nouveau bras de fer, sous les encouragement d’Ami qui les a rejoint de l’autre côté du paravent.

Sakura ne voit jamais le résultat de leur confrontation, car elle s’endort avant que l’un d’eux n’ait abandonné.

Le lendemain matin voit la maisonnée s’activer de bonne heure. Haku a bravé la rosée pour cueillir des plantes médicinales et revient pour le petit-déjeuner, guilleret. Tazuna doit se rendre sur le pont pour en coordonner la construction et les deux équipes conviennent de se relayer pour le protéger. Zabuza prend le premier tour de garde, non sans un regard entendu à l’égard de ses disciples.

Kakashi se tourne vers les six genin et les jauge un instant avant de les guider jusqu’à une clairière. Il se rapproche d’un cèdre, dont il gravit le tronc tout naturellement. Sakura hausse les sourcils en croisant les bras, ne sachant que faire de la démonstration. Suigetsu baille et se laisse aller contre elle pour appuyer un coude sur l’épaule de Sakura et soutenir sa tête d’une main, ennuyé.

« Voici comment grimper aux arbres sans les mains, annonce le jônin de Konoha depuis la branche où il s’est arrêté, la tête en bas. Un problème, équipe Zabuza ?

— Aucun, nous savons déjà faire ça, et marcher sur l’eau, répond Haku, étant le seul capable de le dire poliment.

— On veut bien les regarder galérer si vous voulez, renchérit Suigetsu. »

Ignorant la provocation, Kakashi se laisse tomber au sol et ne répond pas. Il se tourne vers ses apprentis pour leur expliquer la théorie derrière la technique qu’il vient d’utiliser et les genin de Kiri n’attendent pas leur reste. Un peu à l’écart, il se lance dans l’un de leurs entraînements habituel en l’absence de leur sensei.

Sakura s’élance entre les piques de glace générées par Haku et danse autour d’eux pour esquiver les assauts de Suigetsu, dont le katana manque plus d’une fois de la prendre à revers. L’Hôzuki manie la lame avec talent, et bloquer un coup avec son propre kunai fait trembler les bras de Sakura jusque dans ses épaules, la différence de force ne faisant que grandir à chaque choc.

Suigetsu lui fait une grimace pour la déconcentrer et elle éclate de rire avant de virevolter plus loin, hors de portée.

C’est sans compter Haku, dont la volée de senbon frôle dangereusement le sommet de leurs crânes. Sakura et Suigetsu baissent leurs armes et s’avouent vaincu sous le regard attentif de l’équipe Kakashi. Sakura croise le regard de Sasuke et ne peut s’empêcher de lui sourire. Il est vrai que l’autre genin est beau garçon, simplement…

Chôjûrô l’attend au village caché par la brume.

Ou du moins, elle l’espère. Toujours éprise de son ancien camarade de classe, Sakura rejoint ses coéquipiers pour leurs exercices d’endurance et de renforcement musculaire dans la bonne humeur. Elle ne regrette pas le régime d’entraînement sévère qu’elle s’est imposé depuis l’Académie. Sakura a de l’avance sur les genin de son village d’origine et elle n’ose imaginer ce qu’il serait advenu d’elle si elle avait grandi à Konoha.

Aurait-elle un jour envisagé de se surpasser ?

Elle n’en est pas certaine.

La carrière de Sakura, dans toutes ses zones d’ombres, l’a toujours poussée dans ses retranchements. Quelles que soient les manigances qui lui ont permis d’arriver jusque là, elle trouve du réconfort dans le chemin parcouru depuis l’Académie. Les efforts qu’elle a fourni sont avant tout les siens et elle est d’autant plus reconnaissante envers Zabuza, qui ne l’a pas laissée se complaire dans sa médiocrité, ni se leurrer sur la dure réalité de la vie d’un ninja.

Ce n’est probablement pas plus mal, songe-t-elle en regardant l’équipe Kakashi.

Les genin de Kiri rejoignent Zabuza en milieu de matinée pour monter la garde à leur tour. Le temps passe lentement, sans imprévu, sur le pont en construction et Sakura se réjouit des défis qui l’attendent lorsque Kakashi et ses apprentis prennent la relève pour l’après-midi. Zabuza a encore bien des choses à leur apprendre.

Ils ne soufflent pas mot de cette partie de l’entraînement ce soir-là. A table, les conversations sont légères, sans risque de dévoiler les secrets de leurs villages respectifs. Sakura éloigne les mains chapardeuses de Suigetsu lorsqu’il lorgne son plat avec un peu trop d’intérêt, et partage un détail sans conséquence avec l’équipe Kakashi.

« Mes parents sont originaires de Konoha.

— Le nom Haruno me disait bien quelque chose… »

Kakashi lui sourit d’un œil, l’air sincère, et Tazuna demande à Sakura comment la famille Haruno a élu domicile à Kiri, intrigué. Lui-même a choisi les services de Konoha par défaut. Avec le reste de l’archipel sous le joug de Gatô, il n’était pas certain de trouver du soutien à Kiri. Le village n’a pas encore restauré sa réputation d’antan non plus, mais Sakura ose espérer qu’avec des missions comme celle-ci et un régime politique plus stable, Kiri sera bientôt rétabli comme une grande puissance dans le monde ninja.

Les prochains jours se répètent de la même façon.

Ce matin-là, Zabuza invoque Kimi, un alligator particulièrement musclé et aussi long que le jônin est grand, pour rôder en contrebas du pont qu’ils protègent. Sakura observe les mouvements de Kimi dans l’eau, juchée sur le bord du pont pour surveiller, elle aussi, de potentielles menaces qui pourraient arriver par bateau comme cela a pu être le cas lors de leur dernière mission.

Elle se demande encore quel haut gradé a bien pu déroger aux ordres du Mizukage pour envoyer des chûnin, qui plus est, en mission d’assassinat.

Est-ce un représentant de Meï, ou un homme de l’ombre ? Les têtes pensantes d’Uzu ont sûrement gardé assez d’influence pour assigner des missions dans le secret. Zabuza en fait partie mais sa convocation dans le bureau de Meï avant le début de leur mission laisse plutôt Sakura penser que le Mizukage n’est pas à l’origine de la mission de Meizu et Gôzu, comme si quelqu’un sapait son autorité avec ce double jeu vis-à-vis de Gatô.

Une équipe pour le protéger, l’autre pour assassiner Tazuna.

Un but commun : faire disparaître Gatô.

Le magnat du transport maritime pense avoir trouvé la bonne affaire. Sakura secoue la tête. Si elle en croit son instinct, quelqu’un, à Kiri, souhaite voir disparaître Gatô, Tazuna et peut-être même le pont pour rallier le Pays du Feu.

Cela n’a pas de sens et y penser ne rend pas l’idée moins étrange, mais si le Mizukage n’a pas manigancé toute cette sordide affaire, qui tire les ficelles ?

Cela signifie que la mission secrète de Zabuza est de s’assurer que Tazuna mène son projet à bout, Sakura en est certaine.

Elle tourne son attention vers un autre membre influent de l’ancienne faction rebelle : Ao. L’homme a en effet fait partie de l’ANBU, agir dans l’ombre est une seconde nature pour lui. Il a participé à la révolte, favorisé la réinsertion de Zabuza et sécurisé la place de Meï au pouvoir lors de la guerre civile. Pourquoi cesserait-il d’agir dans l’ombre par la suite ?

Sakura n’aime pas les regards qu’il lui lance à chaque fois que leurs deux équipes se rencontrent au pied de la Grande Arche. Elle ne serait pas étonnée si l’autre jônin entretenait une certaine rivalité avec Zabuza, dont les actions ont propulsé Meï au rang de Mizukage. Elle s’appuie encore sur le démon du brouillard lorsque l’un de ses subordonnés agit sans son aval car Zabuza la soutient depuis des années.

Cela fait sens car Ao a main mise sur le pouvoir en tant que bras droit et souhaite le garder. Il manipule les événements dans l’ombre et aspire à remplacer Meï lorsqu’il l’aura décrédibilisée, en isolant d’autant plus le Pays de l’Eau en l’absence de pont pour relier l’archipel au reste du monde.

Il est difficile de savoir où s’arrête l’influence du Mizukage et où commence la manigance d’Ao. Une chose est sûre, Sakura ne l’a jamais senti. Ce n’est pas étonnant qu’il fréquente des shinobi tels que les Frères Démons, que Zabuza ne tient pas dans son estime non plus. Sakura aime croire qu’elle peut se fier au jugement de son sensei et avec cet état d’esprit, l’idée d’un complot se tient.

Sakura secoue la tête pour ne plus y penser. Elle ne peut pas accuser un shinobi aussi réputé qu’Ao sans preuve et les Frères Démons ont échoué dans leur mission non sanctionnée par le Mizukage — assassiner Tazuna et contraindre le Pays des Vagues à s’en remettre uniquement à Kiri.

Heureusement, Meï peut compter sur Zabuza pour s’assurer que tout se passe comme prévu, sans l’interférence d’Ao pour renverser l’ordre établi.

Kimi décrit un cercle en contrebas et son long corps vert disparaît dans les remous de l’eau par moment. Il s’est présenté comme le prince des alligators, émissaire envoyé par son père et elle n’ose imaginer la taille du roi de l’espèce si elle est proportionnelle à son titre. Au moins le prince n’est pas aussi vaniteux qu’Ichibei, dont la brillance des écailles semble être montée à la tête.

Naruto, fidèle à lui-même, arrive en grande pompe pour prendre la relève de l’équipe Zabuza. Voyant, bruyant, il remarque l’ombre de Kimi dans l’eau — Sakura n’aurait pas parié qu’il serait suffisamment observateur pour cela — et dégaine un kunai qui va se perdre dans l’eau. Sakura fait la grimace tandis que, sans surprise, Kimi jaillit des flots pour rugir un peu trop près du visage de Naruto en guise de représailles.

« C’est quoi ces manières ? Mon père en entendra parler, goujat ! »

La frayeur fait perdre toutes ses couleurs au blond, mais l’avertissement de l’invocation suscite un rire de l’équipe Zabuza. Sakura l’étouffe derrière sa main et Suigetsu manque de tomber du pont dans son hilarité mais heureusement pour lui, Haku le rattrape par le col pour le retenir.

Kakashi secoue la tête, l’air désemparé par son équipe, entre les pitreries de Naruto et Ami, agrippée comme souvent au bras de Sasuke. Malgré tout, Sakura a l’impression qu’il savoure aussi leur innocence et n’a pas ce qu’il faut pour la leur retirer.

Zabuza, impassible comme souvent, renvoie Kimi dans son monde avant que cela ne se termine en réel incident diplomatique. Ils laissent l’équipe Kakashi avec Tazuna pour reprendre leur entraînement à l’abri des yeux et des oreilles indiscrètes. Si Zabuza s’est permis un sourire lorsque ses apprentis lui ont rapporté la séance d’entraînement de Konoha, il n’a pas changé ses méthodes pour autant.

Suigetsu se concentre comme souvent pour expérimenter avec les clones aqueux pour mieux comprendre comment utiliser son don héréditaire.

Si Haku commence à former des miroirs avec le sien, Zabuza les brise sans scrupules afin qu’ils deviennent plus résistants sur le long terme.

Quant à Sakura, elle devient la victime de ses propres kunai de corail.

Ce n’est pas une expérience agréable, avec les armes qui sifflent un peu trop près de ses oreilles et pourtant, surgissent de nul part une seconde après. Cela lui permet cependant de mieux anticiper les réactions de ses adversaires et d’ajuster sa technique en conséquence afin d’exploiter tout le potentiel de la ruse et d’en connaître les limites.

Elle s’acharne malgré ses sentiments ambivalents. L’exercice est presque cruel et elle déteste voir les armes qui lui appartiennent se retourner contre elle. Il s’agit d’un présent de son père et quand bien même cela pourrait tout à fait lui arriver, elle peine à accepter qu’on puisse les utiliser pour lui nuire.

Sakura a encore les oreilles qui sifflent lorsque Zabuza s’estime satisfait.

« Cela ne suffira pas contre un adversaire plus expérimenté que moi, ou capable de faire abstraction des sifflements, admet-elle.

— Mieux vaut avoir plusieurs options pour déstabiliser ton adversaire.

— Un genjutsu en complément ? Pour couvrir mes arrières et capitaliser s’il est déjà confus… »

Les bandages de Zabuza s’étirent avec un sourire et Sakura se mord la lèvre, fière d’avoir suivi le raisonnement de son sensei. L’idée de concevoir sa propre technique mêlant ses propres armes et une illusion de son cru est excitante. Elle travaille donc à amplifier le vacarme de ses kunai par le biais d’un genjutsu, qu’elle teste bientôt sur ses coéquipiers.

« Quelle horreur, Haku murmure lorsqu’il brise enfin l’illusion.

— Tu sais, mon grand-père — le second Mizukage — était connu pour ses genjutsu. »

Suigetsu ne peut pas s’empêcher de le rappeler mais Sakura écoute tout de même ses commentaires avec attention. Gengetsu a plus d’une fois trompé ses adversaires grâce aux mirages qu’il créait et elle s’inspire de ses combats légendaires aux côtés d’une palourde géante — son invocation fétiche — pour altérer d’autant plus les sens des victimes de son illusion.

Cette fois, elle provoque une distorsion des sens pour tromper ses ennemis. Il est beaucoup plus facile de les induire en erreur à force d’entendre les kunai siffler et d’inverser leur perception des sons afin de les prendre à revers car ils ne peuvent plus se fier à leur ouïe. La mise en pratique n’est pas si simple — il faut rester subtil pour ne pas que son adversaire remarque l’illusion mais ses coéquipiers la subissent autant de fois que nécessaire…

Moyennant une cible mouvante pour leurs propres techniques : Sakura.

Elle se prête au jeu de bon cœur.

L’ambiance n’est pas au beau fixe à table ce soir-là. Tsunami installe tant bien que mal les bols de garniture entre les shinobi attablés pour que chacun agrémente son bol de riz à sa guise et Sakura sert machinalement ses coéquipiers, depuis longtemps familiarisée avec leurs habitudes alimentaires.

« On a vu les hommes de main de Gatô dans les environs, leur confie Tsunami en se tordant les mains sous son tablier, inquiète. Tout le monde en parle au village, ils sont prêts à en découdre.

— Il faut leur montrer de quel bois on se chauffe ! s’exclame Inari, monté debout sur la table.

— Il faut laisser faire les professionnels, crois moi ! réplique Naruto, sûr de lui.

— Quels professionnels ? Tu n’es qu’un raté et un bon à rien, tu n’as aucune chance face à eux ! Tu ferais mieux d’abandonner avant de te ridiculiser.

— C’est moi que tu traites de lâche ? Je ne m’avoue jamais vaincu.

— Inari ! Tazuna le reprend vivement. »

Naruto renverse son bol vide en se levant, vexé, et s’en va furieusement sans répondre à Inari. Tsunami le fait descendre de la table et l’emmène dans sa chambre avant qu’il ne se révolte encore plus. Inari, malgré son jeune âge, n’attend qu’une envie : en découdre avec les mercenaires. La présence des shinobi éveille une bravoure dangereuse dans son cœur et malgré son impuissance, il risque de s’en prendre à plus fort que lui.

« Il faut l’excuser, Tazuna marmonne, trop fier pour simplement demander pardon. Son père adoptif s’est révolté contre les taxes de Gatô au début mais il a disparu depuis et Inari ne comprend pas qu’il lui est peut-être arrivé quelque chose de grave. »

Inari n’est pas tendre avec Naruto, songe Sakura, mais il n’a pas tout à fait tort. L’équipe Kakashi ne fait peut-être pas le poids contre les hommes de main de Gatô. Zabuza semble partager un tant soit peu cette opinion puisqu’il prend son premier tour de garde avant même qu’Haku soit revenu de sa cueillette matinale le lendemain.

Sakura réveille Suigetsu, qui s’est rendormi après avoir inhalé son petit-déjeuner, et part en quête de son autre coéquipier afin qu’ils puissent aller relever leur sensei. Elle traverse une clairière non loin de la maison de Tazuna, mais Haku a masqué la signature de son chakra et elle ne parvient pas à le repérer. Naruto lui, émerge du sous-bois l’air pensif et son chakra éparpillé autour de lui, impossible à ignorer. Sakura lui fait un signe de main pour attirer son attention et il sourit en la remarquant.

« Tu n’aurais pas vu Haku par hasard ?

— Si, je viens de le croiser il partait en direction de la maison du vieux. Mais dis, Sakura… le blond baisse les yeux, hésitant. Pourquoi… enfin comment ça se fait que vous êtes si forts, toi et ton équipe ?

— Naruto-kun… Zabuza-sensei nous forme comme lui l’a été, c'est-à-dire comme si le monde n’était pas en paix et qu’on allait partir en guerre à tout moment. On t’a raconté nos missions, tu vois bien que l’enseignement est plus dur à Kiri qu’à Konoha. C’est pour ça qu’on est plus en avance que vous. Mais… tu sais Naruto, il y a de par le monde des ninjas plus jeunes que toi et moi et plus dangereux que Kakashi ou Zabuza-sensei. Des enfants élevés pour tuer et seulement tuer, tuer ou être tué. Il ne faut pas les envier. Il ne faut pas nous envier, mon équipe et moi. On a fait et vu des choses dont tu as bien de la chance d’être encore préservé. »

Naruto n’a pas l’air convaincu et elle lui envie son innocence. Il n’a aucune idée de ce dont elle veut parler, mais quelque chose lui dit que Naruto ne perdra jamais ce rayonnement solaire qu’il porte sur lui comme un halo. Peut-être qu’il peut vraiment voir le meilleur de ce que le monde a à offrir.

Ils reviennent ensemble sur leurs pas, pour ne trouver que la maison vide et Tsunami dévastée. Prostrée sur le perron et les yeux embués de larmes, la jeune femme s’effondre un peu plus lorsque Sakura accoure à sa hauteur.

« Tsunami-san ? Que se passe-t-il ? Où sont-ils ?

- Mon père… mon père va sur le pont pour s’assurer que tout va bien mais Inari est introuvable, j’ai peur qu’il s’attire des ennuis. Et s’il était en danger ?! hoquette la mère de famille. »

Sakura n’en demande pas plus et s’éloigne en courant, Naruto sur ses talons. La disparition d’Inari, bien qu’inquiétante, ne constitue pas une urgence et elle n’hésite pas une seconde à se diriger vers le pont au lieu de partir à la recherche du petit garçon.

Ils atteignent le pont au moment opportun.

Une armée de mercenaires déferle sur ce dernier, Gatô à leur tête.

Le petit homme ne manque pas de culot. Ses hommes de main sont à peine capables d'entretenir leurs armes et le magnat du transport maritime pense qu’ils peuvent faire face à des shinobi ? Gatô va avoir une mauvaise surprise et Sakura se réjouit d’avance d’en être à l’origine tandis qu’elle rejoint son équipe. Elle a déjà un kunai en main et Zabuza tourne délibérément le dos à la marée humaine sur le pont pour croiser le regard de ses disciples.

« L’équipe Kakashi va protéger Tazuna. Nous, le pont. Pas de quartier. »

Suigetsu dégaine son katana et le cogne doucement contre l’arme de Sakura et les senbon de Haku, bien qu’il n’ose pas faire de même avec Kubikiribôchô. Ils échangent un sourire machiavélique, confiants. Zabuza, la main sur la garde de son épée, s’écarte pour leur laisser le champ libre tandis que Gatô l'apostrophe depuis l’autre côté du pont.

« Raclure de Kiri ! Je vous ai engagés pour me protéger moi, pas ce pouilleux ! »

Zabuza disparaît dans un volute de brume, qui s’épaissit peu à peu en se dispersant sur le pont. Les genin de Konoha forment un cercle protecteur autour de l’architecte et Kakashi se place entre eux et l’armée de mercenaires, comme un dernier rempart tandis que le brouillard se referme sur eux.

Sakura s’élance aux côtés de Suigetsu sans attendre que les mercenaires réalisent qu’ils sont piégés. Zabuza les prend à revers et Haku décime la marée humaine de part en part. Les piques de glace surgissent à tout moment et Sakura s’en remet à son coéquipier pour ne pas l’empaler tandis qu’elle engage quelques mercenaires dont les armes, fragiles, s’effritent et se brisent sous l’impact de son kunai et du katana de Suigetsu.

Ils ont saboté l’armurerie des hommes de main lors de leur court séjour dans le repère de Gatô.

Un homme parvient tout de même à désarmer Sakura, dont le kunai rebondit au sol dans un bruit métallique et un éclat de sang. La jeune fille se jette dans une roulade qui la porte vers une hache abandonnée, le manche trop poli pour rester en main — elle s’en est assurée. Sakura l’agrippe sans réfléchir et garde sa prise en faisant circuler du chakra dans sa paume et ses doigts.

Elle pivote alors que son adversaire revient à la charge et la hache ouvre ses entrailles en deux.

Il s’effondre avec le reste de ses organes internes, mais Sakura a déjà rejoint son équipe au centre du pont. Haku garde Gatô prisonnier dans un cercle de stalagmites et Suigetsu revient sur ses pas avec un clone aqueux pour couvrir leur coéquipier.

Si elle en croit les cadavres qui les entourent, certains hommes de main ont eu le réflexe de s’en prendre à Haku en réalisant qu’il était à l’origine de l’attaque qui a décimé l’armée de mercenaires.

Suigetsu n’a pas laissé passer cet affront.

Zabuza termine le travail de l’autre côté du pont et Sakura se laisse glisser sous les jambes d’un mercenaire dont elle sectionne les tendons d’un coup de poignet avant qu’il n’atteigne l’équipe Kakashi. Un autre tente d’attaquer de prendre Suigetsu à revers, trop loin pour que Sakura puisse l’intercepter. Le kunai de corail qu’elle jette dans sa direction pour avertir l’Hôzuki, cependant, atteint sa cible avec un sifflement caractéristique et Suigetsu achève le mercenaire sans même se retourner.

Sakura prend d’assaut l’un des derniers hommes encore debout. Le fracas de leurs haches la secoue jusqu’aux pieds lorsqu’elle se heurte à son adversaire. Il est bien plus fort qu’elle et les bras de la jeune fille se mettent à trembler tandis qu’elle tente de le repousser d’un coup de pied pour se dégager, en vain. Elle ne fait que perdre du terrain, repoussée vers le bord du pont et incapable de soutenir la pression d’un homme adulte sur sa hache.

Le mercenaire lui donne une bourrée qui la fait trébucher en arrière et en profite pour ramener son arme dans un arc de cercle trop violent pour que Sakura ne l’intercepte. Ami pousse un hurlement strident tandis que Sakura bascule dans le vide, une gerbe de sang en suspens là où elle se tenait quelques secondes auparavant.

Zabuza apparaît derrière l’homme et lui tranche la tête une seconde plus tard, sans un bruit.

Le clone de Suigetsu s’effondre sur les pieds du pont et dégouline jusqu’au rebord tandis que le brouillard se lève, laissant apparaître avec lui quelques silhouettes sombres et familières. Meizu et Gôzu s’appuient de part et d’autre de la prison de Gatô. Les Frères Démons font mine de le griffer dès qu’il titube un peu trop près d’eux et un il laisse échapper un gémissement plaintif.

« Tout l’argent du monde ne t’épargnera pas la douleur du dernier voyage, sale chien ! »

Gozû ne le rate pas lorsqu’il casse les lunettes noires de Gatô d’un coup de poing. Il laisse une entaille profonde sur la joue de l’homme d’affaires et éclate de rire, mauvais. Les jumeaux ont probablement assisté à toute la bataille sans y prendre part et Naruto les pointe du doigt, les yeux écarquillés et la bouche encore grande ouverte. Lentement, il décale son index vers la troisième silhouette apparue, puis le rebord du pont, avant de revenir vers la personne qui fait trembler sa lèvre inférieure d’un sanglot à peine contenu.

« Sakura-chan ! »

La jeune fille lui décoche un sourire ensanglanté, tenant encore serré dans sa main la hache qu’elle a récupérée sur le pont. Zabuza s’empare de la hache de son adversaire pour la tendre à Sakura et ses coéquipiers réagissent enfin. Suigetsu lui fait un salut avec le kunai de corail qu’il a récupéré et Haku hoche la tête dans l’ombre de leur sensei.

Gatô s’effondre sous l’effet du poison imbibé dans les gantelets des Frères Démons et les jumeaux se tournent ensemble vers l’équipe Kakashi, menaçants. Zabuza se crispe mais n’a pas l’occasion de les intercepter lorsqu’ils se séparent pour foncer sur Tazuna.

Ils prennent l’architecte et les genin à revers et les yeux de Sasuke roulent dans leurs orbites pour prendre la tête rougeâtre du Sharingan, qui ne suffit pas à stopper les Frères Démons. Si la frayeur qu’ils viennent de causer à Ami la fait fondre en larmes, le crépitement strident qui émane de Kakashi force les jumeaux à se figer lorsqu’il apparaît en travers de leur chemin.

« Barrez-vous. Barrez-vous avant que ceci ne soit le début d’une guerre entre nos deux pays. »

Les Frères Démons ont beau caqueter de rire, ils n’osent pas défier le ninja copieur de Konoha, ni Zabuza dont l’épée a déjà absorbé le sang de toute une armée. Le jônin n’a qu’un signe de tête à faire pour que Meizu et Gozû disparaissent aussi vite qu’ils sont arrivés.

L’architecte, bien que pâle, observe les deux shinobi avec curiosité tandis que le crépitement de la technique de Kakashi disparaît jusqu’à n’être qu’un écho distant dans l’air encore chargé d’électricité. Il hoche la tête à l’intention de Kakashi et Zabuza et se tourne vers la foule de villageois en colère qui envahit le pont, Inari à leur tête, pour prendre son petit-fils dans les bras.

« Kiri soutient la création de ce pont, Zabuza déclare, simplement.

— Le Pont Tazuna, Inari répond, juché sur les épaules de son grand-père. »

Une clameur s’élève de la foule de villageois, et ainsi se termine la mission de l’équipe Zabuza au Pays des Vagues.

Notes:

Encore l’un de mes chapitres préférés ! As-tu cru que Sakura allait vraiment y passer ? Le premier arc touche à sa fin, qu’en as-tu pensé ?

Chapter 11: Retrouvailles

Summary:

A l’Académie, les priorités de Sakura se résumaient à réussir son exposé et admirer Chôjûrô de loin. Ayant obtenu son bandeau frontal par elle ne sait quel miracle, Sakura a intégré l’équipe Zabuza, aux côtés d’Haku et Suigetsu.

Tous deux sont les produits de l’histoire sombre et mouvementée de Kiri. Secoué il y a quelques années par un coup d'État de la faction Uzu — menée par Zabuza afin de renverser Yagura, l’ancien Mizukage, le village sort tout juste de l’ère de la brume sanglante. Sakura soupçonne cependant un complot pour usurper le pouvoir de Meï à Kiri.

Armée de kunai et shuriken de corail, Sakura tâche de se montrer à la hauteur de son sensei et ses coéquipiers quand bien même sa première mission hors du village a viré au drame. Elle aura d’ailleurs bientôt l’occasion de se confronter à d’autres genin, comme ce fut le cas avec l’équipe Kakashi…

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

ARC 2

Les magnolias embaument le Quartier Acculé. Sakura n’est pas sortie du village depuis la mission au Pays des Vagues. A leur retour, son équipe s’est lancée à corps perdu dans l’entraînement et Zabuza n’a accepté aucune mission. Sakura s’étire longuement, les mains tendues vers le ciel et pousse un soupir qui résume amplement sa séance d’entraînement. Deux haches pendent de part et d’autres de ses hanches, encore sales.

« Quelque chose se trame, Sakura murmure à l’intention de ses coéquipiers.

— Clairement, je vais hériter de Kubikiribôchô ! Suigetsu lui répond avec certitude.

— Je ne pense pas que ce soit déjà le moment… »

La douceur d’Haku ne devrait pas surprendre Sakura, mais elle ne peut s’empêcher d’apprécier la délicatesse de son coéquipier. Suigetsu a adopté un peu de couleur dans sa garde robe avec un haut violet assorti à ses yeux et troqué son katana contre un nodachi, plus long, afin de manier une arme plus similaire à celle de son sensei. Si Kubikiribôchô reste pour le moment en possession de Zabuza, l’Hôzuki ne perd pas espoir et Haku respecte tout particulièrement cela.

Le jeune homme n’a pas délaissé ses senbon malgré ses efforts pour maîtriser son don héréditaire et ne sachant pas ce que l’avenir leur réserve, les trois genin s’entraînent pour être parés à toute éventualité.

« On va au restaurant avec l’équipe Ao aujourd’hui, n’oubliez pas ! »

Sakura salue ses coéquipiers après leur avoir rappelé les retrouvailles qu’elle a organisées avec son amie et s’en va d’un pas bondissant pour se préparer avant de les rejoindre sur l’Esplanade. Les commerçants remballent leurs étalages sur le marché dans un brouhaha si familier qu’il semble perpétuel. Sakura s’est changée pour une tenue plus décontractée pour l’occasion et elle lisse les plis de sa robe rouge, mal à l’aise dans le vêtement qu’elle n’a plus l’habitude de porter.

Le symbole des Haruno trône entre ses omoplates, un cercle blanc répété sur ses manches courtes ainsi que sur le devant de la robe. Des bordures blanches soulignent la silhouette longiligne de Sakura et elle espère bien que Chôjûrô remarquera ses efforts. Elle laisse ses cheveux pousser depuis quelques temps et jusqu’à présent, Zabuza n’a pas eu l’occasion de les empoigner lors d’un combat pour lui faire regretter cette décision.

« Sakura, la classe dis donc ! »

Honami rejoint Sakura devant le restaurant et les deux jeunes filles se tombent dans les bras. Elles salivent déjà à l’idée de déguster des mets préparés à la vapeur et contemplent les plats d’anguilles en train de cuire à la vapeur sur une grille de bambou. Haku les rejoint en premier, apprêté et Sakura bat des cils, éblouie par ses cheveux noirs qui cascadent dans son dos, longs et soyeux. Son kimono pastel fait ressortir son teint de porcelaine, mais il ajuste son collier ras de cou sans soutenir leurs regards.

« Je suis jalouse ! Sakura lui dit pour le détendre. Je n’ose jamais porter un obi !

— Il y a un nœud très simple, attends, je vais te montrer. »

Haku s’efforce de faire la démonstration pour Sakura et Honami l’aide à ajuster le tissu quelques secondes plus tard, tout aussi impressionnée.

« Azami-san m’a aidé à le nouer tout à l’heure, admet-il avec un rire. »

Chôjûrô arrive sur ces entrefaites, les yeux rivés sur ses pieds — qu’il traîne un peu. Il a les mains fraîchement bandées et s’attire un regard inquiet de Sakura, qui n’ose pas tout de suite l’interroger. Suigetsu les rejoint avec moins de façons, décochant une grande claque dans le dos de Chôjûrô, qui titube à l’entrée du restaurant.

Daiki ne tarde pas à arriver non plus et ses longs cheveux aubrun semblent se dresser un peu plus sur sa tête lorsqu’il croise le regard bleu-gris d’Honami. Les six genin entrent dans le restaurant et la jeune fille tire sur la manche de Sakura pour qu’elle prenne la place de Daiki. Sakura manque de tomber sur les genoux de Chôjûrô et arrive finalement entre lui et Honami, les joues écarlates.

Daiki s’installe à côté des coéquipiers de Sakura, les cheveux un peu plus lisses maintenant qu’il est à bonne distance d’Honami. Quelques instants plus tard, Sakura parvient à adresser la parole à Chôjûrô malgré le fou rire de Suigetsu sur la banquette d’en face et le coud de coude que son amie lui donne dans les côtes.

« Hm… ça va tes mains, Chôjûrô-kun ? Tu t’es blessé à l’entraînement ?

— Ce n’est rien de grave, Ao-sensei a récupéré Hiramekarei pour moi mais la prise en main n’est pas facile.

— Tu as l’une des sept épées légendaires et Honami ne m’a rien dit ?! s’exclame Sakura, impressionnée.

— Ça fait seulement quelques jours et je voulais le laisser l’annoncer lui-même, se défend son amie. »

Suigetsu se renferme à l’entente de cette annonce et même Daiki lance un regard envieux à son coéquipier tandis qu’ils passent leur commande. Haku pose quelques questions à Chôjûrô concernant le maniement de sa nouvelle arme et réitère, comme Sakura a pu le faire par le passé, que Zabuza ne verrait sûrement aucun inconvénient à lui donner des conseils si besoin.

Sakura hoche la tête, mais son esprit est ailleurs. Elle demeure suspicieuse des intentions d’Ao, que ce soit vis-à-vis de Meï ou de Chôjûrô et quand bien même il affirme approuver de la mise en relation entre Zabuza et Chôjûrô, Sakura n’a jamais eu l’impression qu’il voit la chose d’un bon oeil.

Quelques serveurs apportent leurs plats et permettent de changer de sujet tandis que Suigetsu, dont la vue de nourriture a fait renaître la bonne humeur, se remémore leur mission au Pays des Vagues. Il raconte les combats à l’équipe Ao et Sakura observe ses anciens camarades de classe avec curiosité lorsqu’il relate les actions erratiques de Meizu et Gôzu, mais ils ne laissent rien paraître.

« Qu’est-ce qu’ils sont odieux ! Honami s’exclame. Un jour, on leur rendra la monnaie de leur pièce, n’est-ce pas Sakura ? »

Elle attend que Sakura confirme et bientôt, la conversation s’éteint avec leur appétit. Honami se lève alors pour partir et, après un clin d'œil à Sakura, entraîne Suigetsu, Daiki et Haku avec elle pour laisser son amie seule avec Chôjûrô.

« Ça m’a fait plaisir qu’on se retrouve, souffle la jeune fille, gênée. J’espère que ça va aller, tes mains. C’est vraiment génial que tu aies déjà ta propre épée ! Je ne sais pas si Suigetsu aura un jour la sienne… Il doit être vert de jalousie.

— Je ne crois pas. Il veut vraiment Kubirikibôchô et il ne la récupérera pas tant que Zabuza ne sera pas mort or je ne pense pas qu’il lui souhaite un sort pareil. Hiramekarei était portée par son frère avant moi et ça doit lui rappeler des mauvais souvenirs.

— Oh. »

Chôjûrô évite son regard mais ne fait pas mine de s’en aller. Sakura ne sait pas quoi ajouter cependant. Le garçon la surprend cependant en essayant de changer de sujet, les joues teintées de rose sous ses lunettes.

« Tu es très jolie avec les cheveux longs aussi, Sakura-chan. »

Sakura se mord la lèvre tandis qu’une nuée de papillons s’envole à l’intérieur de son ventre. Elle prend son courage à deux mains pour proposer à Chôjûrô de marcher le long du port avant de rentrer et ignore le regard entendu de Tomoo, tout juste rentré de la pêche, lorsqu’il lui fait les gros yeux en la voyant passer. Le poissonnier fait mine de garder le secret, mais Sakura sait très bien qu’il ira tout raconter à sa mère dès qu’il en aura l’occasion.

Natsumi sait garder un secret au moins, elle ! Les deux genin s’éloignent de l’agitation du port et Sakura s’arrête brièvement au bord du quai pour inspirer profondément l’air marin. La pleine lune se reflète dans l’eau en contrebas, une nuit calme et sans vagues pour troubler le calme environnant. Peut-être qu’elle devrait inviter Chôjûrô au salon de thé de la vieille dame…

« Est-ce que Zabuza aussi a changé ses habitudes aussi depuis quelque temps ? lui demande Chôjûrô à mi-voix et elle se tourne de nouveau vers lui.

— Oui ! On arrête pas de s’entraîner et il n’accepte plus de missions ! »

Ils échangent des regards entendus et Sakura se perd dans la contemplation de Chôjûrô. Il pique un fard mais ne détourne pas les yeux et la jeune fille lui sourit franchement. Le cœur de Sakura s’accélère soudain lorsque Chôjûrô fait un pas en avant pour se rapprocher d’elle. Elle baisse les yeux sur les lèvres du garçon, pleine d’anticipation et ferme les yeux tandis que le souffle de Chôjûrô effleure sa joue, le cœur battant à la chamade…

Rien ne se passe.

« Oh, les tourtereaux ! C’est bien beau tout ça mais vous devriez être au lit ! s’exclame Tomoo en passant près d’eux pour rentrer chez lui. Moi j’y vais en tout cas, bonne soirée ! »

Sakura détourne la tête, rouge pivoine et balbutie qu’il a raison avant de s’éloigner en courant, couverte de honte. Elle a dû passer pour une idiote, les yeux fermés et la bouche en cœur à attendre un baiser que Chôjûrô n’a pas eu l’occasion de lui donner ! Elle traverse le village la tête baissée, très gênée et rentre sur la pointe des pieds à l’Atelier Haruno pour ne pas réveiller ses parents.

Pourvu qu’elle parte en mission le lendemain et puisse se faire oublier le temps de retrouver un peu de dignité.

La pleine lune n’a pas encore disparu du ciel étoilé lorsque Sakura se réveille pour aller s’entraîner. Elle reste alanguie pendant quelques minutes, déconcertée par la soirée de la veille. La jeune fille finit tout de même par se lever lorsque ses yeux tombent sur la fleur de cerisier taillée dans de la pierre par l’artisan des carrières de calcaire, qu’elle a disposée sur sa table de chevet. Elle se prépare comme à son habitude et tâche de mettre de côté les évènements de la veille pour se concentrer sur l’ascension sportive de la montagne aux côtés de Suigetsu et Haku.

Le front dégoulinant de sueur, elle rattrape les deux garçons essoufflés et pour Suigetsu, les mains écorchées parce qu’il a pris des risques afin d’arriver au sommet en premier. Haku lui offre l’un de ses onguents pour limiter les dégâts et les trois genin se juchent en tailleur au bord du vide pour une session de méditation matinale.

Zabuza apparait silencieusement derrière eux un peu plus tard.

Haku sursaute en premier en repérant la présence de leur sensei et ses coéquipiers lancent un regard par-dessus leurs épaules avant de se relever pour saluer le jônin. Zabuza a le regard voilé mais rien dans son attitude ne laisse présager une mauvaise nouvelle. Sakura penche la tête sur le côté, vont-ils enfin découvrir ce qui se prépare ? Elle croit deviner un peu de réticence chez son sensei, mais cela n’a pas de sens.

« Equipe Zabuza, vous êtes sous ma responsabilité depuis quelques années maintenant. »

Suigetsu ricane à ce ton solennel mais un regard du jônin suffit à le faire taire.

« Vous avez encore beaucoup à apprendre mais vous avez aussi accumulé une certaine expérience que le village souhaite mettre à profit en vous permettant de participer à l’examen chûnin qui a lieu à Konoha. La promotion vous sera accordée en fonction de vos résultats aux épreuves imposées, si vous désirez tenter votre chance. »

Il marque une pause et ses apprentis échangent des regards surpris. Ils s’attendaient à tout sauf à cette annonce.

« Vous faîtes partie des genin les plus prometteurs de cette année mais cette proposition ne vous engage à rien. Vous pouvez décider de participer ou non à l’examen, je ne vous en tiendrai pas rigueur si vous préférez poursuivre votre formation à mes côtés. Sachez cependant que toute l’équipe doit soumettre sa candidature si vous décidez de participer, vous devez donc vous concerter. »

Sakura baisse les yeux en se mordant la lèvre inférieure. C’est donc ça ? Une promotion ? Cela ne peut pas être aussi simple, et elle se retrouve déchirée entre l’envie de tenter sa chance et les suspicions qui la rongent. Zabuza ne les pense-t-il pas prêts ? Après la mission au Pays des Vagues, Sakura aurait tendance à croire qu’ils ont toutes leurs chances, alors il doit y avoir d’autres facteurs à prendre en compte. Haku verbalise finalement les questionnements de ses coéquipiers.

« Selon vous, Zabuza-sensei, sommes-nous prêts à participer ?

— Compte-tenu de votre entraînement et de ce que j’ai pu constater chez les genin de Konoha, je dirais que oui. Mais une promotion trop précipitée pourrait gâcher votre potentiel et c’est pour cela que je vous laisse le choix. Nous pouvons poursuivre votre formation et vous tenterez votre chance la prochaine fois, ou vous pouvez décider de participer.

— Pourrions-nous… continuer à recevoir votre enseignement même si nous étions promus au rang supérieur ? demande soudain Suigetsu. »

Les bandages qui recouvrent le visage de Zabuza bougent à peine, mais un éclat dans ses yeux réchauffe le cœur de Sakura. Le jônin a encore beaucoup à leur apprendre, et elle se souvient de leurs premiers échanges, l’écho d’une promesse dont elle n’avait pas conscience à l’époque mais compte bien tenir à présent. L’équipe Zabuza n’a pas besoin de se concerter pour prendre leur décision.

« Ça va être du gâteau ! »

Zabuza ne répond pas mais Sakura aime croire qu’il n’en pense pas moins. Ils se rendent à la Grande Arche pour remplir les documents nécessaires et Sakura remarque immédiatement l’absence de Gôzu et Meizu près du tableau de missions. Murazaki se tient à leur place, nouvellement promu au rang de chûnin si sa veste d’uniforme ne la trompe pas et une mèche de cheveux écarlate retombe sur l’un de ses yeux à la manière de Meï.

« Sakura-chan, la salue-t-il avec un clin d'œil. Bonne chance ! »

La jeune fille n’a pas le temps de le dévisager avec surprise. Bientôt, deux autres équipes rejoignent Sakura et ses coéquipiers dans le bureau du Mizukage. Meï prend le soin de croiser le regard de chacun des genin présents. Ils sont neuf.

« Équipe Akimi, équipe Ao, équipe Zabuza, vous avez décidé de participer à l’examen chûnin qui aura lieu à Konoha. Le convoi diplomatique part demain matin, je compte sur vous pour représenter dignement notre village et je vous souhaite bonne chance. »

Sakura lance un regard à la ronde et croise celui angoissé d’Honami. A côté de la jeune fille, Daiki frémit d’anticipation. Sakura évite de s’attarder sur Chôjûrô et contemple un instant Oki. L’autre fille dépasse tous ses camarades d’une tête couronnée d'un aileron de cheveux bleu foncé. Akira et Gakuun aussi ont grandi mais tous paraissent petits en comparaison de leur sensei. Akimi Suikazan est toute en rondeurs, jusqu'aux cheveux flamboyant qu’elle porte au bol. Seuls les trois triangles verts peint de part et d’autre de ses joues viennent rompre les courbes de sa personne.

Suigetsu se masse le poignet avec un air de martyr lorsqu’ils quittent le bureau du Mizukage et Sakura roule des yeux. Ils n’ont pas signé tant de paperasse que ça. Elle se reprend cependant immédiatement en apercevant le kimono couleur suie de Masamune Terumî dans le couloir et s’incline profondément devant son protecteur. L’homme s’arrête près d’elle avec un sourire candide et pose une main ridée sur son épaule en se permettant une familiarité.

« Tu as travaillé dur Sakura, continue comme ça et tout ira bien. Nous nous reverrons à Konoha, quoi qu’il advienne je serai fier de toi. »

La jeune fille sourit, pour la première fois flattée par la confiance qu’il place en elle. Sakura a parcouru un long chemin et elle peut à présent se targuer d’avoir sa place à Kiri. Elle s’incline à nouveau en remerciant Masamune et un frisson glacial dévale dans son dos tandis que le père de Meï s’éloigne. Lorsque Sakura se redresse, elle découvre l'œil unique d’Ao fixé sur elle, une grimace de dédain plantée sur les lèvres.

Honami apparaît devant elle, lui barrant la vie et Sakura s’arrache au duel de regards avec le jônin. Elle ne sait pas ce qu’Ao a contre elle, mais l’animosité est réciproque, quand bien même cela fait froid dans le dos à la jeune fille. Elle reporte son attention sur son amie, mais Honami les éloigne des autres avant de parler.

« Ao-sensei nous a inscrits sans nous demander notre avis ! s’exclame Honami lorsqu’elles se sont assez éloignées. Mais moi je ne sais pas si j’ai envie de participer !

— Quoi ? Pourquoi ? s’étonne Sakura, prise de court.

— Et si je n’étais pas prête ?! Daiki a envie d’en découdre avec des ninjas du monde entier mais moi… même Chôjûrô n’avait pas l’air très sûr de lui quand Ao-sensei nous l’a annoncé ce matin.

— Ça va aller Honami, on est très bien entraînées et je t’ai dit que les ninjas de Konoha n’ont pas l’air très doués, répond-elle en caressant le dos d’Honami dans un geste de réconfort. »

Il est difficile de rassurer son amie, Sakura réalise bientôt, car elle n’a pas les mêmes appréhensions. Ni les mêmes ambitions et cette découverte la laisse pantoise. Honami a pendant longtemps été le moteur de ses progrès et Sakura se rend soudain compte qu’elle a peut-être surpassé son amie, chose qu’elle n’aurait jamais cru possible.

« Tu as toujours été mon modèle, il faut bien que tu y participes aussi pour que ça continue ! ajoute-t-elle en serrant la main d’Honami dans la sienne. »

Sakura tâche cependant d’aider Honami à se calmer et fait de son mieux pour l’encourager, quand bien même elle doit s’avouer soulagée lorsqu’elles se séparent enfin. Voir Honami douter l’a ébranlée. Elle s’arrête au salon de thé de Natsumi pour redresser, comme toujours, les fleurs de la devanture et prendre des nouvelles de la vieille dame. Sayaka passe la tête par la porte du salon pour saluer Sakura et elle en profite pour demander une faveur à la vendeuse de prêt à porter.

« Sayaka-san, je dois partir en mission pour plusieurs semaines. Auriez-vous le temps de passer voir Natsumi-san pour moi et de l'aider un peu au salon ?

— Bien sûr ! On pourrait même aller faire les magasins, qu’en dites vous Natsumi-san ? »

Sayaka rit de bon cœur tandis que Natsumi grommelle qu’une vieille peau comme elle n’a rien à se mettre, et Sakura sait que sa voisine est entre de bonnes mains. Sayaka porte souvent des yukata, elle doit connaître toutes les bonnes adresses et trouvera sans nul doute la tenue idéale pour la vieille dame, à son image : confortable mais distinguée.

Sakura repart d’un pas guilleret et s’aventure devant le stand de takoyaki. Takumi l’accueille à bras ouvert et elle passe commande tout en lui relayant la nouvelle de son départ prochain. A vrai dire, elle a aussi une faveur à demander à son restaurateur préféré.

« Takumi-san, pourriez-vous passer au salon de thé de temps en temps pour redresser les fleurs de la devanture ? Natsumi-san ne peut plus le faire à son âge… »

Elle explique la raison de son absence au propriétaire de stand de takoyaki pendant qu’il prépare sa commande. Takumi fait la moue en apprenant qu’un visage familier va disparaître du paysage pendant quelque temps, mais il s’engage à aider Natsumi et Sakura repart sereine, trois plats de takoyaki dans les mains.

Ne reste plus qu’à informer ses parents, d’où le repas tout prêt.

Mebuki ferme l’Atelier plus tôt pour passer du temps avec Sakura et elles rejoignent Kizashi dans l’arrière boutique. Les Haruno s’installent pour manger et se remémorent leur vie à Konoha, que Sakura n’a pas vraiment connu. Elle est curieuse de voir le village de ses propres yeux.

« Est-ce que tu auras le temps de déposer un bouquet de fleurs sur la pierre tombale de tes grands-parents ? demande soudain Kizashi en ébouriffant ses cheveux roses.

— Bien sûr ! Sakura promet instantanément. Est-ce qu’on a encore de la famille là-bas ?

— Non, malheureusement, mais tu pourras trouver des fleurs chez les Yamanaka, leurs compositions sont superbes, répond Mebuki. »

Kizashi recommande quelques monuments emblématiques de Konoha qu’elle devrait visiter, comme le Château des Campanules ou le Monument aux Hokage. Sakura peine à imaginer une série de portraits taillés sur le flanc d’une falaise, mais elle ne tardera pas à les voir de ses propres yeux.

Ce soir-là, elle prépare une nouvelle tenue pour le lendemain, plus adaptée au Pays du Feu. Elle adopte une tunique verte avec un short. Ce n’est pas aussi distingué que les tenues d’Haku mais l’aspect pratique a pris le dessus dans l’esprit de Sakura. Elle cintre la taille grâce à la broche que ses parents lui ont offert lorsqu’elle a obtenu son diplôme, pour rester un tant soit peu féminine. Le cercle de corail blanc fait parfaitement écho au motif de vague pastel sur le côté de la tunique ainsi qu’à ses kunai assortis.

Le lendemain matin, le soleil amène avec lui les neuf genin et leur sensei respectifs. Sakura vérifie qu’elle n’a pas oublié les rouleaux dans lesquels elle a scellé ses affaires et ajuste les haches de part et d’autre de ses hanches tandis que Suigetsu appuie un coude sur son épaule pour soutenir son menton en attendant le moment du départ. Sakura ne fait aucun geste pour le déloger, car elle n’ose toujours pas croiser le regard de Chôjûrô et la proximité de Suigetsu semble être un bon moyen de garder ses distances afin de ne pas se ridiculiser.

Oki manque étrangement à l’appel et lorsque sa silhouette se dessine finalement dans le brouillard, elle apparaît accompagnée d’Ao. L’Hoshigaki anticipe les questions de ses compagnons de voyage lorsqu’elle arrive à leur hauteur et y répond d’un ton sec.

« C’est mon oncle, un problème ? »

Un concert de négation vient clore le sujet. Il est étrange de quitter le brouillard constant de l’archipel mais Sakura se met en marche avec le reste du convoi et tandis qu’ils prennent la route, elle doit bien admettre qu’elle a hâte de découvrir le Pays du Feu.

Notes:

Badum-tss! Sakura a des haches maintenant ;)
Est-ce que as vu venir le lien entre Ao et Oki ?

Chapter 12: Konoha

Summary:

Sakura et son équipe vont participer aux examens chûnin.

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

« Mais va lui parler ! s’exclame Honami, un soir où ils veillent autour d’un feu de camp. »

Sakura se recroqueville et espère que les flammes suffisent à la soustraire à la vue de Chôjûrô. Honami est plus impliquée qu’elle dans l’évolution de sa relation avec le garçon et depuis que Sakura lui a raconté le baiser manqué, son amie la pousse constamment à se rapprocher du garçon.

Il n’y a pas de bon moment cependant. Le voyage ne s’y prête pas et Sakra n’ose pas prendre Chôjûrô à part, il y a trop d’oreilles indiscrètes dans les parages. Si Zabuza entendait ses déboires de coeur… Non, Sakura ne peut pas risquer de perdre sa crédibilité.

Suigetsu n’a pas tant de scrupules. Il a passé tout le trajet aux côtés d’Oki, plongé dans la conversation. Lorsqu’il ne fait pas des messes basses avec l’Hoshigaki, il admire Hiramekarei, l’épée de Chôjûrô. Sakura ne sait pas quelles sont les intentions de son coéquipier mais une chose est sûre, Ao ne voit pas la chose d’un très bon œil. Sakura se demande bien s’il voit quoi que ce soit d’un bon œil à vrai dire, le jônin s’est jusqu’à présent montré étroit d’esprit, trop obtus pour les jeunes shinobi qu’il doit former.

Sakura lance un regard gêné à Chôjûrô, assis de l’autre côté du feu, mais il est penché sur une estampe et ne lui prête aucune attention. Chôjûrô aime dessiner. Il a fait bien des croquis des paysages inhabituels qui les entourent et Sakura réalise peu à peu qu’elle ne sait finalement pas grand-chose de lui.

Le convoi a traversé le Pays des Vagues et le Pont Tazuna pour rallier le Pays du Feu, dont le paysage bien plus boisé que celui de l’archipel met à mal leurs habitudes. Il est bon de se familiariser afin de ne pas être pris au dépourvu par les chênes et autres feuillus de leur nouvel environnement cependant, car la jeune fille a bien l’intention d’obtenir sa promotion.

Sakura sent déjà poindre un bronzage sur son teint de pêche quand ils arrivent aux portes de Konoha. Elle lève machinalement les yeux pour contempler les quatre visages gravés sur la falaise qui domine le village, exactement comme son père l’a décrit. La Tour de l’Hokage se détache aussi du paysage et bientôt, la délégation de Kiri en gravit les marches non sans s’attirer quelques regards méfiants.

Quand bien même le Pays de l’Eau est à nouveau en paix, la réputation de leur village demeure un sujet douloureux pour beaucoup.

Un vieil homme les accueille dans un bureau enfumé par la pipe qu’il porte régulièrement à sa bouche. Un regard calculateur surplombe son sourire bienveillant et Sakura ne sait pas où se mettre, mal à l’aise. Quelque chose lui dit qu’il sait exactement qui elle est et pendant un bref instant, elle ne se sent pas à sa place, ni dans son équipe, ni devant l’Hokage. Cela finit par passer cependant et elle s’incline avec ses camarades pour saluer Hiruzen Sarutobi.

« Bienvenue, shinobi de Kiri. C’est un plaisir de vous accueillir parmi nous. On a déjà vanté vos mérites, nous avons hâte de les constater de nos propres yeux lors de l’examen. Croyez bien que je suis très honoré de rencontrer la nouvelle génération de ninja originaires du Pays de l’Eau et je vous souhaite de réussir dans tout ce que vous entreprenez. Vos actes déterminent l’avenir des cinq grandes nations, ayez en conscience et soyez en fiers. »

Les genin le remercient tandis que leurs supérieurs échangent quelques politesses d’ordre diplomatique et finalement, deux chûnin guident la délégation jusqu’à leurs appartements pour la durée de l’examen. Sakura découvre, à son plus grand bonheur, une suite diplomatique qui lui est entièrement réservée et se dépêche d’appliquer les sceaux de protection habituels dans chaque pièce avant de se plonger dans un bain d’eau tiède et savonneuse avec délice, heureuse de délasser ses muscles de la fatigue du voyage.

L’examen ne commence que le lendemain et elle décide de mettre son temps libre à profit en visitant le village dont elle est après tout originaire. Chôjûrô sort de sa chambre au moment où elle referme la porte de la sienne et Sakura se mord la lèvre en se rappelant de l’insistance d’Honami, qui lui a assuré de maintes reprises que ce n’était qu’un baiser repoussé et qu’elle peut tout à fait agir normalement malgré l’interruption. Si Sakura ne reparle jamais à Chôjûrô, ce sera véritablement un baiser manqué cependant, alors Sakura se tourne vers lui avec un sourire plus brillant que sa confiance en elle à ce moment.

« Chôjûrô-kun, est-ce que tu as un moment ? »

Elle propose au garçon de l’accompagner et s’il évite le regard de Sakura, Chôjûrô accepte tout de même dans un battement de cœur.

A peine arrivés dans la rue, ils se font bousculer par un marchand ambulant avant même d’avoir pu se joindre au flot de passants. Sakura se raccroche au bras de Chôjûrô pour ne pas tomber et s’apprête à se confondre en excuses avant de se raviser. Que faisait Ami, déjà, avec Sasuke ? Sakura décide d’imiter la jeune fille et reste près de Chôjûrô en lui offrant ce qu’elle espère être un sourire charmant.

Chôjûrô ne semble pas dérangé par la main de Sakura sur son biceps et bien qu’un fard menace de s’étendre jusque sous les verres de ses lunettes, il prend la direction du marché. Ils passent près des sources chaudes et traversent un quartier abandonné avant de longer ce qui ressemble à des terrains d’entraînement.

« Ça change des carrières de calcaire ! s’exclame Sakura et Chôjûrô éclate de rire. »

Ils arrivent finalement au pied du Monument aux Hokage. Une longue série de marches en pierre les mène au sommet, où Sakura se précipite pour admirer la vue, les cheveux soulevés par la brise. Chôjûrô la rejoint plus tranquillement, l’air presque déçu qu’elle ait lâché son bras, mais le panorama suffit à lui rendre le sourire.

« C’est un beau village, admet Sakura en examinant la courbe du nez du Troisième Hokage.

— Tu ne le regrettes pas ? lui demande soudain Chôjûrô.

— Quoi donc ?

— De ne pas avoir grandi ici.

— Non… Je n’ai jamais connu le village alors c’est difficile de le regretter. Toute ma vie est dans le Pays de l’Eau, je suis chez moi à Kiri. »

Un sourire illumine le visage de Chôjûrô et Sakura lui fait écho avant de se hisser, impulsivement, sur la pointe des pieds pour lui voler un baiser. Elle se cogne contre le coin de ses lunettes, mais l’envolée de papillons au creux de son ventre lui fait oublier sa maladresse. Sakura sourit d’autant plus en se détachant et Chôjûrô, bien que écarlate, ne perd pas son sourire.

« Sakura-chan, souffle-t-il. »

Sakura bat des cils et s’attend presque à ce qu’ils soient interrompus mais cette fois, il n’y a personne. Ils sont bel et bien seuls et elle a bien envie de l’embrasser encore, une initiative que Chôjûrô accueille à bras ouvert en la laissant se blottir contre lui jusqu’à la tombée de la nuit.

L’obscurité vient finalement masquer leurs rougissements et leurs vêtements quelque peu débraillés. Sakura lisse les plis de sa tunique et Chôjûrô ajuste ses lunettes sur son nez avant qu’ils ne retournent au centre-ville, main dans la main. Sakura aperçoit une tête blonde penchée sur un bol de ramen en passant devant un petit restaurant et elle tape joyeusement sur l’épaule de Naruto pour attirer son attention.

« Oh ! Sakura-chan ! Qu’est-ce que tu fais là ? Ton équipe aussi participe à l’examen ?

— Oui, nous sommes toute une délégation de Kiri, confirme la jeune fille avec un sourire. Je te présente Chôjûrô-kun, mon petit ami. »

Le concerné salue Naruto, qui s’illumine un peu plus et tapote les sièges de par et d’autre du sien. Sakura s’installe à ses côtés et Chôjûrô fait de même, réservé bien que la bonne humeur de Naruto se propage vite et bientôt, les deux garçons discutent comme s’ils se connaissaient depuis toujours.

« Je vous offre le repas pour vous souhaiter la bienvenue ! »

Le chef s’active en cuisine après la déclaration de Naruto et ils discutent en attendant leurs commandes. Le blond s’est fait beaucoup d’idées concernant l’examen à venir et laisse les genin de Kiri perplexes, car son sensei ne l’a visiblement pas préparé à ce qui l’attend. Ils n’ont pas l’occasion d’évoquer les différentes phases de l’examen cependant, car Naruto jette un regard désespéré à son porte-monnaie tandis qu’ils terminent de manger et se gratte l’arrière de la tête, gêné.

« Bon, finalement je suis fauché mais la prochaine fois, c’est moi qui paye ! »

Naruto file sans demander son reste et les laisse pantois tandis que le chef sort la tête de la cuisine pour apporter l’addition. Sakura soupire et va pour sortir son portefeuille mais Chôjûrô la devance pour payer en haussant les épaules.

« Un personnage intéressant, commente-t-il sans méchanceté à l’égard de Naruto.

— Oui, il a quelque chose de spécial ! »

Sakura prend la main de Chôjûrô dans les rues tamisées de Konoha pour retourner à leurs appartements et ils trouvent leurs coéquipiers attroupés dans l’entrée en arrivant. Quelques regards entendus dans leur direction font rougir Sakura, qui baisse la tête en réalisant que personne ne s’est demandé où ils étaient passés car c’était évident. Elle aperçoit Honami lui faire un pouce levé, et Suigetsu se met à tousser lorsque Haku lui donne un coup de coude pour l’empêcher de faire une remarque. L’ombre d’un sourire précède les derniers conseils de Zabuza pour les genin rassemblés.

« Sachez épargner les vies qui en valent la peine mais ne faites pas dans la pitié avec ceux qui ne vous auraient pas épargnés. »

Les remarques de Zabuza font froid dans le dos à Sakura qui se blottit un peu plus contre Chôjûrô. Le genin demeure impassible et soutient le regard d’Ao lorsque son œil unique se pose sur eux.

« Vous avez fait le choix d’épouser une profession sanglante mais il n’est pas nécessaire de faire de cet examen un bain de sang. Vous représentez un village en paix, soyez en les garants.

— Et surtout, soyez prudents, d’autres villages n’ont pas ce genre de scrupules, conclut Akimi. »

Sakura tâche de ne pas se laisser ronger par l’angoisse d’affronter d’autres ninja. Jusqu’à présent, elle a surtout combattu des bandits et des mercenaires. Mis à part sa confrontation éclair avec l’équipe Kakashi, elle n’a pas d’expérience face à des shinobi qui pourraient vraiment tenter de lui faire du mal et ses propres paroles à l’égard de Naruto lui reviennent en mémoire.

Elle n’a encore rien vu du monde des ninja et certains de ses adversaires auront déjà fait couler des rivières de sang, qu’ils aient à peine rejoint les rangs ou deux fois son âge.

Si Sakura a confiance en ses capacités et celles de ses coéquipiers, elle doit se rendre à l’évidence. Il s’agit d’un examen dangereux et elle ne peut pas se permettre de baisser sa garde. Elle glane quelques heures de sommeil évasives sur cette dernière pensée et ne rêve malheureusement pas seulement de son dernier baiser avec Chôjûrô, sur le pas de la porte en lui souhaitant bonne nuit.

Non, Sakura passe la nuit en tête à tête avec les bandits et autres mercenaires auxquels elle a ôté la vie. Elle est clouée au sol par les souvenirs de ses altercations et leurs corps sans vie la regardent se débattre contre des mains invisibles venues encercler sa gorge. Elle se réveille emprisonnée dans ses draps, en sueur, et retrouve une armée de mercenaires dans ses souvenirs, noyés dans des rivières de sang qui s’écoulent sous le Pont Tazuna.

Sakura a la gorge sèche et les yeux embués de larmes lorsqu’elle échappe enfin à ses cauchemars au petit matin.

L’équipe Zabuza se lève avec le soleil comme souvent et ils se rejoignent pour déjeuner dans un accord tacite que même le voyage n’a pas su ébranler. Suigetsu baille entre deux bouchées et Haku noue ses cheveux dans un chignon serré tandis que Sakura resserre son bandeau frontal autour de son front pour que ses cheveux roses ne lui tombent pas devant les yeux.

Ils n’attendent pas les autres genin de Kiri pour se rendre à la première épreuve. Un brouhaha précède la foule atroupée devant la salle d’examen et deux chûnin de Konoha disent à qui veut l’entendre qu’il vaut mieux ne pas entrer s’ils tiennent à leur vie. Ils bloquent l’entrée et Sakura fronce les sourcils, cela n’a pas de sens. Konoha est typiquement le village le moins dangereux, du moins au premier abord et les avertissements des chûnin sonnent faux. Elle se concentre, soudain suspicieuse car elle aurait juré n’avoir monté que deux étages…

« C’est la salle 301, encore un étage, souffle-t-elle à ses coéquipiers en les tirant par la manche. »

Suigetsu lui lance un regard confus en mettant un pied sur la première marche d’escalier et Haku le pique discrètement avec un senbon sans percer la peau pour que la douleur brise l’emprise du genjutsu sur l’Hôzuki. Le regard de Suigetsu s’éclaire et il continue de monter les escaliers, non sans un sourire suffisant.

Ils ne se mêlent pas aux genin qui n’ont pas remarqué l’illusion. Après concertation, ils ont décidé de se faire discrets afin de ne pas devenir des cibles faciles, ni intimider leurs concurrents. Il ne s’agit pas de devenir l’ennemi à abattre et pour être tout à fait honnêtes, l’équipe Zabuza a bien l’intention de représenter leur village et de faire honneur à sa réputation après tous les efforts de Meï et leur sensei pour redorer le blason de Kiri.

La salle d’examen est déjà bien remplie malgré le nombre de genin égarés au deuxième étage lorsqu’ils poussent la porte sans se faire remarquer. Sakura prend un moment pour observer les bandeaux frontaux qu’elle peut apercevoir. Elle est surprise de reconnaître ceux de Suna, récemment allié à Konoha, et remarque aussi quelques équipes d’Ame, qui n’ont heureusement pas amené leur pluie perpétuelle jusqu’ici. Il y a même des équipes originaires de Kusa et Taki et si le croissant de lune sur quelques bandeaux ne la trompe pas, il y a même une équipe de Getsu, un autre village ninja de l’archipel.

« De quel village viennent-ils ? demande-t-elle à Suigetsu à voix passe en désignant des bandeaux ornés d’une note de musique. »

Ni lui, ni Haku n’ont entendu parler de ce village, mais Chôjûrô reconnaît le symbole en arrivant avec les autres genin de Kiri et Sakura se rapproche de lui pour en savoir plus sur le nouveau village caché par le son, Oto, dans le Pays des Rizières. Elle ne fait pas de démonstration d’affection cependant, ce n’est ni le moment ni l’endroit mais une kunoichi de Konoha n’a pas autant de scrupules lorsque l’équipe Kakashi se joint à eux.

« Sasuke-kun ! s’exclame la blonde, sa longue queue de cheval se balançant derrière elle.

— Ah mais en fait toutes les filles du Pays du Feu sont jolies, commente Oki, l’air surprise. »

Sakura grince des dents à l’entente du compliment qui a toujours eu un goût amer dans la bouche de l’Hoshigaki. Elle en a fait voir de toutes les couleurs à Sakura à l’Académie à cause de sa différence et la jeune fille doit se retenir de répliquer.

Elle se contente de regarder cette Ino qui se fait remarquer et Sakura doit bien admettre que l’autre kunoichi est époustouflante de culot et de charisme, avec des formes déjà bien développées pour son âge et un regard saisissant, plus bleu encore que celui d’Honami. Et la meilleure amie de Sakura a de beaux yeux !

Ino saute sur Sasuke et Sakura se demande vaguement si la blonde a vraiment le béguin pour lui ou seulement l’intention de faire enrager Ami, presque verte de jalousie. Ino est bien trop jolie pour avoir besoin de faire un tel cinéma devant un garçon, songe Sakura.

Les équipes de Konoha se donnent en spectacle devant toute la salle, sous les regards exaspérés de nombreux participants, pour la plupart plus âgés. L’un deux intervient finalement pour leur faire comprendre qu’ils ajoutent à la tension déjà bien présente dans l’atmosphère. Bien qu’il porte le même bandeau frontal qu’eux, les plus jeunes ne semblent pas le connaître et ignorent ses avertissements.

Sakura se crispe tandis que la tension atteint son comble et un conflit manque d’éclater.

Elle hésite à intervenir pour défendre les débutants de Konoha, pris à partis par les ninja d’Oto, mais se ravise en croisant le regard d’un garçon au visage peinturé de violet, retenu par l’un de ses coéquipiers. Un peu loin pour se faire une idée précise de la nature de la technique utilisée par les ninja d’Oto, Sakura se promit de se méfier d’eux tandis qu’un nuage de fumée à l’autre bout de la pièce attire l’attention des participants.

Elle serre brièvement la main de Chôjûrô dans la sienne avant de rejoindre ses coéquipiers tandis que l’homme apparu sur l’estrade les traite de simples mômes. Si seulement, malheureusement la salle est remplie de ninja de tous âges et de tous horizons et Sakura grimace car l’examinateur non plus, ne lui dit rien qui vaille. Son apparition, ou plutôt son apparence, a calmé le jeu car il a le visage strié de cicatrices et malgré quelques complaintes, personne ne le contredit lorsqu’il annonce qu’il est interdit de combattre pendant l’épreuve de théorie.

Sakura rejoint bientôt sa place, loin de ses coéquipiers tout comme le reste de la salle. Elle se laisse aller contre le dossier de sa chaise en écoutant Ibiki Morino énoncer les règles de l’épreuve. Interdiction de tricher, songe-t-elle en regardant les surveillants prendre place autour de la salle. En général, c’est éliminatoire mais dans ce cas précis, les participants peuvent tricher plusieurs fois et perdre des points s’ils se font prendre, avant d’être finalement disqualifiés.

En temps normal, cela n’aurait pas de sens mais Sakura a bien l’impression qu’Ibiki les incite à tricher. Simplement, il faudrait faire preuve de créativité pour cela. Elle ne s’en inquiète pas, après tout la théorie est plutôt le point fort de Sakura. Non, elle s’inquiète plutôt pour ses coéquipiers, qui vont devoir se débrouiller pour trouver les réponses.

Elle retourne précipitamment sa feuille lorsque l’examen commence afin de s’appliquer à répondre aux questions. La mine de son crayon crisse sur le papier tandis que les surveillants éliminent de plus en plus souvent les candidats autour d’elle, et Sakura se crispe, les yeux rivés sur sa copie. Si elle n’a rien à se reprocher en soi, la jeune fille sait très bien que ses coéquipiers ont besoin de sa complicité pour tricher et elle tâche de se redresser normalement en finissant la première page pour ne pas attirer l’attention.

Elle connaît bien ses coéquipiers, Suigetsu s’est probablement endormi sur sa feuille après quelques minutes et Haku a sûrement l’intention d’user de ses miroirs. L’un d’eux apparaît d’ailleurs bientôt au-dessus de la copie de Sakura et elle projette une illusion sur la table pour détourner l’attention des surveillants pendant que son coéquipier consulte ses réponses. Elle y aperçoit le profil d’Haku dans la glace avant que le miroir ne s’évapore, sûrement pour aller réapparaître devant Suigetsu afin qu’il récupère lui aussi les réponses de Sakura.

Elle ne se retourne pas pour vérifier qu’il les recopie.

Ibiki déclare finalement qu’il est temps d’annoncer la dernière question. Sakura appuie son menton sur ses mains pour écouter les nouvelles règles avec méfiance. Répondre correctement ou rester un genin toute sa vie, l’enjeu n’est pas anodin mais encore une fois, cela va de soi. Sakura trouvera la bonne réponse, elle est ici dans son élément.

Certaines équipes ne semblent cependant pas avoir confiance en leurs capacités et celles de leurs coéquipiers. Ils quittent la salle pour avoir une chance de passer l’examen une autre fois et Sakura se permet enfin de regarder autour d’elle pour étudier les équipes restantes. La salle s’est déjà considérablement vidée depuis le début de l’épreuve.

« Même pas peur ! Je vais devenir Hokage, ce n’est pas ça qui va m’arrêter ! Naruto perd patience avec l’examen. »

Sakura sursaute car elle ne s’attendait pas à ce qu’il soit encore là, mais en rétrospective, elle ne devrait pas être surprise. Naruto n’abandonne pas si facilement et elle sourit tandis que son interruption permet enfin de connaître l’issue de l’épreuve : il n’y a pas de dernière question simplement un ultimatum pour tester leur détermination et leur courage. Sakura se laisse aller contre le dossier de sa chaise, les genin de Konoha ne vivent vraiment pas dans le même monde que le reste des villages cachés.

Malgré la sélection effectuée par la première épreuve, il reste encore un nombre conséquent de ninja dans la salle et un bruit sourd sur l’estrade précède l’entrée énergique d’une femme survoltée. Anko Mitarashi, la seconde animatrice, partage une ressemblance frappante avec Ami et la tête baissée de la kunoichi confirme les soupçons de Sakura.

Elle n’a pas l’occasion de vérifier, car la seconde épreuve se tiendra demain.

Notes:

J’ai toujours adoré l’arc des examens chûnin, c’était tellement fun à regarder !
Que penses-tu de Chôjûrô comme premier amour de Sakura ?

Chapter 13: Faire des ricochets

Summary:

Sakura a enfin déclaré son amour pour Chôjûô et forte des sentiments qui lui sont retournés, elle a réussi la première épreuve de l’examen sans encombre.

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Toutes les équipes de Kiri ont réussi la première épreuve et Sakura passe le reste de la journée avec Chôjûrô. Il fait quelques croquis du Monuments aux Hokage et de la Tour sous les yeux ébahis de la jeune fille et lui montre quelques uns des dessins qu’il a pu faire par le passé — l’estampe pour son exposé sur Konoha à l’Académie, leur classe le jour de l’obtention du diplôme, son équipe au pied de la Montagne Calcaire.

« Tiens, c’est pour toi. »

Chôjûrô lui offre un portrait d’Honami et Sakura le glisse précieusement dans son portefeuille en essayant de ravaler un peu de jalousie. Ce n’est pas de la faute de son amie si Chôjûrô l’a prise comme modèle. Simplement Sakura aurait aimé que ce soit elle.

Elle n’ose pas réclamer, bien sûr, ça ne se fait pas.

Ils se perdent dans les rues de Konoha sans se soucier des autres passants et rejoignent finalement leurs camarades dans les appartements attribués à la délégation de Kiri. Sakura échange un baiser avec Chôjûrô avant de s'éclipser dans la chambre d’Honami car elles ont bien des choses à se dire.

« Je t’avais dit d’aller lui parler ! s’exclame cette dernière quand Sakura lui raconte son baiser.

— Cela fait des années que je m’y prépare ! »

Sakura abat un oreiller sur la tête de son amie et elles échangent quelques coups en riant avant de se calmer, affalées sur le futon. Elles regardent le plafond en reprenant leur souffle et Sakura roule sur le côté pour regarder Honami lorsque la jeune fille se confie sans préavis.

« J’ai failli déclarer forfait ce matin… La volonté de feu qui anime les ninja de Konoha… Nous n’avons pas ça à Kiri. Je ne compte pas vraiment sur Daiki pour palier à mes points faibles et Chôjûrô nous a toujours protégés en mission quand Ao-sensei ne pouvait pas.

— Honami… c’est en partie grâce à toi que j’en suis là aujourd’hui. Tu m’as toujours soutenue et je ne me serais jamais autant entraînée à l’Académie si tu n’avais pas été là.

— Tu es bien la seule. Mon clan se contrefiche de moi et Ao-sensei ne s’intéresse qu’à Chôjûrô. »

Les paroles d’Honami sont tristement véridiques. Le travail d’équipe à Kiri s’arrête à la cordialité entre les shinobi et leur capacité à ne pas mettre les autres en danger par leur incompétence. Il n’y a plus grand monde dans le clan de Suigetsu pour le soutenir dans son apprentissage de leurs techniques secrètes et l’ombre de la guerre civile plane encore sur beaucoup d’habitants. Ils se méfient de tout un chacun et Sakura réalise soudain qu’elle fait partie des rares équipes capables de travailler ensemble.

Honami ne peut pas se reposer sur ses coéquipiers et son inquiétude paraît soudain beaucoup plus fondée. Sakura la prend dans ses bras à défaut de trouver les mots pour la rassurer et elles restent longuement alanguies tandis que la vie nocturne de Konoha retentit à l’extérieur.

Sakura s’endort sans le vouloir et se réveille bien trop tôt au goût d’Honami.

Elle laisse son amie finir sa nuit et rejoint ses coéquipiers comme à son habitude pour trouver Suigetsu grognon et Haku, étrangement bavard. Il revient sur la première épreuve autour du petit-déjeuner et Sakura lui sourit en se souvenant du miroir qu’il a utilisé pour tricher.

« Tu t’es drôlement amélioré avec ton don héréditaire, tes efforts ont payé !

— Ouai, on aurait jamais réussi l’épreuve sans toi, renchérit Suigetsu.

— Zabuza-sensei m’a beaucoup aidé.

— C’est son travail, grommèle l’Hôzuki, dont le compliment n’a pas fait mouche.

— Je pense qu’il se plaît à nous former et qu’il est particulièrement fier de ce que nous avons accompli, répond Sakura.

— Il m’a conseillé de transporter le plus d’onguents possibles, ajoute Haku lorsque Suigetsu ne la contredit pas.

— Est-ce que tu as réussi à les faire sentir bon ? Le dernier puait comme pas possible ! »

Haku et Sakura échangent un regard entendu à l’égard de la mauvaise humeur de leur coéquipier. Elle met ça sur le compte de l’angoisse, ils ont tous les trois leur façon bien à eux de l’exprimer et les manières exubérantes de la seconde examinatrice ne font rien pour les rassurer lorsqu’ils rejoignent les autres participants pour le début de l’épreuve.

Les règles, bien que simples à comprendre cette fois, font froid dans le dos. Elles rappellent à Sakura les avertissements voilés des jônin de Kiri et Anko ne fait que confirmer ses soupçons lorsqu’elle s’en prend à Naruto. Un frisson d’horreur secoue Sakura lorsqu’un peu de sang perle de l’entaille sur la joue du blond, mais d’autres participants s’en délectent et Sakura se rapproche instinctivement de ses coéquipiers.

Ils n’ont pas l’intention d’avoir recours à leurs techniques les plus meurtrières, pas quand ils peuvent l’éviter. Quelque chose dans l’atmosphère de l’épreuve de survie fait douter Sakura cependant, car elle n’est pas sûre d’avoir la possibilité d’échapper à cette alternative macabre.

« Sois prudent, Chôjûrô-kun, lance-t-elle à son petit ami. »

Il soutient son regard inquiet, mais il semble plus soucieux d’elle que de sa propre sécurité et pour une fois, elle espère que son petit ami prendra soin d’Honami comme il le ferait avec Sakura. Son amie a bien besoin de quelqu’un sur qui elle peut compter et jusqu’à présent, Chôjûrô s’est montré à la hauteur. Tout va bien se passer.

« Une épreuve de survie, c’est dans nos cordes, souffle Sakura tandis que son équipe se prépare.

— Le rouleau du ciel, Haku indique en dupliquant ce dernier.

— Surprise, murmure Suigetsu en recouvrant les leurres de parchemin explosif. »

Il retrouve un peu de sa bonne humeur tandis qu’ils forment leur plan. Sakura recouvre les deux parchemins d’une illusion pour détourner l’attention des pièges de Suigetsu et hoche la tête en écoutant ses instructions.

« On avance jusqu’à la tour et on détrousse les équipes qu’on trouve en chemin, aussi simple que ça. »

Il a raison, l’équipe Zabuza n’a pas de bon traqueur et ils n’ont pas grand intérêt à essayer de prendre les autres équipes de vitesse dans la Forêt de la Mort pour aller piéger les environs de la tour, car ce n’est pas non plus leur spécialité. Ils ne s’attendent pas à être pris pour cible dès le départ, car ils ne se sont pas vraiment fait remarquer jusqu’à présent, mais la méfiance est de mise.

L’équipe Zabuza s’élance dès que sonne le début de l’épreuve. Ils ont cinq jours.

Ils tombent dans un nid d’araignées géantes dès les premières heures et Sakura dégaine ses haches pour les tenir à distance tandis que Suigetsu s’en donne à coeur joie avec son nodachi. Tous deux couvrent la retraite d’Haku, dont l’arsenal n’est pas adapté pour repousser les monstres velus pourvus d’un peu trop d’yeux au goût de la jeune fille.

« Tu ne les trouves pas mignonnes ? Suigetsu se moque en caressant le dos d’une araignée qui se balance au bout d’un fil. »

Sakura fait la moue et balance brutalement l’une de ses haches dans sa direction. Tranchée net, la toile de l’araignée la laisse tomber parmi ses congénères et Sakura ramène sa hache vers elle d’un coup sec sur le fil métallique qui y est attaché. Ils rejoignent Haru un peu plus loin et continuent d’avancer pour creuser la distance entre eux et le nid d’araignées.

Les clairières qu’ils traversent se ressemblent toutes, des chênes aux troncs immenses et autres feuillus et Sakura s’étonne de ne pas rencontrer plus de complications ou même d’autres équipes. Elle s’arrête brutalement à cette pensée et ses coéquipiers font de même tandis qu’elle étudie les alentours avec méfiance.

« Encore un genjutsu ? suggère Haku. »

L’équipe Zabuza découvre soudain un paysage somme toute à peine différent de celui qui les environnait encore quelques secondes plus tôt, mais leurs repères ont changé. Ils perdent un peu de temps à grimper au-dessus de la cime des arbres pour s’assurer qu’ils vont toujours dans la bonne direction, somme toute une bonne précaution.

« Le genjutsu nous a fait tourner en rond et inverser le nord avec le sud, marmonne Sakura, frustrée. »

Suigetsu et Haku partagent le sentiment mais il n’y a rien à faire, il est trop tard pour changer les choses. L’essentiel est de s’être défait de l’illusion, songe Sakura tandis qu’il commence à faire sombre au pied des arbres. Ils reprennent la bonne direction et leur avancée jusqu’à trouver une clairière en retrait de la rivière qui traverse la forêt. Ils inspectent les alentours et s’estiment suffisamment en sécurité pour y établir leur campement à la nuit tombée.

« On pourrait profiter du couvert de la nuit pour s’en prendre à une autre équipe ? Suigetsu sourit en proposant son plan.

— Aucun d’entre nous n’a d’affinité particulière dans l’obscurité, lui fait remarquer Sakura.

— Par contre, nous avons de quoi nous protéger pour la nuit, répond Haku. »

Il sourit à Sakura et elle s’active immédiatement pour couvrir leur cachette d’illusions protectrices, destinées à détourner l’attention de quiconque y regarderait d’un peu trop près. Suigetsu se résout à passer la nuit dans la clairière et cache quelques sceaux sous la végétation, entre deux pièges manuels, pour assurer leur sécurité tandis que Haku leur prépare un bon repas à l’aide de quelques senbon bien placés. Ils se retrouvent bientôt autour d’un petit feu de camp pour faire griller le gibier dans le brasier et Suigetsu cogne sa brochette contre celle de ses coéquipiers.

« Il faut se répartir les tours de garde, déclare-t-il et il laisse passer quelques secondes avant de poursuivre. Alors on va faire des ricochets sur la rivière pour déterminer qui prend le premier ! »

Sakura roule des yeux mais un regard d’Haku suffit à lui faire comprendre qu’ils auront plus vite fait de coopérer. Ils se retrouvent donc au bord de l’eau après manger pour chercher des galets sur la berge tandis que la Forêt de la Mort retentit de sons tous moins rassurants les uns que les autres.

« A toi l’honneur ! »

Suigetsu la regarde faire avec un sourire pointu et Sakura grogne lorsqu’elle réalise que son galet a fait le moins de ricochets quelques secondes plus tard. Elle prend donc le second quart avec un bâillement lorsque Suigetsu la réveille au milieu de la nuit. Ses illusions ont tenu bon jusqu’à présent et elle ne sent la présence d’aucune autre équipe suffisamment proche pour les repérer, ravie d’aller réveiller Haku lorsque vient son tour de garde.

Elle arrive à grappiller quelques heures de sommeil en plus malgré le réveil intempestif un peu plus tôt et ils décident de tenter leur chance afin de récupérer un rouleau le lendemain. Toute l’équipe est en bonne condition pour le moment, et leur campement à bonne distance de la tour.

« On risque de se retrouver les mains vides ou en difficulté si on attend plus longtemps, affirme Suigetsu et ses coéquipiers hochent la tête. »

Ils n’ont cependant pas le temps de jeter leur dévolu sur une équipe en particulier. Une volée de kunai leur barre soudain la route et Haku a à peine le temps de dresser une série de miroirs devant eux pour absorber le barrage et le renvoyer à leurs agresseurs. Ils sortent précipitamment des fourrés où ils étaient dissimulés et les deux équipes se font face.

Sakura pose la main sur l’une de ses hanches, menaçante avec les haches qui se balancent de part et d’autre de sa taille. Une jeune fille aux cheveux d’un rouge écarlate recule d’un pas quelques arbres plus loin, mais ses deux coéquipiers refusent de se laisser intimider.

« Vous avez quoi comment rouleau ? demande l’un d’eux.

— Et vous ? réplique Suigetsu.

— Le rouleau de la terre, répond le second garçon. On ne s’en prendra pas à vous si c’est votre cas aussi. »

L’équipe Zabuza échange des regards méfiants. Comment savoir s’il ne ment pas ? Il pourrait très bien essayer de les induire en erreur afin qu’ils baissent leur garde. Peut-être même que cette équipe a déjà deux rouleaux. L’autre équipe n’a cependant pas l’air très expérimentée, et encore moins rassurée par l’idée d’une confrontation.

« Ça ne vous dérange pas si on vérifie ? lance finalement Sakura. »

L’équipe adverse se crispe et la fille aux cheveux rouges carre les épaules avant de joindre ses armes à celles de son équipe pour faire pleuvoir une nuée de kunai et de shuriken sur eux. Haku les intercepte avec une salve de senbon tandis que ses coéquipiers comblent la distance qui les séparent de l’autre équipe.

A présent assez proche pour croiser le regard de la kunoichi derrière ses fines lunettes rectangulaires, Sakura note le symbole de Kusa sur son bandeau frontal avant de faire tourner ses haches entre ses mains et trancher net la branche sur laquelle l’autre fille se tient.

« Karin ! son coéquipier vient à sa rescousse. »

Il crache ensuite une série de graines dans la direction de Sakura, qui explosent en heurtant le tronc du chêne derrière lequel la jeune fille s’est réfugiée. Suigetsu prend le genin à revers et lui entaille sévèrement le flanc tandis qu’Haku tient le dernier membre de l’équipe de Kusa à distance.

Sakura l’aperçoit qui ligote l’autre ninja et se lance à la poursuite de la kunoichi pour faire de même. Elle barre la route de Karin avec un lancer de hache précis et assène un coup de manche à l’arrière de sa tête avec le manche de l’autre, fouillant déjà ses vêtements en quête du rouleau de l’équipe de Kusa.

Karin n’a rien sur elle et Sakura se redresse tandis que le nodachi de Suigetsu tombe non loin d’elle. Elle le récupère sans s’inquiéter pour son coéquipier désarmé. Suigetsu n’a pas besoin d’une épée pour mettre son adversaire hors d’état de nuire et la détonation de son pistolet aqueux ne tarde pas à retentir tandis qu’il assomme l’autre genin.

« C’est du gâteau ! se permet-il même de commenter. »

Il revient lui aussi bredouille mais Haku a déjà trouvé le rouleau de la terre dans les affaires de son adversaire et ils rassemblent l’autre équipe, ligotée, au pied d’un chêne. Suigetsu récupère son arme auprès de Sakura et l’équipe Zabuza reprend sa route sans plus attendre. Il leur reste quatre jours pour atteindre la tour et ils n’ont pas de temps à perdre s’ils veulent être sûr de se qualifier sans croiser le chemin d’autres équipes.

Ils se pressent pour terminer la seconde épreuve dans la journée, bondissant d’arbre en arbre à bon train lorsqu’une équipe de Konoha surgit d’entre les feuilles et leur barre le passage. Sakura reconnaît vaguement Kabuto et se fait la réflexion qu’il a des lunettes neuves depuis sa confrontation avec l’un des ninja d’Oto avant la première épreuve, avant qu’il ne la plaque violemment au sol.

Elle disparaît dans une gerbe d’eau et Suigetsu tire une série de balles aqueuses dans le dos du shinobi, qui disparaît à son tour dans un nuage de fumée. Les deux équipes se rassemblent dans une clairière en contrebas pour se faire face tandis que la forêt bruisse tout autour.

« Donnez-nous votre rouleau et nous vous laisseront tranquille, réclame l’un des coéquipiers de Kabuto.

— C’est tout ? s’étonna Sakura. Vous ne voulez pas savoir du quel il s’agit ?

— Non, on épargne juste à de pauvres débutants le cauchemar de la troisième épreuve, réplique l’autre coéquipier de Kabuto. »

Ce dernier repousse ses lunettes sur son nez et le reflet du soleil à travers le feuillage masque brièvement son regard sombre. Sakura se mord la lèvre et fait mine d’hésiter en croisant les mains dans son dos. Elle gratte nerveusement le sol sous son pied droit et lance un regard à ses coéquipiers, qui se font soudain tout petits, avant de sortir le rouleau du ciel de sa sacoche et de le lancer vers les genin plus âgés qui leur font face.

Kabuto hoche la tête, et le rouleau explose au milieu de la clairière.

L’équipe Zabuza se disperse immédiatement dans la forêt avec la ferme intention de semer les ninja de Konoha. Sakura s’élance parmi les branches d’arbres et envoie quelques shuriken à l’aveugle derrière elle. Les armes de corail sifflent entre les feuilles et décrivent une large courbe avant de revenir vers ses doigts tendus avec le fil métallique qu’elle garde enroulé autour de ses poignets.

Elle tisse une illusion dans le même temps pour perdre son poursuivant dans un cercle infernal similaire au piège dans lequel son équipe est tombée la veille. Débarrassée, Sakura revient vers la tour pour retrouver son équipe, ayant mené sa partie du plan à bien.

Jouer le rôle de la kunoichi effrayé était une idée de Suigetsu, mais Sakura doit bien avouer que c’était une bonne idée. Aucun d’entre eux n’avait tout à fait les rouleaux, en réalité. Haku a usé de ses miroirs pour les échanger régulièrement d’une sacoche à l’autre sans que si Suigetsu, ni Sakura ne sache qui les transportait.

Revenue à la tour, Sakura examine les alentours jusqu’à trouver une flaque d’eau dont suinte un chakra suspicieusement semblable à celui de Suigetsu. Elle fait mine de marcher dedans et son coéquipier prend lentement forme, un sourire aux lèvres en lui demandant de confirmer son identité.

« Tu nous dois toujours 500 ryo chacun, souffle-t-elle dans un rire. »

L’Hôzuki hoche la tête et un grand miroir apparaît à leurs côtés. Haku en sort gracieusement et ensemble, ils pénètrent dans la tour avec méfiance, craignant un dernier piège. Il n’y a rien, ni personne dans l’entrée si ce n’est un étrange message inscrit au mur. Sakura échange un regard avec Haku en lisant l'énigme et ils prennent quelques secondes pour y réfléchir.

« Si ton ciel déficient s'avère, approfondis tes connaissances et soit prêt. Si la terre défaut te fait, élance-toi dans les étendues sauvages où ta récompense tu trouveras. Ciel et terre tous deux ouverts, les dangers s'écarteront et sur le droit chemin tu avanceras. Des Hommes, l'élite tu deviendras, et, de guider, digne tu seras.

— Peut-être qu’il faut simplement les ouvrir ? suggère finalement Sakura. »

Haku penche la tête sur le côté avant d’acquiescer et de faire apparaître un miroir pour savoir qui transporte actuellement les rouleaux. La surface se trouble un instant et dévoile le dos familier de Suigetsu, qui sort les deux rouleaux de sa sacoche et les déroule promptement. Un nuage de fumée s’élève du sceau d’invocation peint sur les deux rouleaux et un jônin de Konoha apparaît, un senbon entre les dents et l’air ennuyé.

« Bon, je ne vais pas vous expliquer ce qu’est un chûnin, vous m’avez l’air assez futés pour comprendre qu’il faut s’entraîner pour s’améliorer, raisonner correctement dans des situations difficiles et être capable de mener une équipe pour obtenir cette promotion. Vous n’êtes peut-être pas les premiers arrivés mais c’est tout à fait respectable de terminer l’épreuve en deux jours avec quelques égratignures. Félicitations. Profitez-en pour vous reposer. »

Il semble sur le point de s’en aller quand Suigetsu l’interpelle.

« C’était qui, les premiers ?

— La Fratrie du Sable, ils ont terminé l’épreuve en une heure trente. »

Notes:

La seconde épreuve est bouclée. Que penses-tu des stratégies de l’équipe Zabuza ?

Chapter 14: Lui vouloir du mal

Summary:

Sakura et son équipe s’en sont bien sortis dans la Forêt de la Mort, mais le pire reste à venir tandis qu’ils attendent la fin de la seconde épreuve.

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

L’équipe Zabuza prend ses quartiers dans la tour tandis que les autres équipes commencent à arriver. L’équipe Ao n’est pas encore là cependant et Sakura s’inquiète pour ses amis, un mauvais pressentiment qui la poursuit jusque dans une grande salle d’entraînement au centre de la tour.

Une équipe de Konoha s’y exerce et Sakura bat en retraite pour ne pas se faire remarquer, mais l’un des deux garçons se retourne avant qu’elle n’ait le temps de s’éloigner. Il a les yeux rivés sur elle — ses pupilles, si pâles qu’elles paraissent blanches, se dilatent et des veines proéminentes se détachent de ses tempes. Cela n’enlève rien à la finesse de ses traits et Sakura se surprend à repenser aux paroles d’Oki, qui ont peut-être une part de vérité : les shinobi du Pays du Feu sont injustement beaux à regarder.

« Pardon, je ne voulais pas vous interrompre, murmure-t-elle après un moment de battement. »

Sakura reste dans l’encadrement de la porte et soutient le regard de l’autre ninja puisqu’il l’a remarquée. Plus elle le regarde, plus ses longs cheveux bruns et son visage fin se marient avec la délicatesse de son dôjutsu. Le garçon échange un regard avec ses coéquipiers, une kunoichi dont les cheveux sont regroupés en deux chignons et un shinobi avec une coupe au bol. Ce dernier se rapproche de Sakura avec des étoiles dans les yeux pour lui prendre la main avec une tendresse qui la laisse stupéfaite.

« Quel est votre nom, ma douce ? Vous êtes radieuse, que dis-je, vous irradiez de force et de jeunesse, déclare-t-il et laisse à peine le temps à Sakura de se présenter. Une fleur, une vraie, je ne peux m’empêcher de l’avouer, je me nomme Rock Lee et je souhaite devenir votre petit ami.

— Oh… euh c’est très gentil mais ça ne va pas être possible.

— Pourquoi ? Je veux vous protéger, douce fleur de cerisier ! Ne me dîtes pas que vous préférez Neji, mon éternel rival ?

— Non, j’ai déjà un petit ami, souffle Sakura en tentant de sortir de la pièce. »

L’autre kunoichi présente semble la prendre en pitié et s’approche de Lee pour l’attraper par le bras et l’éloigner de Sakura.

« Ne fais pas attention à lui, malheureusement ce genre de chose lui arrive souvent. Je m’appelle Tenten, enchantée. Nous sommes l’équipe Gaï, au plaisir de te revoir en attendant la fin de l’épreuve. »

Sakura la remercie à demi-mots, les joues brûlantes de honte et d’embarassement parce que de près, Tenten est aussi belle que le jour. Son teint hâlée et les courbes de son visage ne laissent pas Sakura insensible et elle s’empresse de s’éloigner pendant qu’elle le peut, quitte à errer dans les couloirs sans réel but.

Son inquiétude pour Chôjûrô et Honami ne fait que grandir, d’autant plus dans la sérénité sinistre et inquiétante de la tour. Si Sakura n’a pas à anticiper une embuscade comme cela était le cas dans la Forêt de la Mort, ce n’est pas le cas de ses amis. Elle craint le pire.

Sakura manque de percuter quelqu’un d’autre lorsqu’elle tourne au coin d’un couloir.

Un genin de Suna, dont l’expression peu avenante ne lui dit rien qui vaille. Elle recule prudemment, oeillant avec méfiance le garçon qu’elle dépasse de quelques centimètres sans vraiment avoir l’impression de pouvoir le toiser. Le kanji de l’amour brille sur son front mais cela ne fait rien pour la rassurer et elle recule d’un pas supplémentaire quand du sable s’élève de la gourde qu’il porte dans son dos.

Compte-t-il l’attaquer ?!

Son intention meurtrière est bien plus oppressante que tout ce que Sakura a pu expérimenter auparavant et ses jambes menacent de céder sous elle quand elle réalise que l’autre genin a vraiment l’intention de la tuer. Sakura a beau lutter, son coeur bat à la chamade dans sa poitrine et elle s’avère incapable de bouger pour s’emparer d’une hache dans l’espoir de se défendre.

Sakura se sent pâlir, persuadée que s’en est fini d’elle.

Le sable qui s’est accumulé au-dessus du garçon prend lentement une forme de pointe comme celle d’un scorpion et Sakura se voit déjà empalée dans une gerbe de sang à peine aussi pigmenté que les cheveux vermeil de l’autre genin. L’une des jambes de la jeune fille se met à trembler, mais il n’y a rien à faire, elle ne parvient pas à prendre la fuite.

« Gaara, non ! L’épreuve est terminée pour le moment, tu ne peux pas la tuer maintenant ! »

Seule la voix grave du second membre de la Fratrie du Sable parvient à faire sortir Gaara de sa transe meurtrière. La lance de sable s’effondre à ses pieds et Sakura mord son poing serré pour étouffer un sanglot et reprendre ses esprits. Elle tente de remercier le garçon au visage peinturé de violet pour son intervention, sans succès, et prend la fuite pendant qu’elle le peut encore pour aller se réfugier dans la chambre qu’elle partage avec Haku et Suigetsu.

Elle n’a rien pu faire.

Sakura a beau être sûre d’elle et plus expérimentée que certains de ses pairs, elle perd ses moyens face à d’autres ninja qui lui veulent vraiment du mal. Zabuza l’a peut-être endurcie, il a tout fait pour la préparer aux horreurs qu’elle serait forcée de voir et de faire sur le terrain, Sakura s’est même déjà retrouvée dans une position où sa vie est vraiment en danger et pourtant…

Tous ses progrès semblent soudain insignifiants.

Ses coéquipiers la trouvent ainsi un peu plus tard, prostrée sur un futon. Haku prend place à ses côtés et lui caresse les cheveux dans un réflexe de réconfort, mais Suigetsu se montre moins conciliant avec elle.

« T’as rompu avec Chôjûrô ?

— Non ! Comment tu veux que je rompe avec lui, il n’est pas là ! s’exclame Sakura en se redressant brusquement. »

Haku passe une main dans ses cheveux pour la recoiffer et Suigetsu offre un sourire pointu à sa coéquipière en levant les mains pour l’apaiser.

« Y’a pas mort d’homme ? Alors arrête de pleurnicher et va dire bonjour à ton petit ami, qui est arrivé d’ailleurs. Il nous a demandé de venir te chercher. »

Sa façon d’ignorer les yeux rouges et gonflés de Sakura ainsi que ses joues humides la fait oublier ses contrariétés plus que tout autre tentative de sa part. Elle accepte un carré de tissu de la part d’Haku pour aller se rafraîchir et ses coéquipiers l’accompagnent pour rejoindre l’équipe Ao dans le couloir.

Trois autres genin sont arrivés en même temps qu’eux et prennent leurs quartiers en face de ceux de Kiri. Le symbole du village caché par la cascade est affiché sur la porte et la jeune fille les salue d’un signe de tête lorsqu’elle croise le regard de l’autre kunoichi, dont les cheveux turquoise sortent autant du lot que ceux roses de Sakura.

Elle reprend un peu d’aplomb après cet échange cordial. Tous les shinobi présents ne sont pas comme Gaara. Le frère de ce dernier n’a semble-t-il par grande chose en commun avec le cadet sanguinaire non plus. Sakura retrouve même le sourire en rejoignant l’équipe Ao.

Chôjûrô enveloppe la lame d’Hiramekarei avec un bandage neuf, l’air contrarié et Sakura s’approche de son petit ami à pas mesurée. Il lui sourit malgré les cernes qui pèsent sous ses yeux et un regard insistant de Sakura ne révèle pas de blessure notable chez lui. L’équipe Ao est couverte de boue et de poussière et les endroits où leur peau est à découvert laisse deviner égratignures et hématomes qui disparaissent sous leurs vêtements.

« Nous avions l’intention de traquer une équipe plus expérimentée à travers la forêt afin de rejoindre la tour au plus vite et piéger les premiers arrivants, mais il s’est avéré que les premiers étaient un peu trop expérimentés pour nous, souffle-t-il en guise d’explications.

— Chôjûrô a eu besoin d’un jour de repos et nous n’avons pas réussi à récupérer deux rouleaux tout de suite, il a fallu tendre plusieurs embuscades, ajoute Daiki.

— Vous êtes là maintenant, c’est le principal. »

Un tant soit peu rassurée, elle serre Honami dans ses bras. La jeune fille a les yeux vacants, gris plutôt que bleus pour une fois et ne tarde pas à aller s’allonger pour récupérer, bientôt rejointe par Daiki. Chôjûro se contente de poser ses affaires dans leurs quartiers et se tourne vers Sakura avec un sourire fatigué mais bien présent.

« Tu as déjà mangé ? Je suis affamé.

— Tu devrais peut-être aller te reposer avec ton équipe…

— Je préfère rester avec toi. »

Sakura a beau protester, Chôjûrô ne cède pas et ils prennent finalement la direction du réfectoire. Les tables commencent à se remplir et Sakura contient difficilement un tressaillement en apercevant la famille de Gaara de l’autre côté de la salle. Ce dernier n’est pas avec eux, mais cela ne fait rien pour la rassurer.

Elle avale tant bien que mal le contenu de son assiette aux côtés de Chôjûrô, l’estomac noué. Il remarque qu’elle est contrariée et effleure sa main libre du bout des doigts avant de la prendre dans la sienne en lui offrant un sourire qui l’invite à se confier.

« J’ai croisé un autre genin un peu avant que tu arrives, il est… différent des autres participants. Pire que les plus hostiles d’entre eux. J’ai bien cru que… j’ai peur pour nos amis Chôjûrô, je ne veux pas qu’il leur arrive quoi que ce soit. L’équipe Kakashi n’est pas là, si ça se trouve ils l’ont rencontré dans la forêt…

— Arrête d’y penser, il reste encore un jour avant que l’épreuve se termine et même si c’est difficile à accepter, tu ne pourras rien y faire si l’un de nous affronte cette personne. C’est le risque à prendre lorsqu’on décide de devenir un ninja. »

Sakura déglutit avec difficulté. Elle refuse de l’accepter et les mots de Chôjûrô sont durs à entendre, quand bien même il s’agit de la stricte vérité. Les organisateurs ne vont pas intervenir pour limiter les dégâts collatéraux et elle se demande brièvement comment Anko peut laisser sa propre sœur participer à ces épreuves en sachant qu’elle risque sa vie. Sakura n’a aucune idée de la teneur de leur relation, mais elle espère que la jônin veille tout de même sur sa cadette.

Elle soupire et repousse son assiette. Elle n’a pas faim. Chôjûrô termine rapidement la sienne afin de quitter le réfectoire et prend la main de Sakura pour retourner jusqu’à leurs quartiers, les paupières tombant déjà sur ses yeux sombres à force de lutter contre la fatigue. Il l’embrasse du bout des lèvres avant de se retirer sans la chambre qu’il partage avec le reste de son équipe.

Honami sort de cette dernière quelques instants plus tard. Elle a les yeux rouges et hoquète toujours quelques sanglots lorsqu’elle se blottit dans les bras de Sakura. L’équipe Ao ne s’en est pas sortie sans verser le sang de ses ennemis et la jeune fille caresse le dos de son amie dans une tentative de la réconforter, sans succès.

« Je n’arrive pas à les oublier, murmure Honami. Je ne sais pas comment tu as fait Sakura, je ne suis pas aussi forte que toi. Je n’y arriverai pas. »

Sakura repousse les cheveux de son amie derrière ses oreilles et essuie doucement ses joues trempées de larmes. Les mèches de cheveux bruns se redressent immédiatement pour former des zig-zag mais la kunoichi ignore cette particularité du clan Kurosuki pour caresser le visage d’Honami.

« Il faut que tu te reposes avant tout. »

Elle raccompagne Honami à l’intérieur de la chambre et la borde, non sans jeter un regard à Chôjûrô. Il dort, recroquevillé sur son futon et elle s’en veut de ne pas avoir pu être là pour lui il y a quelques instants. Peut-être que lui aussi avait besoin d’en parler, mais il a préféré la réconforter.

Sakura attend qu’Honami s’endorme avant de se redresser, non sans caresser les cheveux de Chôjûrô sur le chemin de la sortie. Il soupire dans son sommeil et Sakura rejoint finalement sa propre équipe pour tâcher de récupérer un maximum avant la fin de la l’épreuve, aussi bien physiquement que mentalement.

Ils ont un examen à terminer.

Le dernier jour voit arriver les shinobi les plus amochées et l’équipe Akimi manque toujours à l’appel. Sakura accompagne ses camarades pour attendre les trois genin de Kiri à l’entrée. L’équipe Kakashi n’a toujours pas rallié la tour non plus et elle ravale un peu d’inquiétude pour les ninja de Konoha. Elle ne peut pas se permettre de s’attacher à eux.

La relation que Sakura entretient avec Oki est toujours un peu houleuse, mais lorsque l’Hoshigaki passe enfin le pas de la porte aux côtés de Gakuun, Akira appuyé sur eux, la rancœur de Sakura disparaît.

« Ils sont là ! »

Elle se précipite avec le reste de ses camarades pour soutenir le grand dadet élancé. Du sang se mêle à ses cheveux acajou et les vestiges d’une techniques futon ont tailladé son corps et ses vêtements jusqu’à dévoiler le blanc de ses os par endroit. Une équipe de ninja médecin écarte les genin de Kiri pour le prendre en charge, non sans interroger Oki quant à la nature de ses blessures.

« Il a perdu le contrôle de son jutsu, nous n’avons pas pu l’en sortir à temps, l’Hoshigaki crache un peu de sang. Il s’est retrouvé pris dans une tornade avec nos adversaires. »

Les ninja médecins évacuent Akira pour lui prodiguer les soins nécessaires et la seconde épreuve touche ainsi à sa fin. Sakura observe Oki et Gakuun à la dérobée tandis qu’elle suit le flot de genin à travers la tour. Ses camarades ne s’en sont pas sortis indemnes non plus et Gakuun tente tant bien que mal de masquer ce qu’elle soupçonne être une entorse à la cheville.

Elle aperçoit l’équipe Kakashi, enfin arrivée aussi, tandis que les participants se réunissent dans la grande salle d’entraînement qu’elle a découverte à son arrivée. En plus des genin de Kiri, cinq équipes de Konoha ont réussi la seconde épreuve, ainsi qu’une équipe d’Oto, une autre de Taki et bien sûr, la Fratrie du Sable.

Avec plus de trente participants restants — malgré deux abandons, il est décrété qu’une épreuve préliminaire va diviser le nombre de candidats par deux avant la troisième et dernière épreuve. Sakura rejoint l’étage supérieur de la salle avec son équipe et découvre que Zabuza, ainsi que d’autres sensei, se sont joints à eux pour les préliminaires. Accoudé à la balustrade, ses bandages dissimulent comme toujours ses expressions mais il a le regard plus dur encore qu’à l’accoutumée tandis qu’il observe les combats éliminatoires en contrebas. Sans un mot, son équipe se joint à lui pour faire de même.

Sasuke est appelé en premier et Ino — qui lui a sauté dessus peu avant la première épreuve — pousse même des cris d’encouragement à son attention jusqu’à ce qu’il remporte son combat. Les deux garçons sont escortés hors de la pièce un instant plus tard. Sakura ne s’y attarde pas, les yeux rivés sur les noms affichés à l’écran pour le prochain combat : Haku et Fû. Sakura n’a aucune idée de qui il s’agit et effleure brièvement le bras de son coéquipier en guise d’encouragement.

« Tu ne peux pas perdre contre une fille ! lance Suigetsu, trop fort pour être anodin.

— Hey, les filles aussi ont le droit de gagner ! proteste-t-elle. »

Haku reste de marbre mais Sakura décèle l’ombre d’un sourire face aux pitreries de l’Hôzuki. Il saute par-dessus la balustrade pour rejoindre l’arbitre en contrebas tandis qu’une jeune fille emprunte les escaliers d’un pas bondissant. Sakura l’a déjà aperçue dans les quartiers du village de la cascade, avec sa peau basanée et ses cheveux turquoise, un contraste joyeux auquel elle fait honneur en s’adressant directement à Haku.

« J’espère que nous deviendrons amis quelle que soit l’issue de ce combat. Bonne chance ! s’exclame-t-elle. »

Après une brève hésitation, Haku s’incline pour lui retourner la politesse. Sakura se retient de l’encourager aussi bruyamment que l’a fait Ino un peu plus tôt — elle n’est pas aussi courageuse que la blonde pour montrer son affection — et à ses côtés, Zabuza se redresse, les bras croisés lorsque l’arbitre signale le début du combat.

Fû ouvre à nouveau la bouche et Sakura fronce les sourcils. Elle ne va tout de même pas continuer à bavarder ? La kunoichi corrige cependant bientôt la méprise de Sakura en crachant un épais brouillard de lumière qui se disperse rapidement dans l’air, aveuglant. Haku n’est pas en reste et tente de troubler la réalisation de la technique en lançant des piques de glace à l’assaut de son adversaire.

Cela ne suffit pas à déconcentrer la kunoichi, qui disparaît dans le brouillard.

Si elle espérait troubler Haku avec cette technique, c’est raté, songe Sakura. L’équipe Zabuza a l’habitude de combattre dans de telles conditions et Haku fait fi de sa vue pour repérer Fû grâce à son chakra. Sakura retient son souffle tandis que son coéquipier réalise un déploiement aqueux fatal et tente de prendre Fû à revers.

Il s’avère qu’elle voit parfaitement clair dans son brouillard étincelant, car elle remarque l’attaque dirigée sur elle. Fû forme, en quelques mudra, des fils de chakra qu’elle tisse rapidement autour d’elle pour se protéger des senbon formés dans l’humidité ambiante. Haku ne perd cependant pas de temps en voyant qu’elle a déjoué sa technique et invoque une série de miroirs pour construire un dôme de glace autour du cocon de Fû.

La foule de participants assemblée à l’étage laisse échapper une exclamation de surprise tandis que Sakura pousse un cri de joie et agrippe le poignet de Suigetsu. Elle lève leurs mains jointes vers le ciel en signe de victoire, car leur coéquipier maîtrise enfin la technique secrète de son clan.

« Haku assure ! S’en est fini de Fû pour ce combat ! s’exclame Suigetsu avec un sourire pointu. »

Si Haku déploie de nouveau ses senbon, le cocon de son adversaire ne résistera pas.

« Déclare forfait, exigent les multiples reflets d’Haku dans un écho glacial. »

Fû éclate d’un rire enfantin, à peine déçue par sa défaite tandis que son brouillard se dissipe et qu’elle concède la victoire à Haku. Elle rejoint ses coéquipiers mais les deux autres genin ont abandonné un peu plus tôt et l’équipe de Taki est évacuée de la tour tout comme les participants suivants lorsqu’ils sont vaincus.

Kankûrô, le frère de Gaara, termine tout juste son combat lorsque le nom de Sakura apparaît à l’écran. Elle adresse un dernier regard au marionnettiste avant d’enjamber la rambarde et de sauter en contrebas, prête à en découdre avec Ino Yamanaka.

Notes:

Je me suis fait plaisir avec les passages éclairs de certains personnages dans cet arc ! Lesquels as-tu remarqués jusqu’à présent ?

Chapter 15: Être à la hauteur

Summary:

Confrontée à la Fratrie du Sable et les autres genin de Konoha, Sakura a perdu confiance en ses capacités. Les coéquipiers d’Oki ont été gravement blessés lors de la seconde épreuve et les combats éliminatoires avant la suite de l’examen n’ont rien pour rassurer Sakura.

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Ino est trop occupée à bavarder pour remarquer que Sakura l’attend déjà en contrebas. Elle emprunte finalement les escaliers en balançant des hanches et Sakura effleure les haches de part et d’autre de sa taille en se demandant si l’autre kunoichi fait un défilé.

Elle pourrait se le permettre.

A vrai dire, Sakura lui envie sa longue chevelure soyeuse après plusieurs jours passés dans la Forêt de la Mort. La kunoichi aux cheveux roses a beau faire des efforts, il reste toujours un peu de boue et des brindilles dans son cuir chevelu lorsqu’elle est en mission et l’examen chûnin n’a pas fait exception. Si elle était arrivée à la dernière minute comme la kunoichi de Konoha, Sakura n’aurait pas été aussi présentable.

Ino prend finalement la pose face à elle et Sakura attend à peine que l’arbitre signale le début du combat pour tenter de plonger son adversaire dans une illusion sanglante. Ino se voit probablement décapitée à cet instant si la jeune fille s’en fie à son hurlement terrifié.

Ou alors, elle est très bonne actrice, remarque Sakura dans un sursaut.

La blonde a fait mine de plaquer ses mains contre sa poitrine mais forme un triangle étrange avec ces dernières. Méfiante, Sakura veut s’éloigner et s’écarter d’un danger qu’elle n’identifie pas encore tout à fait, lorsque son clone commence à s’égoutter. Quelle que soit la technique utilisée par Ino, elle n’a pas laissé le clone aqueux sans séquelle.

La kunoichi semble revenir à elle-même tandis que la copie de Sakura s’écrase dans une flaque d’eau à ses pieds et la vraie Sakura profite qu’Ino n’a pas remarqué la seconde illusion qui la dissimulait dans le dos de l’autre fille pour lui passer un kunai sous la gorge, persuadée d’avoir remporté le combat.

« Pas si vite ! s’exclame Ino et son ton hargneux fait frissonner Sakura jusque dans son bas ventre. »

Il s’avère qu’Ino a plus de ressources que ça, car elle ne déclare pas forfait. Elle envoie violemment sa tête en arrière pour tenter d’assommer Sakura, qui recule d’un pas, non sans agripper les longs cheveux de la blonde en se faisant, qu’elle tire brutalement avec elle.

Ino l’invective d’insultes dans un hurlement de rage et de douleur mais réagit promptement en dégainant son propre kunai pour trancher sa queue de cheval d’un coup sec qui fait presque mal au cœur à Sakura.

« Regarde ce que tu m’as fait faire ! s’exclame Ino, le visage dur. »

Sakura ne lui répond pas et pare l’assaut de son adversaire qui vient pour la première fois à la charge. Il devient évident que l’autre kunoichi n’a pas l’habitude d’affronter des ninja au corps à corps cependant et il suffit d’une permutation de la part de Sakura pour la déséquilibrer.

Ino manque de tomber et Sakura lui assène un coup à l’arrière de la tête pour la mettre hors d’état de nuire.

Sakura la rattrape tant bien que mal pour amortir sa chute, surprise par la façon dont les formes d’Ino se calent naturellement dans ses bras. Lorsqu’elle relève la tête, les coéquipiers de la kunoichi agrippent la balustrade au-dessus d’elles avec des airs ébahi et il est difficile de savoir s’ils sont surpris par la défaite d’Ino ou le comportement de Sakura vis à vis d’elle. Leur sensei hoche imperceptiblement la tête comme pour la remercier de respecter son adversaire même dans la défaite et Sakura lui sourit avant de rejoindre l’équipe Zabuza sous les applaudissements de Suigetsu et surprenant, d’Oki.

« Pas mal, Haruno, commente l’Hoshigaki avec un éclat étrange dans le regard. Deux jolies filles qui se battent, ça fait toujours plaisir. »

Chôjûrô apparaît à ses côtés et effleure discrètement sa main pour la féliciter, à défaut de la prendre dans ses bras. Sakura partage le sentiment mais se contente de le bousculer gentiment avec son épaule.

« Inquiet ?

— Non, je savais que tu allais gagner, lui répond son petit ami. »

Suigetsu l’agrippe soudain par les épaules et lui ébouriffe joyeusement les cheveux pour laisser Sakura avec les cheveux aussi électriques que ceux d’Honami et de Daiki. Elle donne un coup de coude à son coéquipier mais ne peut pas s’empêcher de sourire tandis que l’épreuve préliminaire continue.

« Vous me mettez la pression, il faut que je fasse un super combat moi aussi ! s’exclame Suigetsu. »

Deux nouvelles kunoichi se font face à l’étage inférieur, Tenten que Sakura a déjà rencontré et la sœur de Gaara, Temari. Sakura doit admettre, intérieurement, qu’Oki n’a pas tort. Le combat des deux jeunes femmes a quelque chose d’hypnotisant tandis que Tenten déploie tout son arsenal et Temari une maîtrise qui laissent Sakura admirative et peut-être même conquise. Elle fait la grimace à la défaite de Tenten et Suigetsu n’a pas à attendre longtemps pour prouver qu’il est à la hauteur de la réputation que se forge lentement son équipe.

Il est appelé à la suite avec Ami de l’équipe Kakashi.

La kunoichi n’a pas l’air rassurée et les encouragements de Naruto la contrarient plus qu’autre chose, mais un regard vers sa sœur semble lui donner un peu d’aplomb pour rejoindre Suigetsu en contrebas. Pressé d’en découdre, il dégaine son nodachi dès que l’arbitre signale le début du combat.

Suigetsu se jette sur Ami sans attendre et elle retient un cri en parant tant bien que mal avec un kunai. Il a aisément raison d’elle cependant et elle recule précipitamment lorsque ses bras cèdent sous la force qu’il exerce sur son arme. La pointe du nodachi effleure le visage d’Ami et elle lance une salve de shuriken pour tenter de le garder à distance le temps de reprendre ses esprits.

Son adversaire s’effondre en une flaque d’eau bruyante qui fait sourire Sakura.

Ami les a déjà vu utiliser leurs clones aqueux et suppose logiquement que c’est encore le cas lorsqu’elle se rapproche de la flaque d’eau sans se méfier. Elle la dépasse pour ramasser le nodachi tandis que derrière elle, la silhouette de Suigetsu se reforme sans un bruit. Il forme un pistolet avec sa main et le détonne sans attendre.

« Boum ! s’exclame-t-il avec un sourire pointu. »

Les munitions du pistolet aqueux explosent de part et d’autre d’Ami, qui se jette à couvert. Suigetsu ramasse son nodachi sans hâte, jovial et la kunoichi se recroqueville face à lui, non loin de la flaque d’eau laissée par le clone de Sakura. Elle serre un kunai dans sa main droite et cherche frénétiquement quelque chose dans sa sacoche, qu’elle lance soudain en direction de Suigetsu.

Il bondit en arrière dans un réflexe pour éviter le projectile, qui explose en touchant le sol et aveugle momentanément les occupants de la pièce. Ami tente bien de profiter du moment de battement pour engager son adversaire au corps à corps mais Suigetsu se contente de rire en la désarmant.

« Attention, tu risques de te faire mal ! commente-t-il. »

Ses railleries enragent la jeune fille qui lui décoche un vicieux coup de pied entre les jambes pour le faire taire. Suigetsu se plie en deux et un frisson d’horreur collectif secoue les hommes présents dans la salle tandis qu’Ami saisit l’opportunité et donne un coup de poing au garçon. Il tombe dans une gerbe d’eau à ses pieds et elle manque de marcher dedans, se rattrapant de justesse en réalisant qu’elle va probablement le regretter.

Soudain, elle se fige.

Ami se tient quasiment au centre de la zone de combat. Deux flaques d’eau se trouvent de part et d’autre d’elle et la kunoichi n’a aucun moyen de savoir laquelle contient Suigetsu. Il profite de son affolement pour se reconstituer et la frapper à la tête avec la garde de son nodachi. Ami s’effondre et Suigetsu ne s’encombre pas de la rattraper, rejoignant déjà son équipe à l’étage avec une démarche rendue comique par ses jambes arquées.

« Tu n’es vraiment pas galant, lui reproche Chôjûrô.

— Pour quoi faire ? Regarde ce qu’elle m’a fait, j’ai bien cru que mes bijoux de famille allaient y passer !

— Ça va aller, je suis sûr que tout est encore fonctionnel, répond Haku en passant un bras autour des épaules de Suigetsu. »

L’expression horrifiée que prend l’Hôzuki en désignant son entrejambe d’un geste prudent fait bien rire ses coéquipiers. Elle le laisse à ses complaintes pour se tourner vers le combat suivant en échangeant quelques commentaires avec Chôjûrô tandis que Shikamaru Nara, un coéquipier d’Ino, se traîne en contrebas. Le combat plié en à peine quelques minutes, deux noms apparaissent déjà à l’écran pour la suite.

Daiki et Honami.

Le garçon se précipite en contrebas mais Honami blanchit et ne fait aucun geste pour le rejoindre. Malgré la rivalité légendaire entre les Ringo et les Kurosuki, les deux coéquipiers n’ont toujours fait que se chamailler sans jamais réellement s’en prendre l’un à l’autre. De ce qu’Honami et Chôjûrô ont pu raconter à Sakura, ils ne s’affrontent pas souvent lors de leurs entraînements non plus et c’est peut-être bien la première fois que les deux genin se retrouvent contraint d’essayer de mettre l’autre hors-jeu.

« Tu peux déclarer forfait si tu ne le sens pas, suggère Sakura à son amie.

— Sûrement pas. »

Ao pousse Honami vers les escaliers et Sakura agrippe la barrière devant elle, nerveuse. Chôjûrô recouvre sa main de la sienne avant de se tourner vers ses coéquipiers qui se font face un peu plus bas.

Si Honami jette immédiatement un kunai aux pieds de Daiki lorsque l’arbitre leur fait signe de commencer, Daiki est vraisemblablement le plus rapide et soudain, l’éclair qu’Honami a invoqué pour le foudroyer sur place est absorbé par un courant électrique venu encercler les deux utilisateurs de foudre.

Le champ de force commence à se resserrer, mais Honami l’ignore pour former quelques mudra avant de tenter de traverser le courant électrique qui la retient prisonnière. Daiki pousse un juron et relâche sa technique tandis qu’elle tâche de mettre de la distance entre eux.

Daiki ne la poursuit pas. Il n’en a pas besoin, les Ringo sont avant tout des traqueurs et il génère comme un aimant invisible pour retenir Honami avant qu’elle ne s’éloigne trop. La Kurosuki se débat pour lutter contre la gravité et sa cuirasse électrique ne l’aide en aucun cas à se libérer. Elle utilise finalement une dernière technique dans un élan de désespoir.

Cette fois, l’éclair qu’elle invoque les foudroie tous les deux et ils perdent connaissance.

« Ah, les courants positifs et négatifs, ça n’a jamais fait bon ménage, soupire Chôjûrô, presque souriant. »

Sakura crie le nom d’Honami, sans succès, tandis que les ondes électriques se dissipent. Elle ne se relève pas, un hors-jeu mutuel qui les voit deux deux disqualifiés lorsqu’Ao apparaît aux côtés de ses apprentis pour les soulever et les évacuer de la pièce. Chôjûrô effleure le dos de Sakura dans un geste qui se veut réconfortant tandis que le jônin disparaît.

« Ils ne sont pas blessés, juste assommés.

— C’est mieux ainsi, admet Sakura, la tête baissée. Honami ne se sentait pas prête. »

Naruto et un autre genin de Konoha prennent place en contrebas et Sakura se permet un regard à la dérobée envers Chôjûrô. Peu affecté par la défaite de ses coéquipiers, on ne peut pas dire qu’il s’en réjouisse mais… Il hausse les épaules lorsqu’il remarque qu’elle l’observe et derrière eux, l’ombre d’Ao lui fait froid dans le dos.

Sakura ne sait que penser et reporte son attention sur le combat tandis que Naruto enchaîne gaffes et éclairs de génie, impressionnant et désolant tour à tour jusqu’à ce qu’il remporte finalement son combat. Peut-être qu’il joue les idiots pour désarçonner ses adversaires, songe-t-elle sans parvenir à se faire une opinion.

Le nom de Chôjûrô apparaît soudain à l’écran pour le prochain combat.

Il doit affronter Gakuun et Sakura serre brièvement la main de son petit ami pour retenir un « bonne chance » malvenu. Quelle que soit l’issue de ce combat, cela signifie que l’un d’eux ne pourra pas devenir un chûnin. Trois des leurs ont déjà été éliminés, Sakura a confiance en Chôjûrô, mais la défaite de ses camarades lui fait de la peine.

Les deux garçons se rejoignent sans attendre près de l’arbitre et Gakuun invoque immédiatement un nuage de poussière pour brouiller la visibilité de l’épéiste, qui a dégainé Hiramekarei. Chôjûrô hésite un instant tandis que les genin à l’étage voient l’ombre de son adversaire se diriger vers lui.

Gakuun tente de le poignarder, sans succès car Chôjûrô pare instinctivement le coup et son épée se déforme pour prendre une forme recourbée et bloquer Gakuun lorsqu’il bat en retraite. L’épéiste ne perd pas de temps pour lui mettre la lame sous la gorge et Gakuun la lorgne avec méfiance avant de déclarer forfait.

Il quitte la tour en boitant souffrant d’une entorse comme Sakura le soupçonnait, d’où son abandon. Inutile d’aggraver ses blessures pour affronter un camarade, surtout avec Akira déjà gravement blessé.

« Bravo, elle félicite Chôjûrô lorsqu’il la rejoint à l’étage. »

Ao ne dit rien, mais son regard s’éclaire quelque peu à la vue de son disciple. Un autre combat prend déjà place en contrebas et Sakura grimace en voyant une jeune fille se faire malmener par Neji. Leur style de combat est aussi beau à regarder que le jeune homme lui-même songe Sakura tandis que la kunoichi en contrebas tente de suivre le rythme.

Neji n’est pas tendre avec elle.

Ao leur fournit, à la surprise de Sakura, d’importantes explications quant au dojutsu des deux Hyûga, le Byakugan. Les jônin de Konoha interviennent avant que Neji n’en arrive au pire et Sakura détourne les yeux du sang qui tâche encore le sol lorsqu’Oki rejoint l’arbitre pour son combat. Kabuto, cependant, jette un regard à son adversaire et déclare forfait avant même descendre l’escalier.

Sakura en reste bouche-bée, mais elle peut le comprendre. L’Hoshigaki a l’air un peu trop fière tandis qu’elle rejoint son oncle à l’étage sans même avoir besoin de se battre et Sakura serre les dents en s’excusant auprès de Chôjûrô avant de retourner vers sa propre équipe. Elle fait un écart en dépassant la Fratrie du Sable car Gaara, le seul à ne pas encore avoir combattu, semble particulièrement nerveux après les deux dernières confrontations.

Il n’a pas à attendre plus longtemps et disparaît dans un nuage de sable pour attendre son adversaire de pied ferme au rez-de-chaussée.

Rock Lee semble tout aussi enjoué que Gaara est agacé. Sakura sent venir le pire, surtout après sa brève entrevue avec le cadet de Fratrie du Sable. La défense de Gaara, bien qu’apparemment impénétrable, n’est pas aussi impressionnante que les prouesses de Lee pour tenter de se qualifier. Malgré tout, Sakura grimace lorsqu’il parvient finalement à percer la défense de son adversaire.

Elle se détourne pour ne pas le voir exécuter une technique qui, si elle n’achève pas Gaara, signera probablement son propre arrêt de mort.

Quelques instants plus tard, les os de Lee, car il ne peut s’agir que de lui, sont broyés par le sable de Gaara dans un bruit effroyable. Haku lui agrippe l’épaule avant qu’elle ne puisse se retourner et elle croise le regard impassible de Zabuza, appuyé contre le mur. Suigetsu non plus, ne rit plus et l’intervention de Gaï ne suffit pas à effacer la tension qui pèse à présent sur tous les genin qualifiés.

Sakura se mord la lèvre en se tournant de nouveau vers la zone de combat où un genin de Konoha affronte celui restant d’Oto. Dosu l’emporte et l’épreuve préliminaire se conclut sur un tirage au sort pour déterminer la suite de l’examen.

Gaï a peut-être sauvé Lee mais tous envisagent à présent de déclarer forfait s’ils doivent à leur tour affronter Gaara lors du tournoi.

Sakura joint ses mains devant elle pour cacher sa nervosité. Les candidats en lice sont tous plus puissants les uns que les autres et elle sursaute lorsque son nom est appelé en premier, puis celui d’Oki. Elles s’affronteront au début de la troisième épreuve et Sakura se sent pâlir.

« Ça va me rappeler des bons souvenirs, promet la plus grande avec un sourire pointu. »

Sakura ne lui répond pas. Elle se concentre plutôt sur les derniers candidats et sent venir la fin de l’équipe Kakashi car leurs adversaires sont bien trop puissants et violents pour qu’elle ait confiance en les capacités de Naruto et Sasuke pour sortir vainqueurs de leurs confrontations.

Chôjûrô et Suigetsu sont aussi promis à un combat qui la met mal à l’aise car elle souhaite les voir l’emporter autant l’un que l’autre.

Haku affrontera Dosu et le shinobi d’Oto semble déjà prêt à en découdre. Sakura se crispe car Oki aussi, entre autres, partage l’impatience de Dosu mais les organisateurs mettent fin aux tensions en annonçant qu’ils ont un mois pour se préparer avant le tournoi. Un profond soupir échappe à Sakura et elle se tourne vers Zabuza pour chercher son regard.

Il saura la préparer convenablement pour affronter Oki. Ils sont quatorze qualifiés cependant et elle sait que si elle l’emporte contre l’autre kunoichi, les adversaires qui suivront ne feront que la pousser un peu plus dans ses retranchements.

Zabuza hoche la tête, sûr de lui.

Notes:

Ça fait beaucoup de combats à écrire tout ça ! Lequel as-tu préféré ?

Chapter 16: L’entraînement reprend !

Summary:

Sakura s’est qualifiée pour la troisième épreuve, mais son adversaire au début du tournoi promet de lui donner du fil à retordre car il s’agit d’Oki, son éternelle rivale.

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Chôjûrô, Oki et l’équipe Zabuza se voient offrir le repas par les autres genin de Kiri pour les féliciter de s’être qualifiés. Suigetsu se goinfre comme à son habitude et revient inlassablement sur le combat de cette dernière.

« Tu fais tellement peur qu’il a déclaré forfait ! »

Sakura écarquilla les yeux, convaincu qu’il a vexé Oki et que l’Hoshigaki va l’encastrer dans un mur, mais l’autre kunoichi la surprend en éclatant de rire. Comme s’il lui avait fait un compliment et en rétrospective, peut-être que Suigetsu a en effet trouvé la bonne approche.

« Tant mieux, c’est le but, répond Oki avec un sourire suffisant. »

Le restaurant ne lésine pas sur les quantités de viande apportées à table et Sakura aperçoit Shikamaru, Ino et leur coéquipier Chôji ainsi que leur sensei qui les observent avec curiosité. Elle détourne les yeux pour récupérer son morceau de viande sur le grill afin de prendre des forces.

Quel que soit l’entraînement que Zabuza lui a concocté, il ne sera pas tendre avec elle.

Sakura ne s’est pas trompée. Il les attend de pied ferme le lendemain matin pour se rendre sur l’un des terrains d’entraînement en périphérie du village. Le feuillage des arbres ne suffit pas à les protéger du soleil et Suigetsu sirote bruyamment un gobelet qu’il sort d’elle ne sait où. La jeune fille préfère ne pas poser de question.

« Vous vous en êtes bien sortis dans la Forêt de la Mort et vos combats étaient de qualité, il faudra faire de même pendant l’examen pour convaincre Mizukage-sam et le conseil que vous méritez votre promotion, déclare finalement Zabuza. »

Sakura hoche la tête tandis que Suigetsu proteste.

« Attendez ! Ça veut dire qu’il ne faut pas seulement gagner le tournoi pour être promu ?
— Cela signifie qu’il n’est pas nécessaire de remporter le tournoi, corrige Haku.
— Vous pouvez tout à fait perdre en quart de finale de être promus, confirme Zabuza. Souvenez vous, cet examen fait état de vos connaissances et de vos capacités, pas de votre puissance. Ça, c’est pour épater le public et contribuer à la réputation de notre village. »

Il va faire en sorte qu’ils aient de quoi en mettre plein les yeux au public, ou du moins Sakura l’espère. Combattre ses coéquipiers, si elle en arrive là, ne sera pas bien différent de leurs entraînements et elle ose même croire que cela leur permettrait de mieux faire état de leurs capacités. Ils se connaissent suffisamment pour profiter des opportunités offertes par les techniques qu’ils ont travaillées ensemble.

« Le dernier qui termine son échauffement est une poule mouillée ! s’exclame-t-elle avant de s’éloigner dans un éclat de rire. »

Haku et Suigetsu ne tardent pas à la rattraper et ils courent à travers la forêt environnant Konoha, dépassant d’autres terrains d'entraînement en se faisant. Sakura aperçoit Neji et son sensei, ainsi que Chôjûrô suant à grosses gouttes sous les ordres d’Ao. Elle n’a cependant pas le temps de s’y attarder pendant la journée, trop occupée à perfectionner ses propres techniques.

Sakura abandonne ses coéquipiers en fin de journée pour aller prendre une douche rapide avant de rendre visite à Akira, admis de toute urgence à l’hôpital. Elle sent déjà une présence à l’intérieur quand elle arrive près de sa chambre et s’arrête pour jeter un œil dans l'entrebâillement de la porte sans tout à fait entrer dans la chambre.

Oki, si fière d’habitude, est prostrée au bord du lit de son coéquipier. Seule sa crête de cheveux bleus demeure visible tandis qu’elle pose sa tête dans ses bras pour regarder le garçon aux cheveux d’acajou tandis qu’ils conversent à voix basse.

« Je ne pourrai plus jamais être un ninja, lui confie-t-il, le regard vide.
— Akira… je suis désolée. Je n’ai pas su te protéger.
— Tu nous as ramenés à bon port, Gakuun et moi. Sans toi, nous serions sûrement morts dans cette forêt.
— Peut-être que sans moi, tu ne serais même pas dans ce lit d’hôpital. »

Sakura s’éloigne sur la pointe des pieds et avec son chakra masqué pour ne pas interrompre leur cœur à cœur. Elle n’a pas souvent, pour ne pas dire jamais, vu Oki vulnérable et la surprendre ainsi met Sakura aussi mal à l’aise que cela l’attriste. La jeune fille n’aurait jamais dû assister à cet échange et elle hâte le pas pour disparaître dans les rues du village.

Konoha est fait de détours et de passages dérobés entre des habitations pittoresques. Tout l’inverse de Kiri, quadrillé de quartiers et de remparts, jusque dans la Montagne Calcaire creusée de longues galeries et de carrières pour carreler les flancs de falaise.

Une silhouette familière et vêtue d' orange vif attire son intention et Sakura reconnaît Naruto attablé chez Ichikaru, le stand de ramen. Se glissant à ses côtés, Sakura passe sa commande et salue l’autre genin avec un sourire forcé.

« Naruto-kun ! Tu t’offres un bon repas après une dure journée d’entraînement ? »

Il se gratte l’arrière du crâne en hochant la tête d’un air contrarié. Sakura n’insiste pas car elle n’est pas de la meilleure des humeurs non plus. Ils mangent en silence avant que Naruto ne prenne une grande inspiration.

« Je serai le prochain Hokage, qu’on le croit ou non ! »

Sakura a presque envie de le croire. Elle se contente de lui demander comment se sont passées les épreuves pour lui et Naruto lui raconte à la fois en détail et de façon tellement décousue les évènements qu’il lui semble avoir manqué la moitié du récit, à moins que son interlocuteur l’ait avalé avec le contenu de son bol. Sakura s’applique cependant à partir avant qu’il ne s’estime satisfait de son repas : elle n’a pas envie de le dépanner une seconde fois.

Peut-être oublie-t-elle aussi de payer son propre menu, mais ça il ne le saura qu’un peu plus tard.

Elle rit en l’imaginant à la plonge pour régler leurs consommations. Sakura regrette cependant de ne pas avoir enchaîné plusieurs bols de ramen le lendemain lorsque Zabuza s’attaque à sa forme physique avec un regain de vigueur. Si elle a beaucoup progressé depuis qu’elle a commencé son apprentissage avec le jônin, les efforts de Sakura ne suffiront probablement jamais face à Oki, originaire d’un clan particulièrement endurant et résilient par nature.

Ce n’est pas pour rien qu’ils ont survécu à la purge.

Sakura ne peut cependant pas se payer le luxe de ne pas frapper assez fort ni de ne pas savoir comment encaisser les coups. Des hématomes tapissent son épiderme et s’ajoutent aux courbatures de sa préparation physique et Sakura se traîne tant bien que mal jusqu’à ses appartements après l’entraînement pour s’effondrer sur son futon. Elle anticipe un repos bien mérité lorsqu’on frappe à sa porte à peine quelques secondes après que sa tête ait heurté l’oreiller et elle marmonne une invitation à entrer.

« Oh, t’as l’air crevée ! la voix guillerette d’Honami s’apaise comme ses pas tandis qu’elle s’approche du lit.
— Zabuza-sensei n’y va pas de main morte, soupire Sakura.
— Ah ouais, il t’a pas ratée ! Bon du coup on va aller aux sources chaudes au lieu de visiter le village. Allez viens ! »

Honami la traîne hors de la chambre et Sakura résiste mollement tandis qu’elles rejoignent leur destination d’un pas lourd. Il est bon de retrouver Honami fidèle à elle-même et les sources chaudes s’avèrent être la cure dont Sakura avait besoin. Une sensation de bien-être s’empare de chacun de ses membres fatigués tandis qu’elle s’immerge dans l’eau et elle s’adosse au rebord de pierre du bassin avec un soupir, retrouvant un peu d’énergie pour cancaner avec son amie.

« Je me suis renseignée, commence Honami, ses yeux bleu-gris emplis de malice. Oki mise tout sur la force physique, elle veut t’annihiler dès les premières secondes du combat et si jamais tu lui échappes elle va probablement te noyer sous ses techniques aqueuses. »

Le visage de Sakura se durcit et elle envisage des stratégies adaptées à son style de combat afin de vaincre son éternelle rivale. Rien ne lui vient pour le moment, mais elle a encore quelques semaines pour élaborer un plan infaillible. Sakura rend finalement un sourire complice à Honami et la remercie pour les informations avant de lui demander si elle a fait la connaissance de quelques habitants du village. Son amie se met immédiatement à rougir et évite le regard de Sakura.

« Il y a bien un genin qui a pris part à l’examen…
— Ah oui ? Il est arrivé jusqu’aux préliminaires ?
— Oui…
— Qui a-t-il affronté ?
— Hm…
— Bon, est-ce qu’il a gagné son combat ?
— Non…
— C’était contre un genin de son village ?
— Oui.
— Il est mignon ?
— Oui ! Et son chien est tellement gentil !
— Ah je sais ! C’est Kiba Inuzuka ! s’exclame Sakura, victorieuse. Alors, tu l’as revu ? Vous vous parlez ? »

Sakura a finalement mis un nom sur ce garçon mystère. Il n’en faut pas plus pour qu’Honami relate comment elle a croisé Akamaru, le chien de ce dernier, en se promenant dans le village.

« Je pensais qu’il était perdu ! Je me suis arrêtée pour regarder s’il avait un collier. Kiba s’est moqué de moi car c’est un chien, qui plus est ninja, qui ne se perd jamais. Ils ne sont pas partis tout de suite car Akamaru était content de jouer avec moi et… »

Ils se sont revus ce matin pour promener le chien de Kiba ensemble… et continuer à faire connaissance. Sakura en rit encore en retournant dans sa chambre un peu plus tard. Chôjûrô n’est toujours pas revenu de son entraînement alors elle se joint à ses coéquipiers pour dîner.

Zabuza apparaît silencieusement dans l’encadrement de la porte mais les trois genin remarquent instantanément sa présence. Sakura tapote la place à côté d’elle et il daigne se joindre à eux. Son bandage défait tombe sur ses épaules et il a les cheveux ébouriffés par la douche dont il sort probablement.

Il est torse nu.

Sakura détourne précipitamment le regard en faisant ce constat, tête baissée dans l’espoir que ses mèches de cheveux puissent dissimuler ses joues brûlantes. Elle a l’habitude de voir Zabuza dans son uniforme, sobre et sans intérêt. Elle ne s’est jamais demandé à quoi ressemblait le jônin sous sa veste, encore moins en ne voyant jamais son visage. A vrai dire, elle n’a même jamais vu ni Suigetsu ni Haku torse nu.

« Ça change de Chôjûrô, hein, Suigetsu commente car il ne peut pas manquer une occasion de la taquiner.
— Tu peux parler, l’interrompt Zabuza et l’Hôzuki en reste bouche-bée. »

Dans ces moments-là, Sakura a l’impression de faire face à un homme comme les autres et non pas le terrible jônin qui a déserté son village et organisé la résistance pour renverser Yagura avec Meï et leurs alliés. Parfois, Zabuza n’est qu’un jeune homme de dix ans son aîné et même si cela ne dure jamais, elle a appris à respecter d’autant plus l’épéiste qui la forme sans pitié depuis quelques années.

Il ne fait pas de remarque sur la réaction de Sakura et l’équipe Zabuza dîne en silence.

Sakura profite d’être livrée à elle-même le lendemain pour vaquer à ses occupations tout en réfléchissant à sa stratégie contre Oki. Elle soupçonne Chôjûrô de ne pas être rentré de la nuit — Ao est bien trop dur avec lui, mais elle ne peut rien y faire. Sakura sait que s’en prendre au vétéran ne lui attirera que des ennuis. Elle fait quelques emplettes dans les rues de Konoha et erre d’un quartier à l’autre jusqu’à ce que la devanture d’un fleuriste attire son attention.

Une clochette retentit quand elle pousse la porte et la jeune fille derrière le comptoir se retourne avec un sourire aimable qui se tord en une grimace quand elle croise le regard de Sakura. Ses longs cheveux blonds se balancent derrière elle et Sakura porte une main malaisée à sa propre chevelure tandis qu’Ino la salue sèchement.

« Que puis-je faire pour toi ? insiste-t-elle quand Sakura demeure muette.
— Je voudrais déposer des fleurs sur la tombe de mes grands-parents et apporter un bouquet à l’hôpital. »

Le visage d’Ino se fait un peu plus doux et elle hoche la tête en contournant le plan de travail pour faire ses compositions. Elle arrange les bouquets à la convenance de Sakura et la jeune fille les accepte tant bien que mal, soudain beaucoup plus chargée que prévu.

« C’est très joli, souffle-t-elle. »

Sakura devient rouge pivoine en faisant le compliment et Ino cache difficilement le plaisir de le recevoir lorsque la clochette sonne de nouveau tandis que Shikamaru entre dans le magasin. Surprise de le trouver là plutôt qu’à l’entraînement, Sakura ne fait cependant pas de remarque, cachant un rire dans ses bouquets de fleurs quand Ino le chasse à coups de balai.

« Espèce de bon à rien ! Je vais le dire à ta mère ! T’as intérêt à t’entraîner parce que tu as beaucoup d’adversaires auxquels botter les fesses si tu veux gagner ! »

Sakura redevient sérieuse en approchant du cimetière. Elle parcourt les allées jusqu’à trouver les tombes de la famille Haruno, qu’elle nettoie avant d’y déposer l’un des bouquets. Elle sursaute en remarquant une présence à proximité et se tourne vers l’Hokage, qui avance lentement à travers le cimetière. Il la rejoint avec un sourire sage et elle s’incline profondément devant lui.

« Ta grand-mère était une kunoichi émérite. Elle a pris les armes pour défendre les intérêts de ton clan pendant la guerre et a toujours servi le village avec honneur. Nana était reconnue pour sa maîtrise du genjutsu et a toujours tenu à entretenir le commerce entre ta famille et leurs clients. Elle a transmis son âme marchande à ton père.
— Et mon grand-père ? demande-t-elle après une hésitation.
— Nous ne savons pas grand-chose de lui, malheureusement. Elle l’a rencontré sur les premières lignes et il est décédé peu après le début de leur histoire, répond Hiruzen après lui avoir lancé un regard pensif. »

Plus rien ne retient sa famille à Konoha depuis l’attaque de Kyûbi et Sakura ne peut pas dire qu’elle a trouvé plus de sens ici qu’à Kiri. Au contraire. L’Hokage semble lire dans ses pensées, car il prend de nouveau la parole.

« L’important… il s’agit de tes valeurs, celles que nous partageons tous. La volonté du feu, la philosophie de mes ancêtres et que je m’efforce de transmettre à la génération suivante pour qu’ils la portent avec eux, ce n’est finalement que le désir de vivre en paix. Qu’il s’agisse d’une flamme ou d’un ouragan, Sakura, n’oublie jamais que dans la tempête se trouve l’œil du cyclone et que derrière le vent et les flammes demeure l’espoir de tout reconstruire. L’espoir, c’est ce qui nous anime. »

Elle hoche lentement la tête en essayant de comprendre les paroles mystérieuses du vieil homme, qui disparaît dans un nuage de fumée. Le discours résonne cependant en elle. Les deux villages sont en paix, mais depuis quand ? Pour combien de temps encore ? Longtemps, c’est si court, l’espace d’une vie qui touche bien vite à sa fin, rien comparé aux générations qui s'enchaînent comme les guerres entre des périodes de paix infinitésimales, les yeux d’un cyclone qui dévaste l’histoire de l’humanité.

Kiri n’a pas de volonté du feu mais le village caché par la brume espère tout de même, veille sur la paix difficilement imposée dans le Pays de l’Eau. Un espoir porté par le camp Uzu et leurs alliés. Sakura se tourne vers le mémorial au centre du cimetière. Une silhouette familière s’y recueille déjà et elle prend quelques secondes pour détailler le profil de Kakashi.

Sakura veut défendre son village et protéger ses proches, cela signifie que parfois, elle devra risquer sa vie. Les nombreux avertissements de Zabuza n’ont jamais sonné aussi juste que pendant les examens et si jusqu’à présent elle pensait n’être qu’un matricule à archiver si elle ne revenait pas d’une mission, la présence de Kakashi au cimetière vient remettre cette idée en question.

Elle fait partie de l’équipe Zabuza à présent, de toutes les façons qui comptent.

Il est temps de se changer les idées, cependant. Sakura s’arrête à l'hôpital pour déposer un bouquet de fleurs dans la chambre d’Akira, endormi tandis qu’il récupère de ses blessures. La visite écourtée, elle traverse la rue en sortant pour suivre les panneaux touristiques et aperçoit Ami et Anko qui partagent des dango sur la terrasse d’un stand à la vitrine appétissante. Elle prend note de l’adresse pour y revenir avec Chôjûrô et continue son chemin pour visiter un peu plus amplement Konoha jusqu’à la fin de la journée.

Sakura regrette cependant de ne pas s’être reposée plus longtemps lorsqu’elle reprend son entraînement avec Zabuza le lendemain. Ils gravissent une falaise du petit matin et si l’exercice semble facile pour commencer, Sakura manque bientôt de lâcher prise lorsqu’elle devient la cible d’une salve de kunai et de shuriken.

« Tu ajouteras un kilomètre de course à pied pour chaque entaille avant d’arriver au sommet, déclare-t-il. »

Elle escalade la falaise à toute vitesse pour échapper aux divers projectiles du jônin, essoufflée après une bonne séance de course à pied pour terminer. Sakura s’estime cependant heureuse quand elle aperçoit l’équipe Gaï qui s’entraîne aussi.

Ce n’est pas la première fois que Neji et Tenten travaillent ensemble mais cette fois, ils ne remarquent pas Sakura et elle les observe sans les interrompre, Zabuza dans son ombre. Neji prépare une technique défensive si elle se fie aux assauts répétés de Tenten et les armes qui jonchent le sol de la clairière dans laquelle ils se trouvent.

« Impressionnant, commente Zabuza à ses côtés et Sakura n’a pas besoin de voir son sourire pour savoir que les rouleaux d’invocation de Tenten lui donnent des idées. »

Sakura fronce les sourcils en étudiant la technique. Elle ne fait pas le poids au corps à corps, encore moins avec une défense impénétrable. Elle doute de parvenir à passer sous sa garde alors s’il faut percer un bouclier en plus… Elle soupire intérieurement, si elle vient à affronter l’autre genin… Sakura ne sait pas comment elle s’y prendra.

Zabuza a déjà disparu pour préparer le prochain exercice de torture de la journée et Sakura va pour s’éloigner aussi lorsque Tenten apparaît devant elle. La jeune fille carre les épaules en attendant les accusations d'espionnage mais elles n’arrivent jamais et Tenten se contente de lui sourire, les joues un peu rouges.

« Neji est furieux de se savoir espionné mais lui-même n’est pas mieux, je te rassure. Je lui souhaite de gagner si vous vous affrontez, bien entendu mais ne soit pas défaitiste s’il te plaît, donne le meilleur de toi-même et tu ne pourras que t’améliorer !
— Hm… d’accord, merci, souffle la jeune fille aux cheveux roses, gênée.
— Tu sais je t’admire, ajoute Tenten en s’efforçant de soutenir son regard.
— Moi aussi, répond prestement Sakura, le souffle court. Ton combat contre Temari m’a vraiment impressionnée !
— Temari… C’est mon ego qui est en jeu, mets lui en raclée si vous vous affrontez ! »

Sakura rit de bon cœur et hoche la tête. Elle reste discuter un peu plus longtemps avec Tenten car l’autre kunoichi a bien besoin d’un moment tranquille plutôt que de rester avec Neji, rendu désagréable par ses difficultés à maîtriser sa nouvelles techniques.

« Je ne sais pas trop ce que c’est, d’être originaire d’un clan aussi influent. Mes parents sont décédés pendant l’attaque de Kyûbi et j’ai grandi chez un forgeron. Il m’a adoptée, c’est de lui que je tiens mon amour pour les armes blanches.
— Mes parents ont quitté le village après l’attaque mais je suis née à Konoha, lui confie Sakura.
— La chance ! Les Sept de la Brume sont tellement puissants !
— Il y a Tsunade à Konoha, c’est une référence pour les ninja médecins de par le monde, rétorque Sakura.
— Tsunade est mon modèle, j’aimerais être aussi puissante qu’elle ! »

Tenten la rejoint dans son admiration, mais elles doivent finalement se séparer pour reprendre l’entraînement. Sakura se concentre pour retrouver la trace de Zabuza, requinquée par leur conversation. Elle donnera le meilleur d’elle-même, qu’importe si elle l’emporte face à ses adversaires. Sa fierté personnelle s’en porterait mieux avec quelques victoires, bien entendu, mais Sakura peut tout à fait décrocher une promotion sans ça.

Elle s’attarde sur cette pensée en rejoignant ses quartiers en fin de journée, ne serait-ce que pour ignorer son corps endolori et s’écarte promptement en tournant l’angle d’un couloir. Sakura virevolte sur elle-même en évitant de justesse la collision et retombe sur ses pieds pour faire face à un visage décoré de peinture violacée.

« Kankûrô, elle le salue prudemment.
— Pardon, je ne t’avais pas vue, répond-t-il avec un sourire en coin avant de continuer, l’air sincère. Bonne chance pour le tournoi. »

Il reprend son chemin comme si de rien était après cet échange mystérieux.

Notes:

Les choses sérieuses reprennent dans le prochain chapitre et Sakura devra affronter son éternelle rivale. Que penses-tu d’Oki ?

Chapter 17: Le tournoi

Summary:

L’entraînement de Sakura pour le tournoi va-t-il payer ?

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Konoha est bruyant. Le village s’est peu à peu rempli de touristes et de curieux, de délégations étrangères et des proches des participants venus les soutenir lors du tournoi. Les parents de Sakura n’ont pas fait le déplacement mais Masamune Terumî porte avec lui une lettre de leur part.

En tant que proche conseiller de Meï, il accompagne sa fille, une ombre couleur suie facilement identifiable avec ses cheveux de bronze parsemés de mèches grisonnantes, témoignage des années passées. Sakura s’incline profondément devant son protecteur en acceptant le rouleau scellé.

« Tes parents sont très fiers de toi Sakura et te souhaitent bonne chance pour le tournoi. Pour ma part, j’ai de grands espoirs quant à tes combats, tu sauras te montrer à la hauteur du village. »

Il n’a pas besoin de le dire pour que Sakura entende le message implicite dans ses paroles : il faudra lui faire honneur à lui aussi. Masamune l’a prise sous son aile et sa réputation dépend des résultats de Sakura. Si elle déçoit le public, son protecteur perdra en crédibilité.

Elle y pense toujours en faisant le chemin jusqu’au stade un peu plus tard.

Sakura ne peut s’empêcher de douter. La dernière fois qu’elle a affronté Oki, elle s’est fait laminer. Elle tâche de se reprendre en entrant dans l’arène, les autres participants se rassemblent sur un balcon et Sakura les ignore pour battre en retraite dans son fort intérieur.

Elle sait ce qu’elle a à faire, il ne reste plus qu’à appliquer sa stratégie et peut-être qu’elle aura une chance.

Elle effleure les lames des haches qui se balancent à ses hanches et trouve un peu de réconfort dans la caresse menaçante du métal aiguisé. L’acier de ses armes n’attend que l’opportunité de mordre la chair de ses adversaires et s’abreuver de leur sang.

La Fratrie du Sable est déjà là ainsi que l’un des genin de Konoha, mais ceux que Sakura a déjà rencontrés sont notablement absents, tout comme Dosu. Neji fait son entrée à ce moment-là et elle croise le regard de Kankûrô en suivant des yeux le garçon aux cheveux longs. Le marionnettiste lui sourit, l’air moqueur et elle plisse les yeux car cela ressemble finalement plus à une grimace.

Elle réprime un sursaut lorsque Chôjûrô s’approche d’elle avec un sourire plus tendre que celui qu’elle vient de recevoir de Kankûrô. Elle se tourne vers son petit ami et se rapproche imperceptiblement de lui pour profiter de sa présence comme elle le peut. Ils ne se sont pas beaucoup vus pendant leur mois d’entraînement.

Oki, accoudée à la balustrade, tourne ostensiblement le dos à Sakura mais Suigetsu et Haku se joignent à elle lorsqu’ils arrivent. Suigetsu bouscule joyeusement Chôjûrô, qu’il a hâte d’affronter et ils se tournent vers le centre de l’arène où l’arbitre vient d’apparaître. Les gradins, noirs de monde, abritent aussi trois Kage et Sakura lance un regard à Meï tandis qu’un peu d’angoisse lui serre le cœur. Elle sourit difficilement à ses coéquipiers et se rapproche de la balustrade tandis que l’arbitre annonce le début du tournoi et appelle les deux premiers combattants.

Sakura bondit par-dessus la balustrade et se laisse tomber un peu plus bas, promptement suivie par son adversaire.

Oki met un point d’honneur à la dépasser en quelques enjambées pour prendre place près de l’arbitre avant elle. Sakura retient un soupir en s’arrêtant finalement face à son éternelle rivale. Elle prend le temps d’inspirer profondément, les yeux clos et lorsque son regard croise enfin celui d’Oki, il est aussi acéré que le tranchant de ses haches.

Elle ne perdra pas; pas cette fois.

Sakura ne gâche pas une seconde lorsque l’arbitre signale le début du combat, elle presse son index et son majeur devant ses lèvres tandis qu’elle lève son autre main vers le ciel pour invoquer la brume dans laquelle elle compte se camoufler.

« Tu crois m’avoir avec ça Haruno ? Mon clan a fondé le village caché par la brume, je vais te montrer ce dont un vrai shinobi de Kiri est capable ! s’exclame Oki. »

L’idée n’est pas tant de prendre l’Hoshigaki par surprise cependant, que de prouver aux juges que Sakura dispose d’un arsenal large et varié, dont elle maîtrise les techniques. Elle forme déjà quelques mudra supplémentaires pour réaliser une permutation et esquiver la charge enragée d’Oki tandis que le terrain se plonge dans le brouillard.

Oki ne perd pas de temps pour invoquer un requin aqueux et Sakura se réfugie tant bien que mal derrière un arbre quand il la prend en chasse. La brume ne suffira pas à le dévier aussi espère-t-elle s’en débarrasser s’il percute un obstacle, mais au lieu de se heurter au tronc d’arbre, le requin le contourne pour la débusquer. Contrainte de bondir hors de portée et de courir le long d’une branche, Sakura se résigne à dégainer l’une de ses haches pour l’affronter. Elle ramène son arme sur le requin aqueux et il explose dans une gerbe d’eau pour ne laisser que la kunoichi, trempée de la tête aux pieds.

Sakura profite du couvert de la brume pour repérer le chakra d’Oki, qui ne l’a pas suivie. Elle prend l’Hoshigaki à revers mais une nouvelle gerbe d’eau vient l’asperger lorsqu’elle abat ses haches sur la cuisse et l’épaule de son adversaire. Un juron lui échappe tandis qu’Oki apparaît derrière elle et lui passe un kunai sous la gorge dans un caquètement victorieux, l’enfonçant juste assez pour faire perler un peu de sang dans le cou de Sakura.

Seul un filet d’eau s’écoule sur la poitrine du clone et Sakura ne peut retenir un sourire en apparaissant à son tour derrière l’autre kunoichi pour reproduire les mêmes gestes qu’elle. La goutte écarlate qui vient tâcher le tranchant de son kunai est d’autant plus satisfaisante qu’elle a réussi à tromper son adversaire, mais Sakura n’a pas l’occasion d’exiger qu’elle se rende.

Oki balance brutalement la tête en arrière malgré la lame pressée contre sa gorge et Sakura titube en recevant la majorité de l’impact sur le nez, avant de s’effondrer en une flaque d’eau claire qu’Oki piétine rageusement. L’arme de Sakura n’a laissé qu’une égratignure sur sa peau, particulièrement résistante et le brouillard se lève lentement, tout comme l’étendue d’eau du petit étang dans l’arène, qui déferle aux alentours pour débusquer Sakura.

La vague emporte violemment Sakura hors de sa cachette et elle peine à s’en extirper, toussant et crachant un peu d’eau lorsqu’Oki l’engage au corps à corps. Sakura bloque ses assauts du tranchant de ses haches mais les plaies qu’elle inflige à l’Hoshigaki demeurent superficielles et elles peinent à ralentir l’autre kunoichi.

Elle repousse finalement Oki d’un coup de pied et lance successivement ses haches en direction de son adversaire pour creuser la distance entre elles. Sakura ramène ses armes vers elle grâce au fil métallique attaché à son poignet et profite du mouvement de recul d’Oki pour former quelques mudra dont elle a besoin pour maîtriser Oki.

Immédiatement, deux pans d’eau s’élèvent de part et d’autres de sa rivale et se referment autour d’elle tandis que Sakura, soulagée, pousse un cri victorieux. Elle ne laisse pas le temps à Oki de trouver une parade à la prison aqueuse, augmentant la pression jusqu’à lui faire perdre connaissance avant de la relâcher abruptement. L’arbitre s’approche de son adversaire pour vérifier qu’elle est bien évanouie en machouillant un senbon.

« Vainqueur : Sakura Haruno, déclare-t-il enfin. »

Un tonnerre d’applaudissements vient abasourdir Sakura et elle lève les yeux vers les gradins, surprise par les acclamations. Suigetsu la serre dans ses bras lorsqu’elle revient sur le balcon et Haku lui offre un carré de tissu pour essorer un tant soit peu ses cheveux, un doux sourire aux lèvres.

« Bravo, lui souffle Chôjûrô en serrant brièvement la main de Sakura dans la sienne. »

Elle l’a fait. Sakura parvient à peine à y croire. Elle a vaincu Oki et en faisant cela, elle s’est qualifiée pour la suite du tournoi. Elle lance un nouveau regard vers les gradins jusqu’à apercevoir Meï dans la tribune des Kage, Masamune assis à ses côtés. Zabuza et Ao se tiennent derrière eux et bien que les jônin demeurent impassibles, Sakura se plaît à croire que son sensei l’a encouragée intérieurement pendant tout le combat.

Le prochain débute déjà et elle observe distraitement l’affrontement entre Neji et Naruto. La différence de niveau entre les deux genin la surprend et elle ne donne pas cher de la peau de Naruto, pourtant le blond la surprend avec un retour en force spectaculaire. Elle pousse une exclamation de surprise, tout comme le reste des spectateurs en voyant Neji réaliser un tourbillon divin, la fameuse technique défensive qu’elle l’a vu préparer, sans parvenir à stopper Naruto.

A la surprise générale, l’imprévisible ninja parvient à renverser le cours des choses et remporter le combat en libérant des forces inconnues de tous. Sakura observe l’issue de la confrontation en faisant la moue. Elle ne savait pas que Naruto dispose d’un pouvoir héréditaire, vient-il seulement de le découvrir ou d’apprendre à s’en servir ? Voilà qui devrait intéresser certaines personnes dans les gradins.

« C’est probablement un coup de chance, décrète Suigetsu.

— Naruto a sûrement fait beaucoup d’efforts pendant son entraînement, temporise Haku. »

Sakura partage son opinion. Elle aurait bien aimé en savoir plus sur ce qui a fait basculer le combat mais le tournoi reprend et les spectateurs s’impatientent pour le grand favori. Sasuke se fait désirer et Gaara aussi semble sous tension.

Éventuellement, leur combat est délayé et celui de Shikamaru et Temari doit commencer. La cagnardise du shinobi ne laisse rien présager de bon et Sakura se laisse absorber par la confrontation qui prend place sous ses yeux.

Le tempérament tempétueux de Temari reflète la frustration de la plupart des spectateurs face au désintérêt de Shikamaru pour le combat. Cela dessert malheureusement la kunoichi et Sakura retient son souffle lorsque Shikamaru est sur le point de la contraindre à déclarer forfait, avant de pousser un soupir de désarroi face à l’abandon de ce dernier.

Alors que le retard de Sasuke est sur le point de le disqualifier, ce dernier apparaît dans un nuage de feuilles au centre de l’arène, Kakashi avec lui.

Sakura s’accoude à la balustrade pour assister au combat, mal à l’aise. Les capacités de Sasuke sont impressionnantes, mais Gaara est assoiffé de sang et elle n’est pas certaine que l’Uchiwa soit à la hauteur. A vrai dire, il n’y a peut-être personne en mesure de surpasser Gaara.

Le chakra de ce dernier lui fait toujours froid dans le dos, comme le vent glacial qui se lève la nuit dans le désert. La teinte sanglante de ses cheveux et de son tatouage font écho au sang versé pendant l’épreuve préliminaire et Sakura grimace lorsque Sasuke parvient à contourner la défense de sable de son adversaire. Si cela témoigne de ses progrès, cela signifie aussi que Gaara va se montrer d’autant plus violent avec Sasuke et Sakura n’est plus à seule à s’inquiéter. Naruto se précipite vers Kakashi pour l’implorer d’interrompre l’affrontement.

Gaara se réfugie dans un bouclier d’apparence impénétrable tandis que Sasuke s’acharne, sans succès.

Le cri de mille oiseaux résonne soudain dans les oreilles de Sakura, qui n’a jamais pensé entendre une nouvelle fois le son distinctif de la technique de Kakashi. Quelque chose change dans l’air, Sakura ne saurait dire quoi exactement mais soudain il est difficile de garder les yeux ouverts et elle peine à respirer. Sa poitrine se soulève bien trop lentement et sa respiration profonde la plonge lentement vers l’inconscience…

Dans un sursaut, Sakura coupe promptement la circulation de son chakra et la rétablit tout aussi vite, ouvrant brutalement les yeux. Un genjutsu ?!

Autour d’elle, les genin se sont affaissés, le menton tombé contre le torse. Endormis, tout comme les spectateurs dans les gradins. Sakura appose immédiatement ses paumes sur les épaules de ses coéquipiers pour les sortir et de l’illusion et se tourne vers Chôjûrô lorsqu’Ao apparaît aux côtés de son apprenti et rompt le genjutsu lui-même. Oki est avec lui mais pas ses apprentis et Sakura s’inquiète pour Honami.

Elle repère finalement son amie dans les gradins aux côtés de Daiki, Gakuun et Akira dans un fauteuil roulant, face à un groupe de genin originaires d’Oto.

Un volute de brume attire l’attention de Sakura et précède l’arrivée de Zabuza, vers lequel elle se tourne immédiatement avec ses coéquipiers.

« Oto et Suna se sont alliés pour attaquer Konoha, explique-t-il. »

Sakura tourne se concentre immédiatement vers la loge des Kage, mais une immense barrière de chakra sépare la tribune du reste de l’arène. Peu à peu, les affrontements éclatent entre Kiri et les forces alliées d’Oto et Suna et déjà, les flammes et les débris se répandent dans l’arène comme une traînée de poudre tandis que la fumée enveloppe le village.

« Allez assister les forces armées de Konoha pour repousser l’invasion et aider les citoyens à rejoindre des shinobis de Konoha pour qu’ils les emmènent en lieu sûr. Ne vous mettez pas inutilement en danger, cette guerre n’est pas la nôtre. »

Le ton pressant de Zabuza arrache Sakura à la contemplation de Meï déversant des torrents de lave sur la barrière érigée pour isoler l’Hokage et le Kazekage. Le Mizukage s’avère incapable de porter assistance à son allié et un pincement au coeur fait ciller Sakura. Hiruzen ne fera pas long feu, pas avec son grand âge.

Elle croise le regard de Zabuza et hoche la tête pour signifier qu’elle a entendu ses instructions. Le jônin hésite pour le plus bref des instants avant de se tourner vers Ao, qui pousse Oki et Chôjûrô vers l’équipe Zabuza.

Les cinq genin rejoignent les combats en contrebas et commencent à se frayer un chemin vers les civils.

Notes:

Alors, ce combat. Sakura l’emporte, est-ce que tu l’as vu venir ?

Chapter 18: L'invasion

Summary:

Sakura l’a emporté sur Oki, mais n’a pas l’occasion de savourer sa victoire car Oto et Suna se sont alliés pour envahir Konoha.

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Sasuke et Gaara ont disparu de l’arène, tout comme le reste de la Fratrie du Sable et les autres genin de Konoha. Sakura dégaine ses haches dans un geste annonciateur de la mêlée qui va suivre tandis qu’à ses côtés, Suigetsu fait tournoyer son nodachi et elle aperçoit du coin de l'œil l’éclat des senbon qui dansent entre les doigts d’Haku. Chôjûrô les précède, Hiramekarei en main et les poings serrés d’Oki derrière lui ne laissent rien présager de bon.

Ils laissent derrière eux un sillage de cadavres.

Bientôt, l’arène est dévastée.

Les citoyens évacués se rendent dans les abris prévus à cet effet en cas d’invasion et les shinobi de Kiri se dispersent pour aider leurs alliés dans les rues de Konoha. Sakura lance un regard à ses coéquipiers, hésitant sur la marche à suivre. Oki l’ignore au profit de la loge des Kage et bientôt ses camarades font de même, découvrant les formidables jutsu que Meï, Ao et Zabuza déploient pour libérer leur allié du combat qui l’oppose à celui que la rumeur surnomme Orochimaru.

Si les souvenirs de l’Académie ne la trompent pas, il s’agit là de l’un des trois légendaires Sannin. Quelle que soit la raison qui a amené Orochimaru à se retourner contre son village d’origine, il a isolé l’Hokage avec la ferme intention de mettre fin à ses jours. Meï tente encore et toujours de venir en aide à son homologue, sans succès et se repose sur la protection d’Ao et de Zabuza pendant qu’elle déploie tous ses efforts.

La puissance des vagues invoquées par les deux jônin pour repousser leurs assaillants est telle que l’eau déferle jusque dans les gradins et bien souvent, les ninja qu’elles frappent ne se relèvent pas. Zabuza s’élance au sommet de l’une d’elles et manie Kubikiribôchô avec aisance pour achever les shinobi capable de lutter contre le courant et ceux qui échappent au revers de son épée tombent sous le contrôle d’Ao grâce à une illusion, bientôt forcés de s’entre-tuer.

Les vagues déferlent de plus en plus loin dans l’arène cependant et Sakura quitte les lieux avec ses camarades avant d’être emportée. Ils parcourent les rues de Konoha pour rejoindre les remparts et aider à repousser l’invasion, portant assistance aux civils qu’ils rencontrent sur le chemin.

Ils rejoignent Akimi au détour d’une rue. La Suikazan protège tant bien que mal la retraite de Gakuun et Akira, exténués par leurs blessures. Sakura remarque avec horreur qu’à force de transporter Akira, Gakuun a aggravé son entorse à peine rétablie et qu’il peine à marcher. Oki rejoint immédiatement ses coéquipiers pour les aider à se mettre à l’abri, soudain très pâle.

Haku tire de sa sacoche de quoi faire une attelle de misère qu’il noue fermement de part et d’autre du pied de Gakuun. Oki prend le relai pour transporter Akira et Gakuun essaye de marcher, toujours ralenti mais capable de courir aux côtés de sa coéquipière.

Leur sensei effectue quelques mudra et ses longs cheveux roux durcissent avant qu’elle ne les projette sur ses adversaires. Ils s’effondrent un à un dans la rue autrefois passante, maintenant déserte en dehors des cadavres et débris laissés par les affrontements. La jônin rallie son équipe pour les mener en lieu sûr et donner ses instructions aux autres genin.

« Si vous ne pouvez plus combattre suivez moi, sinon rejoignez les combats au nord ! »

Sakura secoue la tête et après un regard pour s’assurer que ses coéquipiers et son petit ami sont bien en état de combattre, elle se remet à courir vers les remparts. Elle dispose d’encore assez de chakra pour porter main forte à leurs alliés et fait tournoyer ses haches avant de se jeter dans la mêlée, Suigetsu et Chôjûrô à ses côtés.

Haku reste un peu en retrait et achève les ninja qui survivent à l’assaut de ses acolytes.

Les cheveux de Sakura ne sont plus tant roses que sanglants et ses vêtements déchirés par endroits lorsque son dernier adversaire s’effondre. Elle ne souffre que de quelques égratignures cependant, tout comme ses coéquipiers. Chôjûrô aussi, jusqu’à ce que les renforts de Suna le prennent à revers avec une technique fûton. Une gerbe de sang gicle de la plaie ouverte sur le flanc du genin et le plie en deux sous le coup de la douleur.

« Chôjûrô !

— Derrière toi ! réplique-t-il, la respiration haletante. »

Sakura évite difficilement l’assaut d’un shinobi d’Oto pour lui venir en aide et pousse un cri en voyant son petit ami tomber sous une deuxième attaque fûton.

Chôjûrô disparaît parmi les corps étendus au sol et un kunai vient déchirer le bras de Sakura. Elle chancelle et perd l’équilibre, tombant à son tour sous le choc mêlé à la douleur. Déjà, son adversaire est sur elle et dégaine un nouveau kunai pour l’achever. La jeune fille lève vainement son bras blessé pour se protéger et se voit le souffle coupé lorsque son agresseur s’effondre lourdement sur elle.

Par-dessus l’épaule amorphe du shinobi, elle aperçoit un filament de vapeur qui ronge avidement les vêtements et la peau de l’homme jusqu’à dévoiler ses muscles, puis les os de ce qui n’est plus qu’un corps sans vie. Se dégageant tant bien que mal, Sakura découvre Masamune, son kimono à peine froissé par les combats, qui hoche la tête en voyant qu’elle est saine et sauve.

« Ce n’est pas le moment de se laisser distraire, lui intime-t-il d’une voix qui ne laisse pas l’occasion d’argumenter et Sakura comprend très bien ce qu’il veut dire. »

S’efforçant de ne pas se retourner pour tenter de secourir Chôjûrô qu’elle a de toute façon perdu de vue, Sakura se rapproche plutôt de ses coéquipiers. Haku forme rapidement un mudra en l’apercevant et un miroir de glace apparaît devant elle, flottant à quelques centimètres du sol.

Sakura n’hésite pas une seule seconde à se jeter à travers, et dans son reflet, un ennemi se précipite derrière elle. Le glas du miroir fracassé par l’attaque se fait lointain tandis qu’elle se réceptionne près de son coéquipier, bougeant prudemment son bras blessé. Une flaque d’eau à leurs pieds reprend déjà la forme de Suigetsu.

« Ça va aller ? lui demande-t-il immédiatement. »

Elle essuie quelques larmes d’une main ensanglantée et l’équipe Zabuza s’éloigne de la mêlée. Les jônin présents n’ont pas besoin de leur aide. Haku profite du moment de répit pour bander rapidement le bras de Sakura, à couvert derrière l’un des bâtiments qui ne s’est pas effondré.

« Tiens, prends ça, dit-il en sortant une pilule de croissance sanguine de sa poche. »

Sakura l’avale promptement. Elle ne pense pas avoir perdu trop de sang, mais mieux vaut éviter de s’évanouir en plein combat. Ils reprennent leur course, le visage sombre, pour longer le rempart du village jusqu’à la brèche ouverte par les serpents alliés d’Oto. Tous n’ont plus qu’une idée en tête : tout faire pour que l’état de siège cesse.

Ils retrouvent Honami et Daiki parmi les ninja qui défendent Konoha.

L’équipe Zabuza se dirige immédiatement vers eux et Sakura abat sans état d'âme un shinobi qui tente de prendre son amie à revers. Elle ne laissera pas cette invasion lui arracher un proche de plus, songe-t-elle en récupérant sa hache sur le corps sans vie à ses pieds, cette résolution plus forte que la douleur lancinante dans son épaule.

Les deux kunoichi échangent de maigres sourires et Sakura se mord la lèvre pour ne pas demander à Honami comment elle est arrivée là, si loin de l’équipe Akimi.

Elle aperçoit bientôt Kiba un peu plus loin, avec sa coéquipière. Hinata guide leur retraite tandis qu’il tient son chien contre lui et repousse leurs adversaires de son autre main. Sakura pousse Honami et Daiki vers eux avant de barrer le passage de leurs poursuivants pour laisser à son amie le temps de s’échapper.

« Va te mettre à l’abri ! crie-t-elle à l’intention d’Honami. »

Suigetsu et Haku viennent en renfort, mais l’afflux d’ennemis au niveau du rempart est bien trop important pour les trois genin et s’ils ont permis aux autres de s’enfuir, leurs chances de faire de même diminuent de plus en plus rapidement. Sakura ignore la douleur sourde dans son bras, comme engourdi par la blessure et continue de se battre. Cernée par leurs assaillants, l’équipe Zabuza manque de croiser le fer en l’absence d’espace suffisant pour leurs styles de combat respectifs.

Soudain, une déflagration de chakra libère de la place et la technique se dissipe peu à peu tandis qu’ils reprennent leur souffle et découvrent Neji au centre d’un cercle d’ennemis soudain clairsemé. Un à un, ceux restés debouts tombent sous les jets d’armes diverses de Tenten.

« Vous tombez à pic ! s’exclame Sakura, reconnaissante.

— Comme dirait Gaï-sensei, il faut que la jeunesse se serre les coudes, ou quelque chose comme ça, déclare Tenten, ses chignons défaits et les yeux brillant dangereusement.

— Je ne crois pas qu’il dirait ça, réplique Neji, bourru.

— Peu importe, c’est l’intention qui compte ! »

Avec eux arrive une escouade d’ANBU pour colmater la brève et empêcher les ennemis de revenir à la charge en invoquant une construction de bois. Sakura et ses coéquipiers profitent de l'accalmie pour partager quelques pilules énergétiques avant d'aller quadriller les rues environnantes et s’assurer que les envahisseurs ont bien tous été repoussés ou mis hors d’état de nuire.

L’équipe Zabuza contourne un bâtiment en ruine sans faire de bruit malgré l’envie d’appeler les habitants potentiellement ensevelis sous les décombres à se manifester pour qu’ils leur viennent en aide. Ils ne trouvent qu’un parasol fracassé par l’effondrement. Un peu plus loin, il y a du mouvement dans une maison dont quelques murs tiennent encore debout.

Sakura prend les devants, tenant fermement l’une de ses haches et manque de décapiter un petit garçon qui se précipite vers elle et enlace ses genoux en s’effondrant en larmes. La kunoichi lâche immédiatement son arme et se met à la hauteur du petit pour s’assurer qu’il va bien.

« Où sont tes parents ? lui demande Sakura.

— Je ne sais pas… »

Le garçon ne semble pas blessé bien que couvert de poussière. Suigetsu lui offre son gobelet transportable pour le réhydrater tandis qu’ils observent les dégâts dans la maison. Il n’y a pas de trace de ses parents et Sakura espère sincèrement que ces derniers ont survécu à l’attaque. Rien n’est moins sûr.

Suigetsu paraît soudain vulnérable, les yeux embués de larmes tandis qu’il dévisage le petit garçon. Une ombre monstrueuse se dessine sur le mur avant qu’un homme massif ne s’aventure dans les décombres et le petit se blottit contre Sakura. La kunoichi la serre dans ses bras sans savoir s’il vaut mieux se relever ou se recroqueviller tandis que le ninja se met à rire en les voyant.

« Trois enfants qui en protègent un autre, comme c’est mignon.

- Ne les approchez pas ! le coupe Suigetsu. »

Malgré son avertissement, il a la voix blanche et ses lèvres tremblent. Figé avec son nodachi baissé, il semble même incapable de lever la main pour viser avec son pistolet aqueux, réalise Sakura sans comprendre pourquoi son coéquipier est soudain si vulnérable.

Haku n’a pas tant d’états d’âme.

Il invoque son dôme de glace et les miroirs apparaissent autour d’eux pour les protéger. Déjà, une pique de glace jaillit de nul part et manque de peu le ninja ennemi. Il tente de briser le dôme protecteur dans lequel Haku s’est réfugié avec eux et se voit transpercer en plein cœur par une salve de senbon jetés à travers l’un des miroirs.

Sakura cache les yeux du gamin tandis que Suigetsu s’effondre à genoux dans un sanglot.

Elle hésite un instant avant de tendre la main pour caresser les cheveux de son coéquipier, d’habitude si insolent. Haku s’approche prudemment d’eux pour s’accroupir à leurs côtés tandis que dehors, les combats diminuent. L’invasion aurait été stoppée, selon quelques messagers mais ci et là, Sakura perçoit le mot Kange sans tout à fait comprendre ce qu’on murmure à leur sujet.

« Mangetsu… ce nom ressort inlassablement des sanglots répétés de Suigetsu. »

Sakura échange un regard horrifié avec Haku, reconnaissant le nom du frère de leur coéquipier. L’a-t-il vu mourir comme il a cru voir le ninja s’en prendre au petit garçon ? Si c’est le cas, cela a eu lieu pendant la purge à Kiri, devine Sakura. L’horreur se dessine déjà devant ses prunelles fatiguées et après un instant d’hésitation, Haku décide de secouer leur coéquipier pour le sortir de sa transe. Il ne sert à rien de le laisser revivre ce terrible souvenir.

« Suigetsu, souffle Haku. Reviens parmi nous, s’il te plaît. »

Il faut quelques minutes à l’Hôzuki pour revenir à lui et lorsqu’il sort enfin de la crise qu’il vient de traverser, Sakura relâche doucement son étreinte sur le garçon pour attirer Suigetsu dans ses bras, sans un mot. Elle n’est pas capable de porter le petit avec son bras blessé. Haku récupère le gamin et l’équipe Zabuza se met en marche pour trouver les refuges de Konoha ainsi que, ils l’espèrent, les parents du petit garçon.

Il s’est endormi, bercé par les bras d’Haku.

A vrai dire, Sakura craint aussi de ne pas retrouver tous ses camarades. Des hommes et des femmes portent des enfants ou regardent autour d’eux d’un air hagard tandis qu’ils cherchent leurs proches. Tout Konoha chuchote à propos des Kage et elle n’ose pas demander ce qu’il s’est passé. A défaut, elle demande son chemin et on les dirige jusqu’au point de recensement où tous les citoyens doivent se signaler. Le petit garçon se réveille à l’entente d’autres enfants appelant leurs parents dans la file d’attente et se frotte les yeux sans tout de suite réagir tandis qu’un couple se précipite vers eux.

« Mon chéri ! Nous sommes là mon cœur, s’exclame sa mère. »

Haku la laisse prendre le garçon dans ses bras et le père l’attire lui aussi dans une accolade en remerciant les trois genin qui ont veillé sur son fils. Haku fait la grimace, couvert de plaies, mais ne dit rien tandis que les parents du petit se réjouissent de retrouver leur enfant.

Sakura doute d’être réunie avec son petit ami.

Elle sursaute lorsqu’Haku lui prend doucement la main, ainsi que celle de Suigetsu pour signaler leur présence auprès d’un chûnin. Ce dernier grimace en voyant leurs bandeaux frontaux et fouille dans ses papiers afin de trouver la liste des visiteurs originaires de Kiri et coche leurs noms avant de relever la tête.

« Nous allons informer votre sensei de votre arrivée. Malheureusement vous n’allez pas pouvoir le rejoindre tout de suite, il doit veiller à la sécurité du Mizukage. »

Ils remercient le chûnin et Sakura regrette de ne pas pouvoir s’enquérir de l’état de ses amis. Ils errent parmi les shinobi regroupés autour d’un repas de fortune, assis sur des débris tirés des décombres à défaut de pouvoir commencer à tout reconstruire. Elle ne trouve aucun visage familier parmi toutes ces faces grimées et ensanglantées, aussi fait-elle à contrecœur le chemin vers l’hôpital.

Elle ne souhaite pas à ses proches de souffrir de blessures suffisamment graves pour y être admis.

Le doute plane dans son esprit. Si Meï est en sécurité avec Zabuza, cela signifie que le Kage dont tout le monde parle est celui de Konoha. Orochimaru est-il parvenu à ses fins ? Le village n’a-t-il plus de chef des armées ? Elle n’ose imaginer les implications d’une telle perte. Soudain, ses inquiétudes pour ses proches lui semblent bien futiles. Si l’Hokage n’a pas survécu, quelles sont leurs chances ?

Elle mange difficilement la ration qu’on lui a attribuée au recensement. Suigetsu et Haku non plus, n’ont pas beaucoup d’appétit. Ils devraient être affamés, mais l’odeur de sueur et de sang plane encore comme la fumée des incendies qui ont dévasté le village et Sakura a recours à la technique d’apnée prolongée ne serait-ce que pour échapper à l’horreur.

Ils pénètrent finalement dans l’hôpital et trouvent sans mal la liste des admissions, affichée à l’entrée pour que tous puissent trouver ce qu’ils cherchent sans déranger le personnel débordé. Sakura étouffe un sanglot en trouvant le nom de Chôjûrô parmi les blessés en soins intensifs, sans savoir si elle est soulagée ou terrifiée pour son petit ami.

C’est le seul prénom familier sur la liste aussi l’équipe Zabuza s’écarte-t-elle de l’entrée pour laisser d’autres proches inquiets s’enquérir de l’état des personnes qui leur sont chères. Suigetsu passe un bras qui se veut rassurant autour des épaules de Sakura, mais il s’appuie tout autant sur elle tandis qu’ils s’éloignent. Elle prétend qu’elle peut supporter son poids sur son bras blessé, mais la douleur sourde palpite comme un feu de camp sous sa peau.

Haku les dirige vers un banc miraculeusement intact. L’ennemi n’est pas parvenu jusqu’à l’hôpital, semble-t-il. Les trois genin s’effondrent contre le dossier et ferment les yeux pour profiter de l’endroit calme et soudain, Sakura réalise que tout son corps la lance, les muscles exténués par cette longue journée. La tête lui tourne et elle boit les dernières gouttes d’eau de sa gourde tandis qu’elle lutte contre la fatigue, sentant ses coéquipiers faire de même.

Il n’en faut pas beaucoup plus pour que tous trois s’endorment.

Zabuza les trouve là au petit matin.

« Les quartiers diplomatiques n’ont pas été touchés, retournez dans vos appartements. De ce qu’on m’a dit vous avez fait du bon travail pendant l’invasion, malheureusement Konoha est sérieusement touché et l’Hokage est tombé au combat. La délégation assistera à l’enterrement puis nous retournerons à Kiri pour enterrer nos propres soldats. »

Il hésite avant de continuer.

« Je suis au regret de vous informer qu’Honami est décédée, une escouade ennemie l’a interceptée lorsqu’elle guidait des genin de Konoha en sûreté. »

Le monde de Sakura s’effondre. Tombée à genoux aux pieds de son sensei, elle se noie dans ses larmes et seul Zabuza parvient à la tirer de sa torpeur tandis qu’il s’incline à sa hauteur et l’enlace. L’étreinte est douloureuse mais c’est ce qui la maintient à flot lorsqu’elle s’avère incapable de se calmer.

Sakura vient de perdre sa meilleure amie.

Notes:

J’ai versé une petite larme en écrivant… et toi en lisant, peut-être ?

Chapter 19: L’espoir de tout reconstruire

Summary:

Sakura et les autres genin de Kiri sont venus en aide à Konoha, mais à quel prix ? Honami, la meilleure amie de Sakura, est décédée lors de l’invasion. Quant à Chôjûrô, Daiki et Gakuun, ils sont gravement blessés.

Notes:

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Chapter Text

De la paupière close de la lune s’écoulent des larmes glacées. La pluie s’écrase sur la face endeuillée du village caché par les feuilles. Sakura n’en sent plus les gifles détrempées, réfugiée dans ses appartements après la mise en terre de l’Hokage. L’orage a éclaté sur la foule assemblée pour l’enterrement et la délégation de Kiri s’est retirée afin de laisser Konoha pleurer ses soldats tombés.

Honami sera enterrée au Pays de l’Eau.

Sakura étouffe un sanglot et serre une tasse de thé fumante contre elle. Elle connaît Honami depuis qu’elle a intégré l’Académie. Il s’agit — s’agissait — de sa première amie, celle qui lui a fait sentir qu’elle a peut-être sa place à Kiri malgré son statut d’immigrée. Le village caché par la brume n’est pas toujours accueillant avec les étrangers, les a même asservis par le passé, mais Honami a fait fi des origines de Sakura et du stigma à ce sujet.

Elle ne peut même pas partager sa peine avec les coéquipiers d’Honami. Si l’état de Chôjûrô s’est stabilisé, il est toujours hospitalisé. Daiki s’est renfermé sur lui-même, quant à Ao… Il demeure insensible.

Zabuza leur a enseigné bien des choses, songe-t-elle, mais jamais encore de leçon sur la perte d’un camarade, d’un être cher comme sa meilleure amie. Sakura a craint, pendant de longues heures, de ne jamais revoir Chôjûrô, si ce n’est dans le même cercueil que celui dans lequel repose à présent Honami. Elle a vu son amie quelques heures à peine avant sa mort et ne peut pas tout à fait réconcilier son visage fatigué mais bien vivant, au couvercle de ce dernier.

Un nouveau sanglot la secoue et Sakura se brûle la langue en finissant sa tasse de thé avant de s’éloigner de la fenêtre. Elle a des affaires à préparer en prévision du long voyage qui les attend. Si l’aller les a tous enjoués, le retour pèse sur les épaules de chacun et elle n’est pas surprise de découvrir Suigetsu étendu de tout son long à côté de la table à manger. Il jongle avec quelques shuriken, menaçant d’écorcher le plafond chaque fois un peu plus et elle se laisse tomber sans crainte à ses côtés.

Haku les observe d’un peu plus loin, les yeux rouges d’avoir pleuré. Son kimono demeure impeccablement noué et malgré un geste nerveux pour réajuster le carré de tissu qui contient son chignon, chaque mèche reste à sa place. Sakura l’envie. Elle a les cheveux gras et des cernes plus sombres qu’un oeil au beurre noir.

Une main pleine de callosités apparaît soudain au-dessus de Sakura et Suigetsu pour arrêter les shuriken en plein vol et l’Hôzuki proteste faiblement.

« Tu n’es pas chez toi, le réprimande Zabuza. »

Malgré son ton autoritaire, il manque quelque chose dans sa voix et sa haute stature semble voûtée. Il fait signe à Haku de les rejoindre et tous deux s’assoient en tailleur de part et d’autre de Sakura et Suigetsu, toujours étendus au sol.

« Les choses commencent à se tasser, nous devrions partir demain matin si rien ne vient retarder notre départ.

— Qu’est-ce qui pourrait le retarder ? s’étonne Haku.

— Nous ne sommes pas encore certains que Chôjûrô pourra se déplacer et Meï craint que nous soyons retenus par le conseil dans une tentative de nous blâmer pour la mort de leur Hokage.

— Quoi ? Mais c’est ridicule ! Kiri a protégé le village pendant l’attaque ! s’insurge Sakura. Nous avons sacrifié des shinobi pour les défendre, certains d’entre nous ont perdu des êtres chers…

— Malgré tout, l’alliance reste fragile et Meï veut être certaine qu’elle est maintenue avant de partir, si nous sommes accusés de quoi que ce soit, elle restera pour prouver le contraire, répond doucement Za buza.

— Il y a sûrement des tensions au sein de notre propre Conseil, commente Suigetsu. »

Il le dit d’un air ennuyé mais sa remarque a du sens. Leur sensei ne réagit pas, n’ayant probablement pas le droit de dévoiler ce genre d’information à de simples genin et Sakura repense à la guerre civile qui a secoué Kiri quelques années auparavant. Si les rebelles l’ont emporté, il est certain que les factions, bien qu'elles soient alliées, ont encore des sujets de dispute et les liens avec Konoha en font sûrement partie. Le Pays de l’Eau a longtemps adopté une attitude protectionniste et une politique de repli sur soi qui va à l’encontre de celle appliquée par Meï depuis son arrivée au pouvoir.

« J’aimerais entendre votre rapport sur ce qu’il s’est passé pendant l’invasion, exige finalement Zabuza. »

Ses apprentis échangent un regard pour déterminer qui prend la parole en premier et Sakura finit par se dévouer car elle avait après tout été la première à réagir et se libérer de l’emprise du genjutsu. Elle se redresse en tailleur pour commencer et ils se passent la parole jusqu’à ce que Suigetsu l’interrompe.

« On a bien failli perdre Sakura aussi, souffle-t-il et Sakura agrippe sa main, touchée.

— Masamune-san m’est venu en aide, ajoute-t-elle. »

Zabuza garde un instant le silence lorsqu’ils ont terminé, pensif.

« Très bonne initiative Sakura. Vous avez suivi les ordres de vos supérieurs et agi avec clairvoyance tout au long de l’invasion. Haku, je pense qu’il est temps pour toi d’élargir tes connaissances médicales. Tu maîtrises assez ton talent héréditaire pour le délaisser afin d’acquérir de nouvelles compétences dans un domaine qui t’intéresse. Suigetsu, je n’ai rien à te reprocher non plus mais j’aimerais que tu expliques à tes coéquipiers ce qu’il s’est passé avec cet enfant. »

L’Hôzuki baisse la tête mais se rassoit plus convenablement pour obtempérer. Sakura fait de même et leurs genoux s’effleurent tandis qu’elle s’installe en tailleur entre lui et Haku. Finalement, Suigetsu se met à parler à voix basse.

« Mon… mon frère aîné est décédé lors de la purge. Il était capable de manier toutes les épées, Hiramekarei en particulier. Je… j’avais quelques années à peine, j’étais encerclé par un groupe de shinobi, incapable de me défendre mais Mangetsu s’est sacrifié pour me sauver. Je- je l’ai vu tomber… sa voix se brise. »

Sakura passe immédiatement un bras autour de ses épaules dans un geste pour le réconforter et un sanglot les secoue tous les deux tandis qu’Haku, le regard dur, observe ses deux coéquipiers. Sakura se remémore une conversation semblable qu’elle a eu avec lui il y a quelques années, l’histoire est familière et devant ses yeux dansent des flocons ensanglantés venus recouvrir le corps des parents d’Haku.

« Je suis désolé, Suigetsu. »

Les deux garçons échangent un long regard et sûrement un peu de leur peine sans qu’un mois ne soit prononcé. Cela suffit cependant et Sakura serre Suigetsu dans ses bras tandis que Zabuza pose une main qui se veut réconfortante sur l’épaule d’Haku. Ils se complaisent dans le silence pendant un moment.

« Préparez vous à partir demain matin à l’aube, déclare finalement Zabuza. »

Tous trois acquiescent et Sakura se lève à la suite de leur sensei.

« Je vais rendre visite à Chôjûrô.

— Tu peux y aller toute seule, la charie immédiatement Suigetsu. »

Son regard demeure sombre mais son sourire dévoile ses dents pointues et elle apprécie ses efforts pour la traiter normalement.

Chôjûrô a été rapatrié dans ses appartements une fois que son état le permettait. Sakura frappe à la porte avant d’entrer, pour découvrir qu’il parvient même à se redresser seul maintenant car elle le retrouve assis au bord du lit.

Elle se précipite aux côtés de son petit ami pour le réprimander mais un regard de sa part, ourlé de larmes à peine contenues, la fait taire. Sakura s’assied simplement à ses côtés et frotte doucement son dos, veillant à ne pas toucher le bandage qui enveloppe son abdomen.

« Il faut que je sois capable de marcher demain, nous ne pouvons pas rester ici un jour de plus, murmure-t-il finalement. »

Sakura ne répond pas, reposant simplement sa joue contre l’épaule de Chôjûrô. Que dire ? Il est en deuil, en convalescence qui plus est. Il est plus facile pour lui d’ignorer son état que de faire face à ce qu’il ressent, surtout sous la pression de son sensei. Car Sakura n’en doute pas, c’est Ao qui insiste pour que Chôjûrô fasse fi de ses blessures.

Elle comprend que le jônin ne veuille pas s’attarder dans un village qui peut à tout moment se retourner contre eux mais bousculer les blessés n’aidera pas à leur rétablissement. Akira ne pourra plus jamais être ninja et Gakuun enchaîne entorses et rupture des ligaments sur la même jambe, ni l’un ni l’autre ne devrait voyager dans cet état, mais même Akimi n’a pas sû faire changer Ao d’avis.

« Dans ce cas-là, il faut que tu te reposes le plus possible, murmure-t-elle. »

Chôjûrô hoche la tête à contrecœur et daigne s'allonger tant bien que mal. Chaque geste le fait grimacer et il se fige juste avant de se laisser aller contre les oreillers.

« Je voulais enlever mon haut mais… je n’y arrivais pas. Est-ce que tu peux m’aider ? »

Il devient rouge pivoine rien qu’en demandant et Sakura éclate d’un rire franc pour la première fois depuis des jours.

« Je te déshabillerai avec plaisir ! s’exclame-t-elle. »

Cela le fait d’autant plus rougir et il retire ses lunettes avec un soupir. Sakura l’aide avec prudence, essayant de ne pas rire en le voyant croiser les bras pour se soustraire à sa vue. Le malaise semble au moins changer les idées de Chôjûrô et elle s’allonge un moment à ses côtés. Ils n’y a pas grand chose à dire, ils ne savent pas si leur retour presse ou non et les jônin n’ont donné aucune indication concernant le rythme de déplacement prévu.

La délégation fera-elle le trajet en une seule et même caravane, ou les dignitaires prendront-ils de l’avance sur eux ?

Avec l’examen avorté par l’invasion de Konoha, ce n’est pas comme s’il y avait des promotions à attribuer sous peu. Les participants peuvent peut-être se permettre de voyager au rythme des blessés. Sakura n’en sait rien.

Sentant que Chôjûrô s’endort, elle se redresse et dépose un baiser sur son front avant de le laisser se reposer. Elle sort de la chambre sans un bruit et tandis qu’elle referme doucement la porte, elle aperçoit Oki dans le couloir. Les bras croisés sur ses genoux et la tête enfouie entre eux, l’Hoshigaki est recroquevillée au sol comme pour pleurer. Sakura n’a pas l’intention de vérifier et fait mine de passer sans la remarquer, sans succès.

« Haruno.

— Je ne dirai à personne que je t’ai vu pleurer, dit-elle immédiatement, figée.

— Quoi ? Tu crois que j’en ai quelque chose à faire si les autres savent que je pleure pour mes coéquipiers ? On voit que toi, tu as gardé toute ton équipe intacte ! Oki crache les mots plus qu’elle ne les prononce.

— Parce que tu crois que je n’ai personne à pleurer ? s’écrie Sakura avec tout autant de hargne. »

Les deux kunoichi échangent des regards sombres et embués de larmes.

« Est-ce que… Oki renifle, tâche de temporiser. Chôjûrô va mieux ?

— Ce n’est pas encore ça, mais il va se rétablir. »

Oki détourne les yeux et Sakura s’éloigne enfin. Elle ne s’attendait pas à ce que son éternelle rivale s’inquiète pour son petit ami, mais elle ne peut pas le lui reprocher. Elle repense à leur combat en rejoignant sa chambre. Les évènements qui se sont enchaînés après sa victoire ont effacé sa joie d’avoir vaincu Oki.

Elle était si fière de son combat… mais tout semble bien lointain à présent. Les coéquipiers de Sakura n’ont même pas eu l’occasion d’affronter leurs adversaires. Tant d’efforts pour rien, songe-t-elle. Sakura a tout fait pour que sa performance lui vaille une promotion, même en cas de défaite, mais avec l’examen annulé aussi abruptement, elle doit se résigner à ne jamais le savoir.

Cela n’a plus d’importance à présent de toute façon.

L’enseignement de Zabuza ne lui a pas permis de sauver Honami.

Sakura retrouve ses camarades pour le départ le lendemain et se rapproche immédiatement de Chôjûrô pour s’assurer qu’il n’a pas besoin d’aide. Son petit ami tâche de se tenir droit, le bandage caché par ses vêtements qu’il a visiblement eu un peu de mal à enfiler. Elle préfère ne rien dire cependant et c’est Daiki qui, l’air de rien, ajuste un peu la tenue de Chôjûrô.

Akimi, la seule jônin présente, s’est renfermée après l’invasion. Ses épaules affaissées trahissent son état psychologique après les blessures graves subies par son équipe et Sakura se demande ce qu’il va advenir d’Oki si ses coéquipiers ne peuvent pas rester en service.

La délégation du Pays de l’Eau les rejoint finalement. Ao et Zabuza accompagnent Masamune et d’autres dignitaires tandis qu’une escouade d’ANBU reste constamment aux côtés de Meï. Sakura cherche le regard de son sensei pour recevoir ses instructions, mais c’est Ao qui prend la parole pour s’adresser aux genin.

« Meï et la délégation vont prendre de l’avance et retourner à Kiri plus rapidement. Nous les rejoindrons quelques jours plus tard. »

Tous hochent la tête et Meï se détache de ses gardes du corps pour croiser leurs regards.

« Sachez que je suis fière de la façon dont vous avez représenté Kiri lors de cet examen. »

Sakura s’incline avec les autres face à leur Mizukage, partagée entre le respect et le chagrin. Meï disparaît au loin avec son escorte et finalement, il est temps de partir. Ils laissent le village dévasté derrière eux. Il faudra tout reconstruire. Elle ne doute pas que c’est l’espoir que portrait Hiruzen lorsqu’il s’est sacrifié pour Konoha.

Sakura surveille Chôjûrô pour s’assurer qu’il n’éprouve pas de difficultés à marcher. Cela ne semble pas être le cas et bientôt, ils quittent le village caché par les feuilles.

Le cercueil d’Honami les suit dans une caravane.

Notes:

L’arc des Examens Chûnin touche bientôt à sa fin, qu’en as-tu pensé ?

Chapter 20: Pour le village

Summary:

Sakura et ses anciens camarades de classe tâchent de se soutenir dans leur peine.

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Les étendues boisées du Pays du Feu laissent place à la terre ferme et Sakura touche le sol avec un soupir de soulagement, heureuse de retrouver le paysage maritime de l’archipel.

L’humidité ambiante semble revigorer Suigetsu, qui tend les bras vers le ciel en s’étirant. Malgré les nuages d’automne qui plongent les environs dans la grisaille, un semblant de sourire apparaît sur les lèvres d’Haku aussi, bien qu’un regard vers la caravane qui transporte le cercueil d’Honami le fasse vite disparaître.

Aucun d’eux n’a fait son deuil et Sakura, tout comme Chôjûrô et Daiki, passe souvent un peu de temps aux alentours de la caravane lorsqu’ils s’arrêtent pour la nuit. Sakura contemple le portrait d’Honami — quelque flou à travers ses larmes et si triste, avec le regard sans vie de son amie — que Chôjûrô lui a offert il n’y a pas si longtemps, mais le moment paraît déjà si lointain. A l’époque, Honami était encore vivante.

Ses coéquipiers lui laissent toujours un moment privilégié avant de venir à sa rencontre, parfois pour la distraire — plutôt Haku ; d’autres pour déléguer leurs corvées — Suigetsu, bien sûr ;ou encore échanger quelques mots avec elle.

Zabuza n’en dit jamais beaucoup, mais sa présence apaise Sakura.

Elle partage sa tente avec Oki et soupçonne les jônin de les avoir séparées de leurs équipes respectives pour ne pas les laisser se morfondre le soir. Cela n’empêche pas Oki de l’ignorer, mais Sakura refuse de s’en offusquer. Elle a compris, maintenant, que l’Hoshigaki se sent responsable des blessures qui ont mis fin à la carrière de ses coéquipiers.

Sakura n’ose pas imaginer ce que Daiki et Chôjûrô peuvent bien traverser. Si les liens qui les unissaient à Honami ne sont pas aussi forts que ceux qu’elle entretient avec Haku et Suigetsu, ils ont tout de même perdu leur coéquipière.

Akimi aussi, souffre de la situation. Elle culpabilise sans doute de les avoir mis en danger et quand bien même elle tâche de ne pas le montrer, Sakura l’a aperçue plusieurs fois aux côtés de Zabuza, discutant à voix basse au bord des flammes. A chaque fois, elle ne peut s’empêcher de penser aux échanges souvent houleux entre son sensei et les Frères Démons. Quelque chose lui a toujours échappé dans cette dynamique et Sakura commence à croire que tout cela est lié.

Seul Ao demeure aussi imperturbable que d’habitude. Il passe ses soirées plongées dans des rouleaux dont le contenu est sûrement hautement classifié. Sakura ne reconnaît pas les caractères qui y sont inscrits, il s’agit de toute évidence d’un code qui ne lui a pas été enseigné à l’Académie.

Parfois, elle se demande si le jônin lui en veut d’avoir vaincu sa nièce durant le tournoi. Il n’a jamais aimé Sakura, cela elle en est certaine mais elle ne parvient pas à déterminer si l’aversion d’Ao pour sa personne a empiré ou non.

Ce soir-là, Sakura prend son courage à demain et se tourne franchement vers son éternelle rivale. Oki lui adresse un regard dédaigneux, mais coincées ensemble sous la tente, elles n’ont pas d’autre choix que d’interagir.

« Je vais prendre un bain dans la rivière, tu veux venir ?

— Pour quoi faire ?

— Pour te laver, évidemment, réplique sèchement Sakura avant de se reprendre. Ça empêchera peut-être Suigetsu de te proposer un bain de minuit, pour une fois.

— Cette tête à claque, marmonne Oki, mais il y a quelque chose d’affectueux dans sa voix. »

Il y a aussi un début de sourire sur ses lèvres et elle accepte finalement d’accompagner Sakura.

« T’es bien une vraie fille, à toujours tout faire avec quelqu’un, commente-t-elle tout de même. »

Sakura ne lui répond pas et les deux kunoichi s’immergent bientôt dans l’eau clair et un peu trop fraîche de la rivière qui passe sous le Pont Tazuna. Les grands espaces dégagés du littoral ne se prêtent pas vraiment à des bains tranquilles mais au moins, elles voient arriver de potentiels pervers.

« De quoi vous parlez, avec Suigetsu ? Je pensais qu’il voulait te draguer au début, mais il n’a pas vraiment l’air intéressé. »

Oki lui adresse d’abord un regard noir, mais la réflexion de Sakura semble avoir trouvé une part de vérité chez l’Hoshigaki. Elle flotte sur le dos, ses cheveux en pointe encore visible à la surface de la rivière, et finit par s’exprimer, l’air sceptique.

« On parle de nos clans. Depuis la purge, nos effectifs sont décimés et notre alliance plus fragile que jamais.

— Ne me dis pas que vous allez organiser un mariage arrangé ?! s’exclame Sakura en se redressant abruptement.

— Beurk ! Bien sûr que non, Oki l’arrose pour se venger des éclaboussures.

— Suigetsu ne parle pas beaucoup de son clan, Sakura retombe dans l’eau avec un soupir. Ça m’a l’air assez sérieux tout ça. »

Elle croise le regard soudain plus attentif d’Oki, sûrement parce que l’autre kunoichi veut bien accorder à Sakura qu’elle connaît bien son coéquipier. Le silence qui suit doit convenir à Oki, car elle demeure longtemps pensive, les yeux rivés sur la voûte céleste.

« Je suis un peu jalouse de tes cheveux. Dans mon clan on est tous pareils et même si j’en suis fière j’aimerais bien pouvoir me différencier, parfois. C’est pour ça que je veux inventer de nouvelles techniques, se confie-t-elle soudain. »

Ce n’est pas des excuses pour les méchancetés qu’Oki a pu lui dire par le passé, mais après tout ce qui a pu se passer pendant les examens, c’est tout comme. Après tout, les coéquipiers d’Oki aussi sont immigrés — respectivement Suna pour Akira et Iwa pour Gakuun et Sakura ne doute pas que l’Hoshigaki a pu dépasser leurs origines. Oui, décidément Oki a beaucoup changé en intégrant son équipe, en apprenant notamment la tolérance et l’empathie. Sakura regrette seulement que ce soit dans de telles circonstances pour cette dernière qualité.

Le lendemain, les immenses colonnes d’un pont percent le brouillard. Enfin en vue, le Pont Tazuna est majestueux dans le camaïeu de feuilles d’automne qui l’entoure avec le bruissement des arbres d’ocre rouge et jaune. Le trafic, beaucoup plus dense que la première fois que Sakura l’a traversé, témoigne des nouveaux échanges commerciaux dont Kiri bénéficie grâce au pont. Maintenant qu’il est relié au Pays du Feu, celui des Vagues fait office de plateforme tournante pour l’économie dont tous bénéficient.

La caravane le traverse lentement et Sakura prend le temps d’admirer le paysage toujours plus familier avant d’embarquer sur un ferry à destination du Pays de l’Eau. Elle prend possession de ses quartiers, qu’elle partage une fois de plus avec Oki, et apprécie le repos qu’ils lui promettent. Le confort de la cabine n'est pas des moindres, d’autant plus que les deux jeunes filles ne se marchent pas dessus : Sakura passe beaucoup de temps avec Chôjûrô.

Le voyage n’a pas aidé sa guérison et il est allité depuis qu’ils ont embarqué. Dessiner ou jouer au shogi — un autre centre d’intérêt qu’elle a découvert récemment, toute la journée ne suffit pas à tromper l’ennui. Sakura fait ce qu’elle peut pour que le temps passe plus vite, y compris poser pour se faire tirer le portrait.

« Arrête de bouger ! s’exclame Chôjûrô, la langue coincée entre les dents tandis qu’il se concentre.

— J’ai des fourmis dans la jambe ! »

Il lui lance une gomme dessus et Sakura évite le projectile, ravie d’avoir une bonne excuse pour se lever et essayer de réveiller sa jambe endormie. Son petit ami l’attrape par la main et la ramène vers lui afin de lui voler un baiser et faire naître un sourire sur ses lèvres. Ils s’oublient un moment à force d’échanger des baisers, mais les croquis de Chôjûrô n’en ressortent pas moins détaillés pour autant et elle garde l’un d’eux précieusement, avec celui d’Honami dont elle ne se sépare plus.

La traversée touche cependant rapidement à sa fin.

Les plaines parsemées de buissons du Pays de l’Eau accueillent la caravane. Bien qu’ils peinent à s’élever plus haut qu’au ras du sol, les arbustes aux couleurs ternes offrent un paysage mémorable aux shinobi qui ne l’ont pas contemplé depuis des mois.

Sakura inspire à pleins poumons l’air marin piqueté des senteurs aromatiques que dégagent les buissons. Voilà qui lui est plus familier que son village d’origine et tandis qu’elle dévie sa course pour contourner l’un des arbustes à la suite de l’équipe Zabuza, la jeune fille réalise qu’elle se sent chez elle, plus que jamais auparavant. En apprendre plus sur sa famille a apaisé une curiosité dont elle n’avait pas conscience jusqu’à présent et la camaraderie développée avec ses coéquipiers a chassé ce besoin de se faire une place car elle a trouvé sa place, dorénavant.

Tous allongent leurs foulées lorsque le sommet de la Montagne Calcaire se dessine à l’horizon, afin de rejoindre au plus vite le village caché par la brume. Les falaises s’élèvent toujours plus haut dans la grisaille du Pays de l’Eau et il n’y a pas de vision plus satisfaisante que l’ombre que la montagne jette sur la Grande Arche.

Quelques chûnin les accueillent à l’entrée du village pour un contrôle de routine et Sakura reconnaît Murazaki parmi eux. Sa veste d’uniforme, impeccable la dernière fois qu’elle a croisé l’autre shinobi, est à présent usée, on voit qu’elle a été réparée par endroits.

« Bienvenue à la maison Sakura-chan, souffle-t-il en la saluant. »

Les formalités accomplies, Sakura se tourne vers Chôjûrô, que le voyage a rendu pâle, tout comme la perspective de rapatrier le cercueil d’Honami jusqu’au domaine de son clan.

Il dépose un baiser sur la tempe de Sakura avant de s’éloigner avec son équipe pour faire le nécessaire.

Lorsqu’elle rentre enfin chez elle, ses parents l’accueillent à grand renforts d’étreintes larmoyantes. Ils ont bien entendu appris tout ce qu’il s’est passé à Konoha et s’ils savaient que Sakura était saine et sauve, Mebuki et Kizashi savent aussi au combien Honami comptait pour elle. Eux aussi, on vu son amie grandir depuis l’Académie jusqu’à son départ pour l’examen chûnin.

« Je suis sincèrement désolé Sakura, murmure son père. »

Sakura se laisse tomber dans ses bras et laisse à nouveau couler ses larmes. Soudain, tout le poids du voyage retombe sur ses épaules et elle peine à tenir debout. Tout cela n’a mené à rien. Elle n‘est toujours qu’un genin et sa meilleure amie a perdu la vie dans l’invasion d’un village qui n’est pas le sien.

Pour la première fois depuis le début de sa carrière, Sakura raconte à ses parents, la voix tremblante, les horreurs qu’elle a vécu. Elle se demande à qui ses camarades vont se confier tandis qu’elle verse toutes les larmes de son corps et même un peu plus après les avoir retenues tant bien que mal pendant le trajet.

Azami serait-elle capable d’apporter à Haku le même soutien que celui qu’elle trouve chez ses parents ?

Qu’en est-il de Chôjûrô, qui n’a même pas de famille ?

Suigetsu, Oki et Daiki peuvent se tourner vers leurs clans mais Sakura a depuis longtemps compris qu’il n’est pas dans la culture de Kiri de réconforter les siens. Elle ne doute pas que la cellule de soutien prendra le relais mais ce soir, le chagrin lui paraît insurmontable.

« Chôjûrô aura enfin l’occasion de se remettre correctement de ses blessures, souffle Mebuki lorsque Sakura se calme quelque peu. »

Elle se détache à contrecœur de sa fille pour aller préparer un bon dîner, dont Sakura a bien besoin. Kizashi s’attarde un peu plus longtemps avec elle et lance un regard appréciateur à la broche de corail qu’il lui a offerte des années plutôt. Sakura la porte toujours pour ajuster sa tunique autour de la taille et le fait avec d’autant plus de fierté qu’elle connaît maintenant ses origines.

« Je suis fier de toi. »

Kizashi sourit tristement et même si Sakura le savait déjà, elle ne peut s’empêcher de hocher la tête avec reconnaissance, la gorge nouée. Elle n’a pas vraiment eu le choix de devenir une kunoichi mais les choses étant ce qu’elle sont, il est réconfortant de savoir que ses parents reconnaissent ses efforts pour en être une digne de ce nom.

Elle glisse le portrait d’Honami sous la pierre taillée en forme de fleur de cerisier sur sa table de chevet avant de partir à l’enterrement le lendemain.

Les funérailles prennent place au Jardin Japonais et la tradition veut qu’on immole les soldats tombés au combat. Le sanctuaire accueillera les jarres contenant leurs cendres. Certaines familles dispersent parfois une poignée de cendres sur l’Esplanade afin de rendre hommage aux shinobi qui ont donné leur vie pour le village, mais Sakura ne sera pas présente pour cette partie de la cérémonie, réservée aux membres du clan Kurosuki.

Sakura prend tout de même un peu de temps pour rester aux côtés du cercueil. Le jardin semble terne pour l’occasion et la sombre procession jusqu’au sanctuaire ne vient pas rompre le silence. Les pilliers rouge vif de la porte qui mène au sanctuaire semble être la seule source de couleur tandis que le cortège monte les marches de pierre.

A l’intérieur, les flammes des bougies lancent des ombres dansantes sur les murs et de lourds effluves résineux se dégagent de l’encens qui brûle au pied des centaines d’étagères le long des murs. Sakura s’agenouille auprès de celui qui accueillera les restes de sa meilleure amie et lui adresse une dernière pensée douloureuse pour lui rendre hommage au côté de sa famille et ses coéquipiers.

« Merci pour tout, mon amie. »

Honami sera regrettée.

Lorsque Sakura se relève, elle a épuisé ses larmes. Elle serre brièvement la main de Chôjûrô, mais là n’est pas l’endroit pour échanger quelques mots. Elle s’est tenue aux côtés de sa propre équipe pendant les obsèques et c’est avec eux qu’elle s’éloigne du Jardin Japonais pour rentrer chez elle et se délester du kimono noir qu’elle a chosi pour la cérémonie.

Le Mizukage convoque Sakura à la Grande Arche dès le lendemain. Ses coéquipiers, Chôjûrô et Oki attendent aussi à l’extérieur du bureau. Sakura s’enquiert immédiatement de l’état de Chôjûrô qui la rassure tant bien que mal et tous prétendent ignorer les yeux rouges des uns et des autres.

Personne ne sait exactement ce qui les attend, car l’objet du rendez-vous n’était pas précisé sur la convocation, mais ils n’ont pas à attendre longtemps. Soudain, la porte du bureau s’ouvre et ils s’alignent face à Meï, le dos droit et le visage fermé.

« Bon retour à Kirigakure. Le village vous accueille avec tous les honneurs que vous méritez pour avoir défendu nos alliés lors des tristes évènements qui ont interrompu le tournoi. Votre comportement exemplaire force l’admiration et le conseil a décidé de récompenser vos efforts malgré l’annulation de l’examen Chûnin. »

Sakura fronce les sourcils. Elle voit très bien où le conseil veut en venir, surtout avec les paquets empilés au coin du bureau du Mizukage. Meï leur sourit et se lève pour venir à leur rencontre.

« Chôjûrô, félicitations. Tu es aujourd’hui promu au rang de chûnin. Cela te permet également d’intégrer la guilde officiellement et de poursuivre ta formation auprès des Épéistes. »

Lorsqu’elle appelle son nom, Chôjûrô s’avance afin de se voir remettre son nouvel uniforme officiel. Il incline la tête, humble, tandis que Meï se tourne vers Oki.

« Malgré ta défaite tu as fait la fierté de notre village en apportant ensuite ton aide aux shinobis de Konoha. Tu es aujourd’hui promue au rang de chûnin. »

Oki ne réagit pas, le regard vide et le visage relâché. Sakura la comprend, sachant le prix qu’elle a payé pour obtenir cette promotion.

« Equipe Zabuza, continue Meï. Sakura, tu as remporté ton combat lors du tournoi et fait la fierté de notre village en apportant ton soutien aux shinobis de Konoha lors de l’invasion. Haku, ton aide précieuse lors de l’invasion a sauvé la vie d’une enfant, tu peux en être fier. Suigetsu, ne perds pas espoir, ton vœu de devenir Épéiste pourrait très bien devenir réalité. Félicitations, vous êtes aujourd'hui promus au rang de chûnin. »

Chôjûrô et Oki sont congédiés, mais pas l’équipe Zabuza. Mei s’assoit sur le rebord de son bureau avec un sourire en coin, ses yeux verts illuminés d’un peu de malice tandis qu’elle rejette sa longue chevelure par-dessus son épaule.

« Vous n’êtes plus dans l’obligation de rester dans vos équipes respectives. Vous pourrez être assignés à d’autres escouades selon les missions qui vous seront confiées cependant, si vous souhaitez demeurer sous l’autorité de votre sensei, nous pouvons faire de votre escouade une équipe officielle. Vous êtes aussi libres de devenir l’apprenti de qui bon vous semble. »

Haku et Suigetsu cherchent son regard et Sakura avale difficilement sa salive avant de hocher la tête. Il est difficile de concevoir leur équipe en sachant que celles d’Oki et Chôjûrô viennent d’être dissoutes, mais elle se raccroche au fait que ses coéquipiers sont là, avec elle. Sains et saufs tant qu’elle aura son mot à dire.

Quand bien même ils peuvent dorénavant traiter Zabuza comme un collègue, tous souhaitent continuer à bénéficier de son enseignement. Suigetsu, en particulier, compte bien hériter de l’épée du démon du brouillard. Ni Haku, ni Sakura ne souhaitent quitter l’équipe Zabuza et elle hoche à nouveau la tête, sa décision prise depuis longtemps.

« Mizukage-sama, nous souhaitons faire de notre escouade une équipe officielle. »

Le sourire de Meï s’agrandit.

Libres de partir, ils s’attardent tout de même dans le couloir tandis que les membres du conseil prennent leur place dans le bureau du Mizukage. Masamune, Zabuza et Ao, suivis par Tetsu Hôzuki et Suzu Biwa. Genji, le doyen du village, les rejoint un peu plus tard, la démarche pénible. La réunion est étouffée derrière la porte, mais Sakura et ses coéquipiers en saisissent tout de même le sujet lorsque le patriarche du clan Terumî quitte la Grande Arche en claquant la porte, d’une démarche qui donne l’impression qu’il part en guerre.

« Je refuse de m’allier avec des traîtres ! lança-t-il par dessus son épaule. Suna a déjà trahi Konoha une fois, vous croyez qu’ils ne recommenceront pas avec nous ?! »

Notes:

Voilà qui ne présage rien de bon, non ? Les derniers chapitres étaient plutôt doux amer par rapport au reste, est-ce que tu préfères plutôt ça ou des rebondissements de bout en bout ?

Chapter 21: Une mission dangereuse

Summary:

Armée de ses haches et de sa collection d’armes de corail, Sakura est à présent chûnin et au fait des tensions politiques dans le village. Elle n’en est pas arrivée là sans difficulté cependant et doit faire le deuil d’Honami, sa meilleure amie.

L’influence de Meï est en danger et Sakura n’aura peut-être pas l’occasion de vivre son idylle avec Chôjûrô maintenant qu’ils sont de retour à Kiri. Sakura s’est aussi rapprochée de ses coéquipiers et, étonnamment, d’Oki dans sa peine.

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

ELLIPSE

L’artisan les observe au travers de ses longues mèches de cheveux sale depuis quelque temps maintenant.

Sakura ne l’a pas remarqué tout de suite, car il fait partie du décor des galeries humides de la montagne. Elle le salue à l’entrée depuis des années et Haku a même troqué quelques ryo contre des blocs de pierre taillée, à plusieurs reprises. Il collectionne aujourd’hui un katana, une fleur de cerisier — celui-là même qu’il a offert à Sakura, un flocon et une fleur de pêcher.

Si leur promotion a changé quelque chose, c’est probablement leur capacité à travailler ensemble. Il ne s’agit plus seulement de faire ce qu’ils font de mieux sans se mettre en travers du chemin des autres et de se sauver la peau si jamais la situation l’exige. L’équipe Zabuza a redoublé d’efforts ces derniers mois afin de se montrer digne du titre d’escouade officielle du village caché par la brume.

Sakura effectue un salto afin d’éviter le tranchant de Kubikiribôchô et tisse méticuleusement une illusion autour de Suigetsu qui prend Zabuza à revers. Elle fait disparaître son ombre et atténue les sens de Zabuza pour qu’il ne puisse pas entendre, voir ou sentir leur coéquipier. L’épéiste perçoit tout de même la présence de l’Hôzuki et pivote afin d’intercepter le nodachi qui vient lacérer ses flancs, mais le genjutsu de Sakura a porté ses fruits : Zabuza a mal évalué la distance qui le séparait de Suigetsu, qui se glisse sous sa garde et le percute avec force.

Leur chef d’équipe éclate et les gerbes d’eau laissent Sakura trempée tandis que Suigetsu s’effondre en une flaque d’eau.

La jeune fille glapit de douleur quand l’eau l’ébouillante et se laisse tomber dans le miroir qui apparaît à côté d’elle tout en maudissant Zabuza. Haku l’accueille de l’autre côté avec un sourire compatissant et les mains déjà illuminées par une lueur de jade. Il soigne les brûlures de Sakura sans perdre de temps et elle empoigne ses haches pour revenir à l’assaut.

Suigetsu n’a pas attendu son reste et le piranha aqueux qu’il a formé dans l’humidité ambiante traque leur adversaire sans relâche. Sakura retient un rire, car elle sait très bien qui l’a aidé à créer cette technique et elle revient à l’affrontement en cours après un murmure de remerciement pour Haku.

Zabuza invoque un alligator pour se débarrasser du missile aqueux à sa poursuite et Sakura ne perd pas instant pour prendre la bête à revers et faire mine de le trancher en deux. L’alligator, noir comme la nuit, pousse un cri outré, assez aigu pour laisser penser à une femelle et se fond dans l’ombre des galeries pour y disparaître, non sans claque des dents à l’intention de Sakura.

Elle ne connaît pas cette invocation là.

Méfiante, la kunoichi reste sur ses gardes en rejoignant Suigetsu. Dos à dos, ils ne se laissent pas impressionner par la brume que leur chef d’équipe a fait apparaître pour dissimuler sa position. Zabuza retient encore ses coups lorsqu’il les affronte mais chaque entraînement est plus complexe que le précédent et Sakura ne doute pas qu’avec les progrès d’Haku, le jônin les frappera bientôt de toutes ses forces car leur camarade sera capable de les soigner.

Sakura elle-même n’est cependant pas en reste et se concentre afin de localiser son adversaire.

Zabuza ne dissimule pas son intention meurtrière et elle aspire encore à égaler la chose en intensité, mais ce n’est pas ce dont elle a besoin pour vaincre son ancien sensei. Elle rengaine promptement ses haches et les troque contre ses kunai et shuriken de corail. Le sifflement à peine audible de ses armes est amplifié par le silence de la brume et Sakura fait confiance à Suigetsu pour se mettre à couvert derrière elle.

Si elle déforme d’autant plus la perception des sons et de leur provenance à l’aide d’un genjutsu pour déjouer toute tentative de localisation, Sakura ne laisse pas son coéquipier sans défense. Ils avancent ensemble dans la brume et bientôt, Zabuza ne connaîtra plus sa droite de sa gauche.

Malheureusement, c’est sans compter les invocations de ce dernier.

Sakura sursaute lorsque des crocs petits mais pas moins pointus se referment sur son poignet. Le plus petit des deux alligators a les yeux qui pétillent lorsqu’il croise le regard de Sakura, malgré sa queue prête à étrangler la jeune fille. Une chose est sûre, il est fier de sa prise. Quant à l’alligator noire qu’elle a aperçu plus tôt, elle s’est enroulée autour des jambes et de la taille de Sakura afin de l’empêcher d’atteindre ses haches.

« Je l’ai eue ! le plus jeune se réjouit. Moi c’est Eiji, retiens le ! Et elle c’est Anya.

— Bien joué Eiji-san, concède Sakura. »

Kimi et Ichibei tiennent Suigetsu immobile, ses bras piégés par leurs mâchoires et le reste de son corps immobilisé par des griffes pressées sur son torse et les queues des alligators enroulés autour de ses jambes. Il pourrait se libérer, songe Sakura, mais ils ont besoin d’une diversion.

La brume se lève pour laisser apparaître Zabuza, dont les bandages ne suffisent pas à cacher le rictus moqueur face à leur situation.

Haku choisit ce moment pour intervenir et façonner un dôme de glace autour d’eux. Son reflet se démultiplie sur chaque surface réfléchissante et les senbon qu’il tient entre ses doigts n’ont rien de rassurant pour les invocations, dont la prise se desserre légèrement. Sakura fait immédiatement un geste pour se permuter avec un bloc de calcaire tandis que Suigetsu se liquéfie, laissant Zabuza et ses invocations seuls au centre du dôme.

Zabuza soupire et son clone aqueux explose, transpercé de part en part par les senbon d’Haku. Les alligators disparaissent dans un nuage de fumée pour éviter l’attaque et les miroirs tombent au sol avec fracas. Toute l’équipe réapparaît dans la carrière tandis qu’Haku fait fondre les restes de sa technique.

« Bon réflexe mais s’il ne s’agissait pas d’un entraînement, vous seriez morts à l’instant où il vous a capturés, commente l’artisan. »

Le vieillard assiste de plus en plus souvent à leurs combats. Zabuza hoche la tête pour acquiescer et prend le temps de revenir sur chacun de leurs choix. Sakura prend note des opportunités qu’elle a manquées ou du moins, pas suffisamment exploitées en séchant ses cheveux. Elle a commencé à les tresser pour ne pas les avoir dans les yeux lorsqu’elle est en uniforme, mais ils ne forment jamais les belles boucles qu’elle aimerait avoir à force d’être arrosée par les techniques aqueuses de ses coéquipiers.

Si elle a adopté le haut d'uniforme bleu pour mieux se fondre dans le brouillard, ajoutant une jupe grise fendue par-dessus une paire de shorts et quelques centimètres de hauteur grâce à des bottes à talon, Zabuza lui s’est débarrassé du sien. Son long pantalon à rayures ainsi que ses manchettes et ses jambières camouflage ont bien fait rire Suigetsu la première fois.

« Je pense toujours qu’on dirait un motif vache, râle souvent lorsqu’il perd un combat. »

Cette fois-là ne fait pas exception. Sakura donne un coup de coude à Suigetsu mais Zabuza ne relève pas la remarque et les congédie simplement. La jeune fille s’arrête vers l’artisan en quittant les carrières de calcaire pour lui donner quelques pièces et le remercier de ses conseils, imitée par ses coéquipiers.

« Puisque je vous dis de garder votre argent ! marmonne-t-il quand sa barbe. »

Les camarades de Sakura restent imberbes tandis qu’ils traversent leur adolescence à grand pas et la jeune fille elle-même désespère de sa poitrine peu développée et de toute façon aplatie par l’uniforme — du moins, c’est ce qu’Oki en dit. L’Hoshigaki est en avance dans ce domaine là aussi, comme souvent, songe Sakura, frustrée, lorsque les deux kunoichi se voient assigner la même mission quelques jours plus tard.

« Un voleur sévit sur l’Esplanade et vide les poches des civils, explique le chûnin au tableau des missions. »

Sakura imagine tout à fait les badauds détroussés par le voleur, peu attentifs lorsqu’ils font le marché. Elle n’en a pas entendu parler dans le Quartier des Alliés cependant, donc il s’agit probablement de touristes, avec toutes leurs économies pour la visite.

« Quant aux marchands, ils ont signalé des disparitions inexpliquées dans leurs stocks. Les différentes tentatives de trouver et attraper le voleur par les moyens habituels n’ont pas abouti. »

Elle reporte son attention sur la kunoichi au tableau, dont le visage lui est familier. Il s’agit d’une ancienne élève de Tetsu Hôzuki, se souvient finalement Sakura. Yūki, avec ses cheveux courts qui lui tombent devant les yeux comme si les mèches grises peuvent en cacher la couleur — violet.

Sakura et Oki sont donc chargées d’appréhender le voleur. Les deux kunoichi hochent la tête lorsque Yūki a terminé ses explications et s’arrêtent sous la Grande Arche pour se concerter. Leur rivalité ne s’est pas atténuée, bien qu’elles aient fait la paix depuis l’examen chûnin et Sakura soupçonne Meï de les avoir assignées à la même mission pour y remédier.

« Nous pourrions nous faire passer pour des civiles et attendre qu’il ou elle essaye de nous détrousser. Mais d’abord, nous devrions interroger les marchands, ils ont sûrement remarqué des choses inhabituelles même s’ils ne savent pas forcément quoi en faire, propose-t-elle.

— Le voleur ne s’en prendra peut-être pas à nous dès notre premier passage au marché, il se peut qu’on ait besoin de jouer les touristes pendant un moment, ajoute Oki. »

Elles vont ainsi à la rencontre des marchands et Tomoo fait de grands signes à Sakura depuis son étalage de poissons frais. Elle le rejoint, Oki sur ses talons, malheureusement le poissonnier n’a pas grand chose à apporter concernant le voleur.

« Je ne sais pas Sakura-chan, il n’a rien volé sur mes étalages mais j’ai aidé mes collègues à surveiller le marché, je n’ai rien vu d’inhabituel vraiment… C’est comme si les fruits et légumes disparaissaient sans que personne ne remarque rien, d’ailleurs je n’ai pas vraiment vu de différence sur leurs étalages, c’est aussi dans la caisse que cela se passe, il manque un peu d’argent par-ci, un peu plus par-là, l’équivalent d’un ou deux fruits égarés. Ils seraient tombés des palettes que ce serait la même chose. »

Tomoo se frotte le crâne, un peu plus dégarni encore qu’il y a quelques années quand Sakura s’est vu attribuer sa première mission. Oki fronce les sourcils à l’entente de son récit mais ne dit rien jusqu’à ce que les deux kunoichi soient à l’écart des oreilles indiscrètes, juchées sur le rempart qui sépare l’Esplanade du reste du village.

« Peut-être qu’il n’y a pas de voleur mais des vendeurs malhonnêtes, déclare Oki.

— Ça ferait beaucoup de menteurs, quand-même…

— Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi crier au voleur ? Ce n’est pas comme si nous allions leur verser un dédommagement, réfléchit tout haut sa coéquipière.

— Et les passants alors, qui les a détroussés ? ajoute Sakura. »

Le silence d’Oki est sa seule réponse. Elles n’ont pas interrogé tous les vendeurs mais le voleur saura bientôt qu’elles le traquent, il faut donc agir rapidement. Une technique de métamorphose plus tard et elles ont modifié leurs apparences respectives pour se mêler de nouveau à la foule.

Elles explorent le marché cette fois sous l’apparence d’une grande blonde aussi élancée que ses cheveux sont longs — Sakura remercie Ino pour l’inspiration, et d’une membre du clan Hoshigaki que Sakura a déjà aperçue en mission. Comme souvent, Oki a trouvé le moyen exact de faire complexer Sakura en affichant une crinière de cheveux bleu nuit et bouclés. Si Sakura manque de lui balancer sa queue de cheval au visage lorsqu’elle la repousse par-dessus son épaule, eh bien, ce n’est qu’un hasard maladroit.

« Il est énorme, ce concombre, Sakura joue les écervelées en tenant une courgette. »

Oki se fait un malin plaisir à la corriger tout en enroulant une mèche de cheveux autour de son index. La fausse blonde s’efforce de rire d’un ton haut perché pour rester dans le personnage et elles longent un étalage de produits importés suite aux traités passés entre Kiri, Konoha et Suna. Sakura ne sait que penser de cette alliance. Même si Oto a tout orchestré et manipulé Suna pour atteindre Konoha, ceux sont bel et bien les shinobi du Pays du Vent qu’elle a affrontés, entre autres, pendant l’invasion.

Sakura a perdu sa meilleure amie à cause d’eux.

Elle sent soudain une main, agile et discrète, au bas de son dos. Sans son entraînement, Sakura ne l’aurait probablement pas remarquée, ou seulement pensé à un pervers se croyant tout permis. Mais Sakura est une kunoichi et son geste pour attraper le poignet de l’homme passe encore plus inaperçu sur le sien.

Il parvient à retenir une exclamation de surprise tandis que Oki, ayant apparemment subi le même traitement, l’agrippe par le col et le traîne derrière un étalage, à l’abri des regards. Un jeune homme aux traits distinctement exotiques leur fait face, avec des cheveux clairs, délavés par l’eau de mer mais les yeux et la peau foncés, un bronzage d’été qui tarde à s’en aller.

Son pantalon est déchiré aux genoux et ses manches bouffantes cachent sans aucun doute son butin du jour, mais le plus étonnant est sûrement sa ressemblance frappante avec la femme qui tient l’étalage derrière lequel ils se trouvent maintenant. Sa mère, si la différence d’âge ne trompe pas, n’a encore rien remarqué.

Oki abandonne sa métamorphose pour croiser les bras et fixer l’inconnu d’un air menaçant tandis que Sakura fait de même, sans le regard mauvais. L’Hoshigaki s’en charge très bien, alors Sakura prend la parole.

« Peut-être pourriez-vous nous expliquer ce que vous aviez l’intention de faire ?

— J-je… s’il vous plaît, shinobi-san, ne dîtes rien à ma mère ! Elle n’est pas au courant !

— Au courant de quoi, exactement ? insiste Sakura.

— Je sais que je ne devrais pas mais je ne peux pas m’en empêcher… Mon père me met toujours des raclées à la maison quand je vole des choses mais ici il n’y a personne pour me réprimander alors... »

Il se met à pleurer. Interloquée, Sakura échange un regard avec Oki, qui n’en mène pas large. Elle fait mine de se rapprocher du jeune homme pour le secouer comme un prunier mais Sakura a une meilleure idée, se tournant résolument vers la mère de ce dernier.

« Madame, pourriez-vous laisser votre stand pendant quelques minutes ? Il faut que nous vous parlions de votre fils. »

La femme sursaute et se retourne précipitamment, la main sur le coeur. Elle se remet de sa frayeur avec quelques inspirations saccadées et s’approche des deux kunoichi, lançant un regard inquiet à son fils avant de reporter son attention sur Sakura et Oki.

« Que se passe-t-il ? Tu t’es encore attiré des ennuis c’est ça ? elle lance un regard accusateur au jeune garçon.

— Il a essayé de nous faire les poches, commence Oki d’un ton bourru.

— Nous avons reçu de nombreuses plaintes de marchands dont l’étalage aurait été pillé et de touristes et habitants dont on aurait vidé les poches. Ma collègue et moi-même étions en train d’enquêter lorsque nous l’avons pris sur le fait.

— Oh, je suis vraiment désolée, ce n’est pas de sa faute, c’est compulsif. Normalement son père le fait se tenir à carreau mais il n’est pas venu avec nous cette fois et je n’ai pas le temps de le surveiller… Qu-que risque-t-il ? »

Le jeune garçon baisse la tête, honteux. Il a les mains profondément enfoncées dans ses poches comme pour se retenir de voler tout ce qu’il aperçoit et Sakura l’étudie longtemps avant de se tourner vers sa mère.

« Il va comparaître devant Mizukage-sama. Compte-tenu de son âge et de votre situation, il s’en tirera probablement avec des travaux d’intérêt généraux qui le tiendront occupé jusqu’à la fin de la saison. »

Sakura cherche ses mots avant de continuer.

« Il serait préférable pour les bonnes relations commerciales entre Kiri et votre famille, que ces incidents ne se répètent pas. Je ne peux que vous encourager à solliciter l’hôpital pour qu’il soit pris en charge par un spécialiste. »

La vendeuse hoche la tête et Sakura lui offre un sourire un peu crispé tandis qu’Oki agrippe fermement son fils par le bras pour le guider vers la Grande Arche. La mère retourne derrière son étalage, visiblement très gênée, tandis que les deux kunoichi laissent le jeune homme devant le bureau de Meï.

Sakura est un peu inquiète pour lui, car il a visiblement besoin d’aide mais ses parents n’ont pas fait le nécessaire, au contraire. Elle n’est pas certaine qu’être arrêté par des shinobi va améliorer la situation du jeune garçon, au contraire. Après un moment de réflexion, elle laisse une note au secrétaire du Mizukage pour que Meï impose la consultation avec un spécialiste en plus de la sanction du jeune homme, plus sereine lorsqu’elle repasse devant le tableau où Yūki prend note des départs en mission.

« Ça doit être au moins de rang A, une mission pareille, marmonne Oki à ses côtés. »

Sakura échange un regard avec elle, se mord la lèvre pour ne pas rire, et finit par céder à l’hilarité. Elles éclatent de rire en arrivant sous la Grande Arche et la jeune fille se laisse glisser contre le mur, hystérique, tandis que sa rivale se tient les côtés à défaut de tout à fait être capable de tenir debout.

Il leur faut quelques minutes pour se calmer et Sakura essuie les larmes qui roulent encore sur ses joues, essoufflée. Zabuza lui a enfoncé dans le crâne que devenir chûnin n’est qu’une étape de plus vers le rang jônin et la promesse de missions plus dangereuses, ce qui rend celle-là plus comique encore. Éventuellement, elle reprend tant bien que mal son souffle et se relève pour vaquer à ses occupations tandis qu’Oki fait de même.

Sakura traverse le Jardin Japonais pour rendre visite à Honami. Le sanctuaire est calme, peu fréquenté à la mi-journée et la jeune fille se sent plus à l’aise pour s’agenouiller près de l’endroit où son amie repose. Un peu d’encens brûle non loin, mais la fragrance lui rappelle systématiquement les funérailles et Sakura se permet d’abuser de la technique d’apnée prolongée pour y échapper.

« Je viens de terminer une mission avec Oki, confie-t-elle à sa meilleure amie. Ça t’aurait bien faire rire, je pense que tu aurais même eu le béguin pour ce garçon. »

Elle soupire.

« Oki s’entraîne souvent avec Suigetsu. Ils passent surtout beaucoup de temps à parler du futur de leur clan. Le pire c’est qu’ils doivent bien s’entraîner de temps en temps, vu qu’il a développé de nouvelles techniques grâce à elle. »

Un sourire fait trembler les lèvres de Sakura.

« Tu me manques. Ce n’est plus pareil depuis que j’ai reçu ma promotion. Chôjûrô a l’air bien parti pour prendre la tête des Sept Épéistes et Daiki espère toujours retrouver les épées Kiba mais… je pense qu’il veut le faire pour toi. »

Sakura s’incline profondément tandis qu’elle ravale quelques larmes. Il lui faut un moment pour se calmer et lorsqu’elle quitte enfin le sancuaire, elle ne s’attarde pas dans le Jardin Japonais comme elle a pu le faire avec Honami par le passé. Elle rallie plutôt le Quartier des Alliés et s’arrête devant le salon de thé de Natsumi lorsqu’elle reconnaît Sayaka et Takumi attablés autour d’une théière. Veiller sur la vieille dame pendant l’absence de Sakura les a beaucoup rapprochés, si elle en croit leurs mains liées.

« Sakura-chan ! s’exclame Takumi en la remarquant. Tomoo m’a tout raconté, il paraît que tu as interpellé un voleur au marché ?

— Il s’agit d’une mission confidentielle, je ne peux pas en parler, lui répond la jeune fille plus pour l’embêter qu’autre chose.

— Ne sois pas comme ça Sakura-chan ! Je t’ai connue quand tu n’étais pas plus haute que trois pommes, tu n’arrivais même pas à t’installer à mon stand.

— J’ai fini par y parvenir !

— C’est bien vrai ! Passe donc quand tu auras le temps, tu me raconteras cette mission. »

Il donne une petite claque à son ventre bedonnant pour sceller l’affaire et Sayaka éclate de rire, ses longs cheveux soyeux soulevés par la brise. Les deux tourtereaux se servent une nouvelle tasse de thé et Sakura les laisse à leur rendez-vous galant pour rentrer dîner avec ses parents, toujours heureux de la voir.

Notes:

Et toi, est-ce que tu es heureux.se de revoir les voisins de Sakura ? Je dois avouer que je m’y suis attachée !

Chapter 22: Maîtres et apprentis

Summary:

Sakura et Oki ont fait équipe pour élucider un mystère au marché, qui regorge à présent de produits importés des Pays du Feu et du Vent. Rien de bien excitant… Mais que font les coéquipiers de Sakura ?

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

L’hôpital est calme. Non pas que Sakura s’en plaigne, car voir l’endroit fourmiller d'activités n’est jamais bon signe et elle préfère ne pas avoir à s'inquiéter de la santé de ses proches.

Les mains sur les hanches, elle jette un regard à la chevelure flamboyante d’un chûnin qui s’échappe par une fenêtre entrouverte et reconnaît Murazaki lorsqu’il se retourne, se sentant sans doute observé, pour porter un doigt à ses lèvres. Il a troqué son uniforme pour une veste anthracite et Sakura hausse les épaules. Elle ne compte pas garder le secret si une infirmière lui demande où il est passé, mais elle ne va pas le retenir non plus et le cousin du Mizukage disparaît par la fenêtre.

Sakura n’a jamais séjourné à l’hôpital bien longtemps ou avec des blessures suffisamment sérieuses pour qu’on refuse de la laisser partir. Encore une fois, elle n’ose pas le regretter, cela signifie qu’elle n’a jamais subi de graves blessures et ses coéquipiers non plus.

L’équipe Zabuza a eu de la chance.

A côté d’elle, Suigetsu sirote de l’eau fraîche. Il ne se sépare plus de son gobelet à paille depuis qu’il maîtrise de nouvelles techniques secrètes de son clan. Un sceau a élargi la capacité des gourdes pour qu’il puisse transporter plusieurs litres sans que cela ne pèse rien, et ses coéquipiers ont aussi pris l’habitude d’avoir des réserves de secours avec eux afin d’être parés à toute éventualité.

En parlant de coéquipiers, le leur vient de passer la porte de l’hôpital, accompagné d’un chûnin que Sakura ne connaît pas. Il a les cheveux courts et hérissés sur le haut de son crâne. Ses yeux, noirs comme ses cheveux, surveillent Haku avec méfiance quand bien même ce dernier le présente avec candeur en arrivant à la hauteur de Sakura et Suigetsu.

« Kiri-san, voici les coéquipiers ! Kiri-san est l’assistant de Chûkichi-shishou. »

L’assistant en question hoche sèchement la tête et Sakura se demande si elle n’aurait pas dû, elle aussi, chercher à se spécialiser après avoir obtenu sa promotion. Suigetsu poursuit tant bien que mal son apprentissage au sein de son clan et Chôjûrô s’entraîne au sein de la guilde. Haku a trouvé un expert à l’hôpital et de toute évidence, cela dérange Kiri. Dans un élan protecteur qu’elle ne connait pas, Sakura se tourne vers ce dernier avec un regard antipathique. Elle ne lui fait pas confiance, réalise-t-elle.

« Comment se passe l’apprentissage d’Haku ? demande-t-elle avec une pointe de provocation.

— Très bien. Il est… talentueux, répondit l’autre garçon, les dents serrées. »

Il doit avoir l’âge des Frères Démons, songe-t-elle en voyant ces derniers sortir de l’hôpital. Leurs masques pendent autour de leur cous et Sakura a besoin de quelques secondes pour distinguer les jumeaux l’un de l’autre. Les cheveux plus lisses de Gôzu et le manteau noir qu’il a porte sous le bras finissent par la trahir et la jeune fille réalise soudain qu’elle est leur égale et se sent d’autant les capable de les affronter, à présent.

« Mais regarde qui voilà frère, une bande de minables. Ça va, les cœurs brisés ? lance Meizu.»

Tous se crispent. Sakura ne sait pas ce que Kiri a vécu pour lui valoir un tel surnom mais elle a parfaitement conscience de ce à quoi ils font référence dans le cas de son équipe. Tout le monde sait qu’Haku est orphelin et que Suigetsu a perdu son frère. Quant à Sakura, la mort de sa meilleure amie la hante toujours aujourd’hui.

« Gôzu et Meizu, retournez immédiatement dans la salle d’examen ! »

Une infirmière sort en courant derrière eux. Un stéthoscope se balance sur sa poitrine et Sakura plaint la pauvre âme responsable des Frères Démons ce jour-là. D’autant plus lorsqu’elle reconnaît Ruka, qui l’a examinée à plusieurs reprises depuis qu’elle a obtenu son diplôme à l’Académie.

« Mais t’as dis qu’on avait rien de grave chérie, c’est tout bon, commença Gozû.

- Peut-être qu’on aurait dû l’attendre frère, si ça se trouve elle enfilait un uniforme plus sexy que celui-là pour venir passer un peu de bon temps avec nous, continua Meizu. »

Sakura voit Haku rougir et s’étonne même lorsque Suigetsu est un peu gêné par les avances des jumeaux. Kiri, lui, a les poings serrés et personne ne réagit lorsqu’il assomme, brutalement et sans prévenir, les Frères Démons.

« Et maintenant j’espère que vous avez des commotions cérébrales, sales ordures !

— Kiri-kun je suis désolée, j’ai dû sortir pour aider à maîtriser un patient hystérique et ils en ont profité pour filer, je sais qu’avec ce qui est arrivé à Suki-chan… »

Ruka se répand en excuses devant eux et Sakura échange un regard empli d’incompréhension avec ses coéquipiers. Kiri agite les mains en essayant de calmer l’infirmière, l’air très mal à l’aise et soulève même l’un des deux jumeaux, bien que sans douceur, pour aider sa collègue à les ramener dans la salle d’examen.

L’équipe Zabuza prend congé pour aller déjeuner au stand de takoyaki à côté de l’Atelier Haruno, bientôt rejointe par leur chef d’escouade. Takumi s’empresse de les servir, ravi de voir Sakura.

« Comme au bon vieux temps ! s’exclame-t-il en apportant une portion supplémentaire.

— Peut-être que cette fois Suigetsu va leur rembourser les 500 ryo qu’il leur doit. »

Zabuza sourit à travers les bandages qui recouvrent son visage, mais il ne fait aucun geste pour s’accaparer la nourriture. Sakura secoue la tête et donne un coup de coude à Suigetsu tandis qu’il dévore tout ce qui est à sa portée et Haku leur raconte sa matinée à l’hôpital.

« Natsumi-san est passée, mentionne-t-il brièvement et Sakura se redresse abruptement.

— Qu’est-ce qu’il s’est passé ?!

— Une brûlure en renversant du thé, répond calmement Haku. C’était léger, Sayaka-san a dû insister pour qu’elle se fasse examiner. Je l’ai soignée moi-même, tout va bien maintenant. »

Sakura se mord la lèvre, contrariée, mais elle a confiance en Haku. S’il juge que ce n’est rien de grave, elle le croit. Ils finissent leur repas sur ce récit et elle invite son équipe à l’Atelier Haruno pour récupérer le matériel que ses parents ont accepté de stocker pendant quelques jours.

« J’ai la rampe, une boîte à outils et des cales, si jamais.

— Parfait, Suigetsu tape dans ses mains. Au boulot !

— Merci encore, Sakura, souffle Haku.

— Ça me fait plaisir, à mes parents aussi. »

Ils scellent tout le matériel dans des rouleaux d’invocation avant de se rendre dans le Quartier Acculé, où les magnolia n’embaument pas encore la hutte d’Azami. Elle leur ouvre la porte avec un sourire un peu surpris et Zabuza baisse obligeamment la tête pour qu’elle puisse lui ébouriffer affectueusement les cheveux.

« Zabuza-kun ! Il est bon de te voir, mon garçon. »

Elle s’écarte tant bien que mal pour les laisser entrer et ses yeux s’embuent de larmes lorsqu’elle comprend le motif de leur visite. La vieille femme se tourne vers Haku, les mains sur les hanches tandis que les larmes dévalent son visage ridé.

« Haku-chan, il ne faut pas gâcher ton argent pour moi ! C’est trop tout ça, c’est trop… »

Haku éclate d’un rire cristallin et vient la prendre dans ses bras tandis qu’elle rouspète. Zabuza et Suigetsu s’affairent à installer la rampe au fond de la hutte pour qu’Azami n’ait plus besoin de monter et descendre la marche qui mène à la chambre à coucher. Sakura les aide comme elle le peut et bientôt, Azami gravit la rampe à son rythme, non sans râler encore un peu.

« Il ne fallait pas, vous feriez mieux de passer pour la cérémonie du thé la prochaine fois… »

Zabuza offre son bras à la vieille femme tandis qu’elle redescend la rampe, la trouvant solide et bien calée. Ils s’attardent jusqu’en début de soirée pour partager une tasse de thé avec Azami et Sakura observe la hutte qu’Haku a progressivement aménagée pour que tout soit plus accessible pour une personne âgée.

Les parents de Sakura invitent plus souvent Chôjûrô à dîner que ses coéquipiers ces temps-ci, ce soir-là ne fait d’ailleurs pas exception. Mebuki adore le jeune homme, réservé et bien élevé et Kizashi apprécie son caractère posé.

« Vous ne vous voyez quand même pas beaucoup, ce serait bien que le Meï vous envoie en mission ensemble, soupire Mebuki en fin de soirée.

— Mizukage-sama aura plutôt tendance à éviter de nous mettre dans la même équipe, compte-tenu de notre relation. Cela risquerait d'influencer notre jugement en cas d’urgence, répond Chôjûrô en lui offrant un sourire conciliant.

— On arrive à trouver notre équilibre quand même maman, ne t’inquiète pas, ajoute Sakura pour la rassurer. »

Certes, ils ne se voient pas beaucoup mais Chôjûrô a quitté l’orphelinat après sa promotion, à présent capable de s’assumer financièrement. S’il a confié à Sakura que l’orphelinat était comme une grande famille, si grande qu’ils partageaient des dortoirs, il ne regrette cependant pas d’avoir sa propre chambre à présent. Sans surprise, Chôjûrô apprécie la tranquillité d’un appartement pour lui tout seul.

Chôjûrô dépose un baiser sur les lèvres de Sakura lorsqu’elle le raccompagne à la porte et elle noue ses bras autour du cou de son petit ami, déçue de le laisser partir si tôt. Ils vont s’entraîner ensemble le lendemain cependant, aussi le rejoint-elle à l’entrée des carrières de calcaire de bon matin.

Il l’embrasse, un baiser langoureux comme ils en partagent de plus en plus ces derniers temps, mais Sakura ne peut retenir un sourire tandis qu’elle le déleste d’Hiramekarei pour s’enfuir dans les galeries en riant. Chôjûrô se lance à sa poursuite et ne tarde pas à la rattraper, le visage sévère.

« Si la guilde voyait ça, le taquine-t-elle. »

Les haches de Sakura battent ses flancs à chacun de ses mouvements et elle à beau renforcer ses muscles à l’aide de chakra, elle s’avère incapable de manier l’épée de Chôjûrô. Elle finit par s’en débarrasser ainsi que du dragon aqueux que son petit ami vient de conjurer pour récupérer Hiramekarei, en lançant l’épée de toutes ses forces dans la direction du dragon.

Il s’effondre en une flaque d’eau dont Sakura se sert pour sa propre technique. Son fouet aqueux prend Chôjûrô à revers tandis qu’il récupère son épée mais il ignore la douleur pour engager Sakura au corps à corps. Malgré leur relation et son apparente timidité, la kunoichi sait que son petit ami est un adversaire redoutable et qu’il pourra facilement avoir le dessus si elle le laisse mener la danse, alors elle permute avec un bloc de calcaire et dégaine ses armes de corail.

Chôjûrô tombe dans le piège du genjutsu tissé parmi les sifflements de ses kunai et elle se glisse sous sa garde, une hache dans chaque main, pour cisailler le corps de son adversaire sans une once d’hésitation. Il disparaît dans une gerbe d’eau et le propre clone de Sakura rejoint bientôt la flaque que celui de son petit ami a laissée au sol.

Ils réapparaissent dans des filaments de brume, les mains serrées sur les pommeaux de leurs armes respectives. Sakura sourit, ravie d’avoir su lui tenir tête et Chôjûrô se détend finalement, maintenant qu’il a récupéré son épée. Sakura tourne la tête vers le recoin de la carrière où l’artisan est souvent installé sans vraiment y penser, et le trouve bel et bien à côté d’un tas de pierres. Il taille quelques natures mortes sur des blocs de calcaire et lui offre un sourire qu’elle lui rend allégrement, contente de le voir.

« Que pensez-vous de cette séance ?

— Je suis content de voir qu’un épéiste n’est pas entièrement démuni sans son épée et je serais curieux de te voir apprendre à manier une lame, Sakura-chan. »

Elle se sent rougir à l’entente du compliment tandis que Chôjûrô aussi, semble apprécier la remarque de l’artisan. Sakura rengaine ses haches et repense aux cours qu’elle a suivi à l’Académie. Avec les épéistes au fondement du village, on enseigne aux écoliers les bases du kenjutsu dès leur plus jeune âge et chaque genin est capable de manier un katana ou un tanto. C’est sûrement pour cette raison qu’elle a fini par mettre la main sur ses haches. Suigetsu traîne toujours son nodachi avec lui en attendant d’apprendre à manier Kubikiribôchô, un espoir qu’il ne perd pas malgré les années qui passent sans que Zabuza l’accepte comme apprenti.

C’est à Kenshin Munashi que le village doit la création de la guide et sa réputation.

A l’époque garde du corps du premier Kage, cet épéiste hors pair, disciple des Biwa, fit forger les sept épées légendaires et les remis aux combattants les plus puissants de Kiri, créant ainsi le groupe des Épéistes de la Brume qui ne tardèrent pas à inscrire leur nom dans l’histoire du village.

Kenshin, lui, devint le troisième Mizukage et laissa à son frère cadet, Jinpachi, le soin de diriger la guilde.

Chôjûri et Sakura s’attardent pour discuter avec le vieil artisan et elle glisse quelques pièces dans ses mains couvertes de poussière de calcaire pour le remercier de ses précieux conseils. Le soleil est encore haut dans le ciel lorsqu’ils terminent leur entraînement.

« Le premier au sommet embrasse le dernier, s’exclame Sakura en riant. »

Ils font la course pour gravir la Montagne Calcaire et elle se balance sur la pointe d’une corniche escarpée pour atteindre le sommet avant le jeune homme, fière de sa victoire. Chôjûrô la rejoint quelques secondes plus tard et ils reprennent leur souffle en contemplant le village en contrebas avant qu’elle ne l’embrasse sur la joue sans rien dire.

Sakura se laisse tomber en tailleur pour méditer dans le calme tout particulier de la montagne.

Lorsqu’elle rouvre les yeux, elle découvre la vision attendrissante de son petit ami penché sur un parchemin pour dessiner le paysage depuis ce point de vue extraordinaire. Il en fera probablement une estampe un peu plus tard et elle se penche au-dessus de son épaule pour voir les croquis précédents, se reconnaissant bientôt dans l’un d’entre eux.

« Tu avais l’air si paisible, je n’ai pas su résister, murmure Chôjûrô. »

Sakura soupire et s’appuie contre son épaule pour le regarder dessiner, profitant simplement du temps passé avec lui. Elle ne le reverra peut-être pas pendant plusieurs jours. Elle se voit d’ailleurs assigner sa première mission de solidarité en tant que chûnin le lendemain et découvre, dans un alinéa en bas du rouleau, qu’elles ne sont pas très bien rémunérées pour ces derniers.

Elle comprend mieux pourquoi les Frères Démons s’en plaignent autant.

Il s’agit de superviser des élèves de l’Académie pour déménager le quartier général des Sept Épéistes de la Brume. La jeune fille a bien l’espoir de croiser son petit ami pour compenser et va faire connaissance avec le groupe d’élèves en compagnie de Suigetsu, lui aussi assigné à cette mission.

« Si l’un de vous tire au flanc j’en fais mon quatre-heure, c’est clair ? déclare ce dernier dès qu’ils arrivent à l’Académie. »

Sakura roule des yeux, mais deux élèves se mettent à trembler, intimidés par la menace. Ils se ressemblent, des faux jumeaux probablement et sont de toute évidence issus d’un couple de civils. Se voulant rassurante, la jeune fille se penche pour être à leur hauteur et les inviter à se présenter.

« Je m’appelle Chiharu, commence la petite fille.

- Hiroaki, fait écho le garçon. »

Elle leur sourit avant de se tourner vers les trois autres élèves.

« Ikura Hoshigaki, lance l’un des deux autres garçons, la voix nasillarde. »

Sa ressemblance avec Oki lorsqu’elle avait le même âge est frappante et ne laisse pas de doute. Il s’agit de son petit frère. Sakura soupçonne que Suigetsu l’a même déjà rencontré, au vu de l’assurance et du regard malicieux d’Ikura.

« Kazuhide Karatachi, souffle ensuite un garçon aux cheveux gris.

- Moi c’est Anju Suikazan ! s’exclame joyeusement la dernière. »

Si Kazuhide est réservé, Anju est son exact opposé, extravertie et exubérante et Sakura réalise avec stupeur qu’elle porte les mêmes triangles verts qu’Akimi sur les joues car il s’agit de la fille de la kunoichi. Elle se reprend rapidement cependant et le groupe se dirige d’un bon pas vers la salle de réunion des Épéistes et les vestiaires attenants.

Une atmosphère menaçante plane sur le quartier général de la guilde et les élèves de l’Académie se rapprochent inconsciemment des chûnin. Sakura en profite pour leur donner ses instructions, qu’elle abrège pour ne pas perdre leur attention.

« Apportez-nous les cartons, on va les sceller dans un rouleau de parchemin pour faciliter le transport. »

Les cinq élèves s’exécutent et Sakura regarde la salle se vider peu à peu tandis que la paperasse, l’équipement et finalement, les meubles disparaissent à l’aide d’un parchemin d’invocation. L’air de rien, le déménagement demande de l’énergie et Kazuhide se retrouve avec des auréoles sous les aisselles tandis que que Chiharu et Hiroaki semblent commencer à avoir du mal à lever les bras.

Suigetsu se rend aux vestiaires pour vérifier qu’ils n’ont rien oublié et revient avec un air machiavélique qui ne présage rien de bon. Sakura ne dit rien afin de ne pas faire une scène devant les élèves, mais elle garde un œil suspicieux sur son coéquipier pendant tout le trajet jusqu’aux nouveaux quartiers des Épéistes, plus proche du bureau de Meï.

Les deux chûnin ouvrent les rouleaux dans la grande pièce circulaire qui leur a été attribuée et invoquent tout le matériel scellé dans les parchemins afin de commencer à déballer les cartons. Sakura les aide assez naturellement, mais Suigetsu se juche sur une chaise, la balance sur deux pieds et croise les jambes sur la table pour siroter son gobelet en regardant les élèves se démener.

Sakura va pour le réprimander lorsqu’elle remarque Ikura s’attarder sur quelques cadres posés sur une étagère, les yeux rivés sur une photographie de Kisame Hoshigaki et sa génération d’Épéistes.

Sakura s’arrête près de lui pour contempler Raïga Kurosuki et les épées Kiba. Daiki et Honami se disputaient constamment à leur sujet et elle inspire profondément pour ne pas laisser couler ses larmes face à la ressemblance frappante entre sa meilleure amie et l’un des membres les plus connus de son clan.

Les Sept Épéistes manquent décidément d’une touche féminine, songe-t-elle en observant plutôt un vieux portrait d’Ameyuri Ringo.

Elle reporte son attention sur Ikura et découvre une détermination dans son regard qui lui rappelle encore une fois sa rivalité avec Oki. Sakura s’éclaircit la gorge pour faire remarquer sa présence au jeune Hoshigaki avant de lui adresser la parole.

« Quelque chose ne va pas ?

— Rien ne va, il a ruiné notre réputation en désertant le village pendant la purge, Ikura désigne Kisame d’un signe de tête. Ma sœur a promis de venger le clan, mais il n’est toujours pas mort. Si elle ne se dépêche pas, je vais devoir m’en charger. »

Sakura ravale sa salive et son sourire avec. Si jeune et déjà consumé par un désir de vengeance. Les Hoshigaki ont bien l’intention de rétablir leur honneur, elle a cru le comprendre pendant l’examen chûnin, mais de là tuer quelqu’un pour ce faire… Cela lui échappe.

Elle dirige Ikura vers le reste des cartons et regarde autour d’elle, soucieuse de ne pas ignorer les autres élèves de l’Académie. Anju s’efforce de soulever un large rouleau d’invocation et Sakura va pour l’aider mais la petite fille, les joues gonflées par l’effort, triomphe finalement. Elle bascule le rouleau dans un placard avec un cri de victoire.

Sakura en vérifie le contenu et dissimule difficilement sa surprise en lisant les symboles inscrits sur le parchemin. Elle échange un long regard avec Suigetsu avant refermer le placard. Cela ressemble au rouleau d’invocation des sept épées. Est-ce donc cela, que l’Hôzuki a trouvé dans les vestiaires ? Sakura se doutait bien qu’il était trop ravi pour qu’il s’agisse de quelque chose d’anodin !

Elle ne s’en inquiète cependant pas plus que ça. Les épées sont de toute façon déjà auprès de leur porteur ou, dans le cas des épées Kiba, perdues. Sakura comprend cependant mieux pourquoi Meï a assigné une partie de l’équipe Zabuza pour superviser cette mission : les deux chûnin sont tout à fait désignés de par leur loyauté à l’épéiste.

Suigetsu s’approche de Chiharu et Hiroaki sous le regard sévère de Sakura mais il l’ignore pour offrir un sourire pointu aux deux enfants tandis qu’ils rangent une étagère. Il rôde autour d’eux mais ne les importune pas et Sakura se permet de s’éloigner pour aider Kazehide, enseveli sous la paperasse. Elle l’aide à trier les dossiers et bientôt, il n’y a plus rien à ranger.

« Bien joué ! s’exclame Sakura avant de les remercier et de les congédier. »

Suigetsu les regarde partir, de nouveau en train de se balancer sur une chaise et elle s’assied à ses côtés pour rédiger le rapport de la mission de solidarité. Sakura aimerait se targuer qu’il l’a aidée ou du moins, qu’il s’est montré utile quand elle lui a demandé son avis, malheureusement il s’avère surtout être une distraction.

« Tu te souviens de la bataille de peinture, quand on devait repeindre le Pont Victoire ? se remémore-t-il en riant.

— Ta tante nous a sûrement descendus en flammes dans son rapport ! »

Sakura ne peut s’empêcher de rire à ce souvenir tandis qu’elle fait des compliments aux élèves de l’Académie qu’elle a supervisés aujourd’hui. C’est ainsi que les trouvent un Épéiste et son apprenti en arrivant dans le nouveau quartier général de la guide. Avec son épée, sa barbe et son bandeau qu’il porte comme un bonnet, il est facile d’identifier Jinin Ajebino. Quant à son apprenti Sakura reconnaît, non sans surprise, les tatouages rouge et jaune sur le visage d’un ancien élève de Tetsu : Genki Biwa. Lui ne se souvient vraisemblablement pas d’elle mais Jinin sait exactement à qui il fait face.

« Tiens donc, les ratés de Momochi. »

Sakura serre les dents tandis que Suigetsu bondit sur pieds.

« Je vais te montrer c’est qui le raté, tu vas voir !

— Zabuza ne veut même pas te donner le prototype de Kubikiribôchô pour t’apprendre à la manier alors que ton frère, à ton âge, maîtrisait les sept épées et tu veux me faire croire que tu n’es pas un raté ? Laisse moi rire, raille Jinin. Et celle-là, tout juste bonne à lécher les bottes de Momochi et l’autre poltron de Chôjurô ? »

Sakura ne saurait dire si c’est la mention de Mangetsu ou la découverte de l’existence de prototypes des sept épées qui laisse Suigetsu muet, mais cela n’a pas d’importance car pour une fois, c’est elle qui prend offense.

La main sur le tranchant de l’une de ses haches, elle lance un regard noir au porteur de Kabutowari. L’épée, en forme de hache, a un lourd marteau de bois rattaché à son manche et le fendeur de heaumes peut peut-être briser n’importe quelle défense mais elle envisage sérieusement de passer à l’offensive.

« Excusez-moi de vous interrompre. Genki nous avons une mission. »

Murazaki appuie son épaule dans l’encadrement de la porte, une mèche de cheveux dans les yeux et un sourire en coin. Sa veste tangzhuang, portée ouverte sur une tenue standard, laisse deviner un physique musculeux et Sakura arrache son regard du jeune homme pour entraîner Suigetsu hors de la pièce avec elle avant que la situation ne dégénère.

Ils manquent de percuter un autre Épéiste et son apprenti dans le couloir et Sakura se fait distraitement la réflexion que les barbes sont à la mode dans la guilde ces temps-ci. Avec des perles dans sa longue barbe et un cache-oeil, Jinpachi Munashi a des airs de pirate. Chôjûrô se trouve à ses côtés et ce dernier les salue, pris au dépourvu.

« Vous cherchiez Zabuza, peut-être ? Il arrive avec Kushimaru, ajoute-t-il.

— Non, nous étions en charge du déménagement avec des élèves de l’Académie, répond Sakura, dépitée de le croiser dans cette situation. »

Elle n’a pas l’occasion d’élaborer tandis que des éclats de voix leur parviennent. Tous se taisent tandis que Zabuza s’en prend à un ANBU aussi grand que lui et peut-être même un peu plus avec sa crinière de cheveux blonds.

« Je ne veux rien entendre, Tsurugi est ton supérieur hiérarchique, tu obéis à ses ordres même s’il t’insupporte ! La cible nous a échappé à cause de toi, je te jure que j’aurais ta peau si ça recommence comme la dernière fois, même Nuibari ne pourra pas recoudre tes restes ! »

Tout cela est bien mystérieux mais Sakura tire sur la manche de Suigetsu pour déguerpir après un dernier regard pour Chôjurô. Ainsi, il est l’apprenti de l’un des fondateurs de la guilde. Il ne s’en est pas vanté, et Sakura l’envie d’autant plus maintenant qu’elle l’a découvert.

Notes:

Sakura enchaîne vraiment les missions dangereuses, n’est-ce pas ? *rire* Que penses-tu du développement de l’équipe Zabuza ?

Notes:

“Oh non, j’ai déjà laissé des kudos et je ne peux pas en remettre ! J’ose pas laisser de commentaires, je ne sais pas quoi dire…”

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