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Language:
Français
Stats:
Published:
2022-10-31
Updated:
2024-10-05
Words:
39,173
Chapters:
8/?
Comments:
22
Kudos:
4
Hits:
156

Le rêve d'un jeune érudit

Summary:

Jadis, un groupe de savants de Byrgenwerth fit une découverte extraordinaire dans les profondeurs de la ville de Yharnam. Dans les tombeaux des dieux anciens, ils assimilèrent la sagesse ésotérique de l’antique civilisation Pthumerienne et ramenèrent un médium sacré possédant des propriétés exceptionnelles. Il s’agirait du sang même des dieux. Dans le but d’élever l’humanité et de recontacter les grands anciens, leur soif de connaissance les poussa à aller toujours plus loin. Cependant, cette inlassable curiosité les amena aussi à reproduire les mêmes erreurs que leurs prédécesseurs. Voici comment leurs rêves, se transformèrent en véritable cauchemar.

Notes:

Chapter 1: Le tombeau des dieux

Notes:

Ça y est, je commence enfin mon projet d’écrire une fanfiction retraçant le lore et l’histoire de Bloodborne.

C’est un projet qui me tient énormément à cœur et malgré ma faible expérience dans l’écriture, j’espère pouvoir partager avec vous l’une de mes interprétations sur cet incroyable univers.

J’ai décidé de séparer l’histoire que j’ai en tête en quatre parties car vous comprenez bien que de la découverte du sang ancien dans le donjon calices avec Byrgenwerth jusqu’aux événements du jeu il s’en est passé des choses… voir même de nombreuses années.

Voici donc la première partie. Bonne lecture !

La traduction anglaise se trouve ici/ the english version can be found here

Chapter Text

Sous la ville de Yharnam, dans les profondeurs de la terre, se trouve un immense réseau de galeries souterraines. Un véritable labyrinthe sculpté par l’antique civilisation des Pthumeriens, aujourd’hui disparue. Il s’agissait de leur lieu de vie mais aussi du tombeau de leurs dieux.

On raconte que les Pthumériens étaient des êtres surhumains qui auraient libéré la sagesse de la vérité ésotérique. On retrouve des traces de cette civilisation dans de nombreuses régions. Après la disparition de leurs dieux, ils commencèrent à se proclamer et couronner eux-mêmes leurs propres chefs. Ils auraient également construit leur capital en plein cœur de ce gigantesque dédale, juste en dessous du cœur de l’actuelle Yharnam.

Mais un jour, quelque chose de terrible arriva, les différentes civilisations Pthumériennes s’éteignirent les unes après les autres. Maladies, catastrophes naturelles, guerres, attaques de monstres, disparitions inexpliquées… ils semblaient en proie à de nombreux fléaux. 

Il y a plus d’un siècle, une guerre éclata entre la dernière grande civilisation Pthumérienne et la surface. Aucun des deux camps n’en ressorti victorieux. De tous les guerriers qui avaient été envoyés dans les profondeurs de la terre, peu revinrent. Ceux encore sain d’esprit racontèrent que tous les Pthumériens étaient devenus fous, difformes et bien plus forts et rapides qu’un humain ordinaire. Ils étaient devenus des monstres.

C’est ainsi que les labyrinthes sous Yharnam furent scellés, et les derniers Pthumeriens avec. Ce ne sont plus que des ruines à présent. Il ne reste seulement d’eux et de leur savoir que les quelques reliques ramenées à la surface.

Des décennies plus tard, juste en périphérie de la métropole, des catacombes menant à ces anciens complexes furent mises à jour. Avec elles, de nombreux nouveaux artefacts. Les savants, les esprits brillants, les familles de hautes naissances, mais aussi des personnes bien plus modestes voulurent connaître les secrets de cette civilisation disparue. 

 "Comment les Pthumériens étaient-ils devenus aussi puissants ? Qu’avaient-ils découvert ? Pourquoi s’étaient-ils éteints ? Avaient-ils vraiment réussi à entrer en communion avec les dieux ? Comment utiliser toutes ces connaissances dans un but commun ? "

Il fallait créer un lieu de savoir et d’apprentissage unique pour répondre à toutes ces questions, en tirer le meilleur et les mettre en application. C’est ainsi que l’université de Byrgenwerth fut fondée.

Un jour, un groupe de savants fit une découverte extraordinaire dans l’ancien labyrinthe. Ils assimilèrent la connaissance ésotérique et ramenèrent un médium sacré possédant des propriétés exceptionnelles. Il s’agirait du sang même des dieux. Dans le but d’élever l’humanité et de recontacter les grands anciens, leur soif de connaissance les poussa à aller toujours plus loin. Cependant, cette insatiable curiosité les amena aussi à reproduire les mêmes erreurs que leurs prédécesseurs. Voici comment leurs rêves se transformèrent en véritable cauchemar. 

 


 

Des ossements et des crânes par centaines habillaient les murs des anciennes catacombes. Ces galeries sombres, froides et humides sur lesquelles quelques gouttes d’eau ruisselaient et où le silence semblait régner à tout jamais. Cependant, des échos de pas se mirent à résonner de plus en plus fort. Derrière la faible lueur d’une lumière transperçant l’obscurité, deux formes apparurent. 

Par chance, il s’agissait de simples humains, tout à fait normaux. Avec leur uniforme brun et leur longue robe noire il ne pouvait s’agir que d’étudiants ou de membres de Byrgenwerth.

L’un des deux brisa enfin le silence glacial en s’adressa doucement à son camarade. "Tu es sûr que c’est par là ? " 

"Oui c’est par là. On y est allé l’autre jour avec les professeurs." lui répondit celui qui était en tête, un jeune homme blond. Après quelques instants celui-ci s’arrêta. Des grattements et des couinements résonnaient dans les tunnels. Il interrogea son compagnon : "Tu entends ça ? "

Son suiveur, un autre étudiant avec des cheveux bruns et courts, s'était arrêté derrière lui et semblait inquiet : "Est-ce que c’est…"

"Surement un rat oui…"

"C’est très bruyant pour un simple rat non ? "

Il réfléchit quelques secondes avant de lui répondre. "Il y en a peut-être beaucoup ? "

Son ami le regarda perplexe, mais avant que celui-ci ne puisse répondre, il ajouta en rigolant. "Ils sont plutôt gros aussi. Tu aurais dû voir celui qu’on a vu un l’autre jour ! "

Rien que d’imaginer un tel chose, cela le fit frissonner. Il se contenta de vite enchaîner. "On fait quoi du coup ? Je n’ai pas envie de me faire mordre ou d’attraper un truc ! "

"Ne t'inquiète pas, on peut faire un détour par là-bas. On est plus très loin de toute façon." 

Après quelques minutes de marche, ils arrivèrent enfin à destination. Ils se retrouvèrent devant une immense double porte de plusieurs mètres de haut. Leurs lanternes arrivaient à peine à éclairer tout l’ensemble. En plus de l’imposante arche la surmontant, de nombreux bas-reliefs ornaient cette imposante porte en pierre. Elle semblait très lourde et bien trop épaisse pour pouvoir entendre de l’autre côté. Il n’y avait aucune serrure, poignée ou quoique ce soit qu’on puisse retrouver sur une porte ordinaire.

"C’est l’entrée d’un des anciens labyrinthes ! D’après maître Willem et les autres professeurs en tout cas. Tu sais bien, ceux qui ont été scellés il y a longtemps. » Il fit une courte pause. "Je devais te la montrer."

"C’est impressionnant » s’émerveilla le second. "Ont-ils déjà réussi à l’ouvrir ? "

"Pas pour l’instant malheureusement. Personne n’a réussi à la faire bouger."

"Ces ornementations sont si minutieuses et détaillées !" s’exclama-t-il émerveillé.

"C’est vrai… Tu sais, de ce que j’ai entendu, il vont demander à certains religieux de la ville s’ils peuvent emprunter leur calice pour essayer d’ouvrir la porte. Mais bon je ne vois pas comment une simple coupe pourrait ouvrir une porte. Ce n’est pas une clé à ce que je sache…" Il leva un sourcil et regarda son camarade dans l’attente d’une bonne remarque de sa part.

"C’est vrai mais… regarde les gravures. On peut voir les Pthumériens mettre des euh… diverses substances et matériaux dans le calice. On dirait qu’ils effectuent une sorte de rituel avec. Peut-être que c’est un indice ? "

"Oui en effet ils ont l’air de mettre une sorte de liquide dedans..."

Ils regardèrent encore la porte quelques instants en silence.

"Bon. On remonte maintenant ? " lui demanda-t-il doucement.

"Déjà ? Tu as peur ? " 

"Non mais je n’ai pas envie qu’on ait encore des problèmes tu sais."

"A cette heure-là il n’y a personne qui traîne ici.” Normalement . "Mais oui je t’ai montré ce que je voulais et c’est fait. Et au pire on tombera juste sur l’un des gardiens de l’école et on improvisera ! "

"Oui comme toujours." Les deux se mirent à rire.

"Au fait, merci d’avoir accepté de venir avec moi…" murmura-t-il en se détournant de son ami.

"Mais bien sûr ! Merci à toi de m’avoir montré l’entrée du labyrinthe." lui répondit-il chaudement.

Ils décidèrent donc de commencer à remonter vers la surface. Après un dernier coup d’œil vers la grande porte, leurs regards fut de nouveau accueilli par le sol rocheux et les os. Au bout d’un moment, une autre paire de pas semblait résonner à son tour. Les deux s’arrêtèrent pour écouter.

"T’entendent ça !? " chuchota le brun inquiet, par-dessus l’épaule de son ami.

"Oui j’entends ça ! " lui lança-t-il à voix basse essayant de garder son calme.

Les pas continuèrent encore quelques secondes avant de s’arrêter. Ils se regardèrent perplexes, mais avant qu’ils ne puissent en dire d’avantages, des murmures intelligibles parvinrent à leurs oreilles. Ils se tenaient maintenant immobiles, agrippant chacun le bras de l’autre. 

Après quelques minutes les murmures ne s’arrêtaient toujours pas. Ils semblaient devenir de plus en plus forts, mais toujours impossible de comprendre quoique ce soit. 

Une fois les deux un peu plus calmés, ils se demandèrent s’ils devaient essayer de faire du bruit et de signaler leur présence. Il ne pouvait s’agir que d’un des surveillant de l’université ou d'un autre étudiant bravant l’interdit. Ils étaient encore dans les terrains de Byrgenwerth, ça ne pouvait pas être un pilleur n’est-ce pas ?

Au bout d’un moment ils décidèrent d’essayer d'interpeller la mystérieuse voix. Ils n’eurent aucune réponse et les murmures continuèrent. Ils avancèrent très doucement puis remarquèrent que ces chuchotements provenaient d’une des galeries annexe, reliée au chemin principal.

Ils se regardèrent droit dans les yeux pour savoir quoi faire. Malgré leur peur ils avaient été piqués de curiosité, ils décidèrent donc de s’engouffrer dans l’allée secondaire. Ils ne s’arrêtèrent que quelques dizaines de mètres plus loin et c’est là qu’ils l’aperçurent. Ils virent un humanoïde très grand, nu, la peau pâle presque bleue et squelettique, se tenant dos à eux. On aurait dit un cadavre mort vivant. 

Les deux jeunes hommes étaient tétanisés. Le brun chuchota en bégayant à son ami : "C’est… c’est un… un Pthumérien ? N’est-ce… n’est-ce pas ?! "

Il lui répondu en essayant d’articuler : " Je… je ne sais pas... Je pensais qu’ils avaient tous disparu. Et merde ! On fait quoi ? "

"On peut essayer de-"

"De lui parler ?! "

"Ba… on peut toujours essayer… non ?! " Après quelques longues secondes de silence, il commença d’une faible voix : "Êtes l’un des veilleurs du labyrinthe ? " Aucune réponse. L’être continuait de marmonner dans son coin.

Son ami décida de continuer, mais sur un ton un peu plus fort. "Oh, fière et brave Pthumérien, gardien des dieux, es-tu venu partager avec nous ton immense sagesse ? " Toujours aucune réponse.  

Les deux étudiants se regardèrent sans trop savoir quoi faire. Le grand brun prit un petit caillou et le lança contre l’une des parois dans l’espoir d’attirer son attention. Les murmures s’arrêtèrent mais toujours aucune réaction.

Le blond décida de l'interpeller en criant : " HEY !!! " Toujours rien si ce n’est le silence et le crépitement des lanternes. Les deux jeunes étaient en train de se chuchoter qu’il vaudrait mieux partir maintenant en espérant que les autres les croiraient quand soudain la figure se retourna lentement vers eux. 

Ses yeux étaient complètement noirs, on ne pouvait discerner s’il possédait réellement des globes oculaires dans la pénombre. Ses traits reflétaient l’état détérioré du reste de son corps. Sa bouche était grande ouverte, béante et aussi noir que ses orbites. 

Les deux étaient incapables de bouger, fixant ce qu’il se trouvait devant eux. Soudain, la créature se mit à pousser un hurlement strident et fit deux pas en avant. L’un fit tomber sa lanterne, puis aussi vite qu’ils purent et en criant également ils s’enfuirent vers la surface. 

Contrairement à ce que tout le monde pensait depuis de nombreuses années, les Pthumériens étaient encore bel et bien là, dans les profondeurs de la terre, attendant patiemment que des esprits curieux ne viennent révéler tous leurs secrets.

 

catacombes

 


 

A l’extérieur, la lune était déjà haute dans le ciel lorsque les professeurs et les gardiens de l’école terminèrent enfin de sécuriser l’entrée de l’excavation et ses alentours. Ils attendaient maintenant les directives de leurs supérieurs et peinaient à faire partir le nombre grandissant de chercheurs et d’étudiants qui étaient venus se masser devant eux. 

Personne n’avait pu passer à côté des cris résonnant sur tout le campus, des deux élèves revenus terrifiés du souterrain. Tout le monde voulait savoir s’ils avaient véritablement aperçu un réel Pthumérien !

Le personnel et les hauts placés de l’école doutaient de cette affirmation, mais après avoir questionnés les élèves et vu à quel point ils étaient horrifiés, ils comprirent qu’il ne pouvait pas s’agir d’un simple canular de leur part. Eux qui sont d’habitudes si intrépides… Quelque chose n’était pas normal. 

De plus, avec les mystérieuses disparitions dans les catacombes de la ville, ils ne pouvaient pas prendre ce genre de choses à la légère. Quoique qu’ils aient vu, il fallait s’assurer que ce ne soit pas dangereux. Ils ne pouvaient pas prendre le risque d'amener du monde dans les galeries et de continuer leurs études dans ces conditions.

Ils espéraient vraiment qu’il s’agissait d’un simple d’un malentendu. Peut-être que leur vision leur avait joué un tour ou qu’il s’agissait simplement d’une mauvaise blague. Il pourrait aussi très bien s’agir d’un pilleur armé… mais si c’était réellement d’un Pthumérien, alors cette découverte serait capitale pour l'avancée de leurs recherches.

Maître Willem, le Provost de Byrgenwerth décida donc d’envoyer en éclaireur des gardiens de l’école. Une fois qu’ils seront revenus pour partager ce qu'ils ont trouvé, il avisera. Beaucoup semblaient terrifiés à l’idée d’y aller, tandis que d’autres semblaient un peu trop… enthousiastes. Il proposa donc la tâche à trois personnes qui faisaient partie de ces plus fidèles et ingénieux subordonnés. Des personnes tout à fait capables d'assurer la sécurité de l'établissement et de retrouver quelqu'un très rapidement tout en gardant leur sang-froid.

La petite équipe était ainsi composé de :

Liam, le surveillant de l’entrée principale, qui avait avec lui une lanterne et un fusil.

Dores, la gardienne du cimetière et des alentours extérieurs du collège. Elle était armée d’un fin couteau de boucher et d’une petite scie.

Enfin, il y avait Gehrman. Il était chargé d’entretenir et de surveiller les terrains de Byrgenwerth. Il avait apporté avec lui une lanterne et un couteau de chasse, mais on le remarquait surtout à la faux qu’il tenait et dont il se sert habituellement pour défricher. Dans la confusion générale c’était sûrement la première chose qui lui soit passé sous la main.

Willem demanda également que tous les étudiants et la foule soient renvoyés dans leur dortoir. Beaucoup s’en retournèrent donc d’où ils venaient, mais un certain nombre patientait encore tranquillement devant la zone délimitée. Ils espéraient peut-être pouvoir obtenir plus d’informations ou même de pouvoir apercevoir la mystérieuse entité. Pour ne pas arranger les choses, certains retardataires arrivèrent pour prendre la place de leurs camarades qui venaient d’être congédiés.

La mystérieuse créature était censée se trouver à proximité de la grande porte scellée et seulement la lanterne perdue permettrait de servir de repère. Cela pourrait prendre un peu de temps d’aller vérifier puis de revenir.

Une fois ces trois-là partis sous terre, ceux restés en arrière attendirent de longues minutes dans un silence presque étouffant. Seulement quelques personnes chuchotaient encore entre elles et une poignée semblait encore particulièrement enthousiaste. Certains faisaient des allers-retours ou se frottaient nerveusement les mains, tandis que d’autres affichait un visage inquiet.

Après deux dizaines de minutes, Gehrman ressorti à la surface, seul. Il semblait soucieux, voire troublé. Plusieurs personnes voulurent immédiatement l’interroger. Il commença simplement par annoncer d’une voix calme que les autres allaient bien et qu’ils les attendaient plus loin dans les catacombes.

Avant que d’autres questions ne lui soient posées, Willem l’emmena à l'écart quelques instants. Le jeune gardien chuchota ensuite à son oreille ce qu'il avait dû se passer. Le Provost réfléchit profondément, la main sur le bas de son visage. Après un temps de réflexion, il annonça qu’ils allaient descendre dans les catacombes. Une douzaine de personnes, avec au moins une arme chacune viendraient avec eux, ceux restant devront patienter à l’entrée du souterrain. 

Une fois le groupe formé, ils commencèrent leur descente dans la galerie. Après avoir atteint l’obscurité complète, le groupe s’arrêta tandis que Willem et Gehrman leur résumèrent la situation. Il semblait que nos gardiens et les deux étudiants avaient bel et bien trouvé l’un des veilleurs des anciens labyrinthes Pthumériens. 

Parmi ceux qui eurent le privilège d'accompagner le Provost, un jeune professeur avait réussi à se glisser au sein du groupe. Avec sa petite stature, bien plus proche de celle d’un étranger que d’un Yharnamien ordinaire, il pensait peut-être qu’il ne se ferait pas trop remarquer. Néanmoins son ami n’eut aucune difficulté à le repérer. 

Tandis que Willem faisait une énième lecture sur les Pthumériens leur civilisation et les anciens dieux au reste du groupe, Gehrman vint se planter juste à côté du prometteur chercheur, le fixant quelques secondes avant d’engager la conversation.

 “J’espère que tu as demandé à Maître Willem pour venir au moins… Laurence ?” Il affichait un léger sourire.

“Mais bien évidemment mon cher ami, tu sais que je suis toujours les règles.” répondit calmement un homme avec des cheveux brun sombre, un léger sourire au coin. 

Gehrman acquiesça de la tête avant d’ajouter : “Et… tu as une arme au moins ?”

“Bien sûr, j'ai toujours mon scalpel avec moi.” Il sortit de sa manche, d’un air satisfait un petit scalpel de chirurgie argenté. “Et au pire il y a assez de vieilles armes ici”. On pouvait en effet retrouver quelques épées et lances rouillées éparpillées dans les ossements, mais elles étaient complètement inutiles.

“Oh ça va alors.” répondit Gehrman sur un ton sarcastique. Laurence observa ensuite la faux de celui-ci, il l’indiqua d’un geste de sa main avant de demander sur un ton amusé. “Et ça c 'est efficace au moins ?”

“Comme un grand bâton avec un bout de fer pointu au bout. Je suppose…"

“Tu t’en ai déjà servi contre quelqu’un en vrai ?” demanda Laurence avec énergie. Son ami le regarda confus, il enchaîna donc pour couper le long silence entre eux.  “Hm qui sait…” Son sourire grandit et il mit dans les mains de Laurence son arme improvisée. “Tiens t’as qu'à essayer pour une fois”. 

Laurence se contenta juste d’un hochement de tête. “Très bien” annonça-t-il satisfait. Gehrman reparti ensuite se mettre à l’avant du groupe pour tous les guider.

Après de longues minutes, ils aperçurent enfin Dores et Liam. Ils semblaient particulièrement nerveux et en retrait de là où ils avaient été laissés.

En tournant leur tête vers le fond du tunnel ils l'aperçurent enfin, le Pthumérien. Il était recroquevillé au sol tout au fond du couloir.

Gehrman semblait très surpris. “Euh…Vous allez bien ?!”

Willem semblait tout aussi stupéfait, ça ne correspondait pas à la situation qu’on lui avait décrit. Le veilleur était censé être vivant.

Liam fut le premier à répondre, hésitant. “Le Pthumérien il euh…”

Dores enchaîna. “Il est juste tomber d’un coup !”

“Oui il s'est pris la tête dans ses mains, puis s'est mis à hurler et il est tombé.” 

“On l’a même pas touché ! Et il ne bouge plus depuis…” Même Dores semblait inquiète, quelque chose de très inhabituel.  

“Est ce qu’il est… mort ?” demanda l’un des érudits.

Les deux gardiens se regardèrent avant de regarder le groupe avec un regard indiquant leur incertitude. Ils ne pouvaient pas être sûrs.

Malgré l’inquiétude de certains chercheurs, beaucoup étaient presque émerveillés.  “Un véritable Pthumérien…”

 “Dans tous les cas, on ne peut pas le laisser ici. On doit le récupérer.”

“Cette découverte est capitale !” ajouta un autre. 

Maître Willem était entièrement d’accord. “Nous allons en apprendre beaucoup et peut-être enfin pouvoir briser les sceaux des anciens labyrinthes !”

Néanmoins il restait un problème à résoudre, il fallait vérifier que le Pthumérien soit réellement mort.

Le Provost regarda les membres de son personnel les uns après les autres, les professeurs firent de même. La plupart des pairs d’yeux se posèrent donc sur Gehrman. Celui-ci observa tout le monde avant de prendre une grande respiration et d’aller récupérer sa faux, dans la main de Laurence. 

Dans le silence on entendait seulement le bruit de sa prothèse taper contre le sol tandis qu’il se rapprochait lentement de la forme recroquevillée. Toutes les discussions s'étaient arrêtées et tous avaient maintenant le regard fixé sur la même chose.

Il regarda le veilleur sous différents angles avant d'essayer de lui bouger le pied avec le manche en bois de son outil. Aucune réaction. Il essaya ensuite de lui bouger doucement le torse. Toujours aucune réaction. Enfin, il tourna délicatement sa tête qui était face contre terre… rien. Il ne semblait même pas respirer. Gehrman se retourna face au groupe et leur fit un signe de la tête.

Maître Willem décide donc de s’approcher, les autres restèrent derrière lui à une certaine distance mais les trois gardiens restèrent près de lui.

Il s’agenouilla pour observer le Pthumérien, complètement fasciné. Il lui regarda la tête puis souleva son coude squelettique. Il pouvait sentir un très faible et lent pouls, c’est alors que sans crier garde, l’être qui semblait mort il y a encore quelques instants attrapa violemment le bras du Provost. Gehrman s’interposa rapidement et réussit à repousser le veilleur qui grognait et bougeait frénétiquement. Liam mit la créature en joue alors que tout le monde commençait à paniquer.

"Attends ! Il nous le faut en bon état !” lui cria Maître Willem et fit signe de la main aux autres de rester en arrière. Le Pthumérien commença à prendre de l’élan pour se jeter sur eux, c’est alors que Dores s’interposa devant les autres et porta un coup de poing en plein visage de l'assaillant. Celui-ci recula directement, désorienté par le choc. Le personnel et les chercheurs étaient tous prêts à répliquer s’il le fallait mais le Pthumérien se retourna, fit quelques mètres dans le couloir puis s’agenouilla au sol, dos à eux. 

Il tandis ces bras à la perpendiculaire puis commença à marmonner une sorte de prière dans une langue ancienne. Le groupe était encore plus déconcerté par cette réaction imprévue. Personne ne bougea. Après quelques long instants, il ramena ses bras puis s’écroula au sol, mort. Réellement mort. Tout le monde resta complètement abasourdi par ce qu’il venait de se passer. Ils étaient tout simplement stupéfaits, cloués sur place, les yeux écarquillés, certains frissonnaient même.

 

Son corps fut ensuite ramené à la surface.

A huit clos certains érudits eurent le privilège d'assister au premier examen médical d’un Pthumérien depuis plus d’un siècle. Cette première opération leur apprirent de nombreuses choses.

Son système nerveux et l'arrangement de ses aires cérébrales étaient inhabituels, cela présageait d’une grande connaissance et d’une importante puissance ésotérique. C’est ce savoir qui avaient donné au Pthumériens une grande sagesse et leur permirent de se rapprocher des dieux. Ils découvrirent aussi que son sang possédait des facultés d'auto-guérison et de régénération remarquables. 

C’est grâce à son sang et au calice de Pthumeru que les savants réussirent enfin à déverrouiller la grande porte menant au labyrinthe Pthumérien. C’est ainsi qu’une nouvelle ère de recherches, de prospection et d’expérimentations commença. 

Une ère qui changea Yharnam et ses habitants, à jamais.



Chapter 2: Le sang ancien

Notes:

Ça y est le chapitre 2 est là (enfin) !

C'est un chapitre assez mature et violent, je préfère prévenir (voir tags). Le reste de la fic est bien plus soft en comparaison, mais il fallait en passer par là. (Seulement 1-2 chapitres seront encore plus sombres que celui-ci, mais ce sera bien plus tard).

Le chapitre 2 et 3 étaient à l'origine un seul et même chapitre mais il était bien trop long alors je l'ai divisé en deux. Le prochain arrivera donc bientôt.

Sur ce, bonne lecture !

Chapter Text

Après l’ouverture de la porte, le premier niveau du labyrinthe Pthumérien fut entièrement inspecté et le second niveau atteint. Malgré l’aide apportée par de nombreuses personnes, beaucoup ne revirent jamais la surface.

Cependant, ce sacrifice ne fut pas vain car la connaissance acquise fut immense. Au cours des mois qui suivirent, de nombreux essais sur l’ésotérisme et le sang ancien furent effectués. Les résultats étaient encore assez mitigés mais très prometteurs. 

En attendant de trouver un moyen plus sûr d’explorer le second palier, les prospecteurs recherchent les entrées des autres labyrinthes, tandis que les érudits ont l’autorisation d’aller dans les zones déjà découvertes et sécurisées afin de compléter leurs études. 

 

Un après-midi, un petit groupe de chercheurs et quelques-uns de leurs élèves s'étaient aventurés dans les catacombes et le premier niveau du labyrinthe.  Ils étaient accompagnés par l’un des gardiens de l’université, rescapé de l’expédition du premier palier. Une simple mesure de sécurité mise en place au vu de la dangerosité des créatures auxquels ils avaient dû faire face lors de l’exploration de ce premier niveau. Tous les professeurs avaient également une petite arme à feu.

Après plus de deux heures passées sous terre, il était presque temps de retourner à la surface. Les professeurs et chercheurs commençaient à retourner devant la grande porte tout en rassemblant leurs élèves éparpillés. 

En bon professeur, Laurence fit de même. Il retourna sur ses pas dans le labyrinthe et demanda aux élèves qu’il croisa de rejoindre les autres professeurs. S’il avait juste, il ne lui restait qu'à prévenir un élève, il lui semblait l’avoir vu un peu plus tôt revenir un peu arrière. 

La lumière de sa torche éclaira un grand bas-relief sur sa gauche. Cet endroit marquait le vrai début du donjon, elle avait été baptisée “la salle du sceau”. Il continua quelques mètres en direction de la prochaine pièce. Juste avant la porte au deux statues guide, il vit deux personnes fixant avec attention le mur devant eux. Il reconnut immédiatement son ami éclairant le mur avec une torche. 

C'était Gehrman qui accompagnait les érudits pour cette sortie. Il ne portait pas l’uniforme standard de Byrgenwerth mais une tenue plus adaptée à l’exploration. En apparence elle était plutôt banale, mis à part la longue cape noire épaisse sur ses épaules et un tricorne sombre en guise de couvre-chef. Dans son autre main, il tenait une lame très grossière. Elle était semblable à une faucille ou une serpe mais aussi longue qu’une épée. Une arme trouvée ici même qu’il avait un peu modifié pour qu’un humain puisse s’en servir.

Laurence nu aucun mal à également reconnaître l'élève en train de dessiner sur un carnet qui se tenait juste à côté. Avec ces cheveux roux en bataille dépassant de sa capuche il ne pouvait s’agir que du jeune Caryll.

“Alors vous faites des découvertes intéressantes ?” s’exclama Laurence dans leur dos. Gehrman se tourna vers lui avec un léger sourire tandis que Caryll vraisemblablement surpris bondit sur place avant de faire de même. Laurence leur sourit également avant de continuer plus calmement. “On va bientôt y aller.”

Gehrman fut le premier à répondre “On doit être les derniers alors. J’attendais juste que Caryll termine.”

Caryll acquiesça. “Oh, je voulais juste revoir la rune dont vous aviez parlé brièvement tout à l’heure. 

Laurence regarda plus attentivement le mur. “Ah oui la rune…” Le jeune élève avait recopié sur son carnet un étrange symbole Pthumérien gravé dans la pierre : une grande barre verticale se séparait vers le bas en trois branches. Ces trois extrémités se rejoignent presque en un même point mais sans jamais se toucher. Juste en dessous se trouvait une petite tâche ronde.

“J’explique à Caryll qu'on n'avait pas encore trouvé sa signification exacte. Mis à part que ça ressemblait un peu à un pendu. Un pendu par les pieds avec la tête en bas, il me semble.” Ajouta Gehrman

“C’est vrai que ça ressemble un peu à un pendu…” Caryll réfléchit avant de continuer. “Est-ce que ça pourrait être du sang s’écoulant d’un pendu ?”

“Oh ça c'est très intéressant !” rétorqua Laurence, d’un air enthousiaste. “C’est ce que maître Willem en a d’abord déduit.” Il fit une pause avant de continuer. “Le problème c’est qu’on retrouve ce symbole sur pas mal de pierres tombales, donc il se pourrait que ça indique une sorte de rituel ou comme on le pense pour l’instant une sorte de “grade” donner à des guerriers Pthumériens. “

Les trois paires d’yeux étaient toutes fixées sur l’étrange marque tandis que le gardien marmonna à lui-même. “Un grade…” 

Le jeune professeur reprit la parole. “Pour connaître sa véritable signification j’ai bien peur qu’il ne fasse attendre un peu. Mais je suis sûr qu’on élucidera bientôt ce mystère.”

Caryll était contemplatif tandis que Gehrman acquiesça de la tête avant de prendre la parole. “Au fait, tu disais qu’on allait remonter ?”

“Oui, les autres professeurs sont en train d'essayer de rassembler tous les élèves...”

“Très bien, je vais aller les rejoindre dans ce cas et leur filer un coup de main. Ne tardez pas trop.” Répliqua-t-il un sourire au coin avant de s’éloigner. Il connaissait bien les explications à rallonge que le jeune professeur avait l’habitude de faire.

Cette remarque fit presque éclater de rire Laurence, il se contenta juste de répondre brièvement avec grand sourire. “A toute de suite.” 

Ironiquement, même si Gehrman lui-même était bien plus renfermé que son ami, il lui arrivait parfois de tenir de longs discours sur des sujets le passionnant. Bien évidemment cela restait surtout avec de bonnes connaissances car cela n’aurait que peu d’intérêt ou serait même vu comme décalé dans de banales conversations entre inconnus. 

Après un signe de la main vers le gardien qui s’éloignait, le jeune élève se tourna ensuite vers son professeur. “Euh, j’avais une question pour vous Monsieur Laurence.”

“Oh Caryll j’ai seulement quelques années de plus que toi. Tu n’es pas obligé de me vouvoyer tu sais.” Sa première année de cours officielle à Byrgenwerth remontait à plus de 5 ans. Il n’était pas devenu professeur depuis bien longtemps et suivait encore quelques cours et conférences en parallèle afin de terminer son second cursus d’étude.

Rien que d’entendre l’un de ces élèves l’appeler ainsi, il pouvait sentir les poils de ses favoris et ses cheveux s'hérisser. Il est plutôt rare de s’adresser de cette manière aux jeunes professeurs n’ayant reçu que leur maîtrise, mais il est vrai que Caryll était plus jeune que la grande majorité des étudiants en première année. 

Il pensa aussi à Gehrman d'à peine quelques années de plus que lui et membre du personnel. Il avait à peine plus d’une décennie d’écart avec son plus jeune élève. Le pauvre se sentait encore plus gêné que lui quand un élève l’appelait monsieur. Il se demanda si Caryll avait fait de même…

“Oh oui désolé… Du coup, Laurence, est-ce qu’une date a été fixée pour l’exploration du second niveau du labyrinthe ?”  

“Ne t'inquiète pas ce n'est pas grave et ça je ne sais pas malheureusement.” Mais j’aimerais vraiment savoir…

Ils se rapprochèrent de l’ouverture avec les statues qui donnaient sur une immense cavité. Il y avait une échelle pour y descendre et une sur l’autre bord afin de remonter. De l’autre côté il y avait une ouverture très similaire à celle où ils se tenaient, avec les mêmes statues, mais à la différence qu’il y avait une sorte de grille relevée.

Laurence la désigna. “Tu vois, tout au fond ça mène au second niveau, mais pour l’instant interdiction de dépasser la grille ouverte. De toute façon les prospecteurs ont fermé la porte du fond en partant. Avec ce qu'on a trouvé au premier niveau, ce serait trop dangereux d’envoyer du monde sans préparation.”

“C’était compliqué d’ouvrir la grille ? Il fallait actionner un mécanisme c’est ça ?”

“Trouver et actionner le mécanisme n'est pas très compliqué en soi…” Il fit une courte pause avant de continuer. “C’étaient plus les monstres et les ennemis qui le gardaient qui posaient problème.”

“Et il n’y avait aucun autre moyen de l’ouvrir sans le mécanisme ?”

Laurence réfléchit quelques instants. “Hm… ba Dores a essayé de casser la porte mais sans succès. Gehrman et d’autres ont même failli se coincer le bras à travers les barreaux…” 

Caryll semblait surpris et amusé. “ Vraiment ?!”

“C’est ce qu’il m’a raconté en tout cas.”

Une autre interrogation vint subitement à l’esprit du jeune élève, pointant à son tour le couloir derrière la grille ouverte. "D'ailleurs l’arme qu’il avait… Est-ce que c’est la même que celle du grand monstre découvert au fond ? Celui qui gardait l’accès à l’étage inférieur ?”

“Ah oui ça… il a causé bien des problèmes celui-là. Y’a pas mal de personnes qui n’ont malheureusement pas survécu à cet l’affrontement…”

Caryll semblait peiner. On lui avait parlé de l’incident de la première exploration. Même si les détails n’étaient pas connus de tous, tout Yharnam était au courant de cette mésaventures. Le cadavre du monstre avait même été ramené à la surface et on pouvait trouver quelques esquisses le représentant éparpillées dans Byrgenwerth. “Oui je comprends…mais… qu'est-ce c’était exactement ? Ça pouvait pas être un simple Pthumérien, si ?”

“Eh bien, c’était une sorte de géant mort vivant.  A la place des mains il avait deux énormes lames et il aurait dû être mort depuis longtemps…  Ils ont dû s’y mettre à 3 en même temps pour l’abattre. Gehrman a récupéré l’une de ses lames pour en faire une arme.”

“Oh je comprends mieux.” Cette explication semblait convenir au jeune élève. Laurence fut rassurée, il n'avait pas envie et n’avait pas forcément l’autorisation de raconter tous les atroces détails de cette histoire. Il omit bien de préciser que la plupart des prospecteurs morts dans l’exploration du premier niveau était en grande partie la faute de cette créature et que Gehrman était l’un de ceux qui l’avait achevé. 

“Bon aller vient, il faut rejoindre les autres.” Ils se mirent donc à marcher en direction de la sortie. Laurence craignait d’avoir peut-être coupé trop brusquement la conversation. Il posa donc à son tour une question concernant la sortie qu’ils venaient de faire. “Bon et est-ce que ça t’as plu du coup ?” 

Caryll s’exclama avec un grand sourire. “Oui ! C’était super intéressant de voir en vrai ce qu'on a appris en cours depuis le début de l’année ! J’espère qu’on pourra faire d’autres sorties comme celles-ci.”

“Ah je suis ravi de l’entendre ! Eh bien il faut rester modéré mais j’espère aussi qu’on pourra très vite y retourner.” répondit Laurence tout aussi enthousiaste à chaque fois qu’ils pouvaient y aller.

 

Ils arrivèrent ensuite à l'entrée du labyrinthe. Cependant, il n'y avait personne et l’endroit avait retrouvé son calme habituel. L’élève s’interrogea : “Les autres ne sont pas là ?” 

Laurence était tout aussi perplexe, mais la réponse devait être tout à fait simple. "Ils ont juste dû commencer à remonter sans nous.”  Ils continuèrent donc leur marche à travers les catacombes.

Après n’avoir parcouru qu’une dizaine de mètres, Caryll s'arrêta nette… Laurence s’arrêta aussi, interloqué il se retourna doucement vers son élève. “Qui a-t-il ?”

“Euh… c’est nouveau ça ?” Sa voix était tremblante et ses yeux fixaient avec crainte l’une des parois. Il y avait une traînée de sang contre le mur, elle était fraîche. Laurence fixa l’éclaboussure qui coulait encore, la pâleur qu’avait pris le visage de Caryll ne laissait pas de doute sur son inquiétude.

"Qu'est-ce que-” Laurence ne finit pas sa phrase et attrapa promptement le bras de Caryll. "Allez viens ne restons pas là ! ” Que s’est-il passé ? Où sont les autres ?! Le professeur lui donna sa torche et pris à la place un petit pistolet accroché à sa ceinture.

Juste un peu plus loin, il y avait encore plus de sang et un Pthumérien gisant mort…à côté de lui un couteau de rituel ensanglanté. L’arme de prédilection de la plupart des veilleurs. Il ne pouvait plus avoir de doute possible, le groupe avait dû être attaqué par des Pthumériens. Le jeune professeur était très confus, la zone était censée être sécurisée comment avaient-t-ils pu passer ?! il n’avait pas le temps d’y réfléchir il fallait sortir d’ici le plus vite possible.

Caryll avait l’air terrifié à la vue du corps… Les premières années ne sont pas conviées aux dissections dans les grandes salles de conférences. N’importe qui voyant un cadavre dans ces conditions et pour la première fois serait tout aussi terrifié.

Ils continuèrent d’un pas plus rapide mais ralentirent fortement quand ils entendirent le tintement très faible. Comme une cloche sonnant au loin. N’ayant pas le temps de comprendre d'où cet écho de carillon provenait, ils se mirent à entendre une voix grommelante s’approcher. Quelques secondes plus tard surgit un Pthumérien, juste en face d’eux. Il avait lui aussi un couteau de rituel.

Caryll resta d’abord figé sur place. Laurence visa la créature avec son arme puis tira. Il l’atteint la première fois mais rata son deuxième tir, le Pthumérien l'atteint et lui planta son couteau dans son autre bras. Laurence parvint à la repousser mais il était en mauvaise posture. C’est alors que Caryll frappa de toutes ses forces l’assaillant à la tête grâce à la torche, mais le veilleur contre-attaqua et l'atteint au visage.

Laurence parvient ensuite à lui tirer deux fois de suite en pleine tête. La créature s’écroula au sol. Il s’écria, paniqué. "Est ce que ça va Caryll ?!” Il lui répondit d’une faible voix et avec sa main sur son œil et sa pommette gauche.  “Je crois ouais…je sais pas trop…”

Ils n'eurent pas le temps d’en dire d’avantages qu’un groupe de trois Pthumériens arrivèrent dans leur dos. L’un était semblable aux deux autres qui gisaient maintenant au sol tandis que ces deux compagnons portaient des "vêtements”, des capuches claires et déchirés. L’un d’eux avait même une lance.

Laurence s’écria alors. "Écoutes moi bien Caryll ! Je vais m’en occuper, toi tu cours le plus vite possible en direction de la surface ! Il reprit la torche et se positionna en face des veilleurs. 

Caryll essayait temps bien que mal de rétorquer quelque chose. “Mais…”

“Maintenant !!!” Laurence n’avait jamais vociférer d’ordre de la sorte mais il n’avait pas le choix.

Caryll sembla avoir une seconde d’hésitation tout en fixant le regard de son professeur puis son bras ensanglanté, toujours en tenant le côté gauche de son visage. On pouvait apercevoir dans la pénombre comme une gouttelette de sang couler de sa joue. L’élève finit par partir en courant tandis que Laurence allait lutter seul contre les veilleurs.

Il alterna d’abord entre des tirs et des coups de torches. Les Pthumériens semblaient hésiter ou attendre hors de portée de ses coups et des balles. Laurence n’avait pas une grande expérience dans le combat, il connaissait juste de simples bases, il avait très peu de chance de battre tout seul ses trois adversaires. 

Il leur tira donc une rafale de balles, ce qui les fit reculer et il en profita pour détaler le plus rapidement possible. Mais, les Pthumériens ne le lâchèrent pas d’une semelle. Sa blessure était superficielle mais elle le ralentissait grandement, surement à cause du stress et de son bras blessé, il commençait même à y voir flou et à entendre un bourdonnement désagréable dans ses oreilles.

Serait-ce comme ça que ça allait finir ? Tué par des veilleurs en tentant de sauver un ses élèves ? Maître Willem et tout le monde seraient probablement fiers de lui. S’ils étaient encore là, ses parents auraient sans doute été fiers aussi. Non. Laurence ne pouvait pas se permettre de finir comme ça. Son rêve avait toujours été de devenir un grand médecin ou un grand prêtre. Quelqu’un qui pourrait aider les autres…

Il n’eut pas le temps de se perdre davantage dans ces pensées qu’une ombre passa juste à côté de lui et vint s’abattre sur ses assaillants, les faisant tomber un à un. La vision de Laurence s’était troublée, il ne se sentait vraiment pas bien. Il n’arrivait à discerner dans la semi-obscurité qu’une forme noire avec une grande lame argentée. Serait-ce l’un démon de la mort inférieur, venu le chercher ?  Ou bien… ?

Sa vision se troubla encore plus et il n’entendait presque plus rien plus. Il tomba au sol et ferma les yeux quelques secondes. Il lui semblait vaguement discerner une voix, mais elle semblait si lointaine. Elle avait un ton inquiet et devenait de plus en plus forte. “Laurence ! Laurence !!! Laurence par pitié réveille-toi !” C’est alors qu’il se rendit compte qu’il connaissait cette voix.

Il rouvrit les yeux et après quelques secondes d’adaptation il parvient à reconnaître la figure devant lui. C’était Gehrman. Il lui répondit d’une faible voix. “Gehrman… on a été attaqué... qu'est-ce que…”

Il lui répondit sur un ton un peu paniqué. “Oui je sais ! Avant que vous ne reveniez on a été surpris par des Pthumériens ! J’ai dû emmener les autres… Oh je suis désolé !” Il remit son ami sur pieds avant de demander plus calmement.  “Est ce que ça va ?”

“Euh ouais je crois que ça va un peu mieux… ” Il en profita pour sortir un petit bandage. Il ne suffirait à couvrir l’intégralité de sa blessure mais c’était mieux que rien.

“Tu es sûr ?! Et ton bras ?!”

“Oh ça ? C’est qu’une blessure superficielle, c’est vraiment rien. N’empêche ça, couplé au stress ça m’a bien fait perdre l’équilibre…”

“J’étais partis vous chercher en voyant que l’un des veilleurs avait fait demi-tour ! Oh je suis vraiment navré Laurence…”

“Non, tant fait pas, tu as bien fait d’emmener les autres en sécurité. Tout le monde va bien ?”

“Certains sont un peu blessés mais rien de grave.”

Laurence fut rassuré d’apprendre que les autres élèves et professeurs n'étaient pas gravement blessés ou pire… Byrgenwerth n’avait pas besoin d’avoir encore ce genre de problèmes. Après quelques secondes de réflexion, il s'écria d’un coup. “Oh par pitié dis-moi que Caryll va bien !?”

Gehrman le rassura. "Oui ça à l’air d’aller, je l’ai croisée et je lui ai indiqué la direction à prendre, tu n’étais pas là alors j’ai continué.” Il l’aida ensuite à mettre le bandage comme il le pouvait.

Le jeune professeur fut soulagé. Maintenant il fallait qu’ils sortent d’ici au plus vite. “Il te reste des balles ?”

"Quelques-unes.”

“Donne-moi celle en argent ou en mercure…elles sont plus efficaces contre eux."

“Les normales ne leur font pas grand-chose de toute façon… tiens c’est tout ce qu'il me reste.” Son ami les prix et commença à recharger son arme. 

“Dis-moi Gehrman, est-ce que tu as entendu… un truc inhabituel ? Comme hm… une sorte de cloche ?”

“Ah j’ai pas rêvé alors… oui juste avant qu’ils arrivent j’ai cru entendre un très faible carillon. Je crains fort que ça vienne de bien plus loin dans les galeries, ou même de l’étage inférieur…”

“Dans tous les cas ça n'annonce rien de bon.” 

 “En effet…” 

Ils se mirent à remonter rapidement en direction de la surface quand Gehrman se stoppa et indiqua à Laurence de ne pas faire de bruit. Des pas de course et des grognements résonnaient derrière eux. Rien à voir avec les gémissements habituels des veilleurs. “Oh c’est pas vrai…” “Oh non…” 

C'était une bête, une sorte de grand loup mais avec une morphologie proche d’un être humain. Les prospecteurs n’en avait croisé que très peu pour l’instant, elles étaient extrêmement rapides et agressives. Les deux hommes pouvaient l'entendre se rapprocher de plus en plus.

Gehrman chuchota. “Laurence, je peux compter sur toi pour le distraire et lui tirer dessus le moment venu ?” Il acquiesça par un hochement de tête.

Les yeux de la créature apparurent dans le noir, elle s’approcha lentement en grognant. Gehrman marcha doucement vers elle, arme à la main. Arrivé à peine à quelques pas de la bête, celle-ci se releva sur ses pattes arrière, prête à attaquer. Gehrman évita ses griffes acérées puis lui asséna plusieurs coups, il parvint ensuite à passer derrière elle et Laurence pu lui tirer dessus.

La créature n’était pas en position de force, elle regardait de chaque côté en grondant. Le gardien allait à nouveau l'attaquer quand Laurence remarqua une grande ombre derrière son ami. La seconde d’après il reconnut deux yeux brillants qui ne pouvaient appartenir qu'à une seule chose… une autre bête.

Laurence essaya de l’avertir comme il put. "Gehrman attention ! “ Celui-ci venait de remarquer lui aussi ce qui se trouvait juste dans son dos. Il tenta de l’esquiver mais il était trop tard, il n’était pas assez rapide. Les griffes de la bête s'abattirent sur lui et vinrent le plaquer au sol. 

Il l’a repoussa comme il put et par chance elle décida de s’en prendre à sa “jambe droite”. Certaines de ses griffes s’étaient plantées dans sa cuisse mais sa mâchoire semblait plus intéressée par ce qui lui servait de “pieds”.  “Pauvre idiot… c’est pas une vrai jambe !” Il parvint à lui porter un coup au visage ce qui fit reculer la créature.

Cependant, l’autre bête prit le relais et se jeta sur lui. Là, une forte douleur et sensation de chaleur envahit sa poitrine, les dents du monstre s'étaient refermées sur son torse et certaines de ses griffes étaient en train de déchirer aussi bien ses couches de vêtements que sa peau. Il ne put retenir un cri de douleur. Pour empirer les choses l’autre créature vint se joindre à l’attaque et ses crocs s'enfoncèrent aussi dans sa chair. 

Laurence était horrifié. La situation avait dégénéré bien trop rapidement, il devait réagir et vite. Il tira une rafale de balles en direction des créatures tout en faisant attention de ne pas toucher son ami à terre. La première lâcha prise et se retourna vers lui les dents ensanglantées. 

Il se concentra ensuite pour atteindre l’autre bête en pleine tête. Elle lâcha Gehrman en émettant un puissant grognement. Celui-ci parvint à rassembler la force qui lui restait pour récupérer sa torche et asséner un violent coup au visage de la créature, tout en restant au sol. Elle hurla encore plus fort puis disparut dans l’obscurité.

La première bête s’approcha maintenant du jeune professeur, il tenta de lui tirer à nouveau dessus mais il n’avait plus de balles. Il jeta alors son arme sur celle-ci mais cela n’eut pas grand effet, il essaya donc d’utiliser sa torche mais elle l’attrapa et la brisa en deux. Elle allait l’atteindre lorsqu’il sortit un scalpel et lui planta le plus fort possible dans la joue.

Cela sembla l'enrager encore plus. Elle se jeta sur lui mais ne put qu'à peine l'effleurer car elle fut stoppée nette par la lame du géant qui était enfoncé dans son flanc. Le coup avait été tellement fort que le bout de la larme avait cédé. La bête s'écroula au sol.

Gehrman se tenait maintenant en face de Laurence, serrant sa poitrine en sang et tremblant. Laurence enjamba le corps du monstre et vint rattraper son ami qui était sur le point de s'effondrer. Il s’assura qu’il était stabilisé avant de s’écrier. “Gehrman tu vas bien ?! “Est-ce que tu penses pouvoir marcher ?” 

Il répondit d’une faible voix en grimaçant de douleur. "Ça devrait aller…Si tu m’aides je devrais pouvoir… et toi ça va ?”

“C’est toi qui me demande ça ?! Bon allez, ne perdons pas de temps.” Il prit son bras gauche et le passa au-dessus de son épaule, il mit aussi son bras autour de son ami afin de le maintenir debout. 

En plus de Gehrman qui titubait, la différence de taille n’avantageait certainement pas la situation. Ils auraient tous les deux voulu aller plus vite et sortir le plus rapidement d’ici mais Gehrman perdait beaucoup de sang, beaucoup trop pour ne pas s’inquiéter. Dans leur sillage, une constellation de gouttes écarlates parsemait la pierre. A certains endroits, il s'agissait même de fins filets qui ruisselaient.

L'inquiétude de Laurence grandit de plus en plus. Avec les nombreuses connaissances en médecine qu’il possédait il ne pouvait pas rester serein. Il avait besoin que son ami reste conscient et continue à avancer. “T’inquiètes pas on y est presque. Tu verras on va te remettre sur pieds très vite, t’as presque rien…”

Gehrman remarqua bien l’anxiété grandissante de son ami, il n’était pas idiot et savait bien que ces blessures étaient sévères. “Laurence…j’aimerais te remercier toi et les autres… si je devais…”

Laurence le coupa. “Ne dis pas de bêtises ! On va te soigner et ça ira mieux !” Après une courte pause, il prit une voix plus calme. "Oui je sais… mais économise tes forces d’accord ?” Il acquiesça de la tête.

Laurence ne pouvait pas supporter une telle idée. Depuis qu’ils étaient devenus amis il y de cela plusieurs années ils avaient toujours été là l’un pour l’autre. Il avait même l’impression que Gehrman le considérait parfois comme une sorte de frère de substitution. Ils avaient tous les deux perdu leur famille à la suite de la dernière grande épidémie après tout…

 

woods/Byrgen

 

Après une longue et contraignante remontée, ils atteignirent enfin la surface, la nuit était tombée et la lune pâle brillait au travers des arbres. Le silence était pesant, aucuns des autres élèves ou professeurs n’étaient là, ils avaient sûrement trouvé refuge à l’université et devaient être en train d’être soignés. Il n’y avait personne pour les attendre ou leur venir en aide. À moins que… ?

Quelques secondes plus tard, des bruits de course venant dans leur direction résonnaient sur le sol de la forêt. Les deux hommes commencèrent à grandir anxieux, mais leur crainte fut vite dissipée quand ils aperçurent la lumière d’une lanterne se rapprocher à toute vitesse d’eux.

Une voix retentit. “Gehrman ? Laurence ?! Oh que les grands soient bénis, vous allez bien !” L’homme se rapprocha d’eux, les éclairant complètement et s’arrêta net. Il les observa quelques secondes avant de s'écrier. “Par Odéon qu’est-ce qui vous est arrivé ?!” Il venait de remarquer que les deux étaient en sang. 

Laurence put enfin mieux discerner leur interlocuteur, il s’agissait de Patches l’un des concierges de l’école. “Patches, écoute-moi, il faut que tu ailles chercher de l’aide le plus vite possible !” 

“Mais…” 

“Il faut transporter Gehrman de toute urgence !” Celui-ci grimaçait de douleur et essayait de garder les yeux ouverts le plus possible. 

“Oui bien sûr, ne bougez pas ! Les autres doivent déjà être en route je vais les chercher !” Il repartit en courant encore plus vite qu’il était venu. Sa réputation le précédait. Laurence déposa Gehrman au sol et essaya de contenir les saignements comme il le pouvait, on pouvait voir que le gardien s’affaiblissait de plus en plus.

Quelques minutes plus tard, Laurence entendit le tintement d’un trousseau de clefs, devenant de plus en plus fort. Il ne connaissait qu’une personne avec autant de clefs sur lui, Liam. Bien qu’il soit le principal gardien de l'entrée, il possédait aussi presque toutes les clefs du campus. La façon dont il semblait toujours savoir laquelle utiliser était impressionnante, il apparut tenant une lanterne. Dores était à ses côtés et Patches était juste derrière eux. 

Ils aidèrent Laurence tout en lui demandant de leur expliquer la situation. Il décrit rapidement ce qu'il s’était passé car l’urgence se faisait de plus en plus sentir. Dores et Liam s’adressèrent ensuite à Gehrman afin d’évaluer son état. Dores lui fit une petite tape amicale sur l’épaule en lui demandant si ça allait aller. Celui-ci sourit faiblement avant d’ajouter qu’il ne se sentait pas très bien. Ils étaient maintenant bien plus inquiets et semblaient comprendre que la situation était très grave.

Laurence leur demande de l’emmener le plus vite possible à maître Willem, il saurait certainement quoi faire. Ils acquiescèrent et se mirent de chaque côté de leur ami afin de le porter. Juste avant de détaler ils demandèrent à Patches de rester avec Laurence, ces deux derniers essayèrent de les suivre mais ils disparurent dans l’obscurité.

Pendant qu’il marchait d’un pas très rapide, le jeune professeur lui demanda si tous les autres étaient en sécurité. Il lui confirma que d’après ce qu'il avait entendu, tout le monde semblait être présent. Il demanda aussi si Caryll était bien avec les autres. Patches ne savait pas trop quoi répondre, il connaissait très peu les noms des élèves, mais après que Laurence lui en ai fait la description il put lui confirmer que le jeune élève était bien en train de se faire soigner. Cela retira un léger poids des épaules de Laurence.

Cependant, il ne pouvait contenir son anxiété grandissante. Gehrman était vraiment mal en point et perdait encore beaucoup de sang. Ils n’avaient plus vraiment de poches de sang ordinaires pour soigner les hémorragies, en revanche ils avaient du sang ancien… Il considéra d’abord l’idée grandement, se disant que c’était peut-être c’était la meilleure chose à faire et que maître Willem aurait la même idée si son état continuait de s'aggraver. 

Après tout, les essais faits avec celui-ci s'étaient avérés plutôt concluants… à un certain degré du moins. Cette substance miraculeuse laissée par les Pthumériens (et les grands) avait des propriétés de guérison extraordinaire. Mais, il devait être injecté sous une forme bien plus raffinée que celle retrouvée dans le labyrinthe et en petites quantités pour espérer en admirer le potentiel. Brut, il pouvait causer une importante sensation de brûlure et provoquer des effets secondaires proches d’un empoisonnement. Il pouvait également provoquer de fortes hallucinations.

Les petites quantités étaient bien plus supportables mais ne guérissait pas complètement non plus. Avec de plus grosses quantités, les sujets semblaient guérirent de leur maladies ou blessures initiales mais subissaient par la suite les graves effets secondaires. Leur organisme n’arrivait tout simplement pas à assimiler le sang. C’est pour cela qu'aucune “importante” transfusion réalisée jusqu'à aujourd'hui n'avait fonctionné et tous les sujets en étaient décédés dans les heures qui suivirent. Les pauvres étaient tous très faibles depuis un moment et étaient sur le point de mourir. Mais Gehrman était en fort et plutôt en bonne santé, peut être que cette fois serait la bonne s’ils devaient en arriver jusque-là…

Certains chercheurs dont Laurence faisaient partie, travaillaient à élaborer une formule plus efficace avec des effets secondaires réduits et la plus supportable possible. Pour l’instant ils pataugeaient tests après tests…  Ils leur manquaient plusieurs éléments et beaucoup pensaient qu’ils trouveraient des réponses en expérimentant d’avantages ou en descendant plus profondément dans le labyrinthe. Choses impossibles fautes dues au moyens budgétaires et humains réduits.

Finalement, il fallait peut-être être complètement désespéré pour utiliser cette méthode. Avec de la chance ils refermeront juste ses blessures et tout ira bien.

Laurence n’eut pas le temps de se torturer l’esprit d'avantage qu’ils atteignirent enfin l’un des bâtiments principaux, celui avec tout le secteur médical. Il entra à toute allure laissant Patches derrière lui et se dirigea vers les salles d’opérations. Du coin de l'œil il eut juste le temps d’apercevoir les autres élèves, dont Caryll et les professeurs qui étaient pris en charge par le personnel médical, il irait les voir plus tard. 

A côté de l’une des portes, il vit Dores et Liam assis sur un banc, ils avaient tous les deux l’air anxieux. Liam avait l’une de ses mains sur l’épaule de Dores qui semblait abattue, ils chuchotaient à voix basse. Ils aperçurent Laurence et l'invitèrent à entrer. Là, plusieurs médecins et Willem étaient autour de Gehrman et essayaient tant bien que mal de recoudre ses blessures tout en lui injectant des anti-douleurs.

Willem s’approcha de Laurence et demanda à l’un de ses assistants de s’occuper de son bras blessé. Il commença à protester que ce n’était pas urgent mais Willem lui rappela que s’il voulait aider il devait d’abord être soigné. Il se contenta donc de re expliquer brièvement ce qu’il s'était produit pendant qu’un bandage propre lui était mis.

L’état de Gehrman s’était empiré, il saignait encore et commençait à cracher du sang, il semblait lutter pour rester éveillé. Maître Willem était très pensif, inquiet même. Laurence se demandait s'il pensait à la même chose que lui. Ils semblaient dans une impasse de toute manière… Il se tourna donc vers son illustre professeur lui demandant ce qu'il comptait faire. Celui-ci lui expliqua que Gehrman allait mourir s’ils ne faisaient rien rapidement. 

L'idée d’une transfusion était peut-être la meilleure chose à faire finalement. Il demanda à Laurence ce qu'il en pensait. Il hésita grandement mais dû se résoudre qu’au vu de la situation qui s'aggravait de minutes en minutes c’était la dernière chose qu’ils pouvaient faire. Il commencèrent donc à préparer la procédure et Laurence installa lui-même le cathéter. 

Willem posa une main sur l’épaule de Gehrman et parla le plus distinctement possible. “Gehrman il faut que tu m’écoutes attentivement d’accord ?” Il répondit par un faible hochement de tête. “On va te faire une transfusion de sang ancien.”

Il répondit avec une voix faible. “Mais maître Willem…” Il savait que les expériences avec le sang ancien étaient encore cours et que pour l’instant aucune transfusion de cette ampleur n’avait encore fonctionné.

Laurence vint se placer juste à côté du Provost. Il n’était pas serein mais tenta de rassurer son ami comme il le pouvait. "Ça va aller Gehrman, juste détend toi, ça va bien se passer. On est tous avec toi, on ne va pas te laisser...”

Willem continua. “Il va falloir que tu sois fort. Je sais que tu en es capable. Tu risques de voir des choses… des créatures qui ne sont pas réelles… tu dois les combattre, tu ne dois pas en avoir peur ! Ne t’enfonce pas vers les ténèbres, va vers la lumière si tu en vois une, d’accord ?” Les hallucinations pouvaient être dans certains cas assez sévères et affaiblissent nettement les patients, Willem ne voulait pas encore perdre un membre de Byrgenwerth, encore moins Gehrman. 

“Laurence… maître Willem… si ça marche pas… s’il vous plaît… me laisser pas agoniser pendant des heures…” Les deux échangèrent un regard avant de lui répondre par l’affirmative. Il lui injectèrent ensuite le sang tandis que les médecins le maintinrent sur la table.

Tous ses muscles étaient en train de se contracter et il avait l’impression de brûler de l'intérieur. Sa vision était en train de se troubler et il n’arrivait plus à comprendre ce que les érudits disaient. Il eut juste le temps d’apercevoir Laurence en train de prier et une étrange ombre derrière lui, elle ressemblait aux bêtes qui les avaient attaqués. Il ne put en voir davantage, la seconde d’après il sombra dans l’obscurité...

Chapter 3: Chasseur

Notes:

Originalement le chapitre 2 & 3 était prévu comme un seul et même chapitre mais je me suis rendue compte que 9000 mots c'était un peut trop long, alors je l'ai séparé les deux x)

Au final ça m'arrangeait bien aussi. Encore désolé pour l'attente, je me battait contre mes exams de fin d'année. Bonne lecture !

(See the end of the chapter for more notes.)

Chapter Text

Quand Gehrman rouvrit les yeux, la pièce était plongée dans le noir. Il n’y avait plus personne et plus aucun bruit. Il tenta de bouger mais il parvint à peine à tourner la tête. Il était incapable de déplacer le reste de son corps, tous ses membres semblaient engourdis. Malgré sa vision encore trouble il pouvait comprendre que quelque chose n’était pas normal, le sol semblait étrange…

Sa vision devint plus nette et il vit que le plancher était couvert de sang, le volume semblait augmenter petit à petit. C’est alors qu’une créature émergea de l’épaisse substance rougeâtre. On aurait dit l’une des bêtes qui l’avait attaquée, mais à la place d’une épaisse fourrure il n’y avait qu’une peau écorchée et recouverte de sang. Elle se rapprocha de Gehrman, lentement, très lentement.

Celui-ci était toujours incapable de faire quoique ce soit, c’était comme s’il était simple spectateur. Alors que les griffes étincelantes et sanglantes de la créature allait l’atteindre, elles s’arrêtèrent brusquement, juste à quelques centimètres de son visage. Le monstre semblait s’être pris une attaque juste avant de pouvoir le toucher, comme si une lame était venue lui trancher la nuque. La bête hurla, prit soudainement feu puis s’effondra au sol avant de disparaître.

Gehrman, était assez stupéfié par ce qu’il venait d’observer, encore dans l’incapacité de se mouvoir. Dans la pénombre, quelque chose se mit à briller faiblement tout autour de lui. De petites paires de mains apparurent, suivis des petites créatures auxquelles elles appartenaient. Très pâles, squelettiques et au visage déformé. Bien qu’ils semblaient partager quelques similitudes physiques avec les veilleurs du labyrinthe, ils n’exprimaient pas une once d'agressivité et avaient l’air inoffensifs. Ils se contentaient de le saluer ou de juste s’accrocher à lui.

Il lui semblait avoir déjà vu ces petits êtres quelque part… mais où ? Il n’eut pas le temps d’y réfléchir d’avantages que des dizaines d’entre eux le submergèrent et il fut de nouveau accueilli par l’obscurité. Ou presque… 

Une image se dévoila dans le noir, il s’agissait de la rune observée plus tôt dans le labyrinthe, celle du “pendu”. C’était la seule chose qui avait l’air d’exister dans cet étrange espace noir et infini.

Au bout de ce qui lui sembla une éternité, du sang se mit à couler de la rune et des étoiles apparurent tout autour d’elle. Une lumière vive prit ensuite leur place. C’était la Lune. Le disque lunaire était gigantesque, pâle, et brillant. Sa présence était pesante. Après un moment, elle disparut dans l’obscurité et les ténèbres l’accueillirent de nouveau. 

S’il avait fait un autre rêve après celui-ci, il n’en retint aucuns clairs souvenirs. De toute manière cet étrange cauchemar amalgamé était tellement indescriptible qu’il rendrait s’en doute fou. La dernière chose dont il se souvint était la Lune et la rune gravée à jamais dans son esprit…

 

Hunter mark

 


 

Gehrman se réveilla enfin, la pièce était sombre mais un fin filet de lumière doré passait au travers des volets, indiquant qu’il faisait jour. Il parvient à se redresser brusquement, il n'était plus dans la salle d’opération. Il regarda de chaque côté paniqué avant de se rendre compte qu’il était dans une des salles de soin. Il était seul, ses vêtements avaient été changés et sa prothèse retirée.

Il avait encore de nombreux bandages sur le torse mais seulement de légères douleurs. A sa surprise, il parvint à se mettre debout. En équilibre sur une jambe il devrait pouvoir s'en sortir mais il attrapa quand même une béquille qui se trouvait poser contre le mur à côté de son lit.

Il avait l’impression d’être presque revenu plus d’une décennie en arrière, au lendemain de sa toute première opération. Celle où on lui avait amputé la jambe, à cause de son tibia rongé par la maladie. Au moins cette fois, il avait bien moins mal et arrivait maintenant à se déplacer bien plus facilement.

Il mit de côté ces mauvais souvenirs et ouvrit la porte, il devait à tout prix trouver les autres, leur dire qu’il allait bien et savoir s’il en était de même pour eux. Ils devaient aussi régler son compte à cette horrible bête qui rodait encore dans les catacombes.

Les couloirs étaient bien calmes, pas une personne à l’horizon. Bizarre, il fait jour non ? Serait-ce le weekend ? Même en fin de semaine il est censé y avoir toujours du monde pourtant…Il avait un peu perdu notion du temps et n’était pas sûr combien de jours il avait pu passer à dormir. Une seule nuit pour se rétablir aussi efficacement lui semblait vraiment trop peu. Si c’était le cas, le sang ancien était vraiment un présent divin, être enfin en mesure d’observer son plein potentiel était tout simplement incroyable si ce n’est terrifiant.

Le bâtiment était immense et il n’avait pas souvent l’habitude d’y aller. Il espérait juste ne pas tourner en rond trop longtemps et trouver quelqu’un rapidement. Au détour d’un couloir, il aperçut enfin une personne, l’homme semblait en train de passer la serpillère. Gehrman commença à s’approcher de lui et le bruit de la béquille capta son attention.

Il arrêta ce qu'il était en train de faire puis le fixa de longues secondes complètement stupéfait, comme s’il avait vu quelque chose d’assez inattendu. Il se précipita ensuite vers Gehrman, il faillit le bousculer mais s’arrêta juste devant lui avant de s’écrier. “Gehrman, mon ami ! Tu ne peux pas savoir à quel point je suis heureux de te revoir ! Mais… tu es déjà debout ??”

“Oh…salut Patches…” Il ne pensait vraiment pas que de toutes les personnes possibles de croisées ici, Patches serait le premier qu’il verrait après avoir frôler d’aussi prêt la mort. Il l’avait rencontré bien avant qu’il ne rejoigne Byrgenwerth et on ne peut pas dire qu’il fut très enthousiaste quand celui-ci se pointa quelques années plus tard… Quoiqu’il en soit, il pourrait sûrement réussir à obtenir quelques informations de sa part afin de retrouver les autres plus facilement.

“Je n’arrive pas à croire que tu sois de retour parmi nous ! Tout le monde à bien cru que tu ne te réveillerais jamais…” 

“Ah oui ?” Comment ça ?

“Oui ! Ils pensaient tous que tu étais perdu pour de bon…qu’il en était fini de notre faucheur préféré… mais moi je savais que tu reviendrai !”

Gehrman était interloqué, comment les autres pouvaient-ils déjà le considérer comme presque mort ?  A moins que Patches n’en fasse juste un peu trop, comme à son habitude. Il ne serait pas surpris si c’était le cas. Le fait qu’il essayait de le brosser dans le sens du poil ne le rassurait pas non plus et cachait potentiellement quelque chose. Avait-il essayé de lui voler quelque chose pendant son absence ? Si les autres le considéraient presque mort… Il réglerait ce problème plus tard, il y avait bien plus pressant. “Euh merci…mais dis-moi où sont les autres ? Est-ce qu’ils vont bien ?

L’homme leva un sourcil. “ Euh c'est-à-dire ? ”

“Bah les autres blessées ils ne devraient pas être là aussi ? Après ce qu'il s’est passé… Et d’habitude ne devrait-il pas avoir un peu plus de monde traînant près des salles de soin ?”

Patches sembla pris au dépourvu par sa question. "Eh bien…ça fait un moment qu’ils ne sont plus en soin et Byrgenwerth tourne au ralenti depuis l’incident. Y’a bien Laurence qui passe te voir… mais dans cette aile en tout cas y’a plus grand monde.”

“Que veux-tu dire ?”

"Ah oui tu ne peux pas être au courant… Après que le Provost a interdit que quiconque ne retourne dans les souterrains, à part Dores et Liam, des cours ont été annulés et beaucoup sont rentrés chez eux en attendant. Les nouvelles vont vite et l'administration à pas mal de problèmes à gérer.”

Gehrman était de plus en plus confus. "Attends Patches, ça fait combien de temps depuis l’attaque dans le labyrinthe ?!”

Il se figea, il détourna le regard puis commença à essayer de compter mentalement. “Oh et bien euh… ça fait un petit moment en fait… Tu… tu ne veux pas voir ça plus tard ?” Gehrman le foudroya du regard, Patches déglutit puis continua son explication. “Tu sais comment je suis ? Un peu tête en l’air… je ne suis pas complètement sûr mais euh… ça fait presque 2 semaines il me semble…Une douzaine de jours peut-être ?”

Quoi… presque 2 semaines ?! Gehrman n’en revenait pas, avait-il vraiment passé autant de temps dans le coma ? L’étrange discours de Patches faisait bien plus sens à présent, tout comme sa surprise de le voir debout. Ça expliquait aussi pourquoi certains pensaient qu’il ne se réveillerait jamais... “Patches, il faut que j'aille voir les autres. Tout de suite.”

“WOAH, oula, tu restes ou tu es, d’accord ?! Ils vont me tuer s’il t’arrives un truc !

Je vais aller chercher Laurence, je crois qu’il a cours pas loin, ne bouge pas d’accord ?” Il s’empressa de partir, laissant toutes ces affaires derrière lui ainsi que Gehrman qui se retrouva à nouveau seul dans le couloir silencieux. 

Malgré les recommandations de ce cher Patches il n'allait pas rester là les bras croisés à attendre. Maître Willem, Laurence et tous les autres devaient être morts d'inquiétude si ce n’est désespérés de ne pas le voir se réveiller. Il ne voulait pas les faire attendre plus longtemps…

 


 

 En cette matinée Laurence donnait effectivement un cours de physiologie dans une petite salle du rez-de-chaussée, l’un des premiers depuis la terrible mésaventure dans le labyrinthe. Son bras avait cicatrisé et il avait terriblement besoin de faire quelque chose d’autre que d’errer sans but dans les couloirs de l’université.

Néanmoins, il avait toujours la tête ailleurs et ne semblait pas très concentré. C'est sans doute pour cela qu’il supervisait plus un exercice sur feuille que les quelques élèves qui avaient bien voulu se présenter étaient en train de faire à leur rythme. Il avait trop la tête ailleurs pour être concentré sur un grand cours magistral et les élèves n’y auraient sans doute pas prêter grande attention.

Des petits coups sur la porte de la salle de classe le sortirent de sa rêverie. La porte s'entrouvrit et une tête dépassa à peine de l'entrebâillure, attendant l’approbation de Laurence, celui-ci fut un peu surpris mais surtout ennuyé en voyant de qui il s’agissait. “Qui a-t-il Patches ?”

“Je dois te faire part de quelque chose de toute urgence !” Il s’était redressé, avait une main dans le dos et attendait dans l’encadrement de la porte.

“Et ça peut pas-” 

“Non.”

“Je reviens dans deux minutes…” souffla Laurence à ses élèves avant de sortir et de fermer la porte derrière lui. “J’espère que c’est important Patches, je suis en plein milieu d’un cours si tu n’avais pas remarqué… !”

“Gehrman est réveillé."

“QUOI ?!” Les élèves avaient dû sûrement entendre cette puissante injonction depuis la salle de classe.

“Ouais je sais c’est fou ! Il m’a bien fallu quelques secondes pour m’assurer que je n’étais pas en train d'halluciner ou que ce n’était pas un spectre ! Il était en train de sauter sur une jambe, prêt des salles de soins. A moins qu’il ait croisé quelqu’un d'autre, nous sommes les seuls au courant.”

Laurence était sidéré. “Attends mais il est déjà debout ?! Mais…Et il est où là ?!” 

“Ba normalement au même endroit où je l’ai laissé… pas loin des salles de soins-”

Il eut à peine le temps de finir sa phrase que Laurence commençait déjà à partir dans cette direction. Patches l'interrompit, “Mais et ton cours ?!” Laurence s’arrêta, fit demi-tour, rouvrit la porte et s’adressa aux élèves, “J’ai une urgence, je dois y aller immédiatement, finissez votre exercice et vous êtes libres de partir. Surveille-les en attendant Patches.” Il partit ensuite en courant et disparut en à peine quelques instants.

Il n’en revenait pas, Gehrman était réveillé, il avait l’air d’aller bien, c’était un vrai miracle. Il était encore un peu tôt pour le dire mais la transfusion semblait avoir été un véritable succès ! Ou alors les prières quotidiennes et les soins donnés chaque jour avaient peut-être fini par fonctionner. Il avait été tellement inquiet…

Après de longues minutes à chercher dans l’ensemble du bâtiment, Laurence le trouva enfin. Il sautait à cloche-pied, sous le regard effaré des quelques personnes qui le croisèrent, il semblait très déterminé à retrouver les autres.

Dès qu’ils se virent, ils foncèrent l’un vers l’autre et faillirent tomber sous la force de leur étreinte.

“Je suis content que tu ailles bien Gehrman…j’ai bien cru que…

“Moi aussi Laurence… je suis content que n’es rien…”

Laurence vérifia l’état de son ami avant de l’amener à maître Willem. Celui-ci semblait presque parfaitement remis, néanmoins ils se déplacèrent lentement pour éviter toutes complications. Laurence profita de ce temps pour lui expliquer ce qu'il avait manqué (et que Patches avait déjà commencé à lui expliquer). 

Plus personne n’avait le droit d’aller dans les catacombes ou le labyrinthe pour l’instant, hormis Dores et Liam que Willem avait déjà envoyé plusieurs fois afin de comprendre comment les Pthumériens et les monstres les avaient surpris de la sorte. Willem les avait même accompagnés une fois. Les deux gardiens y étaient également aujourd’hui et devraient revenir un peu plus tard.

De nombreux cours avaient également été annulés afin de gérer l’urgence générale. Les choses commençaient à peine à se calmer. Gehrman lui demanda ensuite si tous ceux qui avaient été présents dans le labyrinthe allaient bien. Dans l’ensemble, ils s’étaient tous plutôt bien remis et seulement de simples égratignures subsistèrent. Ils étaient tous dispensés de cours ou autres activités pendant quelques semaines mais devraient reprendre d’ici peu de temps, sauf un... 

A ce moment-là ils arrivèrent au bureau du Provost. Il n’était pas présent mais une autre personne semblait également attendre son retour. Il s’agissait de Caryll. Le jeune élève mit quelques secondes à remarquer leur présence et fut ravi de voir que Gehrman s’était enfin réveillé. Lui aussi fut très soulagé de savoir que Caryll avait pu quitter les catacombes sans encombre et semblait bien se porter malgré son petit bandage au visage.

Caryll le rassura en lui disant que sa blessure ne lui faisait presque plus mal, mais Laurence expliqua un peu plus tard à Gehrman que cette expérience avait profondément troublé le jeune élève. Durant la première semaine qui suivit l'accident, Caryll avait fait de très violentes crises de panique et des rêves très étranges qui semblaient lui avoir données une grande compréhension des arcanes Pthumériennes. 

Son état s'était amélioré depuis, néanmoins maître Willem préconisait le repos, d’attendre et d’observer, ce qui malheureusement pour notre jeune étudiant le dispensait de cours probablement jusqu'à la fin de l’année scolaire. Laurence et le Provost l’avait rassuré vis-à-vis de ça, lui expliquant qu’ils prendraient tout en charge et que de toute manière quelques sessions de cours en plus n'était pas bien dérangeant dans le monde de la recherche. Ce temps de repos serait peut-être même bénéfique à Caryll au vu de son jeune âge. 

Gehrman leur expliqua ensuite que lui aussi avait fait un étrange rêve après sa transfusion. Il voulait attendre le Provost pour le raconter en détail, c’est alors qu’il se souvint qu’il avait bel et bien déjà vu les étranges petits êtres pâles de son rêve. De petites statues à leur effigie étaient disséminées dans tous Byrgenwerth et le bureau de Willem. Elles avaient été ramenées des souterrains, et représentaient des sortes de messagers divins. 

Il mentionna néanmoins quelques détails ainsi que l’étrange rune qu’ils avaient observé dans le labyrinthe et qui était réapparu dans son rêve. A cela Laurence prit la parole. “Oh et bien en parlant de la rune… il semblerait que Caryll soit parvenu à déchiffrer sa signification.”

“Vraiment ?”

“Oui, même maître Willem n’en reviens toujours pas…"

L’élève hocha la tête avant de s’expliquer. “Oui, je l’ai également revu dans mes rêves et après y avoir réfléchi je pense peut-être avoir compris ce qu’elle signifie. Quand on était dans le labyrinthe, on en avait conclu que ça ressemblait à du sang qui s’écoulait d’un pendu, n’est-ce pas ? Il se trouve que Laurence nous a également expliqué que les chercheurs en avaient conclu qu’il s’agissait d’une sorte de “grade” donné à des guerriers Pthumériens. Donc ça me parait logique de penser que cette rune symbolise en fait l’action de faire couler du sang d’un pendu. En somme, quelqu'un effectuant un rituel et ayant pour mission de faire “couler” ou du moins, chargé de récupérer du sang. Peut-être une offrande pour les grands ?

Gehrman n’en revenait pas, c’était tout simplement incroyable que Caryll ait pu en conclure ça tout seul. En y réfléchissant, l’explication se tenait, elle était même très cohérente. Ce symbole avait été découvert depuis un moment déjà, mais personne n’avait eu encore d’idées aussi précises de ce qu’elle pouvait bien signifier. C’était stupéfiant comment Caryll semblait avoir décrypté avec autant de facilité sa signification. Comme si la compréhension de celle-ci lui était venue naturellement.

Laurence fixait maintenant Gehrman, comme pour faire comprendre à son ami à quel point la chose était impressionnante. Ils avaient tous été très surpris quand Caryll leur avait annoncé ça de manière très ordinaire, un matin. 

“Bon… et du coup vous lui avez enfin trouvé un nom à cette fameuse rune ?” leur demanda amicalement Gehrman.

Caryll lui répondit en premier. “Je crois qu’ils sont encore en train d’y réfléchir non ?”

Laurence enchaîna. “Oui, je pense qu’elle va être nommée à partir de cette fameuse fonction qu'exerçaient les Pthumériens porteurs de cette rune. Je crois que maître Willem les as appeler-”

“Les chasseurs.” Une voix l’interrompit, c’était celle de Willem qui venait d’arriver. “C’est ce qui me semblait convenir de mieux.” A ces côtés se trouvaient Dores et Liam, ils se jetèrent sur Gehrman dès qu’ils l'aperçurent.

Dores le prit dans ses bras et le souleva du sol. “T’es réveillé ! ” Gehrman poussa un souffle de surprise, elle avait une sacrée force.

“Dores, vas-y doucement il a eu des côtes cassées j'te rappelle.” lui dit Laurence sur un ton plus amusé qu’inquiet.

“Ah oui désolé…” Elle le reposa au sol plus délicatement.

"Comment tu vas mon grand ?” lui demanda Liam, le serrant à son tour dans ses bras avant de le relâcher. 

“Eh bah bizarrement ça va plutôt bien.”

Maître Willem prit ensuite la parole. “Dès que nous sommes rentrés, Patches nous est tombé dessus et nous a dit ce qu’il c’était passé.” Il s’avança vers Gehrman et posa une main sur son épaule.  “Tu es sûr que ça va ?”

“Oui je me sens bien… enfin j’ai l’impression du moins.”

Laurence ajouta. “J’ai vérifié rapidement et il a l'air effectivement très en forme. La transfusion à l’air d’avoir était un succès. Mais il a l’air d’avoir fait de très étranges rêves aussi…" 

Pendant que Willem réfléchissait, Gehrman remarqua également qu’au contraire ses deux amis semblaient très fatigués et Dores avait même une nouvelle cicatrice au visage. “Mais vous ça va ?! Dores, ton visage…”

“Oh ça ? Pff c’est juste une petite égratignure.”

“Tu sais comment est Dores depuis le temps…” souffla Liam discrètement.

“Oh tu peux dire toi…” lui répondit Dores un sourire au coin.

“C’est vrai que les descentes afin de sécuriser le labyrinthe ont été assez éprouvantes ces derniers temps.” ajouta le Provost. 

“Vous êtes allé avec eux aujourd’hui maître Willem ?” demanda Caryll.

“Oui, du moins juste le premier niveau… mais parle-moi donc de cet étrange rêve que tu as eu Gehrman.”

Ils s'assirent tous et Gehrman leur raconta en détails son étrange rêve : le monstre en sang, les messagers, la rune, la lune… tout ça était très intriguant et ils réfléchirent tous un moment à ce que cela pouvait bien signifier. Les transfusions pouvaient provoquer de violentes hallucinations, comme la bête sanglante qu’il avait aperçue, mais le reste ne correspondait à rien qui n’avaient été observé sur les précédents patients. Après ça les gardiens et le Provost lui racontèrent ce qu’eux avaient trouvé en redescendant dans le labyrinthe au cours des derniers jours.

“On n’a retrouver certains des corps laissés derrière vous mais il semblait en manqué d’après vos descriptions et on pas encore retrouver l’autre bête qui vous as attaquée… On suppose qu’ils sont tous descendus au second niveau.” commença Liam.

Dores continua. “Ouais, ceux qui vous ont attaqués semblaient venir de parties non explorer des catacombes. Ils auraient été appelés par des Pthumériens du 2e étage. C’est cette satanée cloche qui a l’air de les avoir appelés… elle n'arrêtait pas de sonner quand on y est allé, c’était insupportable !” Elle serra les dents.

“Mais comment ça se fait qu’on ne les aient pas repérés avant s’ils venaient des catacombes ?” demanda Gehrman.

C’est Laurence qui lui répondit. “L’hypothèse la plus probable est qu’ils venaient en réalité du second palier. Ils auraient trouvé un moyen de passer et seraient allés dans les galeries supérieures pendant que personne n’y était…” 

Willem acquiesça de la tête tandis que Caryll serra ses livres contre sa poitrine. Le Provost et Laurence rassurèrent le jeune élève qui ne craignait plus rien ici.

Une fois fait, Liam continua son explication. “Il y a beaucoup de veilleurs au deuxième niveau, bien plus qu’on ne le pensait. Ils nous ont donné beaucoup de mal… on a dû remonter sans avoir pu aller bien loin… Depuis on va juste faire un peu de reconnaissance au premier étage et dans le réseau de catacombes vers la surface afin de tout sécuriser.”

“C’est exact et vous n’irez pas plus loin pour le moment.” Prononça Willem. “C’est trop dangereux juste à vous deux et je ne veux perdre personne d’autres… Il faut trouver un moyen efficace de de sécuriser le premier niveau afin que ce genre d’incident ne se répète pas.”

“Mais, si j’y allait avec eux, on pourrait aller plus loin non ?” suggéra Gehrman.

“Gehrman, tu viens à peine de te réveiller…” souffla le jeune professeur.

“Oui je sais mais… je sais pas, j’ai comme un besoin d’y retourner…c’est étrange… et j’ai un compte à régler avec l’une de ses saloperies aussi.”

“Pour l’instant tu as besoin de repos et de toute manière je ne pense pas qu’on puisse explorer tous les futurs labyrinthes de cette manière. Il nous faudrait d’abord quelques moyens supplémentaires et plus de personnes aptes à affronter ce qui se terre dans les profondeurs du labyrinthe.” déclara le Provost.

“Mais maître Willem, vous pensez vraiment qu’on va pouvoir convaincre du monde ? Après ce qui s’est passé lors de l’expédition du premier étage, la ville de Yharnam n'a pas l’air de vouloir nous aider avec ça.” Expliqua Laurence sur un ton maussade.

“C’est exact, mais comme vous le savez notre visite annuelle à Cainhurst approche bientôt…”

“Eux ? Nous subventionner pour explorer le labyrinthe Pthumérien ? C’est bien les derniers qui le feraient…” souffla Liam. 

Dores semblait tout aussi enthousiaste. “C’est pas comme s'ils nous avaient été d’une grande aide la dernière fois en plus…”

“Oui et ça fait bien des années qu’ils n’envoient plus personne eux-mêmes pour explorer les ruines Pthumériennes aux quatre coins du globe.” Ajouta Gehrman.

Le Provost leur répondit calmement. “Vous avez raison, mais vous oubliez une chose. Grâce aux avancées et résultats concrets qu’on a enfin obtenu on aura peut-être gain de cause cette fois. Et même si on ne les convainc pas, il faut bien recruter de nouveaux étudiants. Dans tous les cas seul l’avenir nous le dira.”

Maître Willem avait raison. Si quelqu'un était tout aussi intéressé et intrigué par les Pthumériens que les scientifiques de Byrgenwerth, c’étaient bien les nobles du château de Cainhurst. Étant les descendants les plus proches de l’antique civilisation, ils avaient un grand intérêt pour celle-ci. De plus, il y avait de fortes chances que les nouveaux résultats avec le sang ancien les intéressent tout particulièrement. Enfin, comme chaque année, il fallait bien tenter d’obtenir de nouveaux financements pour les autres domaines de recherches ainsi que de recruter de nouveaux élèves. Les premières lettres de candidatures étaient même arrivées et se trouvaient être plutôt intéressantes…

Notes:

Et c'est comme ça que la fameuse rune et le premier chasseur sont nés ! :D

Bref prochain arrêt, le château de Cainhurst ! ; )

Chapter 4: Rencontre à Cainhurst

Summary:

Maître Willem et ses associés se rendent au château de Cainhurst pour obtenir de nouveaux financements et recruter de nouveaux élèves, afin d’explorer davantage le labyrinthe Pthumérien.

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

La petite diligence roulait depuis un moment quand elle s’arrêta nette au milieu de Yharnam. Laurence jeta un regard surpris à ses compagnons. 

"Ah les rues bondées de Yharnam le matin !" s’exclama Gehrman. "Bon ça ne devrait pas durer trop longtemps… normalement."

"Vous comprenez pourquoi je voulais qu’on parte tôt maintenant ?" Leur demanda Willem d'un air ennuyé. 

"Oui maître Willem", répondirent-ils à l'unisson tout en acquiesçant de la tête.

Laurence prit la parole. "J’espère que ça ne va pas prendre trop longtemps. On a une autre hippomobile à prendre à Hemwick après…"

"Au moins nous n’aurons pas à l’attendre, Cainhurst et leurs transports sont ponctuels eux au moins." répondit Willem tout en le regardant droit dans les yeux. Gehrman se contenta d’essayer de cacher un léger sourire avec sa main.

"Mes sincères excuses pour ce contretemps Maître Willem." Il jeta un regard noir à son ami. "Mais vous comprenez, nous allons à Cainhurst et comme vous nous l’avez demandé, je compte faire une bonne impression."

Tous les trois avaient revêtus leurs plus beaux habits pour l’occasion. Le Provost portait une ample robe blanche et bleue avec de nombreux motifs floraux. Laurence avait une tenue similaire mais beaucoup plus simple, une tenue plus proche des prêtres avec une couleur plus dorée qu’argentée. Ces cheveux bruns contrastaient bien avec cet habit clair. Quant à Gehrman, il arborait un élégant trois pièces sombre avec un haut de forme noire et une cravate rouge.

"J’espère bien… En parlant de bonnes manières je compte sur vous deux pour avoir une attitude exemplaire !"

"Bien évidement Maître Willem ! Vous savez que ce n'est pas notre genre, nous sommes ici pour faire bonne figure." lui répondit Laurence, tandis que Gehrman acquiesça d’un hochement de tête.

"Je suis en ne peut plus sérieux Laurence. Tu as toujours le don pour attirer un peu trop l'attention... Je compte sur toi pour faire bonne impression ! Je ne pourrais rien faire pour vous si vous énervez l’un des nobles."

"Oui je comprends..."

"Très bien." Il se tourna maintenant vers Gehrman. "Bon, je sais que tu te comporteras correctement toi aussi Gehrman, mais je dois quand même te prévenir d’une chose. Je doute fort que cela arrive mais je t’en conjure si jamais un des chevaliers te demande un duel amical…par les dieux ne cause pas un drame."

Celui-ci était plutôt surpris par cette déclaration. "Ce n’était pas dans mon intention ! De faire un duel ou quoique ce soit d’ailleurs…"

"Mais maître Willem si Gehrman vient avec nous c’est bien pour leur montrer les miracles du sang ancien et ses nouvelles facultés non ?" interrogea Laurence.

"Oui c’est en partie pour ça mais, avec de la chance ils lui demanderont juste de leur faire voir le maniement de quelques armes voir rien du tout. Mais on ne peut pas savoir avec eux… Je préfère prendre des précautions."

"Mais vous savez très bien que j’ai du mal à contrôler ma force et ma vitesse maintenant !" rétorqua Gehrman. "J’aimerais éviter de causer un drame et de n'affronter personne en premier lieu !"

Après sa transfusion, il s'est avéré que Gehrman avait énormément gagné en force, en vitesse, en agilité et en endurance. De quoi pouvoir affronter les monstres qui se terraient dans les souterrains Pthumeriens avec une facilité déconcertante et il lui fallait encore un peu de temps pour s’habituer à ses nouvelles capacités.

La diligence se remis enfin à bouger et Laurence essaya de reprendre la conversation sur un sujet plus léger "D’ailleurs Gehrman, je me demandais… D’habitude quand on va à Yharnam tu ne prends pas plutôt ton autre prothèse ?" Après une très courte pause il rajouta, "Celle-ci te va à merveille d’ailleurs !"

Il avait un simple pilon en métal doré en guise de prothèse. Très visible, avec le bas de son pantalon rentré dedans. En dehors de Byrgenwerth, Gehrman avait souvent l’habitude de porter une prothèse avec une morphologie bien plus proche d’un vrai pied. Une qu’il pouvait plus facilement dissimuler. Pas que ça ne le dérange lui ou ses proches mais parfois il préférait juste ne pas trop attirer l’attention.

"Eh bien tu sais, beaucoup d'anciens chevaliers de Cainhurst possédaient des prothèses."

"Oui, ils ont eu de nombreux vétérans de guerre."

"Exact, et il y a une légende selon laquelle il manquait une jambe à l’un des premiers chevaliers de Cainhurst. Tu sais celui avec la lance ?"

"Le même qui chevauchait un énorme cheval à allure de monstre ? Oui ça me revient." lui répondit son ami. Willem se contenta, lui, d’acquiescer de la tête.

Gehrman continua son explication. "Vois-tu à Cainhurst ce serait un très grand manque de respect, de dissimuler que j’aie une prothèse." Pour une fois, pensa-t-il. "Ceux qui en ont les mettent très en avant apparemment. C’est un honneur qui doit être respecté. Et bon vu qu'on ne va pas là-bas pour avoir des problèmes…

"Ah oui je comprends mieux, elle te va bien !"

Leur voiture allait bientôt arriver à Hemwick. C’est encore Laurence qui engagea la conversation mais en s’adressant cette fois à Willem. "Vous pensez réussir à les convaincre qu’ils nous apportent leur soutien ? Pour le labyrinthe je veux dire."

"Bah ce serait dommage de se déplacer pour rien." répondit sèchement Gehrman.

Le Provost enchaîna, "Je l’espère Laurence, ce ne sera pas évident, mais aujourd'hui, je pense que nous avons tous les atouts afin qu’ils nous apportent un peu plus leur support. Après tout, ce sont Cainhurst les spécialistes des souterrains Pthumériens ! Ils ont effectué et financé de nombreuses expéditions à travers le monde il y a longtemps, après tout."

"Oui c’est vrai, c’est principalement eux qui sont aller y combattre il y des siècles d’ailleurs. Mais, ça fait plusieurs décennies qu’ils ont arrêté d'y aller non ? Ils n'envoyaient pas plus des mercenaires d’ailleurs ?"

C’est Gehrman qui lui répondit en premier "C’est déjà un miracle qu’ils nous ont accompagné quand on a ouvert le labyrinthe … je crois que la dernière fois qu’ils ont eux-mêmes envoyé du monde c’était quoi… il y a quinze ans au moins ?"

"C’est exact, ils avaient envoyé des mercenaires à Loran. Très peu en sont revenus et à par nous envoyer quelques personnes pour superviser l’ouverture de labyrinthe ils n’ont jamais d’eux même re financé quoique ce soit après le décès de la reine… C’est une chance qui s’offre à nous aujourd’hui ne l’oublier pas." Précisa le Provost.

"Oh, les mercenaires à Loran… c’était un peu avant le début de l’épidémie du coup…" chuchota Laurence.

"Oui c’est exact." répondit sobrement Willem. La voiture était devenue très silencieuse. Ce n’était peut-être pas le moment pour se remémorer des souvenirs aussi douloureux. "Vous savez pourquoi nous sommes ici, nous aurons besoin de toute l’aide possible afin de retrouver les dieux anciens. Il nous faut plus de moyens et plus de personnes qualifiées. Je serais seul devant leur conseil mais je suis certain que votre présence à tous les deux m’aidera grandement d'une certaine manière." 

"Bien sûr Maître Willem ! C’est un grand honneur !" s’exclama Gehrman. 

"Après tout ce que vous avez fait pour nous c’est la moindre des choses ! C’est un grand honneur, oui." lui sourit Laurence.

Le fiacre s’arrêta à la gare d’Hemwick Charnel Lane. Ils descendirent et une seconde diligence les attendait déjà. Elle portait les armoiries de Cainhurst. Un blason de gueules aux deux bêtes d'or adossées, les queues entrelacées. La voiture était bien plus grande que celle dont ils venaient de descendre, deux imposants chevaux noirs la tractaient. Ils montèrent à bord et peu de temps après, commencèrent la traversée de l’imposant viaduc menant au château.

 

Cainhurst badge dessin

 

A leur arrivée, ils saluèrent respectueusement les servants et surtout les nobles qui les accueillirent humblement. D’autres érudits de Byrgenwerth, mais aussi étrangers, étaient également en train d’arriver chacun à leur tour. Tous avaient été invités et espéraient obtenir les faveurs de la cour.

Le hall d’entrée de l’imposant château était resplendissant, toutes les lumières étaient allumées et un grand tapis rouge était déroulé. Certains serviteurs s’occupaient promptement à finir les derniers préparatifs.

Maître Willem et Laurence commencèrent les discussions avec leurs hôtes tandis que Gehrman resta dans un premier temps silencieux, écoutant attentivement, jusqu’à qu’on s’adresse directement à lui. On lui demanda s’il était bien celui qui avait affronté et vaincu le géant dans le labyrinthe Pthumérien. Le jeune gardien fut assez surpris qu’on s’intéresse autant à lui, les nouvelles allaient vites. Surtout à Cainhurst. Il prit ainsi la parole et expliqua du mieux que possible aux nombreuses personnes autour de lui comment la première expédition à Pthumeru s'était déroulée, de son point de vue. Comment ils en étaient arrivés là et comment ils avaient fini par vaincre l’imposant monstre.

Après ces explications et avoir pu échanger, les invités furent conduits à l’étage, dans la salle de banquets. C’était une grande pièce avec d'imposantes tables nappées. Des chandeliers étaient posés dessus ainsi que divers mets et apéritifs, sûr des plateaux argentés. Des spécialités de Yharnam mais aussi de Cainhurst et même des plats exotiques de la région d'origine de l’une des armes typiques des chevaliers. Celle de la célèbre arme recourbée venant d'orient, la Chikage.

Laurence et Gehrman s’approchèrent de l'une des tables et le jeune professeur pointa l’un des mets. "As-tu déjà goûté à cela ?" Il désigna de petits aliments originaires d’Orient avec qui Cainhurst possédait d'étroits liens. Il s'agissait de riz enroulé dans une algue avec du poisson cru en son centre. Juste à côté, il y avait également des tranches de poisson orangé ou rosés disposées sur des petits lits de riz.

"Non jamais. Et toi ?"

"Je n’ai pas eu l’occasion non plus. Tu penses que c’est bon ?"

"Je ne sais pas, mais je ne vois pas en quoi ça peut être extrêmement mauvais."

Laurence avait un regard malicieux, "On essaye ?" Il ne pouvait résister de lancer ce genre de défi, il pouvait avoir de sacrées idées. Les deux hommes s’en saisirent donc chacun d’un.

"D’accord Laurence, mais c’est en une bouchée qu’il faut les manger il me semble !"

"Très bien, c’est parti !"

Ils engloutirent chacun leur pièce et se mirent à mâcher avec énergie avant de ralentir très rapidement leur rythme. Ils s’arrêtèrent de mastiquer et restèrent la bouche pleine. Laurence cherchait l'appui de son ami. Il semblait en grande difficulté et affichait aussi une profonde expression de dégoût et de pitié. Gehrman jeta un rapide coup d’œil dans la pièce et vit Willem et quelques autres personnes les regarder. Il se retourna et fit signe à Laurence de continuer à mâcher. Après un éprouvent masticage ils finirent enfin par déglutir.

Gehrman prit ensuite une gorgée d’eau avant de s’adresser à son ami. "C’est hm… assez particulier mais… ça va en réalité. Je suppose que nous ne sommes juste pas habitués…"

Laurence n’avait pas l’air d’avoir autant apprécié. "Tu sais quoi… même leurs escargots sont meilleurs. Je vais aller prendre un de leur carpaccio de bœuf, ce sera mangeable au moins. »

Laurence s’éloigna tandis que Gehrman ricana.

 

Cainhurst hall

 

Après avoir fini de se restaurer, la réunion à laquelle Willem devait participer allait bientôt commencer. Les trois hommes furent escortés par deux chevaliers pet conduits dans un autre bâtiment du château. Cainhurst était vraiment gigantesque, il leur fallut plusieurs minutes de marche afin d'atteindre la bâtisse suivante. Les longs couloirs de pierres étaient ornés de tableaux représentant les anciens nobles et d'anciens chevaliers, l'une des dernières choses qui empêchait ses figures d'antan de tomber dans l'oubli. Des meubles, de vieilles armures, des statues, d'épais tapis et même des trophées de chasse étaient également disposés à certains endroits. De quoi d'embellir au mieux ces espaces vides, froids et poussiéreux.

Arrivés à la section avec le prochain bâtiment, trois personnes les attendaient sous une arche de pierre. Sur la gauche de ce trio se trouvait un chevalier, non, un garde royal plutôt. Il portait une armure argentée intégrale, caractéristique de la garde rapprochée de la famille royale. Un heaume au bout pointu, gravé de motifs floraux et sans orifices visibles. La partie inférieure ressemblait à une mâchoire squelettique et une chevelure argentée lui tombait sur la nuque, fixée à la base du casque. Derrière son l'épaule gauche, une cape noir accrochée par des chaînes doré et à sa ceinture, une longe lame recourbée dans un fourreau décoré d'un tissu ocre. La fameuse Chikage.

Au centre, en avant des deux autres, une élégante jeune femme au teint pâle se tenait bien droite. Elle avait une chevelure auburn attachée en chignon et était revêtue d'une ravissante robe bleue, avec de fines plumes sur le col. Elle avait également un grand collier argenté, orné de gemmes précieuses. Elle attendait patiemment, une main sur l'autre, le regard perçant vers les arrivants.

Enfin, de l'autre côté de celle-ci, un peu en arrière, se tenait une autre jeune femme. Elle était plus petite et plus jeune que la précédente, probablement du même âge que la fille du Provost. Elle portait une robe sombre et bordeaux, contrastant avec sa peau claire et ses cheveux blonds. Elle avait également un brillant pendentif vert émeraude en forme de fleur mettant en valeur ses yeux vert argenté. 

En s'approchant, les chevaliers les accompagnants s'arrêtèrent, se mirent à genoux et tout en saluant annoncèrent "son Altesse, la princesse Annalise de Cainhurst." Le doute n'était plus permis, juste en face d'eux se trouvait la très chère héritière du trône de Cainhurst. Les invités de Byrgenwerth s'inclinèrent respectueusement à leur tour.

La princesse s'adressa à eux. "Provost Willem, c'est un plaisir de vous revoir entre nos murs. J'espère que votre voyage s'est bien passé et que vous avez tous été accueillis comme il se doit."

"Bien entendu, tout le plaisir est pour nous votre altesse, nous sommes très honorés d'être présents aujourd'hui." Il prit une courte pause avant de continuer. "Permettez-moi de vous présenter mon chère Laurence, doctorant, séminariste et nouvellement enseignant à Byrgenwerth." 

Celui-ci la salua à nouveau "Votre altesse." 

"Et voici notre meilleur prospecteur, qui a déjà sauvé la situation à maintes reprises, Gehrman." Celui-ci avait retiré son chapeau en gage de respect et le tenait contre sa poitrine tout en saluant une nouvelle fois.

"Un grand plaisir de vous rencontrer messieurs." Elle fit un geste vers le chevalier. "Voici Vledemyr, notre dernière addition à la garde royale." Le chevalier les salua sans dire un mot, puis il se remit parfaitement droit. "Et je vous présente damoiselle Maria, c'est elle qui souhaite rentrer en cursus à Byrgenwerth cette année." 

La plus jeune les salua à son tour "Messieurs, c'est un grand honneur de vous rencontrer."

"Nous avons bien reçu vos lettres d'admission damoiselle, c'est Laurence en parlera avec vous." lui expliqua Willem.

Par la suite, le groupe se remis en marche. Seulement Annalise et Willem échangèrent quelques mots tandis que le reste de l'escorte resta silencieuse. Seulement des regards furtifs étaient lancés de part et d'autre. Au détour d'un énième couloir, ils atteignirent enfin l'une des bibliothèques du château. La collection d'ouvrages de Cainhurst était impréssionante, des bibliothèques par dizaines, remplies de livres à ne plus savoir en compter. Le bâtiment possédait même un étage tout aussi bien meublé, des servants s'attelaient à ranger et ordonner des rayons tandis que des nobles dispersés dans l'immense bibliothèque lisaient ou étudiaient.

C'est ici que le groupe fut scindé. Annalise, maître Willem et le chevalier en armure continuèrent afin de se rendre au conseil, tandis que les autres resteraient dans la bibliothèque. Les deux autres chevaliers qui les avaient accompagnés jusqu'alors, leur tâche accomplie, repartirent également.

Laurence et Gehrman étaient ébahis par l'impressionnante collection. La plus grande bibliothèque de Byrgenwerth était certes très grande également, mais leur entière collection était disséminée dans de plus petits bâtiments sur l'ensemble du campus. A Cainhurst, il y avait plusieurs bibliothèques aussi grandes que celle-ci sous leur yeux, éparpillées dans tout le château.  

 

Annalise        bibliothèque Cainhurst

 

Après avoir bien observé les deux hommes, la jeune noble s'adressa enfin à eux. "Messieurs, pour patienter, puis-je faire quoi que ce soit pour vous ?"

Laurence se retourna. "Eh bien, c'est très aimable de votre part mais nous devons regarder votre candidature n'est-ce pas ?"

"Oui bien sûr, mais cela risque de durer un moment vous savez. Vous pourriez en profiter pour jeter un œil à quelques ouvrages de notre collection."

"Dans ce cas…" Il réfléchit quelques secondes avant de demander confiant "Auriez-vous des ouvrages concernant les rituels sanguins chez les Pthumériens ?"

"Oh bien évidement, nous devrions avoir ça. Et vous sir ?" Elle s'adressait maintenant à Gehrman, il avait été un peu surpris par la question et semblait encore réfléchir.

"Oh eh bien... J'ai discuté avec l'un des armuriers tout à l'heure. On m'a dit qu'on pourrait peut-être me prêter un Reiterpallasch hors d'usage pour l'après-midi... Sinon juste un ouvrage sur les anciennes armes de Cainhurst."

"Très bien, je vais voir ce que je peux faire, ça ne devrait pas être trop long." Sur ce, elle partit échanger quelques mots avec l'un des bibliothécaires avant de repartir et qu'ils ne la perdent de vue. 

Après avoir jeté un coup d'œil à quelques étagères pleines de livres, les deux hommes s'assirent à une grande table. Gehrman retira son chapeau tandis que Laurence sortit de quoi prendre des notes. Quelques minutes plus tard, l'un des bibliothécaires leur déposa quelques ouvrages sur les sujets qu'ils avaient demandé avant de repartir.

"Je n'arrive pas à croire que tu as vraiment demandé un Reiterpallasch…" lança Laurence.

"Bah quoi ? Ce sont les armuriers et les chevaliers qui m'ont proposé ! Et ce n'est pas tous les jours qu'on peut en avoir une dans les mains !" se justifia Gehrman en essayant de chuchoter.

"Oui c'est vrai, mais je pensais que tu demanderais autres choses comme livres au moins."

"J'en aurais bien feuilleté un sur leur garde-robe et comment ils fabriquent leurs costumes mais il me faut de l'inspiration afin de créer une nouvelle arme pour la prospection !"

"Oui je vois."

"Et toi ? Plutôt classique ta demande sur les rituels de sang je me trompe ?" interrogea Gehrman avec un sourire au coin.

"Bah j'en profite ! Si y'a bien un endroit pour trouver de vieux ouvrages, très spécifiques, sur les Pthumériens et leur coutume, à part Byrgenwerth, c'est bien Cainhurst."

"Tu n'as pas tort. Et sinon eu… la jeune femme avec nous, c'est une future élève de Byrgenwerth c'est ça ?"

"Ah oui, c'est ce dont je dois parler avec elle." Il fouilla dans les papiers qu'il avait apporté et en mit un de côté. "Si j'en crois sa lettre de candidature, elle semble très intéressée pour rentrer en première année chez nous."

"Et c'est la seule de Cainhurst pour la prochaine rentrée ?"

"Il semblerait… on en a quelques-uns qui vont passer en deuxième année et d'autres dans des niveaux supérieurs, mais en première on a qu'elle pour l'instant. Mais qui sait, peut-être que Willem parviendra à les convaincre de nous envoyer quelques chevaliers pour nous aider dans nos recherches."

"J'espère aussi…"

Ils commencèrent donc à feuilleter leur livre. Après quelques minutes, la jeune femme revient avec la fameuse arme en question. "Voici votre reiterpallasch ! Avez-vous tout ce qu'il vous fallait ?" Elle présenta l'arme à Gehrman, il la prit dans ses mains et la remercia chaleureusement "Oui, merci beaucoup !" 

"Je vous en prie." Lui répondit-elle.

Il s'attela ensuite à examiner la rapière sous toutes ses coutures.  Le modèle qu'elle lui avait remis avait sa lame émoussée et la pointe cassée, une arme hors d'usage. La Reiterpallasch est unique en son genre. Elle avait la particularité d'allier une élégante rapière argentée avec une arme à feu, fusionnée avec la garde et collée à la lame. Il suffisait d'actionner le levier de l'arme pour la décoller et rétracter la lame. 

Reiterpallasch

Tandis que Gehrman l'inspecta scrupuleusement et rechercha dans son livre la page correspondante, la jeune femme, elle, pris place autour de la table. Laurence mit donc de côté son livre et prit la lettre de la demoiselle, il lui sembla qu'elle avait très envie de pouvoir en parler. "Donc, chère Maria, comme vous avez dû déjà le recevoir par lettre, vous êtes admissible pour venir étudier à Byrgenwerth. J'aimerais savoir si vous êtes toujours aussi enthousiaste à nous rejoindre ou si vous préférez vous tourner vers une autre voie."

Elle commença un peu timidement. "Oui professeur. Je vous confirme qu'il s'agit encore bien de mon souhait de venir étudier à Byrgenwerth."

"Oh parfait ! Est-ce que c'était votre premier choix ?"

"Oui ça l'est en effet. De plus, cela sera toujours plus pratique et bien moins contraignant d'aller de l'autre côté de Yharnam que de traverser le continent ou l'océan pour aller en extrême Orient."

"Oh vous vous comptiez partir dans la région cousine de Cainhurst, à l'Est ?"

"Seulement si je ne pouvais pas aller à Byrgenwerth, mais ma famille n'est pas aussi enthousiaste à l'idée que je parte aussi loin."

"Vraiment ?"

"Oui…ils préféreraient que je reste ici, à Cainhurst. Mais j'ai encore du temps avant de devenir chevalier et j'aimerais vraiment pouvoir apprendre et découvrir le plus de choses possible."

"Oui c'est tout à fait compréhensible." Il nu pas le temps d'en dire plus que c'est son ami qui posa une question à la jeune noble. "Ah, vous vous entraînez à devenir chevalier ?" Ce détail ne lui avait pas échappé. Un peu étonné même et voulait en savoir davantage. Il est vrai que comme ça, on ne pourrait pas forcément se douter au premier coup d'œil qu'elle pourrait faire partie des puissants combattants de Cainhurst. En effet, tous les nobles ne sont pas tous faits chevaliers, surtout les femmes qui ont tendance à diriger les chevaliers en question et qui occupent en général des positions plus importantes. Son profil était de plus en plus intriguant.

"Oui c'est exact, d'ici quelques années je devrais être fait chevalier." Elle se retourna et observa une horloge au mur. "D'ailleurs je risque de devoir vous laisser tout à l'heure, j'ai justement un entraînement. Et l'entraînement n'attend pas. Mes excuses, j'aurais dû vous le signaler avant."

"Oh je vois… et ne vous excusez pas c'est normal, merci à vous de prendre ce temps avec nous." Elle lui sourit simplement avant de s'adresser à son ami. "Désolé Laurence, tu peux reprendre."

"Aucun problème." il ne pouvait que sourire à cela, le faisant presque rire tandis que Gehrman commença à essayer de démonter la rapière. "Bon maintenant, dites-moi, vous étiez intéressée par une première année en sciences naturelles, c'est bien cela ?" demanda-il un sourcil levé.

Elle répondit d'une voix calme et assurée. "Oui, c'est bien cela."

Le professeur chercha ses mots. "C'est assez hm…" 

"Inhabituel ?" Elle semblait s'y être attendue.

"Intéressant, comme choix." Ce n'était vraiment pas commun pour quelqu'un de la haute noblesse ou encore plus de Cainhurst de choisir ce type de cursus. Même Gehrman semblait un peu surpris.

"Oui je le sais, les autres ont tendance à choisir des études en politique, en économie, en droit, en histoire, en technique militaire ou même en art. Mais ça ne m'intéresse pas autant. D'ailleurs, on m'a dit qu'il vous restait très peu de place en archéologie, alors les sciences naturelles me semblent toutes convenues. C'est une matière que j'apprécie fortement."

"Je vois, et bien nous serons ravis de t'accueillir dans cette filière ! Le monde oublie trop souvent l'importance de la Science et toutes les débouchées qu'elle propose."

"Je ne peux qu'être d'accord." La jeune femme réfléchit ensuite quelques secondes avant de demander, "Puis-je vous poser une question professeur ?"

"Mais bien sûr !" répondit Laurence avec entrain.

"Qu'enseignez-vous comme sujets ?" 

" Eh bien, principalement la biologie humaine, la médecine et la théologie."

"Oh je vois ! Enseignez-vous aux premières années ?"

"Oui, je fais de nombreux cours pour les premières années. On risque de se voir souvent."

"Très bien. Et euh… va-t-on aller dans l'ancien labyrinthe ? " Ah, la fameuse question que bon nombre d'élèves et de futurs chercheurs se posent avant d'arriver à Byrgenwerth. 

"Vous souhaitez y descendre ?"

"Oui."

"Eh bien, pour l'instant nous n'emmenons plus d'étudiants pour des raisons de sécurité. Il y a eu quelques que… incidents."

La jeune femme semblait déçue, elle devait être très motivée à l'idée de poser un pied dans les tombeaux des dieux anciens.

"Mais, on va voir pour mettre en place des mesures ou une formation pour pouvoir s'y aventurer et peut être emmener des élèves à nouveaux. Ainsi que de s'aventurer plus en profondeur." Ajouta Laurence.

Elle semblait un peu rassurée. "Oui, je comprends." 

"Sinon, d'autres questions ?"

Elle réfléchit quelques instants. "Comment cela se passe pour l'inscription officielle, afin d'officiellement intégrer Byrgenwerth ?"

"Nous allons vous envoyer plusieurs documents avec toutes les modalités, qu'il faudra remplir et nous renvoyer. Sans oublier toutes les signatures et sceaux demandés..."

"Oh, oui bien sûr…" 

Il y avait en effet une raison à ce détail que souleva Laurence. Il manquait quelques signatures sur les papiers de la candidature de la jeune femme. Ce n'était pas très grave et d'ailleurs ce n'est pas si important. Mais, d'habitude, Cainhurst vérifie toujours et à plusieurs reprises les lettres de leurs candidats avant de les envoyer à Byrgenwerth. Les futurs élèves doivent faire approuver leur lettre par leur famille et à certains membres de du conseil. Surement un simple oubli…

"Autre chose sinon ?"      

"Il y a bien une chose dont j'aimerais discuter mais ça n'a rien à voir. J'aurais juste une ou deux questions pour votre hm… associé ?" Elle se tourna en direction de Gehrman. "Si ça ne vous dérange pas bien sûr." Celui-ci était complètement figé à l'exception de son regard vers son interlocutrice et Laurence. Son ami lui lança un regard soutenu, le pressant de répondre rapidement. Le pauvre, prit dans sa lecture avait été assez surpris "Euh, oui bien sûr ! Bien évidemment..." 

"Mais professeur Laurence, mes excuses, vous aviez peut-être d'autres questions à me poser ?" se rappela soudainement Maria.

Le jeune professeur réfléchit tout en grattant l'un de ses favoris. "Ah oui j'en aurais une, mais rien à voir non plus." 

"Allez-y."

"Je voulais juste savoir combien de temps devrait durer l'audience accorder à maître Willem."

"Je ne peux le dire, ça peut être rapide comme parfois très long. Je suis navrée que Provost Willem, est à négocier avec ces vie-" elle s'arrêta brusquement avant de reprendre. "Je veux dire que négocier avec nos illustres ainées n'est pas toujours évident. J'espère que tout se passe bien."

"C'est si compliqué que ça… ?" s'étonna Gehrman.

"Le conseil est principalement constitué des grandes dames de Cainhurst, les plus influentes, avec quelques lords." Lui répondit-elle.

"Le roi n'est pas présent ?" s'interrogea Laurence.

"Si sa majesté est présente je crains bien que le conseil ne fasse que d'écouter les recommandations de notre cher roi consort. Heureusement Annalise est là, elle a quand même un certain poids dans les décisions qui sont prises maintenant." Et encore, il reste bien trop faible pour l'instant…

"Ça ne doit pas trop être évident oui…. Merci beaucoup, je n'ai pas d'autres questions pour l'instant." Sur ce, Laurence remis son livre devant lui et continua sa lecture.

"Donc, vous avez une question ?" demanda le gardien de Byrgenwerth à la jeune femme de Cainhurst.

"Oui, vous êtes prospecteur pour Byrgenwerth n'est-ce pas ? On m'a raconté vos exploits dans le labyrinthe Pthumérien." 

"Oui on peut dire ça…et euh je n'ai fait que mon devoir." Arriva à articuler Gehrman un peu gêné.

"Est-ce que vous avez été engagé spécialement en tant que prospecteur ? Pour vos habilités au combat ?"

Il s'était détendu et répondit cette fois un peu plus sereinement. "Oh non pas du tout, je travaille pour Byrgenwerth depuis quelques années mais je n'ai pas été engagé en tant que chasseur de monstres au départ. Je ne fais pas que ça d'ailleurs et heureusement."

"D'accord, et que faites-vous d'autres donc dans ce cas ?" Elle semblait vraiment intriguée, curieuse d'en savoir plus.

"Eh bien, je suis l'un des gardiens de l'université. Je surveille et vérifie que tous se passe au mieux en assurant la sécurité. Je m'occupe aussi de l'entretien du terrain et deux trois autres choses..."

"C’est-à-dire l'entretien du terrain ?"

Gehrman chercha quelques secondes comment tourner sa réponse de manière à enjoliver le plus la chose. Même Laurence doutait sur comment il pourrait tourner au mieux sa réponse.

"Eh bah euh… j'enlève les hautes herbes, les ronces qui dérangent… je m'occupe des plantations au printemps… ce genre de choses…"

"Un peu comme un jardinier en fait ?"

Laurence et Gehrman échangèrent un regard anxieux. Un prospecteur de tombes qui plante des fleurs ? Pas sûr que tout le monde trouve cette image grandiose…"Hm...On peut dire ça…"

"D'accord ! Vous savez, certains de nos chevaliers, nos honorables servants de Cain s'occupent des jardins aussi."

"Ah oui ? D'accord…Euh, puis-je vous poser une question à mon tour ?"

"Bien sûr !" déclara la jeune femme.

"Dîtes moi, la Reiterpallasch, vous devez avoir l'habitude de la manier n'est-ce pas ?"

"J'utilise beaucoup cette arme en effet. Je ne sais pas exactement comment le mécanisme fonctionne cependant. Je sais juste comment démonter et remonter les pièces principales, désolé…"

"Ce n’est pas grave, c'est entièrement suffisant. On peut regarder si vous voulez ?"

Elle lui montra ensuite comment démonter l'arme, après quoi Gehrman lui expliqua le fonctionnement détaillé du mécanisme reliant les trois parties de l'arme. Ils discutèrent ensuite un moment de l'histoire de la rapière mais aussi de celle de la Chikage, du pistolet traditionnel de Cainhurst, l'Evelyn mais et aussi d'autres de leurs anciennes armes. Laurence lui, se contenta de lire tranquillement, en prenant quelques notes, jusqu’à qu'il se souvienne subitement d'une chose.

"Oh j'ai presque failli oublier !" S'écria-t-il.

Maria et Gehrman répondirent en même temps. "Qui a-t-il ?" "Oui ?"

"J'ai un message de la part d'un de mes élèves pour vous mademoiselle."

Elle se demanda bien qui à Byrgenwerth pouvait bien la saluer. Elle n'était pas bien proche de ceux qui étaient déjà partis faire leur étude là-bas. "Oh vraiment ? Qui est-ce ?" 

"Charles, vous salue. Vous, la princesse et un peu tout le monde il me semble."

Un grand sourire se dessina sur son visage "Mais oui, Charles ! Comment va-t-il ?"

"Il se porte bien oui ! Vous vous connaissez bien ?"

"Oui en effet ! Lui et sa famille ne vivent pas à Cainhurst mais Charles est un vieil ami d'enfance. On se voit de temps en temps, mais bien moins souvent qu'avant. Il ne pose pas trop de problème j'espère ? C'était un champion pour être assez perturbateur quand nous étions enfants."

"Non pas vraiment, il à pas mal de chose à dire et à un caractère bien trempé c'est sûr, mais c'est un bon élève. Certains me posent bien plus de problèmes que lui."

"Ah je vois, pourriez-vous le saluer de ma part aussi ?"

"Bien sûr je n'y manquerais pas."

Gehrman s'était retourné et observait quelque chose, les deux autres firent de même et virent un garde royal dans un coin de la bibliothèque, en train de chercher quelque chose. Ou quelqu'un.

"Oh Vledemyr est revenu !" s'exclama la jeune femme, avec un grand sourire.

Les deux hommes se demandèrent bien comment elle pouvait bien le reconnaître sous son heaume. Surement par habitude, ou peut être que leurs armures ne sont pas si identiques que ça.

Le chevalier les aperçut enfin et commença à se diriger vers eux. Cependant, quand il arriva à mi-distance il s'arrêta et fit signe à la jeune femme de le rejoindre.

"Oh, excusez-moi." elle se leva de sa chaise et alla le rejoindre. "Qui a-t-il Vledemyr ?"

"Est-ce que… tout va bien Maria ?" Au son de sa voix, il avait l'air jeune, probablement d'un âge similaire à la princesse, néanmoins Laurence et Gehrman étaient trop loin pour comprendre en détail leur conversation.

"Oui, tout va très bien pourquoi ? Et toi ça va ?"

"Oui je vais bien, je te remercie."

Il n'eut pas le temps de continuer qu'elle lui posa une autre question. "Est-ce que le conseil est terminé ?"

"Pas tout à fait, ils sont en train de délibérer. "Il s'arrêta quelques secondes avant de demander. "Maria… pourquoi nos invités ont un reiterpallasch entre les mains... ?" Il semblait assez concerné voir même un peu offusqué.

"Les armuriers étaient d'accord ! Et il est plus en état de toute manière." se justifia-t-elle.

"Peut-être mais ça reste une arme !"

"Mais il faudrait être fou pour s'en prendre à nous ! Et encore plus pour lever la main sur nous, dans nos propres murs!"

"Oui je sais…" souffla-t-il.

"Tu t'inquiètes un peu trop je pense… et tu mets trop la pression surtout." 

"Oui peut-être."

"Et sinon Annalise ça va avec le conseil ?"

"Oh tu sais, comme d'habitude. Ce n'est pas ce qu'elle préfère mais ça pourrait être pire. Mais dis-moi…" Il regarda l'une des horloges de la bibliothèque. "Tu n'as pas entraînement d'ici peu ?"

"Hm…Je m'apprêtais à y aller justement !" Elle se retourna et revint près de la table. "Messieurs, merci infiniment pour cette discussion. Je vais malheureusement devoir vous laisser, j'espère que l'attente ne sera plus très longue."

"Bien entendu !" répondit le jeune professeur. "C'était un plaisir de faire votre connaissance, j'espère vous revoir à la rentrée."

"Oui, merci beaucoup." Ajouta Gehrman en inclinant la tête.

"Je l'espère aussi, merci. Je vous souhaite une bonne fin de journée chez nous." Elle les salua puis partit. Le chevalier s'était rapproché de la table et s'adressa aux deux hommes.

"Messieurs, est-ce que tout s'est bien passé avec Maria ? Encore navré pour l'attente."

"Oui, nous n'avons manqué de rien, merci." lui répondit Laurence. "C'était très intéressant et agréable de discuter avec elle."

"Elle connait vraiment beaucoup de choses ! C'était très instructif." Ajouta Gehrman.

"Ah, je suis plus serein de savoir que tout s'est bien passé. C'est ma jeune cousine vous comprenez."

"Oui, c'est tout à fait compréhensible. Puis-je vous poser une question hm… sir ?" interrogea le jeune professeur.

"Lord." Corrigea le garde royal tout en se tournant vers son interlocuteur.

"Lord…Savez-vous où en est le conseil ?"

"En pleine délibération, ça ne devrait plus durer trop longtemps." 

Ils étaient rassurés d'apprendre que l'audience allait bientôt se terminer et que maître Willem serait bientôt de retour. En espérant qu'il ait été fructueux. 

"Lord Vledemyr c'est bien ça ?" demanda Gehrman. "Vous êtes garde royal depuis peu, non ? Ça doit vraiment être un grand honneur."

"Oui, en effet. Ça va faire deux ans. J'espère faire honneur à Cainhurst !"

Les deux hommes de Byrgenwerth échangèrent un regard rapide.

"Évidemment ! Vous semblez faire du très bon travail."

"Oui bien sûr ! C'est très admiratif."

"Merci." répondit simplement le chevalier.

Ils n'eurent pas le temps d'en demander d'avantages que les portes de la bibliothèque s'ouvrirent sur plusieurs personnes. Maître Willem était parmi eux. Il avait une expression très sérieuse sur son visage et semblait préoccupé par quelque chose…

 

garde royal

 

"Attendez, vous voulez que je fasse quoi ?!" S'exclama Gehrman complètement abasourdi.

"Mais maître Willem, c'est de la folie ! Il doit y avoir une autre solution !" protesta Laurence. 

"J'aimerais sincèrement !" répondit sèchement le Provost en essayant de les ramener au calme.

Tous les trois se trouvaient à présent dans un petit salon privé. Willem était en train de leur expliquer comment le long conseil s'était déroulé et quelle avait été la réponse de celui-ci concernant leur requête.

Il avait été décidé que Cainhurst ne leur enverrait pas de chevaliers pour les aider à explorer le labyrinthe. En revanche, ils étaient prêts à financer une partie de leurs recherches ainsi que de couvrir certains frais afin pour que Byrgenwerth puisse engager eux-mêmes de nouveaux prospecteurs. 

Afin de leur accorder cette faveur, ils demandèrent plusieurs choses en échange. D'abord, d'avoir des contres rendus réguliers sur leurs avancées mais aussi de voir par eux même les effets du sang ancien. Non pas pour ses facultés de guérison dont ils avaient scrupuleusement épluché les dossiers mais pour les facultés physiques surhumaines qu'il pouvait apporter. Entre autres, ils voulaient tester les aptitudes d'une personne ayant reçu une transfusion de sang ancien. 

Gehrman poursuivit, "Donc… si je comprends bien. Je dois descendre avec eux dans leur catacombe et ramener la tête de quelques suceuses de sang, gargouilles ou que sais-je d'autres pour qu'ils nous donnent intégralement leur appui ?"

"C'est bien cela…" avoua Willem peiné.

"Le sang ancien a sauvé Gehrman ! Et il en sauvera tant d'autres ! Et ça ne leur suffit pas ?" souffla Laurence exaspéré. 

Le Provost lui-même semblait très ennuyé par la situation. "Il semblerait que non…  Écoute Gehrman, si tu ne te sens vraiment pas d'y aller je ne vais pas te forcer. Aller savoir se qu'ils ont d'autres comme créatures là dessous… Mais je crains bien qu'il s'agisse de notre dernière option."

"En soit… ça ne me dérange pas tant que ça d'aller tuer quelques monstres." Intervient Gehrman. "Mais j'appréhende un peu les suceuses de sang… je n'en ai pas affronté beaucoup et la dernière fois Dores s'est fait blesser ! Avec Liam on en a tellement bavé pour s'en débarrasser…"

"Oui mais c'était avant ta transfusion, n'est-ce pas ?" 

"C'est vrai, tu aurais une chance !" ajouta Laurence.

"Peut-être oui…" Quoi qu'il en soit, la décision finale lui revenait. Gehrman réfléchit profondément, le regard dans le vide, la main de part et d'autre de sa mâchoire. Après quelques instants il avait une expression confiante sur son visage. "Très bien !"

 


 

Décidé, il se changea pour une tenue plus pratique, et fut accompagné par des chevaliers dans les profondeurs du château. Le jeune garde royal était également parti avec lui. Ils étaient là uniquement pour l'escorter et l'observer. Ils interviendraient éventuellement s'ils le jugeaient nécessaire.

De nombreuses personnes patientaient dans le cours du château. Les membres du conseil, le roi consort, la princesse, des nobles, des servants et même de jeunes chevaliers et futurs chevaliers. Tous attendaient avec impatience leur retour.

L'attente sembla interminable. Elle était particulièrement stressante pour les invités de Byrgenwerth. Après quelques dizaines de minutes, ils revinrent enfin. Gehrman était maculé de sang. Visiblement ce n'était pas le sien, il ne possédait que quelques éraflures apparentes. Il tenait à la main les têtes de deux suceuses de sang, ses doigts accrochés dans leur longue chevelure grisâtre. Les autres chevaliers portaient une tête supplémentaire ainsi que des parties de gargouilles. Un grand sourire triomphant se dessinait sur son visage.

 

 

Notes:

Les images proviennent de l'artbook officiel de Bloodborne. Et j'ai fait le dessin du badge moi même.

Si vous vous demandez pourquoi je n'utilise pas le titre de "Lady" pour Maria, c'est parce que "damoiselle" est l'ancien terme qui réfère aux jeunes femmes nobles non mariées. C'est aussi le féminin de "damoiseau" qui désigne un jeune noble qui n'est pas encore chevalier. Maria s'apprête à rentrer à l'université ici (plusieurs années avant qu'elle ne devienne chasseuse) et n'a pas encore été faite chevalier :)

Chapter 5: Départ

Summary:

Plusieurs mois se sont écoulés depuis la visite des érudits à Cainhurst. La rentrée universitaire se rapprochant, Maria attend avec impatience la dernière lettre de confirmation de Byrgenwerth ainsi que l'approbation de sa famille. L'ayant enfin reçu, ils souhaitent faire part de la bonne nouvelle à la jeune femme. Cependant, elle semble introuvable…

Notes:

(The English version will be post a bit later / la version anglaise sera postée un peu plus tard)

Chapter Text

De lourds pas métalliques résonnaient contre les pierres froides des couloirs de Cainhurst. Vledemyr, le jeune garde royal, cherchait Maria afin de lui annoncer la bonne nouvelle. Elle partira bien pour Byrgenwerth dans quelques semaines et sa famille ainsi que quelques autres nobles aimeraient s'entretenir avec elle.

"Évidemment pas ici..." Elle n'était pas dans ses appartements bien sûr. Mais où pouvait-elle être bien passée ? Si quelqu'un pouvait bien la débusquer c'était bien lui. Cependant tous les deux étaient bien trop vieux pour ce genre de jeu maintenant et elle était attendue. 

Pendant qu'il marchait vers sa prochaine destination, la bibliothèque, il récapitula les autres endroits où il était le plus probable qu'elle puisse se trouver. 

Il ne la trouva pas là-bas. Il continua alors dans une plus petite bibliothèque avec une étude ou elle avait l'habitude de lire et de travailler. Personne. Il continua donc à chercher.

L'armurerie ? De même. Les écuries peut-être ? Non plus. Le jardin ?! Toujours pas. Elle ne pouvait pas être dans la crypte quand même… Il réfléchit quelques instants et eut une idée pour tenter de la localiser. Il gravit l'une des hautes tours de guets, prit une paire de jumelles et… bingo !

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La jeune femme était assise sur un toit. Ses cheveux blonds contre des tuiles couleur ardoise, observant le ciel parsemé de quelques nuages ainsi que les nombreux corvidés qui volaient autour de la tour aux corbeaux. Certains tournaient en rond dans le ciel, tandis que quelques-uns étaient venus se poser à côté d'elle. Elle semblait presque dans une profonde conversation silencieuse avec eux. Elle portait une paire de bottes de cavalier au-dessus d'un pantalon d'entraînement brun, une chemise blanche et un veston sombre et doré.

"Ah te voilà enfin." Retentit une voix familière en dessous d'elle.

Elle sortit de sa rêverie et se releva en direction de son interlocuteur, avec un grand sourire. "Oh, salut Vledemyr !" 

"Bonjour Maria." répond-il avec un sourire en coin. "Tu passes du temps avec les corbeaux je vois."

"Ba oui, c'est bien toi qui m'a demandé de m'en occuper non ?" Elle descendit de la petite toiture pour se retrouver en face de lui.

"Maria, m'occuper des corbeaux c'est mon travail, je t'ai juste demandé de me donner un petit coup de main de temps en temps maintenant que je suis garde royal."

"Oui c'est ce que j'ai dit." Elle fit une courte pause, regardant les oiseaux puis à nouveau son cousin avant de continuer. "J'aime bien passer du temps avec eux tu sais, leur présence est apaisante d'une certaine manière."

"Oui en effet, les corbeaux sont vraiment des êtres formidables." Vledemyr devait bien être l'un des seuls de tout Cainhurst à comprendre cela. Lui aussi avait pour habitude de passer pas mal de temps avec eux. Surtout lorsqu'il était adolescent, il leur parlait, leur apprit des tours… Il siffla et plusieurs corbeaux vinrent se poser sur ses épaules et prêt de lui, émettant des croassements pour le saluer." Salut vous." Il leur caressa la tête avant de se retourner vers Maria "Et de quoi parliez-vous ?"

"Oh pas grand-chose, tu me cherchais au fait ?"

"Oui, c'est exact." Il s'interrompit en se rappelant brusquement. "Tu sais que tout le monde te cherche ?! Je t'ai cherché partout !" Prit-il sur un ton bien plus sérieux en fronçant les sourcils.

Elle écarquilla les yeux, un peu surprise. "Ah euh désolé…" Elle ne s'attendait pas à ce qu'il s'emporte aussi brusquement.  "Qu'ai-je fais cette fois ?" demanda-t-elle en détournant la tête.

Il fit s'envoler les corbeaux et la regarda avec un sourire. "Oh je te rassure tu n'as rien à te reprocher" lui dit-il sur un ton plus posé.

"Ah ? C'est pourquoi alors ?"

Il éclata de rire. "C'est drôle venant de ta part, ce n'est pas toi qui nous demande presque chaque jour si on a reçu la lettre de Byrgenwerth ?"

Elle écarquilla les yeux, bouche bée. "C'est pas vrai, vous l'avez reçu ?!"

"C'est exact."

"Et… et du coup ?! Qu'est-ce qu'ils ont dit ?! " demanda-t-elle lui sautant presque dessus.

"Eh bien j'ai le grand privilège de t'annoncer que tu pars belle et bien faire tes études à Byrgenwerth." Elle se jeta dans ses bras et tous les deux se mirent à rire. Après quelques secondes ils se séparèrent. "Je suis si fier de toi ! Alors hâte ?" 

Ses yeux brillaient "Oui énormément !" 

"Bon et tu penseras bien à aller remercier tout le monde d'accord ?"

"Oui bien sûr ! Évidemment que je vais remercier très chaleureusement tout le monde. Mes parents, le conseil… même les grandes tantes…"

"Aller, dis-toi que tu ne vas pas les voir pendant un moment après."

"C'est vrai !" Elle s'interrompit brusquement et réfléchit quelques instants, elle le regarda ensuite dans les yeux avec une expression un peu maussade. "Et toi, ça va aller ?" Vledemyr tenait beaucoup à elle, Maria savait qu'une absence prolongée pourrait potentiellement l'inquiéter. Après tout elle était aussi censée être son écuyer, elle s'en voulait un peu de ne pas pouvoir continuer à l'assister.

"Bien sûr que ça va aller, c'est à toi que je devrais poser la question. Même si je sais surement déjà la réponse."

"Ah et je ne vais pas te manquer un peu ?" rétorqua-t-elle sur un ton taquineur.

"Hm je ne suis pas sûr…Évidemment que tu vas me manquer ! Mais tu sais on se verra aux vacances et si tu me donnes des nouvelles de temps en temps ça devrait aller."

Elle hocha la tête avec un simple "Hm".

"Écoute, je sais que ce n'est pas ton genre de nous envoyer des lettres tous les deux jours à moi ou tes parents mais je pense qu'ils apprécieraient que tu leur donnes des nouvelles un peu plus souvent d'accord ? Et si tu ne le fais pas pour eux ou les autres de la famille, fais-le au moins pour Annalise… elle est très heureuse pour toi mais tu vas vraiment manquer à notre chère cousine tu sais."

"Oh, oui bien sûr." Maria savait que Annalise avait beaucoup parler en sa faveur pour qu'elle puisse partir faire ses études. Celle-ci avait de plus en plus de responsabilité envers la cour et ses sujets, ce qui n'était pas sans lui peser. Passer du temps avec Maria ou Vledemyr lui permettait vraiment de décompresser. Ayant grandi et passé de nombreuses années ensemble Annalise était presque comme une grande sœur pour elle. Si une personne devait vraiment être affectée par l'absence prolongée de Maria, c'était elle. "D'ailleurs tu veilleras sur tout le monde n'est-ce pas ? Et s'il se passe quelque chose tu me tiendras au courant ?"

"Oui évidemment ! C'est un peu mon rôle après tout."

"Oui c'est vrai héhé. Et tu garderas un œil sur petit Léo ? Oh et sur Lupin aussi ! Tu sais bien que les deux ont tendances à beaucoup se chamailler..."

"Je n'y manquerais pas."

"Oh et tu veillera aussi sur notre cher amie Lady Svetta n'est-ce pas ?"

"Oui bien sûr-" Il s'arrêta nette, surpris et dévisagea sa jeune cousine, elle avait un air suffisant avec un grand sourire.  "Maria je n'aime pas trop ce que ce sourire semble vouloir suggérer. Tu sais bien que ce n'est pas comme ça… " Il soupira, ennuyé.

"Oui pardonne moi." Elle essaya de contenir ses petits ricanements, elle savait bien que les deux s'affectionnaient particulièrement. Mais bon peut être qu'elle avait mal compris.

Il décida de vite changer de sujet. "Bon et toi ça va aller sinon ? Tu n'as pas quelques appréhensions ?"

"Hein, moi ? Oui, oui ça va aller tu me connais !"

"Oui c'est bien pour ça." Il croisa les bras et attendit patiemment qu'elle en dise plus.

"Je suis vraiment très heureuse de partir mais vous allez me manquer bien sûr… on va dire que je ne connais pas grand monde là-bas…j'espère juste que ça va bien se passer… mais y'a pas de raison pour que ça se passe mal, hein ?"

"Maria, je suis sûr qu'ils vont tous beaucoup t'apprécier ! Sois gentille, polie et reste ouverte, ça va aller, ce ne sont pas des sauvages non ? Et puis certains étudiants viennent de Cainhurst ou on leur famille qui ont des liens avec nous, tu ne devrai pas trop dépaysée."

"Oui enfin… à part Charles tu sais bien que je supporte mal les autres…"

Il soupira, "Oui je sais… mais tu vois Charles sera là ! Dans sa dernière lettre il disait que tu pouvais compter sur lui non ?"

"Oui, je suis très contente qu'il soit là tu n'imagines même pas ! Mais on ne se verra pas tout le temps vu qu'on ne saura pas les mêmes classes de toute façon…"

"C'est vrai… mais vois le bon côté Maria d'accord ? Tu connais au moins une personne sur sur qui compter là-bas. Mais bon, ne te laisse pas entraîner dans ses histoires d'accord ?"

"Pff c'est plus un enfant tu sais, il est devenu bien plus mature et sérieux depuis le temps."

"Ah oui vraiment ? Ce n'est pas ce que tu m'as dit la dernière fois que tu l'as vu pourtant."

Elle fit semblant de ne pas se rappeler " Ah oui ?"

"Bon, quoi qu'il en soit je pense que tu pourras compter sur les enseignants et on n'est jamais très loin au cas où. Tu sais bien que j'accourais au moindre problème !"

"Héhé c'est vrai."

"Bon on devrait y aller, les autres vont nous attendre."

"Oui."

Il posa une main amicale sur son épaule et tous les deux repartirent dans le château.

Maria se présenta donc à ses parents et les membres du conseil pour les remercier grandement dans leur décision de la laisser partir à Byrgenwerth. Ceux-ci semblaient fier d'elle et très aimable à son égard, ce qui la surprit positivement. Ils lui rappelèrent bien sûr de bien se comporter là-bas et toutes les règles de bienséances qu'elle se devait de respecter. Elle acquiesça à toutes leurs demandes, bien qu'elle trouvât certaines assez agaçantes, elle leur ferait honneur. Après cette longue discussion dont elle sortit contente d'elle-même, on lui annonça que "Sa Majesté le Roi Richard de Cainhurst" souhaiterait s'entretenir avec elle. Probablement pour la féliciter et lui rappeler une énième fois ses devoirs en tant que futur chevalier.

_______________________________

 

Le roi ne se trouvait pas dans la salle du trône principal bien sûr. Depuis que la reine les avait quitté, cette grande salle servait maintenant uniquement pour les adoubements et les événements importants, restant vide la plupart du temps. Le roi avait donc pris l'habitude de passer du temps dans ce que l'on appelle "la chambre royale ". Il s'agit d'une pièce semblable à une salle du trône, mais secrète, créée lors de la construction de Cainhurst pour pouvoir mettre en sécurité la famille royale en cas d'attaque ou de problèmes. Cet endroit n'est pas simple d'accès et parmi les nombreux résidents du château peu pouvaient s'y rendre sans indication.

Maria y était déjà allée quelques fois et se rappelait plus ou moins du trajet à emprunter. Le chemin principal par le bâtiment était bien sûr laissé accessible, celui-ci pouvait être condamné au besoin. Il existait alors d'autres moyens d'y accéder mais ce n'était clairement pas envisageable pour le moment. Le premier consistait à passer par les toits mais cela pouvait s'avérer dangereux. Il y a aussi un passage secret quelque part, caché dans les murs. La jeune femme avait simplement connaissance de son existence mais n'avait pas la moindre idée d’où il se trouva exactement, ou ne s'en souvenait pas. Il fallait donc pouvoir se repérer dans le bâtiment parmi tous les couloirs et les escaliers. Heureusement, les quelques gardes royaux qui allaient rarement voir le roi là-bas avaient grandement simplifié l'accès.

Maria arriva enfin à l'entrée de la chambre, devant un très grand escalier. De chaque côté se trouvait de nombreuses statues de cavaliers sur leur monture, tenant des lances et habillés d'armures argentées et dorées. Même les statues des chevaux étaient habillées de lourdes armures de guerre. Quelques-uns des vestiges du passé glorieux de Cainhurst. Il y avait aussi un détail assez intriguant concernant ses statues, un qui ne surprendrait pas un habitant du château mais qui étonnerait surement beaucoup plus quelqu'un de l'extérieur. Il manquait le bas de la jambe droite à toutes les statues de chevaliers.

Maria prit une profonde inspiration, expira puis se mit à gravir les marches. L'escalier était vraiment long et le monter d'une traite n'était pas évident pour tout le monde. A se demander combien de temps le roi mettait pour les gravir. N'en avait-il jamais assez ?

Après une bonne minute ou deux, elle en atteint enfin le bout. Elle prit quelques instants pour reprendre son souffle, puis elle se redressa et ajusta sa coiffure et ses vêtements. Elle continua alors dans la grande pièce sombre, uniquement éclairée par la lumière passant à travers un vitrail droit devant elle et quelques bougies. Le bruit de ses pas était atténué par un grand tapis rouge et poussiéreux, elle regardait de part et d'autre de la pièce. De grandes colonnes et de vieilles statues seulement. Elle continua vers le bout de la salle et c'est là qu'elle l'aperçut sur la droite, près d'un mur. Le roi, assis à un bureau en train d'écrire. 

Il avait l'air concentré mais un peu fatigué, avec une main posée sur sa barbe grise. Il portait son habit traditionnel de couleur sombre, doré et rouge. Il avait une dague à sa ceinture et sur sa tête une couronne, la couronne "d'illusion", une grande couronne dorée à sept pointes, ornée de nombreuses pierres précieuses. Il y a de nombreuses années, Cainhurst possédait une seconde couronne comme celle-ci mais elle fut perdue dans l'un des souterrains Pthumériens, il y a fort longtemps. Il est dit que ces couronnes avaient le pouvoir de montrer des visions à leur porteur et de dissiper les illusions. Si tel était le cas, la couronne que portait l'actuel consort avait depuis bien longtemps perdu un tel pouvoir.

Quand Maria se rapprocha, il mit en ordre ses papiers et attendit patiemment. La jeune femme s'agenouilla et s'inclina respectueusement devant lui, un genou à terre, la main gauche sur la poitrine et le bras droit tendu sur le côté. "Vous souhaitiez me voir votre Majesté ?"

"C'est exacte damoiselle Maria." Il se leva péniblement, repositionna sa chaise, s'approcha et lui fit signe de se relever. "Viens donc marchez avec nous un moment."

Ils déambulèrent tranquillement à travers le château, le roi marchait à une cadence lente. Il la félicita pour son admission et l'encouragea à donner son maximum là-bas, tout en lui rappelant de donner une bonne image de Cainhurst. Après ça il l'a questionna. "Et donc, tu en aurais pour trois ou cinq ans au total c'est bien cela ?"

"C'est exact votre Majesté. Je ne sais pas encore si j'irai jusqu’à la maîtrise mais j'apprécierais essayer." 

"Très bien et… que comptes-tu faire ensuite ?

Évidemment il fallait qu'il pose cette question bien sûr. "Je ne suis pas totalement sûr…" Le roi s'arrêta et attendit patiemment qu'elle réponde. Elle ne pouvait pas juste en rester là mais elle ne pouvait pas non plus dire ce qu'elle désirait vraiment. " Dans un peu moins de deux ans je serais fait chevalier n'est-ce pas ?"

"En effet, tu devras revenir poursuivre quelques entraînements en même temps que tes études… T'en sens-tu capable ?"

"De nombreux chevaliers l'ont déjà fait, ce n'est pas impossible. Et puis, je souhaiterais au moins obtenir un diplôme avant de prendre mes fonctions de…" elle hésita quelques secondes "garde royal…" 

"Et est-ce réellement ton souhait ? De devenir garde royal ?

"J'ai toujours été destiné à l'être n'est-ce pas ?"

"Oui c'est ce qu'ils disent." 

Presque toute sa famille, depuis qu'elle est petite, ne cesse de lui répéter cela sans cesse. Presque à l'en rendre malade.

Maria admirait la perspective de devenir garde royal mais une partie d'elle-même ne pouvait s'empêcher d'être rebuté par l'aspect mécanique et froid ainsi que les sombres secrets que cela pouvait impliquer... Elle ne pouvait cependant pas l'avouer. "Je souhaite par-dessus tout que la princesse Annalise soit en sécurité et la servir. Je désire servir entre nos murs mais aussi à l'extérieur. Nous avons besoin de représentants, aujourd'hui plus que jamais." 

"Nous comprenons." Cainhurst n'était plus au sommet de sa gloire depuis bien longtemps, ils perdaient de plus en plus d'influence et le roi le savait très bien.

Très clairement Maria était encore un peu perdue sur ce qu'elle comptait faire plus tard et c'est tout naturel à peine âgé de 18 ans. Malgré son statut et sa voie qui semblait déjà toute tracée, ce n'était pas toujours évident de se plier aux exigences de ses proches et aïeul sans se poser de questions.

Le roi percevait bien son inquiétude, il n'allait pas la forcer à lui révéler ce qu'elle pensait vraiment, même s'il pouvait avoir une légère idée. Il avait toujours essayé d'être attentionné avec elle, il tenta de la rassurer. "Bon après tout, tu as encore le temps pour y réfléchir, moi-même à ton âge je n'aurais jamais pensé en arriver où j'en suis aujourd'hui."

"Vraiment ?" Lui demanda-elle avec surprise.

"Oui." Répondit-il doucement. Elle semblait discernée un peu de mélancolie dans sa voix. Maria avait de la peine parfois pour le vieux roi pourtant si sage. Il n'avait plus vraiment de pouvoir au sein de Cainhurst. Leur cher consort était plus là pour exécuter les cérémonies officielles que pour prendre des décisions politiques importantes. Et si elle supportait mal ses ainés qui exerçaient la plus grande influence à Cainhurst, elle savait que le roi devait les supporter aussi sans pouvoir vraiment les contredire.

Il n'avait sûrement pas imaginé cela il y a plusieurs décennies. Cependant, il restait dévoué envers ses sujets et essayait de remplir son rôle du mieux qu'il le pouvait, bien qu'il paraissait de plus en plus fatigué et en mauvaise santé. Il se concentrait surtout ces derniers temps à préparer Annalise à lui succéder, bien que jugé trop souple dans ses méthodes. Sa fille était ce qui comptait le plus pour lui, il voulait qu'elle soit prête à assumer les responsabilités et devoirs de reine en temps voulu.

"Merci votre Majesté." Elle s'inclina. Il lui sourit et ils se remirent à marcher.

 


Quelques semaines plus tard, la veille du départ pour Byrgenwerth.

 

La nuit était tombée, les premières étoiles commençaient à se distinguer dans le ciel sombre. A travers les nuages, la faible lueur de la lune projetait l'ombre du château sur l'eau. La plupart des lumières étaient éteintes mais certainement pas dans les appartements de notre cher Maria. Elle préparait encore ses dernières affaires pour son départ le lendemain. Elle avait déjà soigneusement sélectionné ce qu'elle souhaitait emporter dans ses valises, comme la plupart de ses effets personnels et vêtements. Elle se démenait maintenant à essayer de tout faire rentrer, cependant quelques choix et compromis allaient devoir s'imposer.

Ce n'était pas si simple, elle aurait souhaité emporter de nombreux livres et autres petits effets mais la place était limitée. Elle voulait aussi à la fois emporter des tenues d'été et d'hiver. La fin de l'été approchait, mais il faisait encore très chaud à Yharnam comparé à l'île de Cain et dans les régions plus au nord où elle avait eu l'habitude de vivre plusieurs années. De plus, elle ne pourra sans doute pas rentrer avant le début de l'hiver, en fin d'année… Il fallait donc prendre uniquement le stricte nécessaire car elle ne pouvait pas emmener toute sa chambre.

Au moins, elle n'avait pas à penser à prendre et préparer ses armes. Elles étaient interdites dans l'enceinte de Byrgenwerth ou devaient être stocké dans une armurerie et seraient soigneusement contrôlé. Cela lui faisait un peu bizarre de ne pas pouvoir les prendre mais c'était mieux que de risquer de se les faire voler ou qu'il y ai un accident.

Éclairés par des bougies et quelques lampes à huile, ses appartements étaient composés d'un petit salon, ouvert sur une chambre avec grand lit double. Elle menait elle-même sur une petite salle de bain. Le salon comprenait en son centre une banquette et des fauteuils molletonnées ou aux motifs floraux. Sur eux, quelques coussins et un plaid en fourrure avec un bout traînant par terre. Il y avait aussi une table, un bureau, une armoire et une cheminée en pierre contre le mur. Des étagères avec de nombreux objets, des tableaux et quelques cadres contenant fleurs, papillons et autres arthropodes naturalisés étaient accrochés à des murs au papier peint beige et à motifs. 

Elle murmura à elle-même, "Mère avait raison je devrais m'y prendre encore plus tard…" elle soupira. En voyant le bon côté des choses, elle avait presque terminé et les vêtements avec lesquels elle partirait demain étaient déjà préparés. Toujours en pleine réflexion devant l'une de ses valises grandes ouvertes, de petits coups retentirent contre sa porte. Elle se tourna vers celle-ci en pensant, "Qui cela peut-il bien être à une heure pareille ?" Elle ramassa vite les quelques livres éparpillés au sol et les posa de manière plus ordonnée puis répondit distinctement "Oui, entrez !"

La porte s'ouvrit et ce n'est autre que la princesse de Cainhurst qui rentra dans la pièce. Elle portait une longue robe de chambre et ses longs cheveux pendaient dans son dos. Elle avait uniquement une bougie à la main qu'elle posa sur la table.

"Que me vaut l'honneur de votre visite si tardive très cher princesse Annalise." prononça Maria tout en faisant un salut.

La princesse lui répondit par une révérence "Ne puis-je donc pas venir vous voir quand cela me sied damoiselle Maria ?"

Elles se regardèrent quelques secondes puis les deux jeunes femmes se mirent à rire.

"Alors tu prépares encore tes affaires ?" Demanda la plus âgée aux cheveux auburn, avec une voix très calme.

"En effet, tu as croisé Vledemyr ou je me trompe ?"

"Oui, il m'a dit que tu avais presque fini. C'était il y a quelques heures déjà."

Maria resta sans voix quelques secondes, puis se détourna d'un air gêné. "J'ai quasiment terminé..."

"Qu'est-ce qu'il te reste à préparer ? Je peux peut-être t'aider ?"

"Il me reste juste quelques livres." Elle désigna la pile de livres par terre. "Mais je doute que tu sois venu juste pour me filer un coup de main, qui a-t-il ?"

"Oh je voulais juste te parler un peu. Avant que tu partes… Si ça ne te dérange pas."

"Non, bien sûr que non ! Je suis très contente que tu sois passée."

Les deux jeunes femmes avaient déjà eu l'occasion de discuter à quelques reprises du départ de Maria mais il y avait encore certains détails dont elle n'avaient pas pu discuter et encore moins en privé comme ici.

La princesse ramassa l'un des livres. "Ah oui, la série de nouvelles des aventures de Lady Evelyn ! Mais, n'y a-t-il vraiment aucuns livres à Byrgenwerth que tu dois en emmener autant ? Il me semble qu'ils ont une grande collection d'ouvrages."

"Oui mais je ne sais pas s'il les ont ceux-là, Anna ! Et tu comprends, je me dois d'emporter avec moi ces chefs d'œuvres de notre patrimoine !" Elle ajouta ensuite en chuchotant, "Et quelques livres de sciences."

"C'est vrai que nous avons tous lu les ouvrages de notre chère parente ici, mais je ne suis pas sûr que ce soit encore au goût du jour ces dernières années à Yharnam. C'est peut-être un peu trop vieux pour eux…"

"C'est juste de la génération de nos grands-parents et c'est bien pour ça que je souhaite les emmener. Si je me fais des amis je pourrais leur conseiller ces classiques ! Mais ils ne rentrent pas tous j'en ai peur…"

"Pourquoi tu ne prendras pas juste le premier et un ou deux autres très populaires. Ne penses-tu pas ?"

"Mais ils sont tous excellents ! Les aventures de Lady Evelyn, Les terres de l'Est, Le château hanté, La mer de brume, L'expédition polaire, Un aller et retour, L'arme perdue, Les trésors de la couronne et tant d'autres !" Elle s'arrêta quelques secondes regardant sa cousine plus âgée qui avait un air concerné. "Mais oui, tu as raison." Elle prit alors uniquement quelques-uns des livres de la pile et tenta de les faire rentrer. N'y parvenant pas pour tous, elle prendrais les autres à la main. Elle repose alors dans son étagère les volumes restant.

Annalise lui demanda ensuite, "Bon et sinon pas trop stressé pour ton départ demain ?"

"Hm, impatiente je dirais. J'ai reçu le programme pour les premiers jours, ça à l'air très intéressant. Pour le reste, j'espère que ça va bien se passer…"

"Je vois, je suis persuadé que ça va bien se passer Et sinon, ça ne va pas te manquer un peu ici ? Je veux dire… le train de vie, l'endroit en lui-même et tout... " questionna la princesse. Elle savait bien que Maria n'avait envie que d'une chose, c'était de partir d'ici, à la découverte du monde et de l'inconnu. 

"C'est sûr que je n'aurais pas ma chambre… mais ça devrait pas être trop mal apparemment. C'est un environnement qui ne m’est pas familier mais je m'adapte vite. Je suppose que ça pourrait me manquer oui. Certaines personnes vont me manquer, mais là tout de suite je ne sais pas trop. Oh, oui évidement je ne peux pas prendre avec moi mes corbeaux et mon cheval non plus…" elle avait une mine un peu triste en y repensant mais elle savait qu'elle les révérait vite.

"Tu sais qu'on s'en occupera bien !"

"Eh oui je sais ! Oh, je viens de me rappeler d'une chose aussi…"

"Plaît-il ?"

"Je… je ne pourrais pas aller dans la crypte avant un moment… mais vous allez vous en occuper n'est-ce pas ? Toi et Vledemyr… et les autres."

"Oui bien évidement Maria ne t'en fait pas pour ça." Elle lui sourit faiblement et lui prenant la main.

La jeune femme blonde réfléchit quelques instants. "Et sinon Anna… est-ce que toi ça va aller ? Tu vas me manquer bien sûr et je te promets d'envoyer des nouvelles souvent." Elle était sincère et lui pressa les doigts.

"Oui ne t'inquiète pas ça va aller..." elle semblait un peu peinée puis elle lui lâcha la main. 

"Tu en es certaine ? Je sais bien que tu as tendance à te mettre la pression et si ce n'est pas toi c'est les autres qui s'en chargent..."

"Merci Maria, ça va aller. Tu vas beaucoup me manquer aussi tu seras prudente d'accord ? Et prends soin de toi." admit-t-elle.

"Oh Annalise… oui, je te le promet. Tu verras ça passera vite." En public, la princesse s'efforçait de toujours montrer la partie noble et forte de son caractère. Mais en privé, avec quelques personnes seulement, elle exprimait parfois un côté bien plus sensible et moins sûr d'elle. 

"Oui je suppose." Elle lui fit un léger sourire. "Bon, as-tu tout ce dont tu avais besoin ?"

"Hm, je crois ?" Maria regarda l'ensemble de ses affaires ainsi que les vêtements qu'elle avait préparés pour demain. Elle prit un peu de recul et lista mentalement ce qu'elle emmenait. Elle sursauta quelques secondes plus tard, "Ma broche !" Elle regarda autour d'elle, puis partit faire le tour de la pièce. "Oh non je ne peux pas partir sans !" 

"Calme toi, on va la retrouver." Pendant que la plus jeune fouillait avec vigueur son armoire et ses tiroirs, visiblement stressée, Annalise observa plus calmement le salon puis la chambre à sa recherche. Ne voyant rien, elle retourna dans le salon et regarda sur la banquette où se trouvait les habits que Maria prévoyait de mettre le lendemain. Elle souleva quelques oreillers et…

Elle prit le pendentif et le présenta en face d'elle. "C'est bon Maria ! Regarde il est juste là." 

Celle-ci referma les tiroirs et vint prendre le bijou délicatement, sa nervosité ce calmant, elle y tenait vraiment beaucoup. "Merci Annalise, je ne sais pas ce que j'aurais fait sans.

"Mais bien sûr."

Elle le posa bien en évidence sur ces affaires. "Cette fois c'est bon, je pense que j'ai tout." Elle se retourna vers Annalise qui la regardait, tenant le dos de sa propre main dans son autre, attendant. Elles se regardèrent quelques secondes. "Il se fait tard…" ajouta-t-elle. "A demain ?" Elle tendit timidement ses bras vers sa cousine, les paumes légèrement vers elle. Annalise se rapprocha d'elle et la prit dans ses bras, la serrant plus fort que à ce quoi Maria s'attendait, elle retourna l'embrasse. Elles restèrent comme cela un petit moment, puis se séparèrent. 

Annalise récupéra sa bougie et regagna la porte, l'entrouvrant. Elle se retourna en souriant, "Bonne nuit Maria." 

"Bonne nuit." lui répondit-elle, retournant aussi un sourire. 

Puis la porte se ferma, elle était partie. Maria vérifia que tout était en ordre, elle alla ensuite fermer sa porte à clé, éteignit les lumières puis se glissa sous sa couverture, essayant de trouver le sommeil. Demain sera une journée importante.

 

crows

 


 

Le lendemain matin, après s'être préparée, ses affaires furent descendues et elle alla saluer tout le monde avant de partir. Sa famille bien sûr, mais aussi les autres nobles, les chevaliers, les servants et les domestiques. Elle eut aussi l'occasion de refaire le tour de quelques endroits avant qu'il soit l'heure de partir. Après un énième aurevoir à ses proches elle monta enfin dans la diligence. 

Elle observa le château de Cainhurst s'éloigner et devenir de plus en plus petit à mesure qu'ils traversèrent le viaduc. Cela ne la laissa pas indifférente et lui fit un léger pincement au cœur. Elle repensa alors à ce qui l'attendait et de l'immense opportunité qu'elle avait obtenue. Une nouvelle page s'écrivait et elle ne put s'empêcher de sourire, à la vie qui l'attendait.

Chapter 6: Bienvenue à Byrgenwerth

Summary:

Maria arrive et découvre l'université de Byrgenwerth.

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

Après presque deux heures de voyage, l’hippomobile de Cainhurst arriva enfin à destination. Le soleil brillait avec une légère brise en cette belle matinée. L'une des entrées du campus, celle où s'arrêtaient les diligences était ombragée par de nombreux arbres. Une fois mise à l'arrêt, Maria descendit et regarda autour d'elle. Devant, le grand campus de Byrgenwerth avec ces grands et beaux bâtiments et au fond l'immense lac. Derrière, ce trouvait la grande forêt. Plus on regarderait au loin et moins on voyait des rayons de soleil percer la canopée, on distinguait difficilement Yharnam depuis ici. 

Le cocher descendit à son tour et apporta les affaires de la jeune femme devant l'entrée. Les deux discutèrent alors quelques minutes puis ils se saluèrent une dernière fois avant qu'il ne reparte. Maria l'aimait bien, c'était un ancien cavalier et un très bon cocher qui arrivait toujours à destination, qu'importe le temps. 

Elle se rapprocha ensuite de l'entrée où elle était visiblement attendue. Maître Willem était lui-même présent avec à ses côtés un homme avec une petite moustache, portant des lunettes et un haut de forme. Il y avait aussi quelques élèves plus en l'arrière, mais sûrement pas des nouveaux, ils devaient être là pour aider les arrivants qui se présenteraient un peu plus tard. La famille de Maria s'était arrangée pour qu'elle arrive dans les premiers, avant que la foule ne débarque.

Willem et Maria se saluèrent et se serrèrent la main, il lui souhaita la bienvenue en lui demanda si elle avait fait bon voyage, ce qu'elle répondit par l'affirmative. Il espérait aussi qu'elle se plairait bien ici et qu'elle n'hésite pas au moindre problème et il lui expliqua ensuite qu'elle serait conduite à son dortoir sous peu. Enfin, il s'excusa de ne pas pouvoir rester plus longtemps, il devait aller se préparer pour le discours devant les élèves et le corps enseignant tout à l'heure. "A 11 heures au centre de conférences !" Il indiqua à la jeune femme un grand bâtiment au centre du campus visible de là où ils se trouvaient. 

Elle le remercia encore une fois, "Merci infiniment Provost Willem." Ils se saluèrent de nouveau puis il partit. Maria n'en revenait pas que Maître Willem se soit déplacé en personne pour l'accueillir. C'était peut-être la moindre des choses mais cela lui fit très plaisir qu'il prenne un peu de temps sur son emploi chargé pour venir la saluer.

L'homme qui était à côté du Provost se présenta à elle comme Mr Liam, l'un des gardiens de Byrgenwerth. Il était chargé la plupart du temps de la surveillance de l'entrée principale, il portait plusieurs trousseaux de clés accrochées à sa ceinture. Il y avait aussi une petite table à côté de lui où un énorme registre était posé. 

Celui-ci lui demanda son nom, n'ayant entendu que son prénom. Elle se présenta simplement sous le nom de"Maria Cain", un diminutif de son nom complet qui avait été utilisé pour son inscription. En effet, comme tous les noms de Cainhurst, le sien était bien trop long pour tenir sur presque n'importe quels papiers administratifs (sauf ceux de Cainhurst bien sûr… et éventuellement leur banque). 

Il scruta son registre minutieusement puis écrit quelque chose au stylo. Il sortit ensuite des papiers et lui fit signer, c'était son bail pour l'année. Il garda une copie et lui donna l'autre. Il lui demanda ensuite de le suivre et fit signe à un élève de les rejoindre pour les aider, probablement un élève de 2e ou 3e année qui avait dû arriver plus tôt, leur rentrée n'étant que le lendemain. Le jeune homme en question avait un carré court blond et des yeux sombres. 

La jeune femme prit l'un de ses sacs sur le dos, son manteau sur l'épaule et ses livres sous le bras tandis que Liam prit l'une de ses valises et l'élève les deux autres. Elle leur demanda s'ils ne préféraient pas qu'elle prennent quelque chose de plus lourd à leur place et s'excusa pour toute la quantité d'affaires qu'elle avait ramené. Les deux lui dirent de ne pas s'inquiéter lui expliquèrent que même si la majorité des élèves emmenaient bien moins d'affaires, certaines personnes s'étaient déjà présentées avec bien plus. Et pas juste des professeurs ou chercheurs non, parfois ils avaient l'impression que des élèves déménageaient ! Ils emportaient bien plus que le nécessaire. 

Sur le chemin menant aux dortoirs situés au fond du campus, Liam expliqua ce qu'étaient les différents bâtiments à côté desquels ils passèrent. Il ne rentra pas non plus trop dans les détails car les nouveaux étudiants visiteront le reste du campus dans l'après-midi.

Ils arrivèrent ensuite aux fameux dortoirs étudiants : Deux grands et longs immeubles à deux étages disposés en parallèles, ainsi qu'un plus petit bâtiment à la perpendiculaire de ceux-ci à une extrémité. Sur l'autre extrémité une arche de pierre reliant les deux bâtiments avec une cloche. Elle ouvrait sur un parc, avec des bancs, quelques petits arbres, deux vieux puits et un lavoir.

Le plus petit immeuble était réservé pour certains érudits mais surtout les étudiants préparant leur maîtrise ou leur doctorat. Le corps enseignant, l'administration de l'université et les autres chercheurs eux, logeaient dans un autre bâtiment un peu plus au centre du campus. Pour le reste des travailleurs : gardiens, concierges, cuisiniers, fossoyeurs et les nouveaux prospecteurs fraichement embauchés…ils étaient pour la plupart dans de petites maisonnettes en bordure du campus.

On fit également remarquer à Maria que certains élèves et employés ne logeaient pas sur le campus mais à Yharnam ou dans des villages aux alentours. Beaucoup d'élèves rentrent d'ailleurs chez eux le weekend aussi, les fins de semaines seraient plus calmes à Byrgenwerth. Ce n'étais pas le cas pour Maria qui avait insisté pour essayer le début d'année sans rentrer. C'était d'ailleurs bien plus pratique que de faire bon nombre d'aller-retour en passant dans le centre-ville encombré.

Ils entrèrent dans l'immeuble de droite et montèrent les escaliers. Au passage Liam indiqua où trouver le concierge ainsi que les nécessaires de ménages et de nettoyage au sous-sol. C'est aussi là qu'il y avait le chauffage central mais interdiction aux élèves d'y entrer sans autorisation. Arrivés au dernier étage ils posèrent les valises devant l'une des portes. Maria remercia l'élève, puis celui-ci repartit après l'avoir salué. 

L'étage semblait presque désert, ils n'avaient croisé seulement que quelques étudiants en train de s'installer. Avant d'ouvrir la porte il lui fit visiter l'étage, lui montra où se trouvaient les salles de bains. Il lui expliqua aussi que bien qu'il y ai aussi des garçons dans le bâtiment, l'étage ne devrait avoir que des filles. Il regarda ensuite l'un de ses trousseaux de clés et en retira deux, en donnant une à Maria au passage. Les clés avaient des numéros gravés, correspondant à ceux marqués sur les poignées de portes. Avec sa clé Liam déverrouilla la serrure. 

"Et voilà mademoiselle !" Devant eux une chambre typique d'étudiant : un lit, un grand bureau, une armoire, quelques étagères sur les murs, un tapis, une double fenêtre avec un épais rideau. Il y avait aussi quelques fournitures sur les bureaux ainsi que des lampes et bougies mais sinon uniquement le stricte nécessaire. Sur le lit était posé plusieurs uniformes, et d'autres se trouvaient dans l'armoire avec quelques serviettes de bain. Par la fenêtre, on pouvait voir une petite partie du campus, la forêt et le lac.

Maria trouvait la pièce plutôt jolie malgré les quelques petites fissures apparentes en bas et dans les coins des murs. C'est sûr que les chambres de Byrgenwerth ne seraient jamais aussi grandes que sa propre chambre à Cainhurst mais… elle la trouvait vraiment petite avec peu de choses par rapport à ce qu'elle s'attendait. Elle demanda au gardien s'il était sûr que c'était sa chambre, juste au cas où. Lui aussi avait l'air un peu surpris, il vérifia dans ses papiers et lui confirma.

Après qu'ils eurent rentré les affaires dans la pièce, Maria demanda à Liam à quoi ressemblaient les autres chambres. Par curiosité. Celui-ci lui répondit que sa chambre était un peu plus grande que la plupart des chambres "standards" mais que certaines chambres étaient aussi bien plus spacieuses et confortables. Maria se demanda si ses parents et sa famille n'avaient pas commis une erreur. A moins que… qu'ils ne l'ont fait exprès… peut-être est-ce juste une simple une de l'administration de Byrgenwerth ? Elle verrait ça plus tard.

En attendant, Liam commença à lui expliquer une partie du règlement intérieur. Le bruit, les heures de sorties, de visites des autres élèves, où aller manger et les heures de repas, l'heure de l'extinction des feux, les problèmes et choses à faire en cas de dégradations… ainsi que les punitions encourues en cas de graves violations de ses règles. Il termina en ajoutant que le Provost referait un point sur le règlement qui risquerait d'être modifié un peu, puis il lui demanda si elle avait des questions.

Elle réfléchit quelques secondes avant de demander, "Vous m'avez montré des balais et serpillères tout à l'heure, comment ça se passe pour le ménage des chambres et pour laver nos affaires ? Draps, vêtements. Est-ce que quelqu'un passe nous les faire ?"

"Ah ça, c'est aux élèves et à vous de vous en occuper, sauf pour les uniformes qui peuvent se faire laver par le personnel. Il y a tout le nécessaire en bas et il y a le lavoir dehors ou des grandes bassines pour laver les linges. Y'a juste quelqu'un qui passe de temps en temps pour nettoyer les aires communes mais l'endroit doit être garder assez propre."

"Ah euh d'accord." Maria était un peu déconcertée. C'est plutôt logique que ce soient les étudiants qui s'occupent de leur affaire en y repensant, mais Maria n'avait jamais rien fait d'aussi poussé. Elle savait comment dépoussiérer des meubles et rapidement passer un balai mais elle avait seulement pu observer de loin les servants et domestiques nettoyer de fond en comble ou laver des fabriques. Elle n'avait jamais pu pratiquer d'elle-même ces tâches et ce n'est pas comme si on lui avait donné l'autorisation de le faire… "Et merde j'aurais dû demander aux servants comment faire avant de partir…" pensa-t-elle.

Liam sentait que quelque chose semblait la contrarier. "Hm, est-ce que ça ira mademoiselle ?"

"Euh oui bien sûr, ça devrait aller." Au pire elle fera comme les autres et recopiera ce qu'ils feront, ça ne pouvait pas être si compliqué.

"Bon très bien je vais vous laisser dans ce cas. Et n'oubliez pas 11h au centre de conférences ! Et en uniforme ! "

"Je n'y manquerais pas, merci."

Liam la salua une dernière fois puis repartit laissant Maria seule avec ses affaires. Elle avait quelques heures devant elle mais ne manqua pas de temps, elle commença donc à ouvrir ses valises et à ranger ses affaires : ses livres, ses vêtements… Elle sortit une montre un gousset qu'elle garda non loin avec un réveil et un petit couteau qu'elle mit dans son bureau.

 Ensuite elle se changea dans son uniforme. Elle hésita à mettre sa broche mais finalement elle la laissa dans un tiroir, ne voulant pas trop attirer l'attention. Enfin elle s’attacha les cheveux en une petite queue de cheval haute. Une fois préparée et la plupart de ses affaires rangées, elle sortit et referma sa porte à clé. Il lui restait encore pas mal de temps, elle décida donc d'aller se promener sur le campus afin de repérer l'endroit et de saluer les nouveaux arrivants qu'elle croisa. 

Elle ne devait pas arriver en retard et s'il y avait du monde, elle voulait avoir la meilleure place pour écouter le discours de bienvenue.

 

dessin dortoires

 


 

Pendant ce temps, en limite du campus, non loin des logements de l'équipe de prospection.

Gehrman était sur le côté de sa bicoque, en train de travailler sur un atelier en bois. Il était en train de polir un grand morceau de métal recourbé, très similaire à la lame du géant, maintenant brisée et qu'il avait récupéré l'année dernière. Sur l'atelier étaient posés quelques outils et quelques armes à feu qui avaient déjà été nettoyés ou attendaient pour l'être.

Il entendit un bruit derrière lui et s'arrêta. Juste après, une voix qu'il connaissait bien s'élevât derrière lui, "Alors ça travaille dure ?" le ton était légèrement sarcastique. Laurence était venu à sa rencontre.

"Yep." Sa réponse était brève, et il se remit au travail.

Laurence lui laissa donc le temps de finir ce qu'il faisait. Après avoir reposé l'arme sur la table, Gehrman se retourna vers lui. Son ami poursuivit la conversation. "Les nouveaux élèves sont en train d'arriver."

"Tu dois être pas mal occupé alors ? En pleine préparation hein ?" demanda-t-il à son tour au jeune professeur.

"Oh je n'ai pas grand-chose à faire tu sais. C'est Willem qui s'occupe du discours de bienvenue. Ça ne devrait pas tarder d'ailleurs c'est pour ça que je suis venu te chercher."

"Ah, c'est déjà l'heure ?" Il essuya ses mains dans un torchon et jeta un œil à l'intérieur de sa maisonnette en bois, sur le pendule. Il indiquait 10h30. "Ah oui c'est dans pas longtemps en effet!"

"On a encore un peu de temps ce n'est pas tout de suite et tu sais bien que rien ne commence jamais à l'heure!"

"Hehe c'est vrai!"

"Alors cette arme ça avance ?" Laurence s'était rapproché et regardait de plus près la lame que Gehrman avait fabriqué durant l'été. Il était même allé à Hemwick, pour la faire forger. Son ami tourna l'arme vers lui pour mieux lui montrer. Elle était grise mais ne brillait pas d'un éclat métallique et les finitions manquaient. Elle ressemblait beaucoup à la lame du géant Pthumérien mais aussi un peu plus à la lame d'une faux ou d'une serpe, mais en plus gros. 

"Ce n'est qu'un prototype tu sais, je vais la tester et si ça me convient je referai une lame avec le même design avec de bien meilleurs matériaux. Sinon je changerai de plan, encore…" Il avait passé les derniers mois à faire quelques essais et ajustement. Ces derniers temps, il passait presque tout son temps libre à essayer de concevoir cette "arme parfaite", capable d'être utilisée en toute situation tout en restant très efficace et pratique contre l'inconnu et les mystères qui se terrent sous la surface, dans les tombeaux des dieux…

Gehrman avait beau être concerné par le temps et l'effort que les érudits mettaient dans la recherche sur l'ésotérisme pthumérien et le sang ancien, Laurence était parfois carrément déconcerté du temps que pouvait passer son ami sur ses travaux ainsi que la précision qu'il y mettait. De plus, maître Willem avait chargé ce cher Gehrman en personne de diriger les futures expéditions dans le labyrinthe et de superviser les nouveaux prospecteurs que Byrgenwerth allait engager. On peut dire qu'il prenait le travail plus qu'à cœur.

"Elle a l'air plutôt bien tu sais. Tu à l'air préoccupé, qu'est-ce qui n'irais donc pas pour toi là de suite ?"

"Non, elle est très bien évidement mais je ne sais pas…je pensais peut-être l'accrocher à un manche pour avoir une plus grande portée tu sais ? Mais cette taille est très bien aussi." Il marmonna ensuite, "Mais bon je ne peux pas me permettre de faire 2 armes avec les matériaux finaux que j'ai en tête…Peut être que je devrais faire quelque chose qui me permettrait de changer entre les deux..."

"Je suis sûr que tu trouveras la solution! Et sinon tu l'as fait en quoi celle-là ?"questionna Laurence, regardant la lame de plus prêt.

"Oh un alliage de fer de zinc, d'étain… c'est surtout pour tester la forme et comment je peux la manipuler en combat."

"Je vois. Et tu comptes faire l'arme finale en quoi du coup ? On avait dit que l'or et l'argent ce n'était pas la peine et ne parlons même pas de mettre du mercure dans une épée. Il faut quelque chose qui marche sur tout ce qu'on peut trouver dans les labyrinthes Pthumériens."

"Eh bien en ça !" Gehrman sortit de sous son col de chemise un petit pendentif, accroché autour de son cou par une cordelette noir. C'était un petit morceau de métal étrangement brillant avec des inscriptions gravées dessus, il tenait dans la paume de la main. Il avait la même forme de faucille que la grande lame.

"Tu as ça depuis quelque temps maintenant… tu m'as dit que c'était du fer non ?"

"De la sidérite ! Pas juste de la simple hématite ou magnétite." 

"Oui mais c'est… Ah… Je sais ce que tu vas me dire : 'Non Laurence ce n'est pas la même chose !' Je croyais que les trois était du fer non ?" Laurence était dépité, qu'est-ce qu'il avait encore dit… Il est un médecin pas un géologue! Comment pourrait-il savoir ?

Gehrman continua promptement, "Ces minéraux sont tous composés de fer oui. Pour l'expliquer simplement. Mais devine d’où provient la sidérite que j'ai utilisée !"

"Euh… ba je ne sais pas… une roche ?!"

"Un minerai de météorite ferreuse Laurence !" répondit-il sur un ton ferme.

"Ah d'accord… Tu aurais juste pu dire que ça venait d'une météorite dès le départ j'aurais compris tu sais..."

"Ah oui peut être… mais tu sais que je préfère être précis sur ça. C'est hm c'est bien hein ?"

"Oui c'est beau."

Gehrman se racla la gorge, "Ce serait plus puissant que du simple métal et en plus on peut utiliser même les arcanes pthumériennes. Et ça porte bonheur il paraît... Enfin pas juste comme de l'or du cuivre ou je ne sais quels autres bibelots mais d'après les légendes ça protégerait les âmes des morts, ou quelque chose comme ça."

"Oui Gehrman je comprends." Il y eut un léger silence entre les deux hommes avant que Laurence ne lui pose une nouvelle question. "Est-ce que tu l'as fait à partir de tes vieux fragments de météorites ?"

"Oui." Il avait l'air fier, il regarda attentivement le petit morceau de métal dans le creux de sa main. 

Yharnam et ses alentours possèdent une géologie riche et très intéressantes. On retrouve à la fois des roches sédimentaires mais aussi magmatiques, riches en minéraux exploitables. C'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles les pthumériens se sont d'abord établis dans la vallée entre les grandes collines où est érigé la ville moderne. La vielle ville se trouvant dans la vallée. C'est aussi une région où il y a de nombreux impacts météoritiques depuis des siècles. Encore aujourd'hui de nombreuses petites météorites tombent dans la région. Enfant et adolescent, Gehrman avait toujours eu l'habitude d'essayer de partir en chercher. Il en avait amassé une bonne collection au fur des années. Ça devait beaucoup lui rappeler son passé et sa famille, c'est pour ça que cela semblait autant compter pour lui. 

Une fois sorti de sa rêverie, il se retourna vers Laurence. "Bon on ferait mieux d'y aller."

"Oui."

Il mit son chapeau, ramassa les outils et les armes pour les ranger. Laurence l'aida puis ils partirent en direction du centre de conférences au centre du campus.

 

vieux badge de chasseur

 


 

Maria arriva enfin au centre de conférence. Le bâtiment était très grand et avait un étage. Il y avait aussi plusieurs laboratoires, bureaux et des petites salles de conférences. Mais le plus impressionnant étaient les deux grandes classes amphithéâtres, pour les cours magistraux. Dans le couloir principal, de grands lustres en cristal éclairaient l'intérieur et de nombreuses colonnes de pierres ornaient les murs. 

Elle n'eut pas de mal à trouver ou allait se dérouler le discours, de nombreux étudiants se trouvaient devant ou entraient à l'intérieur d'une salle avec des centaines de places. Certains allaient même à l'étage, sur la mezzanine surplombant la salle. Elle ne perdit pas de temps et entra dans l'immense pièce. Il y restait encore de nombreuses places libres, seulement une cinquantaine d'étudiants était déjà là en train de discuter entre eux.

Elle sélectionna une place près du centre mais légèrement sur le côté, elle lui permettrait d'avoir une bonne vue sur l'estrade et le tableau sans non plus être complétement devant. Un professeur semblait ranger des papiers sur le grand bureau d'ailleurs. Maria resta debout accoudée sur la chaise devant elle en attendant que la salle se remplisse d'avantage. Elle observa les nouveaux étudiants autour d'elle et ceux qui arrivaient. 

Parmi la foule aux couleurs brune, blanche et noir des uniformes elle n'arriva pas à reconnaître qui que ce soit. Ils étaient tous de parfaits inconnus. Certains semblaient se connaître d'avantages et êtres d'amis de longues dates mais beaucoup avaient l'air assez perdu et ne connaissaient sans doute personne, comme elle. Elle discuta rapidement avec les élèves à côté mais rien de bien sophistiqué à part se saluer et demander quand ça allait commencer.

Après quelques dizaines de minutes, il était enfin l'heure. Cependant, ils durent patienter encore un petit quart d'heure. La plupart des étudiants venus avec les grandes capes noires les avaient enlevées et ceux avec les vestes brunes à longues manches semblaient avoir un peu chaud, certains les avaient aussi retirées. La salle était pleine et toutes les places avaient l'air occupées, certains élèves ayant dû se mettre sur le côté ou par terre. Maria se demanda combien d'élèves étaient présents. Peut-être trois cents à peu prêt ?

C'est alors que des professeurs et chercheurs firent leur entrée, suivis de Maître Willem et de membres du personnel de l'école. Maria reconnut Laurence qui s'était placé non loin derrière le principal et Mr Liam qui était avec d'autres membres du personnel, à quelques mètres plus loin. Même le fameux Gehrman était là.

Mais… depuis quand il a deux pieds ?! s'étonna Maria. Ça ne pouvait pas être possible, quand elle l'eut rencontré plusieurs mois auparavant il avait un pilon en acier à la place du bout de sa jambe droite, là il portait deux chaussures. Les jambes ne repoussent pas comme ça voyons. Elle regarda plus attentivement et observa qu'il ne marchait pas tout à fait correctement et qu'il s'appuyait peu sur sa jambe droite. Mais oui bien sûr, il devait sans doute juste porter un autre type de prothèse! Elle se pensa bête quelques secondes.

Après cette petite réflexion à elle-même, le Provost tenta de prendre la parole en faisant un signe à son audience. Cependant, encore de nombreuses personnes parlaient et cela créait un assez grand vacarme. "S'il vous plaît-"

"Silence dans la salle !" Vociféra un professeur, cependant, rien n'y fit. C'est alors qu'un énorme coup retentit dans toute la salle, surprenant tout le monde. Une femme avec un chignon blond foncé, faisant vraisemblablement partie du personnelle, avait porté un violent coup contre l'un des murs juste à côté du tableau. La plupart des élèves s'étaient aussitôt tus et il n'y avait maintenant seulement que des chuchotements. La femme se remit à sa place, croisant les bras tandis que la plupart des professeurs, déconcertés par se qu'il venait de se passer, lui jetèrent de rapide regards. Les autres membres du personnel avaient l'air plutôt content, tout comme Laurence bien qu'un peu surpris. Gehrman avait un regard approbateur et Liam semblait fier, il lui chuchota même quelque chose.

"Merci Dores." Souffla à voix basse le Provost. Il se racla ensuite la gorge et commença en parlant haut et fort. "Bonjour à tous !" Aussitôt tout le monde ne faisait plus de bruit et écouta attentivement. "Je suis Willem, Provost de l'université de Byrgenwerth. Au nom de tous mes collègues, enseignants, chercheurs et de tous ceux qui travaillent ici, nous vous souhaitons la bienvenue en ce lieu de savoir et d'apprentissage. Nous espérons que les années que vous passerez ici seront enrichissantes et propice à votre avenir !"

Il continua encore pendant de longues minutes en remerciant tous les nouveaux élèves d’avoir choisi Byrgenwerth pour leur étude. Il raconta ensuite comment l'université avait été créée il y a de cela plusieurs décennies. Il rappela aussi diverses règles à respecter : pas de violences physiques ou morales envers qui que ce soit bien sûr. Ne pas abîmer les lieux ou le matériel, être ponctuel, ne pas rater les cours etc.

Enfin, il mentionna avec appréhension les expéditions dans les catacombes, sous la ville et la forêt. Il savait que beaucoup d'étudiants étaient fortement intéressés par le sujet et espéraient y prendre part. "Concernant les visites des tombes Pthumériennes. Après les événements de l'année dernière, l'administration et moi-même avons décidé, par mesure de sécurité, de continuer la suspension des visites dans le cadre scolaire."

Beaucoup de protestations se firent entendre, un bon nombre auraient espéré y descendre. Le Provost reprit, "Pour l'instant ! Dans un premier temps, se seront uniquement les prospecteurs et ceux que nous allons engager qui vont pouvoir y aller… Nous voulons continuer nos recherches et uniquement ramener des reliques des tombeaux n'est plus suffisant. C'est pour cela que certains chercheurs seront amenés à y descendre un jour ou l'autre, mais pas sans une rigoureuse préparation. Pour ce qui est des élèves… Nous allons voir pour mettre en place un programme d'entraînement spécial, en plus des cours. Ils seront faits sur plusieurs mois pour ceux qui ont déjà de l'expérience en combat ou font le programme militaire. Pour ce qui est du reste, ce sera plus tard." De nombreux chuchotements commencèrent dans la salle. Maria réfléchit intensément à ce qu'elle venait d'entendre. Elle pourrait sûrement participer à ces entraînements ! La nouvelle l'a remplie de joie.

"Ces entraînements seront donnés en petits groupes, auprès de nos chers prospecteurs." Il se tourna vers les membres de son personnel, surtout vers Gehrman qui semblait un peu perdu. C’était surtout à lui que Willem avait assigné cette tâche et n’ayant jamais formé au combat de jeunes étudiants il appréhendait beaucoup. "Pour le moment vous avez tous interdiction de vous approcher de la zone d'excavation ou d'aller sous terre sans autorisation et approbation de l'administration. Tout élève, chercheurs ou personne non accréditée pris sur le fait sera sévèrement réprimandée et passera en conseil de discipline ! Je veux rappeler à tous que les labyrinthes antiques sont extrêmement dangereux et que c'est la mort que vous risquez."

Il fit une légère pause avant de continuer. "Par ailleurs, nous avons également mis en place un couvre-feu. Vous devez déjà sans doute savoir qu'il ne faut pas faire de bruit après une certaine heure dans les dortoirs et que la plupart des bâtiments seront fermés. Mais je veux dire par là que les portes de l'école seront closes et qu’à moins qu'il y ait un problème, ou une urgence, personne ne se baladera sur le campus la nuit après 23h et jusqu'à 5h du matin. Néanmoins, il est possible que des exceptions soient faites au cours de l'année selon comment les choses évolueront."

De nombreux râlements se firent entendre. C'est sûr que les soirées et fêtes sur le campus allaient être plus compliquées maintenant. Maria se demanda pourquoi de telles mesures étaient prises maintenant. Peut-être y avait-il trop eu de débordements les années précédentes ? Ou bien était-ce lié aux ruines ptumériennes ? Les monstres sortaient-ils la nuit ? Le Provost assura aux étudiants que rien de tel n'était déjà arrivé. Peut être souhaitait-il être précautionneux au cas où une telle chose n'arrive. 

Après ça, maître Willem présenta le programme de l'après-midi. Répartition dans les classes, distribution des emplois du temps ainsi que du matériel scolaire : manuel et autres livres, compas, règle, rapporteurs et autres outils de géométrie. Ils auront ensuite une visite du campus et enfin, dîner dans la grande salle de balle de l'école. Il leur expliqua ensuite que le lendemain ils auraient la mâtiné de libre tandis que l’après-midi ils seront introduit plus en détails à leur cursus respectif, en plus petit comité.

Enfin, il indiqua qu’après la collation qui leur sera distribuée sous peu, ils trouveront la salle dans laquelle ils devront se rendre affichée dehors. Il les remercia de l’avoir écouté, qu'ils se rêveraient plus tard et ils furent libres de partir.

 

L’après-midi se passa pour le mieux, Maria pu trouver sans problème la classe dans laquelle elle devait aller pour recevoir le reste de ses affaires et son horaire. Après une petite présentation faite par un professeur âgé à barbe grise, les étudiants partirent faire la visite du campus. On leur montra les principaux bâtiments avec les salles de classes, les études, les laboratoires, la salle de balle où ils iraient tout à l’heure, les pavillons médicaux ainsi que ceux de recherche, les différentes bibliothèques et où trouver les professeurs hors des cours.

Ensuite, ils purent admirer le bâtiment le plus fameux Byrgenwerth, le lunarium ! A son sommet il y avait un grand dôme d’observatoire avec un télescope orienté sur le lac, celui-ci était utilisé très occasionnellement ces derniers temps. Le bâtiment accueillait aussi une bibliothèque et pouvait parfois être ouvert aux étudiants quand le provost et ses collègues n’y travaillaient pas.

Après la visite, les étudiants purent revenir dans leur chambre en attendant le repas. Maria en profita pour ranger le reste de ses affaires et commencer à faire connaissance avec les élèves partageant son immeuble et son étage.

Par la suite, les élèves furent tous conviés à la grande salle des fêtes ou de grandes tables avaient été aménagées pour le dîner. Le Provost et certains professeurs prononcèrent quelques mots avant qu’ils puissent tous commencer à manger.

Même si le repas n’avait rien de très extraordinaire et était bien différent des banquets copieux de Cainhurst, le poulet accompagné de légumes était plutôt bon. Maria était contente, elle n’allait plus manger exactement la même chose tout le temps. Elle ne serait plus obligée de manger des steaks saignants et bleus tous les 2 jours !

Elle put aussi discuter davantage avec les autres élèves qui se trouvait à sa table. Elle constata que quelques-uns étaient de familles nobles aussi. Elle connaissait même déjà certains de leur nom de famille. D’autres venaient de familles bourgeoises mais la majorité de de familles bien plus modestes. Il y avait aussi pas mal d’élèves qui venaient de régions plus ou moins éloignées pour leurs études. Maria les écouta sans jugement et leur posa quelques questions supplémentaires, curieuse d’en apprendre plus. Ils furent également tous assez surpris d’apprendre qu’elle venait de Cainhurst et lui posèrent quelques questions en retour. Certaines questions semblait un peu étranges à la jeune. Elle y répondit mais n’en dit pas trop bien sûr, juste assez pour leur convenir. 

En regardant un peu autour d’elle, Maria fut stupéfaite par les manières de table de certains élèves. Elle comprenait de prendre une cuisse ou un pilon de poulet à la main mais de là à prendre des morceaux de blanc et ou de poitrine à pleine main et de le croquer directement l'indigna. Elle fut rassurée de voir qu’elle n’était pas la seule à être choquée par cet étrange spectacle. Le reste du repas se passa néanmoins sans nette encombre, pas de verres cassés ou de plats renversés, juste quelques couverts tombés à terre. 

Après le long dîner et qu’ils aient eu la permission de partir, il était déjà tard. Maria resta un peu dehors, beaucoup d’élèves qui discutaient entre eux. Ne connaissant personne de près et commençant à ressentir de la fatigue, elle finit par rentrer à sa chambre.

Avant d’aller se coucher elle considéra de commencer à écrire une lettre pour sa famille mais elle se résolut à la faire le lendemain. Elle aurait encore plus de choses à dire avec les expériences du lendemain. La jeune femme était très satisfaite de sa journée et elle s’endormit, la tête pleine d’idées, hâte de la journée qui s’annonçait.

 


 

Le lendemain matin.

Le soleil était déjà haut dans le ciel, il faisait beau, comme la veille. Maria, marchait au bord du lac en compagnie d'un jeune homme aux cheveux bruns et aux reflets dorés. 

"Alors Charles, ce voyage ? Comment ça s'est passé ?" demanda-t-elle avec un sourire.

"Eh bien, mise à part le retard avec l'imprévu qu'on a eu et le fait que le trajet soit long ça c'est plutôt bien passé je dirais." Il lui retourna un sourire.

"Oui tu viens de loin après tout et mais quel genre d'imprévu avez-vous eu ?"

"Je n'ai pas tout compris, des marchands qui se querellaient et qui avaient un problème avec leur calèche je crois. Ils devaient avoir une pièce de cassée. On a mis un temps fou pour passer…" il soupira, "Et heureusement qu'on est en été, l'hiver c'est encore pire de prendre la route avec la neige… et bien plus long."

"Oh je vois que tu as déjà hâte de rentrer dans plusieurs mois !" Elle affichait maintenant une expression plus moqueuse.

"Ah ne m'en parle pas…" souffla-t'il.

"Je comprends mieux pourquoi tu préférerais passer les fêtes à Cainhurst cet hiver. Moi qui pensais que tu voulais vraiment venir nous voir pour passer du temps avec nous ! " Dit-elle sur un ton dramatique avec une pointe de sarcasme.

Il protesta promptement, "Hey !  Évidement que je préférais aller à Cainhurst avec ma famille pour tous venir vous voir ! Ça fait si longtemps que je n'y suis allé…"

"C'est vrai oui… et comment vont tes chers parents d'ailleurs ? "

"Il vont plutôt bien oui ! Père à même commencé à me former pour devenir bourreau après lui. C'est un peu stressant mais ça se passe bien. Oh et ils m'ont dit de te faire part de leurs salutations."

Charles et sa famille eurent habité à Cainhurst quand il était enfant, ils demeurent désormais dans un petit manoir seigneurial dans des terres au nord-ouest de Cainhurst, à une journée de route. Il y a quelques années, Maria a même pu y passer un été. Le père du jeune homme est aussi l'un des bourreaux de la cour.

 "Ah je vois et c'est très aimable de leur part, tu leur donnera également mes salutations quand tu leur écriras ?" lui demanda Maria.

"Bien sûr ! Et comment vont les tiens et le reste de ta famille ? Est-ce que ça va mieux avec tes parents d'ailleurs ?" 

"Oui ça va mieux on va dire. Ils m'ont laissé partir étudier ici après tout. Mais oui ils vont bien, ils te passent tous leurs salutations également. Mon cousin et Annalise vont très bien aussi. Le reste de la famille tu devrais le savoir depuis, à part s'embrouiller pour des sottises et se chercher des choses à faire de leur journée, rien de bien spécial. Le roi est toujours un peu fatigué mais… ça devrait aller."

"D'accord je vois et je suis très content que tu aies pu venir à Byrgenwerth oui ! Tu n'hésiteras pas si tu as besoin de quoi que ce soit d'ailleurs ? Je ne suis peut-être pas le meilleur exemple de ponctualité ou de travail mais je peux quand même essayer de te donner quelques conseils sur les cours. Mais sinon je pense être plutôt bon pour juste parler." il posa une main amicale sur son épaule.

"Oui bien sûr, merci beaucoup." Elle acquiesça de la tête.

"C'est bien naturel." Il retira sa main. "Bon et cette rentrée du coup ?"

"Oh c'était génial ! J'en suis très contente ! Je dois encore prendre mes marques, c'est tellement grand! Et je ne connais pas grand monde..."

"Ah oui on se perd un peu au début mais tu verras tu t'y retrouvera vite ! Et les gens ici ne sont pas bien méchants normalement, mais tu sais comment c'est."

"Oui ce sont juste les manières de quelques-uns qui sont à déplorer..." Elle lui expliqua par la suite la situation au souper de la veille.

"Oh vraiment ?! Et là encore ça ce n'est rien !" Les deux se mirent à rigoler.

Ils continuèrent à marcher entre l'ombre des arbres et le bord du rivage, de nombreux autres étudiants étaient également aux abords de la grande étendue bleu et verte.

Une autre question vint à Maria. "Hey, est-ce qu'il arrive que des étudiants aille se baigner ? Est-ce autorisé ?"

"Hm…"  Il réfléchit quelques instants puis répondit brusquement. " Oh, tu n'es pas au courant ?!"

Elle était confuse, "Au courant de quoi ?"

"Tu ne sais pas que les étudiants ont tendance à jeter les nouveaux élèves dans le lac en guise de bienvenu ?! Si j'étais toi je ferais très attention les premiers temps ici !

"QUOI ?!" Maria était complètement abasourdie. Comment une telle barbarie pouvait se produire à Byrgenwerth ?! Elle savait que se genre d'expérience était loin d'être agréable. Quelle odieuse façon d'accueillir les nouveaux arrivants. Elle regarda Charles, épouvantée mais se calma très vite en voyant qu'il se retenait de rire. Elle souffla exaspérer puis lui frappa le bras avec un rictus vengeur. "Tu te fiches de moi !"

"Aie, je suis désolé Maria mais tu aurais dû voir ta tête !" il riait maintenant.

"Oui d'accord j'avoue que ta blague est mal." Les deux rigolèrent ensemble quelques secondes.

Charles reprit, "D'accord, plus sérieusement ça arrivait encore il y a de nombreuses années apparemment, mais ça posait problèmes alors ça a été interdit. En revanche, en fin d'année après les examens et les résultats, les élèves se font vraiment jeter dans le lac par leurs amis ! Surtout ceux qui reçoivent un diplôme. C'est assez drôle à voir ! Sinon quelques-uns se baignent normalement dans les premières semaines, si il fait assé chaud. Et ça arrive très souvent que des élèves se baignent en fin d'année."

"Ah oui d'accord… Bon et bien on verra qui se fera jeter dans le lac alors hehe."

"Oui ahah. Bon et sinon as-tu déjà vu les autres Maria ?" 

"De Cainhurst ? Non pas encore."

"Eh bien, on peut tous se rejoindre pour discuter tout à l'heure peut être ? Là, je vais devoir y aller, tu as classe cette après-midi non ?"

"Oui, jusqu’à 15h ou un peu avant, on peut se rejoindre après avec les autres.

"On devrait tous avoir fini vers 16h-17h."

"Parfait. Bon je suppose que tu vas avoir droit d'ici peu au discours de bienvenue ? Tu me dirais comment ça s'est passé ?"

Il avait déjà l'air fatigué rien que d'y penser "Oui compte sur moi…"

 

Charles

 


 

Maria attendait, appuyée contre le mur juste à côté de l’entrée de la classe fermée. Elle était en train d’écouter à moitié les discussions dans son dos parmi le grand rang d'élève derrière elle. Soudainement, une jeune femme visiblement essoufflée se pointa juste en face d'elle. Elle avait l'air stressé et l'a supplia presque, "Est-ce-que c’est bien la salle n°24 ?!" Elle était plus petite que Maria en taille, avait des cheveux bruns ondulés, attachés en chignon et des lunettes sur ses yeux bleu-gris.

Après quelques secondes de surprise, Maria regarda la porte, elle avait le même numéro inscrit dessus. "Euh… oui ?"

"Oh Merci." La jeune femme en face d’elle était rassurée. Elle tenta alors d'ouvrir la porté mais elle était verrouillée. "Ah, c’est fermé…" Elle resta quelques secondes à fixer la porte puis alla se ranger au bout du rang formé par les élèves, laissant derrière elle une Maria très confuse. Il lui semblait pourtant évident qu’il fallait attendre que le professeur arrive pour ouvrir la salle de classe. Maria trouvait ce qu’il venait de se passer un peu bizarre, mais elle se dit que c’était sûrement le stress de la rentrée qui avait dû déstabiliser la pauvre l’étudiante.

Quelques minutes plus tard, Laurence arriva et ouvrit la porte tout en s’excusant pour son léger retard. Il salua Maria qui le salua à son tour avant de rentrer. Elle s'assied vers le centre de la classe, sorti un cahier et de quoi prendre des notes puis attendit que tout le monde finisse de s'installer. Elle remarqua que la fille de tout à l'heure semblait un peu perdue au milieu de la pièce, cherchant probablement une place.

C'est alors qu'un jeune homme pâle au cheveux noir, courts et ébouriffés s'approcha de la jeune femme à lunette, "Ah, tu es là !" il mit une main sur son épaule et lui indiqua les places de devant. Ils saluèrent Laurence qui les salua également avec un grand sourire.

Laurence leur parla donc de leur programme général de sciences et de biologie au cours de leur première année. Il leur expliqua que ce serait mieux pour eux de venir à tout leur cours et si possible de faire tous les travaux demandés s'ils ne voulaient pas se retrouver en difficulté plus tard. Il leur expliqua que l'université pouvait vraiment se montrer dure mais que s'ils travaillaient quotidiennement tout se passerait bien. Pour appuyer son propos il insista qu'il eût été à leur place il y a encore peine quelques années. 

Il ajouta qu'ils ne devaient pas non plus stresser à s'en rendre malade et de ne pas hésiter à en parler à lui, un autre professeur ou à d'autres élèves qui pourraient le faire remonter. Il sait que beaucoup d'élèves sont loin de chez eux et de leur famille, ce qui n'est pas toujours facile.

Enfin, il parla un peu plus en détail de son programme et des cours qu'il allait leur donner : physiologie, introduction à la médecine et la théologie. Il échangea une bonne heure de plus entre ses explications et les nombreuses questions des élèves curieux.

Après cette classe d'introduction qu'elle avait beaucoup appréciée et qui l'avait encore plus motivée, Maria rentra dans sa chambre et commença à rédiger sa lettre. Elle avait deux heures devant elle avant d'aller rejoindre Charles et les autres. Elle espérait bien en profiter pour commencer à écrire. Elle était très heureuse de ses premiers jours et espéra rassurer ses proches tout en leur partageant sa grande joie et motivation pour la suite.

Elle sortit de son bureau une très belle plume à écrire, une plume de corneille avec un bout doré, gravée de motifs floraux et un encrier aux armoiries de Cainhurst. Enfin, elle prit un papier à écrire et commença à rédiger.

Notes:

Bon j'espère que vous avez aimé ce long chapitre. Espérons que rien ne se passe mal pour la suite :)

Une petite note sur mon OC Charles : Je peux pas trop en dire sur lui pour l'instant mise à part qu'il aura un rôle clé à jouer concernant un évènement du lore (ceux qui savent, ils savent), mais ce sera probablement pas dans cette fic que ça va se produire de toute manière donc il aura seulement un petit rôle occasionnel ici.

Ah et pour ceux qui se demanderaient oui y'a un petit caméo de Damian, Micolash et Rom ;) ils seront introduit clairement et en détails plus tard.

(Wow ça va faire un an à la fin du mois que j'ai commencé cette fic... et bien...)

Chapter 7: Début difficile

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

PAN ! 

Des coups de feu retentirent sur le champ de tir. Ce n'était pas l'entraînement des prospecteurs cette fois, mais celui des élèves en cette matinée d'octobre. Gehrman et Liam étaient en charge. Après avoir fait une petite démonstration sur cible de leur talent de tireurs et après avoir bien rappelé avec précaution toutes les règles de manipulation des armes à feu, c'était aux tours des élèves de s'exercer. 

Les deux gardiens avaient été très clair qu'aucune transgression ou plaisanterie ne seraient permise. Ils tiraient avec des balles à blancs pour l'instant. Le but était de voir leur niveau, pas de tirer une balle dans le pied de son voisin. Ce cours n'était point destiné aux débutants, mais ceux qui avaient déjà pas mal d'expérience et savaient déjà tirer. Cependant même s'ils étaient tous censés avoir de l'expérience en combat ils n'en avaient pas forcément tous beaucoup dans les armes à feu. 

Néanmoins au vu du peu d'élèves présents, une vingtaine, Gehrman avait même permis au moins à l'aise de s'exercer davantage, en leur expliquant plus en détails le fonctionnement des armes en y allant par étapes.

Maria, elle, était extrêmement à l'aise avec la discipline. L'exercice lui semblait vraiment d'une simplicité remarquable. Charger, viser, tirer. Recharger, viser, tirer. Un jeu d'enfant pour elle. Néanmoins cela ne l'ennuyait pas, bien au contraire. C'était une distraction très bien venue après les premières semaines de cours. Elle avait besoin de se changer les idées.

Pas que les cours se passent mal, non. Elle s'en sortait plus qu'honorablement, mais l'adaptation était un peu… compliqué. Surtout avec les autres. L'entraînement lui faisait penser à autre chose et ça lui rappelait un peu ceux qu'elle faisait à Cainhurst. Bien que la rigueur militaire frôle l'amateurisme, cela ne la dérangeait pas et elle trouvait cette liberté plutôt agréable.

A sa gauche, se trouvait son ami Charles. Il avait un peu de mal avec la carabine, étant bien plus habile à l'épée. A côté de lui se trouvait le jeune homme blond, celui qui avait aidé Maria avec ses affaires à la rentrée, elle avait appris qu'il se prénommait Damian. Comme Charles, il était en seconde année, ils partageaient encore quelques cours mais ils n'étaient pas dans les mêmes filières.

A la droite de Maria se trouvait un jeune homme aux cheveux noir qui se débrouillait plutôt bien. Il venait d'une famille anciennement noble de Yharnam apparemment. Il était dans la même classe qu'elle en cours de théologie et quelques autres. Il semblait à la jeune femme de l'avoir déjà rencontré plusieurs années auparavant. Plus jeune, sa famille et elle étaient souvent invités par les familles les plus influentes et ceux cherchant désespérément à renouveler un peu de leur gloire perdue. Elle pensait l'avoir croisé plusieurs fois à certaines de ces invitations, bien que ne se rappelant que peu de détails.

En plus du nom de sa famille qui lui était familier, elle se souvint de lui surtout grâce à la particularité physique qu'il possédait. Il avait les yeux vairons. L'œil gauche brun et sombre et l'œil droit vert avec quelques reflets bleus. Elle ne se souvenait pas vraiment de son prénom cependant. Ludovic peut-être ? Ou un prénom similaire du moins.

Elle se demandait s'il la reconnaissait. Il n'avait pas l'air d'avoir fait le rapprochement et ne l'avait pas mentionné non plus. Elle se dit que c'était tant mieux au vu de l'attention qu'elle recevait de certains de ses camarades et dont elle préférerait se passer.

Après un moment et quelques autres explications de la part des prospecteurs, les élèves qui le souhaitaient étaient libres de partir tandis que ceux qui le voulaient pouvaient rester et tirer sur cible avec de petites balles cette fois-ci. Plus de la moitié remirent leur arme après les avoir nettoyées et partirent. Charles arrêta aussi l'entraînement tandis que Maria décida rester et les deux se dirent au revoir.  

Liam alla préparer les cibles et Gehrman remit de petites balles aux étudiants restants tout en leur rappelant encore de faire très attention. De toute manière, il les surveillait de près et ceux restants étaient plutôt à l'aise. Sur ses ordres, ils chargèrent, prirent le temps pour viser puis tirèrent. Les balles sifflèrent et vinrent heurter leur cible. L'odeur de poudre était encore plus forte. 

Après quelques balles tirées, Liam et Gehrman allèrent voir les cibles puis les rapprochèrent en les félicitant. Ils leur donnèrent aussi des pistes pour s'améliorer. Pour les mettre en pratique, ils reculèrent les cibles d'avantages.

Ils passèrent à côté de chacun des élèves afin de voir leur technique. Gehrman se positionna non loin du jeune aux cheveux de jais et le regarda tirer. Il tirait extrêmement bien et la plupart des balles étaient toutes vers le centre de la cible. 

Il lui posa ensuite une question. "Dis-moi mon grand c'est quoi ton prénom déjà ?"

Le jeune homme fut un peu surpris mais finit par répondre rapidement. "Euh, Ludwig."

Maria réfléchit à ce qu'elle venait d'entendre "Ludwig… évidemment." Elle essayerait de s'en souvenir.

"Eh bien Ludwig, tu te débrouilles vraiment bien tu sais !"

"Merci m'sieur." Il n'avait plus de balles à tirer alors il commença à enlever les cartouches de son fusil et à le nettoyer.

Gehrman s'approcha ensuite de Maria pour la regarder tirer. Elle aussi était très habile et la majorité de ses tirs étaient concentrés vers le centre. Elle se mit en position, visa puis tira. Ils n'avaient pas vraiment eu l'occasion de discuter depuis leur rencontre il y a plusieurs mois, mais quand ils se croisèrent ils n'hésitaient pas à se saluer rapidement.

En observant ses tirs, il remarqua quelque chose. "Hm c'est pas mal du tout ! Mais pourquoi tu fais ça ?"

"Faire quoi ?" Elle se retourna vers lui, faisant mine de ne pas savoir. 

"Eh bien tu sais que tu dévies un peu ton canon en tirant ? Ça se corrige facilement tu sais. Il te reste des balles ?"

"Je ne crois pas non." Elle était impressionnée qu'il puisse voir un si petit détail. Il avait raison, elle déviait juste un peu son tir juste avant de tirer. C'était bête, elle était amplement capable de le mettre dans le mile, elle l'avait déjà fait bien de nombreuses fois auparavant, mais elle n'avait pas envie d'attirer trop l'attention sur elle pour un exercice comme celui-là. Elle n'était pas à Cainhurst. 

Gehrman lui tendit alors une balle. Elle l'a pris et la chargea dans le canon, puis elle se mit en position. Elle se positionna, visa précisément, retint sa respiration une seconde et tira.

Il se dirigea ensuite vers la cible pour la ramener tandis que Maria nettoya son arme. "Bah tu vois quand tu veux !" Il avait un grand sourire, elle avait tiré dans le mile. Elle lui rendit ensuite l'arme sans rien dire. 

Gehrman chercha alors autre chose à lui dire, après quelques secondes il lui demanda, "Avec quels autres types d'armes tu es habituée à tirer ?"

"Oh et bien, des fusils, des carabines, des pistolets, des baïonnettes et les armes à feu sur les reiterpallasch."

"D'accord, bien."

"Quand est-ce qu'est prévue la prochaine séance ?" demanda-t-elle à son tour.

"Oh et bien…" Il se tourna vers Liam mais celui-ci était occupé à quelques mètres de cela en train de discuter avec le jeune Damian. "D'ici deux à trois semaines il me semble ! Vous serez prévenus je pense."

"Très bien, j'y serais, merci."

Sur ce, tous les élèves partirent et les gardiens finirent de ranger tout leur matériel.

"Bon et bien ça s'est plutôt bien passé !" s'exclama Liam positif.

"Ah tu parles… je n'espère juste pas être passé pour un clown…" soupira Gehrman.

"Pff tu rigoles j'espère, tu es très pédagogue tu sais ! Ils ont l'air d’avoir apprécié tes explications aussi."

"Je suis loin d'être prof Liam, et tu es mieux placé que moi pour ça."

"Hm, peut-être mais plus pour un cours traditionnel, mais pas pour ça. Et bon ça te permet de tester des trucs pour les entraînements des futurs prospecteurs !"

"Ouais… j'espère que ça se passera bien..."

" Je l'espère aussi mon ami !"

"Bon aller, je dois passer au collège réparer cette fichue porte maintenant…"

Liam eut un petit sourire, "Ah celle dont la poignée est cassée et que Dores a 'trouvé' hein ?"

"Bon au moins ce n'est pas un trou en plein milieu de la porte cette fois !" soupira Gehrman avec un sourire au coin.

"Ah tu sais comment elle est ! Et puis la poignée fonctionnait mal après tout, elle aurait dû être changée à un moment ou un autre !"

"C'est vrai c'est vrai… bon à tout à l'heure Liam" sourit Gehrman en faisant un geste de la main. 

"A plus tard !"

Gehrman se rendit ensuite dans un des bâtiments en prenant au passage une boîte à outils et alla réparer la poignée d'une porte d'un local de rangement. Quand il eut fini de vérifier que tout était en ordre, quelqu'un vint se tenir non loin de lui. C'était Laurence.

Les deux hommes se firent une accolade. " Alors Laurence comment ça va ?"

"Bien et toi ? Oh je te dérange peut-être."

"Non je viens de terminer."

"Ah parfait ! Alors cet entraînement avec les élèves ?"

"Ma fois, ça s'est plutôt bien passé ! Personne n'a été blessé ! Personne n’est mort !" plaisantait-il.

"Ah c'est euh… c'est pas mal en effet… Il y avait beaucoup de monde ?"

"Ah une vingtaine ! C'est amplement suffisant comme ça ! Y'avait quelques nouveaux élèves mais plus des anciens je crois."

"Ah je vois. Je suppose que notre chère nouvelle élève de Cainhurst devait être des vôtres ?" interrogea Laurence avec un sourire.

"Oui en effet ! Euh d'ailleurs Laurence tu pourrais me rappeler son prénom s'il te plaît ?" Il avait l'air un peu embarrassé d’avoir oublié.

Laurence écarquilla les yeux et dévisagea Gehrman pendant de longues secondes. "Gehrman quand même…"

Celui-ci se défendit comme il put, "Hey tu sais très bien que je suis nul avec les prénoms ! J'ai dû l'entendre deux fois y'a 6 mois ! Et ce n'est pas moi qu'il l'est plusieurs heures par semaine en classe !"

Le jeune érudit avait toujours un air blasé "Et tu ne peux pas juste demander ?"

"Ba euh…"

Laurence expira profondément. " D'accord ça va c'est bon, son prénom c'est Maria." 

"Ah oui !"

"Ah par rapport à elle d'ailleurs…"

"Euh oui ?" Gehrman était un peu surpris, il attendait de voir où son ami voulait en venir.

"Dis-moi est-ce qu'il y avait quelque chose d'inhabituel ? Comment elle avait l'air d'aller ?"

"Oh, bah ça avait l'air d'aller ? Je crois ? Elle se débrouille vraiment très bien avec un fusil ! J'ai bien vu qu'elle essayait même de se retenir de trop bien tirer, pour pas trop se vanter aussi !"

"Oh, c'est humble je suppose ?"

"Ouais… elle était un peu froide aussi ? Mais bon, elle n'est peut-être juste pas du matin. Pourquoi ?"

"Je vois… et bien je ne suis pas sûr mais peut être que je m'inquiète trop…"

 "Ah, comment ça ?" 

"Je ne sais pas elle a l'air moins motivée qu'il y a quelques semaines et à pas l'air d'avoir vraiment d'amis dans la classe…Bien que ce soit assez calme dans mes cours j'entends des choses dans les couloirs aussi. Après je ne sais pas comment se passent les autres cours. Étant de Cainhurst, elle ne passe pas vraiment inaperçue tu vois ? Et c'est sûr que l'adaptation loin de chez elle n'est peut-être pas évidente. Mais oui ça me rappelle un peu …enfin bref…" Laurence semblait soucieux. Il était resté assez évasif sur ses doutes mais Gehrman comprit rapidement que ça lui rappelait sans doute les propres moments difficiles du début de scolarité de son meilleur ami. Même lui imaginait très bien que la chose ne devait surement pas être simple pour la nouvelle arrivée.

"Est-ce que tu as essayé de lui en parler ?" interrogea Gehrman.

"Oui, je lui ai dit que s'il y avait quoique ce soit qu'elle n'hésite pas, mais elle m'a affirmé que ça allait. Enfin elle à changer de sujet quoi… je me disais que tu aurais peut-être plus de chance ? Ou du moins de juste garder un œil attentif sur ce qu'il se passe un peu plus."

"Ha bah je peux essayer oui. Tu sais j'essaye toujours d'être attentif à prendre des nouvelles de Caryll, de notre chère Rom et de ces deux amis quand je peux. Enfin c'est plus toi qui prends soin d'eux je pense !"

"Oui Caryll, Rom et Micolash et Damian sont dans mes cours je fais ce que je peux pour m'assurer que tout se passe bien ! Mais je ne suis malheureusement pas omniscient et je ne partage pas tout mon emploi du temps avec eux!"

"C'est vrai ! Damian était à l'entraînement ce matin d'ailleurs, il s'en sort vraiment pas mal. Et il avait l'air d'aller bien."

"Oh excellent. Bon on fait comme ça alors ?"

"Ça marche, compte sur moi."

 


 

Le soleil entamait lentement sa descente vers l’horizon flamboyant. La majorité des cours étaient terminés pour la journée et les dortoirs grouillaient de monde. Certains étaient juste venus déposer leur affaire et s’apprêtaient à repartir dehors avec les camarades qui les avaient rejoints. D’autres restaient à l’intérieur dans les aires communes pour discuter ou jouer à divers jeux de plateau ou de cartes par exemple. D’autres encore se rejoignaient dans les chambres pour travailler plus au calme. 

Cependant, quelques élèves préféraient rester seuls, au moins pour finir de travailler. 

La porte s’ouvrit, Maria entra, puis la ferma. Elle lâcha sa besace au sol puis s’affala sur sa chaise, la tête en arrière et fermant les yeux. Elle inspira profondément puis expira. Elle répéta ce cycle plusieurs fois avant de rouvrir les yeux et de se redresser.

La journée avait été bien longue, mais elle s’était habituée à cette routine depuis plus d’un mois et elle connaissait pire.  Heureusement, elle n’avait plus beaucoup de devoirs à faire, ça ne la tiendrait pas occupée toute la soirée. Elle lira sûrement un livre pour combler son temps libre tout en repoussant la rédaction de la prochaine lettre qu’elle devait envoyer à sa famille. 

Elle voulait leur dire que tout allait bien, qu’elle s’était bien adaptée, qu’elle avait rencontré et sympathisé avec bon nombre de personnes, que c’était la bonne chose à faire de l’envoyer ici ! Mais... elle savait que si elle n’était pas sincère ils finiraient bien par l’apprendre. Elle était tentée de demander conseils à ses cousins, mais elle ne savait pas si elle devait vraiment le faire…

Les cours se passaient fort bien en effet, elle les trouvaient forts intéressants et découvrait de nouvelles choses chaque jour. Cependant, elle se sentait bien seule plus d’une fois. Elle avait du mal à poser ses marques avec autant de personnes différentes. 

Elle avait toujours trouvé l’exercice compliqué et n’aimait pas particulièrement être forcée de rencontrer de nouveaux nobles avec sa famille et de faire bonne figure devant eux. Au fil des années, elle s’était malgré tout habituée, mais ici c’était différent. Elle n’avait pas encore tous les codes. 

Elle essayait d’être amicale avec tous mais elle voyait bien que ceux étant éloignés de la noblesse avaient quelques aprioris et elle compris vite pourquoi.

Une bonne partie des étudiants issus de l’aristocratie étaient tout simplement insupportables. Le genre de personnes qu’elle n’arrive déjà pas à apprécier en temps normal. Ils prenaient beaucoup les autres de haut.

Elle essayait bien de passer un peu de temps avec les quelques étudiants issus de Cainhurst qu’elle connaissait et son ami Charles. Cependant, leur emploi du temps étaient assez différents et ils passaient pas mal de temps avec les mêmes étudiants nobles qu’elle supportait mal.

Mais ce qui l'ennuyait le plus, c'était ces questions idiotes que les gens lui posaient sans cesse quand ils apprenaient qu'elle venait de Cainhurst ! Elle essayait de rester polie mais ça commençait à devenir vraiment agaçant. Elle aurait compris si ce genre de questions venait d'un Yharnamien lambda ou bien d’un étranger ayant entendu quelques rumeurs, mais elle ne comprenait pas comment des esprits brillants, étudiants à Byrgenwerth pouvaient lui poser de tels questions :

« Ils boivent du sang en plus de viande crue à Cainhurst ?

Il est hanté votre château ?

C'est vrai que vous êtes tous cousins entre vous ?

Vous prenez des bains de sang ?

Vous n’avez pas froid l’hiver ? Avec quel bois vous chauffez tout ça ?

Vous exposez toujours des têtes de monstres et animaux encore sanguinolentes ? »

Et bien plus encore. Elle secoua la tête instinctivement, rien que d’y repenser.

Outre ce genre de choses, le pire de ces dernières semaines devait être les quelques « erreurs » qu’elle avait pu faire. Elle s'était dressée une liste mentalement :

-       Ne pas emmener une tasse de thé en classe. Grand risque de se le faire remarquer par le professeur…

-       Ne pas passer trop de temps dans les douches ou chantonner trop fort dans sa chambre. Cependant, éviter de se mêler des disputes des autres à cause du bruit.

-       Ah oui et utiliser les bonnes brosses et la bonne planche à laver pour les draps et vêtements. 

Laver sa literie pour la première fois avait été un vrai défi. Elle avait failli déchirer ses draps, même. Elle avait encore beaucoup de mal avec certaines tâches quotidiennes. Les autres semblaient les faire avec une simplicité remarquable et ceux qui ne savaient pas faire laissaient d’autres s’en occuper ou les payaient. Ce n’en était pas question pour elle.

Mais tout ça n’était pas grand-chose par rapport à ce qui était arrivé  il y a une ou deux semaines de cela. Si essayer de se faire des amis était compliqué alors se faire mal voir semblait bien plus simple en comparaison.

Maria avait fait une remarque désobligeante à une élève d’une de ses classes. Celle qu’elle avait croisée le jour de la rentrée et qui semblait un peu perdue. 

Pendant un exercice en groupe, Maria perdit patience en tentant de lui expliquer un exercice de mathématiques et la façon de le résoudre. Après un grand nombre de fois à répéter la même chose, sans qu’elle semble comprendre, elle lui avait demandé si elle était bête ou quoi. La jeune femme semblait un peu déçue mais c’est surtout son ami, un fin et pâle garçon aux cheveux noirs ébouriffés qui semblait l’avoir le plus mal pris. Il n’était pas présent à ce moment mais Maria pu voir les jours suivant le regard noir qu’il lui lançait. A la plupart des autres étudiants aussi d’ailleurs...

Maria se rendit compte de son erreur seulement après. Cette jeune femme aux cheveux bouclés avec de grandes lunettes, c’était la fille même du Provost, Roma, ou Rom comme elle avait pu l’entendre. Malgré ces quelques retards et grandes difficultés scolaires elle avait réussi à être acceptée à Byrgenwerth comme les autres. Maria s’en voulait après coût. Elle essayait de se rassurer en se disant que c’était bien moins méchant que ce que les autres pouvaient dire.

Certains parlaient dans son dos en disant tout un tas de choses sur elle. Comme quoi elle n’avait pas sa place ici ou des choses bien plus grossières… Elle n’était pas très futée mais Maria ne comprenait pas bien pourquoi autant de remarques si négatives sur la pauvre fille. Elle devait déjà être assez stressée comme ça…

Maria ne savait pas trop quoi faire pour arranger les choses après ça. Et est-ce que ça valait vraiment le coup de venir s’excuser ? Par sûr qu’elle veule lui parler…

Elle respira encore un grand coût avant d’enfin récupérer son sac et de commencer à en sortir le contenu sur son bureau. Elle trouvera bien une solution à tout ça. Avec le temps, les choses finiront surement par s'arranger…Du moins elle l’espérait.

Notes:

Le chapitre 7 et le 8 ont été écrit en même temps, ils devaient être un seul et même chapitre à la base (c'est la seconde partie de ce chapitre que j'ai eu du mal à écrire, le reste ça fait plusieurs mois que c'est déjà écrit).

Mais 7900 mots c'est peut être un peu beaucoup pour un seul chapitre alors j'ai décidé de couper en deux! XD Le prochain devrait donc arriver bientôt!

Chapter 8: Rencontre au clair de lune

Notes:

(See the end of the chapter for notes.)

Chapter Text

La nuit était tombée. Les portes venaient de fermer. Couvre-feu.

Gehrman faisait sa ronde, une lanterne à la main et un fusil sur le dos. Le ciel sombre était dégagé et il y avait une légère brise qui faisait frémir les feuilles mortes au sol, mais aussi celles colorées, encore accrochées aux arbres. Elles menaçaient de se décrocher à tout moment.

Tout le monde semblait être rentré dans ses quartiers. Quelques étudiants devaient sûrement se trouver en bas des dortoirs, dehors, mais ce n'était pas dérangeant tant que personne ne se baladait dans le reste du campus sans raison valable.

L'autre jour, plusieurs élèves étaient rentrés très tard de la ville ou de la forêt. Ils avaient escaladé l'un des portails pour rentrer. Gehrman les avait surpris et leur avait demandé de ne plus le refaire. Il n'était pas là pour les sermonner mais c'était les mêmes qui s'étaient aventurés dans les catacombes l'année dernière… il ne voulait pas qu'ils leur arrivent d’autres problèmes. Les deux élèves avaient été assez effrayés de s'être fait attraper, ils s'étaient excusés et avaient filé.

C'est sûr que les nuits de garde étaient bien plus calmes maintenant. Au moins, ça le changeait du temps où il allait récupérer des étudiants dans les buissons après des soirées un peu trop arrosées. Cependant, c'est vrai que le collège semblait complètement mort maintenant. Certains ne se sentiraient pas à l'aise au milieu de ce silence et ce vide en pleine nuit, mais lui, ça ne le dérangeait pas plus que ça. Il trouvait juste dommage qu'il n'y ait plus aucune activité nocturne comme avant. Des choses plutôt calmes comme des balades ou repas dehors en petit groupe, les conférences nocturnes ou aller écouter les érudits travaillant tard le soir…

Au bout de quelques minutes il remarqua une lumière encore allumée au lunarium. Probablement un oubli, mais il devait aller vérifier dans tous les cas. Il dévie de sa route et se rapprocha du bâtiment. Mais, avant de rentrer dans celui-ci, il s'approcha d'abord de la bordure du lac. 

Il s'arrêta devant la balustrade en pierre et regarda au loin. La pleine lune se reflétait parfaitement sur le grand lac Sélène. L'étendue d'eau et le ciel étoilé illuminaient le paysage. Il resta planté là un moment, le regard fixé entre le ciel et son reflet dans l’eau. Quelque chose l'attirait, l'hypnotisait presque. La douce lumière de la lune sur l'eau calme avait quelque chose de réconfortant, mais aussi une aire de mystère. 

Lune Byrgenwerth

Depuis sa transfusion de sang ancien, il faisait des rêves étranges et dans les tombeaux pthumeriens, il lui semblait voir ou entendre des choses qui ne devraient pas être. Dans certains de ces rêves, il se souvenait que la chose la plus mondaine qu’il devait voir était la pleine lune. Bien que parfois il avait l'impression que quelque chose l'appelait ou l'observait. La plupart du temps regarder le grand astre argenté était en quelque sorte un peu apaisant.

Il sortit doucement de sa rêverie et sentit une présence proche de lui. Il entendit même une très faible respiration qui n'était clairement pas la sienne. Il espérait juste qu'on ne le prendrait pas pour un fou à fixer le lac depuis plusieurs minutes comme ça. Oh et qu'est-ce que ça peut faire hein ? Et ce n'est pas comme si quelqu'un en avait vraiment quelque chose à faire de toute manière…

Il tourna sa tête sur le côté et eut un petit sursaut. C'était Caryll qui se tenait là, juste à quelques mètres de lui, sans bouger, le regard également fixé sur le lac, ses yeux bleus bien grand ouverts mais l’air lunatique.

Il balbutia, "Caryll ?! Mais qu'est-ce que tu fais ici ?!"

L'étudiant, simplement habillé d'un pyjama et la robe noir de son uniforme universitaire, répondit très calmement, détournant à peine la tête. "Oh bonsoir Gehrman. Eh bien je n'arrive pas à dormir."

"Oh d'accord… tu es sûr que tout va bien ?"

"Oui, ça va."

"Tu es malade peut-être ? "

"Non. Je me suis dit que prendre l'air et marcher un peu m'aiderait à m'endormir. Maître Willem a dit que si ce n'était pas long et que je n'allais pas trop loin j'aurais le droit." Son regard croisa enfin celui de Gehrman. "Est-ce que c'est ok ?"

"Euh oui bien sûr… pas de soucis." Si Gehrman faisait des rêves étranges, on ne pouvait pas en dire moins de ce cher Caryll. Le pauvre jeune étudiant avait pu enfin réintégrer les cours cette année mais faisait vraiment des rêves assez perturbants et incompréhensibles. Gehrman comprenait bien qu'en cas d'insomnie, rester cloitré dans son dortoir n'arrangerait pas la chose. Prendre un peu l'air ne ferait du mal à personne, surtout ici. 

Gehrman lui posa une autre question, "Ça fait longtemps que tu es ici, en train de regarder le lac ? "

"Oh je ne sais pas trop… je me suis un peu perdu dans mes pensées et le lac est très beau ce soir. Toi aussi tu es venu regarder ?"

"Oui c'est très beau en effet…Dis-moi Caryll, c'est toi qui a allumé la lumière dans lunarium ?" Il pointa l’une des fenêtres du bâtiment derrière eux.

"Ah, non je n'y suis pas allé ce soir. Mais…je crois avoir vu quelqu'un passer à l'une des fenêtres ? Je ne suis pas bien sûr."

"Je vois… encore quelqu'un qui n'a pas vu l'heure passée…J'espère…Bon est-ce que tu as besoin que je te raccompagne à ton dortoir ou ça va aller ?

"J'aimerais encore rester un peu. Mais pas longtemps c'est promis ! Je rentrerai après."

"Hm... bon d'accord, je vais aller faire un tour dans le bâtiment et voir ce qu'il en ai et soit tu rentres par toi-même soit quand je repasse tout à l'heure je t'accompagne, d'accord ?"

Caryll sourit, "D'accord."

"Très bien, et n'hésite pas si tu as besoin, je ne suis pas loin." 

Caryll hocha de la tête puis Gehrman s'éloigna en direction du bâtiment et entra.

Il faisait très sombre mais il pouvait distinguer la lumière d'une lampe à huile à l'étage. Il monta doucement les escaliers en bois qui craquèrent sous ses pas.

Il se demanda qui pouvait bien être là. Ça ne pouvait pas s'agir de Willem en tout cas. Le Provost aurait sûrement été sur le balcon à cette heure ou aurait au moins prévenu qu'il se rendrait ici. Un érudit ou un professeur en train de travailler ? Il ne serait pas surpris de trouver Laurence ou quelqu'un d'autre en train de chercher quelque chose à cette heure tardive. Ou pourrait-il s'agir d'un élève peut être ? Dans tous les cas s'il ne s'agissait pas d'un fouineur ou fauteur de trouble il ferait sans doute juste un petit rappel à l'ordre.

Escaliers lunarium

Arrivé en haut, il se dirigea vers la source de lumière dorée puis s'arrêta quelques instants et observa ce qui se trouvait juste devant lui. Une étudiante était assise à une table, de nombreux livres ouverts avec des feuilles pour prendre des notes. Elle avait les yeux fermés, avec un coude posé sur la table, sa main retenant sa tête. Il fut un peu surpris de découvrir ce cher prodige du clan de Cainhurst, Maria.

Il se demanda pendant quelques secondes si elle s'était endormie. Ses paupières étaient fermées et elle ne semblait pas l'avoir entendu arriver. Cependant il s'aperçut vite que ce n’était surement pas le cas, les doigts de son autre main tapotaient contre la table. Il fit quelques pas et tapa contre la rambarde de l'étage pour attirer son attention avant de lui adresser un simple "Bonsoir."

Elle ouvrit spontanément les yeux, enleva sa main retenant sa tête et le regarda visiblement très surprise. "Oh, euh…bonsoir."

"Il n'est pas un peu tard pour étudier ici tu ne penses pas ?"

Elle fut confuse quelques secondes, elle regarda autour d'elle jusqu’à trouver une horloge et réalisa avec horreur qu'il était bientôt minuit. "Oh je suis vraiment désolée je n'ai pas vu le temps passé ! Je vais y aller, laissez-moi tout ranger !" Elle marmonnait ensuite mais Gehrman pu quand même discerner quelques mots "…je ne fais jamais rien correctement ce n'est pas possible…" Elle commença à fermer les livres frénétiquement mais en étant un peu perdue sur lesquels étaient à elles et lesquels venaient de la bibliothèque.

"Hey attends je vais te filer un coup de main." Il posa son arme et sa lanterne et s'approcha, il regarda les livres et pu déjà l'aider à séparer les manuels de cours des autres livres mais il ne put pas en faire bien plus. La table était bien plus ordonnée à présent. Après ça elle baissa la tête, quelque chose n'allait pas. 

Il le sentait bien, pourquoi avoir l’air aussi déprimé juste s'être fait prendre sur le fait en train d'étudier jusqu’à très tard, non ? A moins que pour elle ce soit si grave que ça ? Il essaya de la rassurer "Hey ce n'est pas grave tu sais. Je ne vais pas te réprimander ou quoi que ce soit. Ça arrive à tout le monde tu sais. Et tu ne faisais rien de mal."

"Vraiment ?" 

"Oui et ce n'est pas comme si tu faisais quelque chose de grave ou que c'était la 5e fois déjà ! Y'a vraiment pas de problème."

Elle sembla étonnée. "Oh euh merci… je suis encore désolée, ça ne se reproduira plus…"

"Oh, ce n'est pas grave et si ça peut te rassurer, si tous les élèves qu'on retrouvait dehors à une heure pareille étaient sagement assis dans une bibliothèque en train de travailler ce serait le rêve !"

Cela la fit sourire et relever la tête tandis que Gehrman continua, "Bon qu'est-ce que tes professeurs ont bien pu te donner pour que tu bosses aussi tard hein ? Ils n'apprendront jamais…"

"Oh non ça fait un moment que j'ai fini mes devoirs pour les prochains jours, j'étais juste…" elle s'arrêta quelque secondes, réfléchissant. "Je regardais d'autres choses pour euh…en apprendre davantage ? Avoir quelque chose à faire …peut être qu'on aura un devoir sur ça plus tard…" 

"D'accord…" En vérité il n'était pas très convaincu par son explication. Elle semblait plus chercher une excuse au fait de traîner ici sans motifs valables. Il y avait forcément quelque chose d'autre. Et puis… Il se rappela aussi sa discussion de l'autre jour avec Laurence… il devait essayer de lui parler !

"Perdu dans tes pensées hein ?"

"On peut dire ça."

Il essaya d'amener le sujet comme il le pouvait. "Est-ce que… ça se passe bien les cours pour l'instant ?"

"Euh oui les cours en soit se passent bien, je ne suis pas trop perdue."

"Ta famille ne te manque pas trop, ça va ?"

"Étrangement, il ne me manque pas tant que ça. C'est plus l'adaptation je dirais…"

"L'adaptation à ici hein ?"

"Oui…" 

"Les profs et les élèves tu t'entends bien avec eux ?"

"Ça peut aller…"

Voilà donc le problème. "Tu… veux en parler ?"

Elle baissa la tête hésitante, "Je ne sais pas trop…vous devez avoir des choses à faire non ?" 

"Oh euh… là maintenant pas vraiment. »

Elle regarda ensuite l'horloge. "Bon je devrais y aller je pense…"

"Ah, tu as cours tôt demain ? "

"Non, juste plus tard dans la matinée."

Il eut un long silence entre eux. Maria attendit car Gehrman était sur le point de dire quelque chose, il réfléchit longuement à ce qu’il allait pouvoir répondre. "Hey, si tu as une minute, est-ce que tu voudrais voir quelque chose de très sympa à l'extérieur ?"

"Quoi donc ?"

"Hey ba c'est la pleine lune ce soir ! Le lac est vraiment très beau ! Du balcon on doit avoir une vue imprenable sur le ciel ! Tu veux voir ça ?" 

Ses yeux s'illuminèrent, "Oui pourquoi pas- " puis d'un coup elle s'arrêta brusquement dans son élan et le dévisagea, comme venant de réaliser quelque chose.

Il resta confus quelques secondes. Pourquoi semblait-elle méfiante tout à coup ? C'est alors qu'il réalisa. Il était tard et ils étaient seuls dans le bâtiment. Ce n'était pas la première fois que quelqu'un avait peur en le voyant et il ne savait pas quelle rumeur absurde elle avait pu entendre sur lui. Il se sentit un peu bête de sa formulation…En le voyant aussi surpris et perdu Maria comprit bien qu'il n'avait pas de mauvaises intentions.

"Ah…Bon écoute euh je vais aller ouvrir la porte, elle juste là ok ? Et euh y'a Caryll en bas normalement, dehors. Je ne sais pas si vous vous connaissez c'est aussi un élève de première année."

"Ah oui on a quelques cours en commun…mais qu'est-ce que Caryll fait ici ?!" 

"Ah juste petite balade nocturne pour l'aider à dormir. Caryll à l'autorisation du Provost. Cas particulier." 

"Ah d'accord…"

"Après si tu veux rentrer tout de suite c'est ok y'a de problème d'accord ?"

"D'accord, c'est bon."

Il alla à la porte, laissant derrière lui son fusil et sa lampe. Il déverrouilla la serrure avec l'une des clés qu'il sortit de sa poche. Il passa ensuite le seuil et s'arrêta au milieu du balcon, regardant derrière lui. Maria finit par arriver quelques instants plus tard, "Wow !" Elle semblait impressionnée elle aussi. "C'est très beau en effet !" Elle semblait déjà plus rassurée. Gehrman regarda en bas et vu Caryll qui n'avait pas bougé. Il siffla pour attirer son attention et lui fit un signe de la main, Maria l'imita en faisant un petit geste. Le jeune élève se retourna et fit un grand geste du bras en souriant avant de se retourner.

Gehrman s'assied ensuite sur le rebord de la corniche et attendit quelques secondes, il se retourna et fit signe à la jeune femme. Elle s'approcha lentement et resta debout non loin derrière lui. " Bon aller, dis-moi, qu'est-ce qui ne va pas ?"

"…"

"Si tu veux en parler bien sûr… Sinon on peut parler d'autre chose..."

Elle expira profondément avant de venir s'asseoir à côté de lui. Quelques secondes passèrent et il attendit. "Je peux vous poser une question ?" demand t-elle.

"Euh…oui bien sûr. Et pas besoin de me vouvoyer, appelle moi juste Gehrman, je ne suis pas un professeur. D'ailleurs est-ce que c'est mieux que j'utilise tes titres où ?"

"Oh non pas ici, juste Maria c'est très bien."

"D'accord Maria. Hm. Du coup ?"

"Ah oui donc… tu fais les gardes de nuit aussi c'est ça ?"

"Entre autres. Ce n'est pas vraiment compliqué ! Ça fait un moment que je le fais."

"Tu fais juste le tour du campus ?"

"Principalement… parfois les bâtiments aussi. Soit je fais toute la nuit ou juste une partie. On s'habitue vite."

"D'accord et… non désolé je ne veux pas t'embêter plus avec mes questions."

"Ça ne me dérange pas !" Il réfléchit quelques secondes. "Hm si tu réponds à la mienne je répondrais aux tiennes ! Enfin je veux dire tant que ça peut être répondu…"

Elle accepta. "Oui très bien."

"Bon, dans ce cas…qu'est-ce qui te pose des difficultés en ce moment ? lui demanda-il. "Si tu es d'accord pour en parler."

"Eh bien… de s'intégrer est un peu plus compliqué que je le pensais…"

"Tu n'as vraiment personne avec qui passer du temps ?"

"Si. J'ai quelques amis et connaissances de Cainhurst mais on a pas du tout les mêmes horaires. Et bon à part quelques-uns ils se retrouvent tout le temps dans des situations pas possible ou à prendre tout le monde de haut et c'est… agaçant."

"D'accord et personnes de nouveau avec qui tu t'entends bien ?" 

"Bah parfois je discute aux dortoirs mais rapidement. Et dans mes classes c'est compliqué aussi parce qu'on a vraiment une si bonne réputation quand on est noble et de Cainhurst !" elle était vraiment agacée en disant ça mais retomba vite en pression en respirant profondément.

"Ah vraiment ?! Tu en as parlé aux professeurs ? S'ils t'insultent ou te causent des ennuis ce n’est vraiment pas acceptable !"

"Non ça ne va pas à ce niveau du tout, je saurais me défendre si ça arrivait."

"Ça je veux bien le croire !"

"lls ne m'embêtent pas vraiment, c'est juste qu'à part me poser des questions clichées et me juger sur ça ils m'ignorent plus qu'autres choses… et en essayant de suivre le mouvement je… je n'ai pas été très aimable envers certains avec qui j'aurais pu discuter d'avantages… ce n'était même pas méchant ! Les autres disent bien pires…"

"Ah…" Gehrman réfléchit quelques secondes. "...et tu t'es excusée finalement ? "

"Ba je n'ai pas l'impression qu'ils veulent me parler je ne sais pas si ça ferait grand-chose..."

"Bon au moins tu reprendrais sur de bonnes bases ! Après, personne ne pourra te reprocher d’avoir essayé ! Tu devrais le faire si tu en as l'occasion."

"Hm c'est vrai. Je m'en veux… ouais je le ferais."

"Bien ! Bon et qu'est-ce qu'ils te sortent comme bêtises hein ?"

"Oh des questions peu intelligentes sur Cainhurst, nos habitudes, tout ça."

"Ah du genre sur vos coutumes et sur ce cher château hanté ? Ou encore sur tout un tas de piètres clichés d'histoires d'horreurs hein ?"

"Oui on peut dire ça. Je leur ai dit que s'ils s’aventuraient dans le château et ne faisaient pas attention ils risquent bien de se faire attaquer par un fantôme ! Ils n'ont pas tous aimé ma plaisanterie on dirait." 

"C'est drôle je trouve !" lui répondit Gehrman Il se mit à chuchoter sur le ton de rigolade. "Et est-ce qu'il est vraiment hanté du coup ?"

"Qui sait…" Elle ricana un peu et sembla plus détendue. "Enfin, encore ça, ça peut aller. Mais parfois c’est bien insultant et blessant… »

"Eh bien ce sont des idiots, Maria."

"Quoi ?!" 

"Ba oui si tu essayes d'être sympa et de répondre comme tu peux à leurs questions stupides, et ils ne font pas d'effort non plus… et bien laisses tomber ce sont des idiots. Ils ne méritent aucune attention. Et je peux te dire j'en ai vu un paquet d’idiots !" Il s’était retenu d’utiliser un langage plus grossier.

"Oui… et bon quand ce ne sont pas les élèves ce sont les professeurs qui si mettent !"

"Comment ça les profs ?!"

"Ba avec mes origines ils s'attendent presque à ce que je connaisse par cœur l'histoire pthumérienne ! Et bah heureusement que je ne suis pas en filière histoire !"

"Oui ce n'est pas très sympa oui… mais ignorent les, ils finiront par comprendre Tu me disais aussi que l'adaptation était compliquée ?"

"Oui, je ne suis pas très doué en tâches quotidiennes on va dire… tout le monde sait faire des choses 'simples' mais je trouve ça vraiment pas facile…"

"Du genre… ?"

"Laver et étendre ses draps ? Cuisiner des choses simples ?" Elle était un peu gênée.

"Ba… tu ne l'as jamais fait avant c'est ça ?"

"Oui…"

"Oh bah… ça s'apprend tu sais ! C'est comme tout ! Et tu ne peux pas le savoir si tu ne sais pas !"

"Oui il m'a fallu quelques essais au lavoir… j’ai bien failli les déchirer… J'ai l'impression de ne rien savoir faire par rapport aux autres… ils savent tout nettoyer pleins de trucs, faire à manger, réparer des choses…Des choses simples… normales…"

"Hey, ce n'est pas vraiment ta faute si on ne t'a jamais appris aussi. Et si ça peut te rassurer je ne suis pas né en sachant déjà faire tout ce que je sais faire maintenant.  J'ai eu la chance que ma famille m’ait appris tout ça quand j'étais petit. Et… tu sais y'en a beaucoup si ce n'est pas leur mère qui le fait ils ne savent pas faire non plus."

"Oui, je vois. Mais en comparaison tu as l'air d'être très débrouillard pour sûr. "

"Voyons tu ne vas pas me dire que tu ne sais rien faire. Je suis sûr que tu sais faire pleins de trucs que les autres ne savent pas ! Hey, tu sais tirer à la carabine ! Et tu as vraiment un excellent niveau !"

"Merci…"

"Allez dis-moi des trucs que tu sais faire ! Tu sais te battre à l'épée je suppose ?"

"En effet. Très bien même. Je sais aussi monter à cheval ?"

"Oui bien, quoi d'autres ?" Il l'encouragea à continuer.

"Je m’y connais bien en musique ?"

"Tu sais lire des partitions ?!"

"Oui je connais bien mon solfège. Je sais faire un peu de chant et jouer de quelques instruments."

"Oh, quoi comme instruments ?"

"Du violoncelle, du clavecin, du piano…tu sais jouer d'un instrument toi ?"

"Oh wow c'est génial ! Moi ? J'ai essayé du violon y'a longtemps mais euh je ne suis pas très doué. Tu sais jouer aux échecs aussi je parie ?"

"Oui en effet ! Aux dames, au shōgi au jeu de go et pleins de jeux de cartes aussi."

"Bah tu vois ! Tu sais faire pleins de choses que d'autres ne savent pas forcément faire ! Personne ne sait tout faire après tout. Tout s'apprend et il faut bien commencer quelque part."

"Oui tu as raison." Ils regardèrent ensuite les étoiles un moment.

"C'est fascinant les étoiles et l'espace non ?" demanda Gehrman.

"Je suis d'accord, il y a encore du temps à apprendre et à découvrir ! J'adore lire des livres d'astronomie. Tu t'y connais toi ?" demanda l'élève.

"Un peu oui. Je connais quelques constellations d'étoiles. C'est impressionnant d'observer l'univers comme ça… les autres planètes… ça fait un peu peur aussi mais… c'est fascinant."

"Oui en effet…" 

Gehrman réfléchit quelques secondes avant d'enlever son pendentif métallique de sous sa chemise pour lui montrer. "Ça c'est de la sidérite ! Ça vient d'une météorite par exemple."

"Oh vraiment ?! Impressionnant ! Où as-tu trouvé ça ?"

"Oh, je l'ai fait moi-même ! Depuis que je suis petit j'adore aller ramasser des morceaux de météorite ! Mais euh, j’en ai retrouvé récemment, j’en extrait le minerai de fer et j’ai fait ça…"

"Ah d'accord ! C'est vraiment super !" Gehrman fut surpris de voir qu'elle avait l'air vraiment intéressée par le sujet. Pour ce qui est de Maria, elle était encore plus intriguée d'apprendre qu'il avait l'air de si connaître sur le sujet."

"Puis-je te poser une autre question euh, Gehrman ?"

"Mais bien sûr."

"Comment… Comment tu t'es retrouvé à travailler pour Byrgenwerth ? Si ce n'est pas euh… trop indiscret ?"

Il ne s'attendit vraiment pas à ce genre de question, "Oh non pas de soucis !"

Elle le regarda et l'écouta très attentivement lorsqu'il commença "Et bien…quand j'étais petit je ne pensais pas faire ça du tout pour le coup ! Mais quand j'eu ton âge eu… je me suis malheureusement retrouvé tout seul… et j'avais plus grand chose…"

"Oh je suis désolée…C'était il y a combien de temps ?"

"Oh un peu moins de dix ans… j'étais malade aussi…je me suis fait soigner à Byrgenwerth. Willem n'était pas encore directeur il me semble. Après ma convalescence je suis parti. Je suis allé travailler dans les régions voisines et à l'étranger quelques années. Je ne savais pas trop quoi faire mais je me suis mis en tête de soit trouver quelque chose me convenait ou de revenir plus tard et suivre des cours à Byrgenwerth ! J'ai bossé dans pas mal de milieux différents. Ce n'était pas toujours facile mais j'ai appris beaucoup de choses."

On pouvait entendre une légère émotion dans sa voix, ça n'avait pas l'air d'être un sujet facile. Elle le poussa donc doucement à continuer après une pause. "Et ensuite ?"

"Eh bien je suis revenu à Yharnam. J'ai travaillé encore un peu et quand j'eu assez de côté je me suis inscrit à Byrgenwerth."

"Et tu as un diplôme du coup ?" 

"Logiquement oui, mais juste une licence faite sur un peu plus de trois ans. Et ça ne me sert pas à grand-chose de toute façon..."

"C'est déjà très admirable ! Et sur quels sujets as-tu étudié ?" 

"J'ai fait des sciences générales au départ, un peu d'ingénierie mais la troisième année en géologie. Pas que ça me serve tous les jours mais… c'est moi qui est refait les cartes du campus !"

"C'est vrai ? C'est vraiment génial je trouve !"

"Merci… c'est pendant ces années que j'ai rencontré la plupart de mes collègues, et Laurence aussi. Un jour Willem est venu me voir. Mes études se passaient bien mais je manquais de moyens et je faisais pas mal d'aller-retour entre ici et Yharnam. Je travaillais à côté donc il m'est arrivé de sauter quelques cours… Il m'a donc proposé ce travail ici ! C'était bien plus simple que de faire l'aller-retour. Et ensuite bah je suis resté ici ! Et maintenant j'aide à explorer les antiques tombeaux et ruines."

"Wow c'est un sacré parcours ! C'est très admiratif vraiment !" Maria était vraiment impressionnée et empathique par son parcours, elle voulait lui poser plus de questions mais elle ne voulait pas le déranger en ravivant des souvenirs douloureux. Lui demander plus de détails ou même comment il aurait perdu sa jambe ne seraient pas correcte du tout. Elle essaya de se ressaisir et de réfréner sa curiosité en repensant à ce qu'il venait de dire. S'il y était arrivé, malgré toutes les difficultés qu'il a traversées il n'y a aucune raison valable pour qu'elle n'y arrive pas non plus. "Je… oui je devrais y arriver aussi."

"Tu as peur de ne pas réussir Byrgenwerth ? Toi ?" Gehrman sourit.

"Non ça va ça… c'est juste que je ne sais pas trop quoi faire après…"

"Ah oui… ?" Il ne s’était pas attendu à cette réponse.

"Enfin si, on va dire que j'ai plusieurs options très intéressantes à Cainhurst mais… je ne suis pas sûr de vouloir vraiment faire ça…" Une jeune noble comme elle a déjà surement un destin déjà tout tracé et cela ne semble pas l'enjoué.

"Je sais ce n'est pas facile de se projeter mais si ça peut te rassurer je ne sais pas toujours quoi faire de ma vie non plus après !" répondit Gehrman.

"Ah c'est censé me rassurer, vraiment ?" dit-elle sur un ton sarcastique.

"Bon d'accord…je ne suis pas le meilleur exemple mais ce que je veux dire c'est que… La vie offre de nombreuses possibilités. Parfois elles viennent simplement à nous, il faut savoir saisir ces opportunités."

"Je vois oui…"

Ils continuèrent à discuter un peu de tout et de rien après ça. De livres, d'histoire, de culture etc pendant quelques dizaines de minutes jusqu’à qu'ils remarquent qu'il était vraiment très tard et qu'il serait peut-être temps d'y aller. Même Caryll n'était plus au bord du lac depuis longtemps. Ils allèrent donc récupérer leurs affaires et éteindre les lumières. Gehrman ferma tout le bâtiment à clé puis ils partirent en direction des dortoirs. Ils marchèrent en silence tout du long.

Ils arrivèrent ensuite devant l'entrée des deux bâtiments jumeaux. "Bon et bien nous y sommes !" s'exclama Gehrman.

"Merci de m'avoir raccompagné. Et merci d'avoir discuté avec moi Gehrman." lui répondit Maria.

"Mais de rien, c'est bien normal. Bon évite de refaire ça si tu ne veux pas avoir de problèmes et passe une bonne fin de nuit Maria."

"Merci, bonne nuit."

Gehrman s'éloigna tranquillement, il avait une ronde à continuer pendant encore quelques heures. Il était ravi de la discussion qu'il avait eu et était rassuré d'avoir pu aider la nouvelle élève de Cainhurst. 

Maria, elle, remonta dans sa chambre et se glissa rapidement sous sa couverture. Avant de s'endormir elle repensa à la discussion qu'elle venait d'avoir et ce qui venait de se passer. Finalement, peut-être que les choses allaient vraiment tourner pour le mieux. Et grâce à ça, elle pu enfin s'endormir sereinement depuis bien des jours.

Lunarium Byrgenwerth

 

Notes:

Et c'est le début d'une magnifique et tragique amitié!
:,)